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Footballeurs nets d'impôts

L'exonération fiscale pour les joueurs professionnels, c'est une loi sur-mesure en France, ou des comptes off-shore pour les gunners d'Arsenal, permettant de "d'économiser" des millions d'impôt...

Auteur : Jamel Attal le 12 Avr 2005

 

 

Le 14 octobre dernier, l'Assemblée nationale adoptait la proposition de loi de deux députés UMP, autorisant la rémunération des sportifs professionnels sous la forme de "droits d'image" (voir CdF n°10). 30% du salaire brut de ces sportifs, désormais assimilés à des "artistes", échappent aux cotisations sociales et définissent une imposition plus favorable pour les joueurs, pour le plus grand bonheur de tous — et de la Ligue en particulier, qui avait fait de cette mesure un de ses objectifs politiques prioritaires. Accueillie dans l'indifférence générale, cette loi a prouvé que l'on pouvait faire des exceptions fiscales pour des franges de "citoyens" aussi favorisés que les footballeurs, sans que le (cochon de) contribuable lambda y trouve à redire, bien que ce soit lui qui finance le cadeau...

 

Les footballeurs, ces chers intermittents du spectacle

La mesure a ensuite été discutée quant à ses modalités d'application. Ainsi, elle supposait a priori que le footballeur devrait désormais se déclarer en tant que travailleur indépendant, et donc, à ce titre, facturer ses droits d'images et ainsi payer la TVA, la taxe professionnelle. Mais c'était trop leur demander, et Jean-François Lamour a insisté pour qu'ils soient exonérés de ces taxes et cotisations sociales, comme l'avait instamment demandé Frédéric Thiriez, président de la Ligue. Tous ceux qui, dans ce pays, travaillent en "freelance", apprécieront de ne pas profiter des mêmes largesses malgré la précarité de leur statut et de leurs revenus. Tout le monde n'a pas la chance d'avoir Thiriez pour avocat. "Au final, nos sportifs devraient échapper à tous les impôts qui pourraient être collectés sur les droits d'image sauf la CDG et la CRDS, et bien évidemment l'impôt sur le revenu (...) Moralité, la loi exonère les sportifs (...), la ligue définit les conditions de mise en œuvre de la loi et le contribuable paye les charges!", notait le site infosport.org fin janvier dernier.

 

Des négociations se sont également déroulées entre l'UCPF (l'organisation des clubs) et l'UNFP (le syndicat des joueurs) sur ce "droit à l'image collectif", aboutissant à un texte qui s'applique aux joueurs dont les émoluments sont d'au minimum 120.000 euros annuels bruts (1). Ce sont dorénavant la L2 — en abaissant le plafond à 60.000 euros, comme le permet la loi —, mais aussi les autres sports professionnels, qui espèrent obtenir des dispositions similaires.

 

Off-shore, of course

Comme le soulignait L'Équipe magazine (26 mars), le principe du droit à l'image était déjà en vigueur dans de nombreux clubs, dans des conditions particulièrement opaques — notamment avec le versement de sommes aux joueurs sur des comptes off shore, par exemple via les filiales étrangères des sponsors du club. Les experts interrogés par l'hebdomadaire doutent que ces pratiques cessent totalement, mais estiment que la réduction des "disparités fiscales" entre la France et les pays voisins permettrait "d'enrayer la fuite de nos meilleurs joueurs vers l'étranger". On peut en douter, car l'attrait d'un transfert juteux, immédiatement rémunérateur, ne cessera pas d'être une tentation pour nos clubs formateurs...

 

De toute façon, le dogme du "football français handicapé par la fiscalité nationale" n'est qu'un outil idéologique éculé, et même dans un pays aussi généreux avec les gros salaires que l'Angleterre — paradis officiel du foot-biz — les clubs trouvent encore la motivation (et des moyens) pour échapper à l'impôt. C'est ainsi qu'en juillet dernier, le Sunday Times révélait le dispositif d'évasion fiscale légale (!) mis en place par le club d'Arsenal. Le lièvre a été levé dans des conditions plutôt pittoresques, puisque c'est à cause de contentieux financiers dans le cadre du divorce de Ray Parlour que le montage a été révélé... Ce dernier a permis aux joueurs (et à Arsène Wenger) de réduire de 25% leur imposition. L'information a été presque totalement occultée en France, en dépit de son caractère particulièrement édifiant. Nous reproduisons ici des extraits de l'article de Robert Winnett et David Robertson, paru le 18 juillet dernier (2).

 

 

"LES STARS D’ARSENAL DÉTOURNENT DES MILLIONS D’IMPÔTS" - SUNDAY TIMES

 

Le Club d’Arsenal, en tête de la première division, a établi un dispositif d’évasion fiscale pour ses joueurs et son dirigeant. Grâce à des sociétés-écrans anonymes et à des sociétés fiduciaires offshore, le club peut assurer de substantielles récompenses à ses joueurs et faire en sorte qu’ils échappent à l’impôt pour quelques millions de livres sterling chaque année. [...] Ainsi, des joueurs étrangers comme l’attaquant français Thierry Henry ou le joueur vedette hollandais Dennis Bergkamp, ainsi que le directeur sportif Arsène Wenger sont "dispensés d’impôt" sur leurs primes à six chiffres [...]. Ces joueurs signent, en fait, deux contrats. Le premier porte sur un salaire annuel de base imposé pour l’essentiel de façon classique au taux maximal de 40% auquel s’ajoute la contribution sociale.

 

Cependant, les joueurs ont également un second contrat "fantôme" concernant les primes liées à leurs résultats [...]. Ces primes peuvent représenter jusqu’à la moitié de leurs rémunérations globales et sont payées par l’entremise de deux sociétés-écrans. C’est en 2001 qu’Arsenal a monté une entreprise le plus discrètement du monde sous l’appellation Sevco 1270, société dont ses joueurs de l’équipe phare sont actionnaires. La comptabilité officielle du club ne mentionne pas l’existence de cette entreprise dont le but est d’assurer le versement des primes de jeu sous formes de dividendes. Les documents fiscaux les plus récents en provenance de Sevco révèlent que ces versements ont été assurés en direction d’un cabinet fiduciaire établi dans l’île anglo-normande de Jersey.

 

Par ce biais, les joueurs ainsi rétribués peuvent, en toute légalité selon les experts en transactions financières, se soustraire à tout impôt et aux obligations d’assurances sociales liées au salaire. [...] Thierry Henry, par exemple, a vraisemblablement réalisé une "économie" de 70.000 livres sterling environ, soit un peu plus de 110.000 euros. [...] D’autres clubs utilisent de tels dispositifs décrits par un expert comptable, qui a souhaité conserver l’anonymat, comme étant "à l’avant-garde des stratégies visant à se soustraire à l’impôt en ayant une longueur d’avance sur les services fiscaux". [...]

 

Ces techniques étaient jusqu’alors l’apanage quasi exclusif des firmes financières actives sur les créneaux de la spéculation à risque et des banques d’investissement de la City londonienne. [...] Le cabinet Deloitte and Touche (à l’origine du montage financier du club Arsenal) n’a pas souhaité s’exprimer sur ces faits ; le club a seulement rappelé le caractère confidentiel des contrats le liant à ses joueurs.

 

(1) Le salaire annuel moyen d'un joueur de L1 est de 480.000 euros bruts.
(2) Traduit par le groupe local Attac Pays malouin/Jersey, et paru sous cette forme dans la lettre mensuelle de l'association Survie en septembre 2004. Merci au lecteur qui nous a communiqué cette information.

Réactions

  • NoNo93 le 12/04/2005 à 10h14
    C'est pas lamour qui annonçait qu'il le ferait jamais et ensuite ça passe en loucedé?
    Encore sur l'ISF par exemple ils ont la vieille excuse de favoriser l'économie en permettant plus l'investissement (excuse à la con à mon humble avis mais bon), là c'est quoi l'excuse?

  • Ashe le 12/04/2005 à 10h18
    Wow, comme quoi y a des fois ...

    Après avoir lu un article sur la rémunération d'un avocat débutant en droit des affaires, je lis un article sur les moyens de defiscaliser les revenus des footballeurs. La différence est édifiante.

    C'est vrai que ça donne envie de vomir. Surtout quand on pense à Robert P. qui se limite à trottiner sur le gazon ..

    Le foot est une machine à rêve (l'opium du peuple), fermons les yeux et inspirons profondément une bonne bouffée ...

  • vincentS le 12/04/2005 à 10h21
    De combien ça contribue à augmenter le déficit de la sécu ?

    Les cotisations sociales sur les salaires ont augmenté cette année : 1€ par acte médical, augmentation de la CSG/CRDS, 1 jour de congé supprimé ...

  • hub le 12/04/2005 à 10h57
    Cet exemple montre en élargissant le sujet le problème de la représentativité de nos élus : en effet, ceux ci sont issus pour leur grande majorité des classes dirigeantes du pays, ou de la "bourgeoisie", habituée à croquer la part du gâteau qu'ils veulent bien se réserver.

    Très peu d'ouvrier, d'employés ou de simples agents de maîtrise, voire de cadres moyens qui votent nos lois.

    Donc le lobbying dans une perspective " tiens ce coup ci c'est ton tour, mais la prochaine fois c'est pour toi" n'est pas étonnant.

    Ce que je décris pourrait ressembler à une oligarchie, mais ça n'en est pas une, puisque (presque) tout un chacun peut se faire élire, à condition qu'il respecte les règles du jeu.

    M'enfin, c'était quoi le sujet ?

    Ah oui, le fait que les joueurs d'Arsenal contournent la loi et les règles comptables pour ne pas se faire mettre sur la paille par les prélèvements sociaux et les impôts, ainsi que la nouvelle loi votée par les parlementaires français sur le droit d'image des footballeurs (ils ont bien une participation de Panini pourtant ).

    "La loi est faite par et pour ceux qui l'ont votée."

    A quand les exonérations fiscales pour les familles monoparentales surendettées ?

    A quand le crédit d'impôt pour le bénévolat à caractère caritatif ?
    Mauvaise idée, vous verriez dans ce cas là fleurir les matchs contre telle ou telle cause, du moment que ça permet de réduire la feuille d'impôt.

    Ca y est, ils ont réussi à m'énerver...
    Bon allez je retourne voir la chaîne parlementaire. Dormez tranquille bonnes gens, on veille sur vous...

  • luckyluke le 12/04/2005 à 11h06
    nono>Lamour dit de ces choses parfois!
    On se demande s'il ne vaudrait pas mieux entendre Cantona que Lamour.





    Bon au revoir

  • Biturix le 12/04/2005 à 11h07
    C'est ce même J-F Lamour, sinistre des sports de son triste état, qui s'est déclaré choqué par les propos de Barthez sur le milieu du foot "de plus en plus pourri". On comprend mieux la réaction de Lamour désormais: cette phrase du divin chauve, il l'avait (légitimement) prise pour lui!

    Et si l'on faisait une loi pour abroger le professionnalisme dans le sport? "Idiot, me direz-vous, les équipes françaises deviendraient alors encore plus ridicules sportivement". Certes, mais là, au moins, on saurait pourquoi. Et on pourrait toujours se vanter d'assister à un modeste spectacle et non plus à une exhibition plus boursière que sportive. Et puis ainsi, le PSG pourrait bien redevenir champion...

    Dites-moi, cher camarades, quand nous déciderons-nous à tous les pendre haut et court?

  • hub le 12/04/2005 à 11h10
    On s'voit au bar Biturix ?

    Pas la peine de me chercher j'suis pus là.

  • rhonalpino le 12/04/2005 à 11h11
    Deja dans un article de 2002 des cdf il etait dit "qu'au début d'un clasico barca real, deux jeunes "anti-mondialisation" pénétraient sur la pelouse afin de se menotter aux poteaux de buts. le message n’a pas rencontré le succès escompté auprès des spectateurs massés dans les tribunes: alors que les deux "intrus" étaient expulsés manu militari par la sécurité, une bronca généralisée et des jets d’objets divers accompagnaient leur sortie.
    Cette attitude est assez significative de l’état d’esprit qui habite nombre de spectateurs, lesquels attribuent au spectacle sportif une importance si fondamentale qu’une interruption de dix minutes passerait presque pour un crime contre l'humanité. Ils sont encore plus nombreux à estimer qu'il ne faut pas mélanger le sport et la politique, que le premier est un sanctuaire qui ne doit pas être profané"

    Voila : sous pretexte de passion, on ferme les yeux sur les derives de ce sport
    Cf egalement le dernier CDF sur le dopage.....

  • hub le 12/04/2005 à 11h14
    Voila : sous pretexte de passion, on ferme les yeux sur les derives de ce sport
    Cf egalement le dernier CDF sur le dopage.....
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    Une petite question aux spécialistes de la fiscalité :

    les produits dopants, ça peut se passer en frais réels ?

  • rhonalpino le 12/04/2005 à 11h15
    rigole pas avec l'opium du peuple Hub !!!

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