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Le foot dans la lucarne des Guignols

Toujours indispensables et uniques dans le paysage télévisuel, les Guignols de l'info ont tiré de leur rencontre avec le football des réussites totales, mais aussi une tendance certaine à abandonner beaucoup de leur finesse et de leur esprit critique lorsqu'ils pénètrent sur ce terrain…

Auteur : Eugène Santa le 19 Mars 2002

 

 

Si le monde politique (et économique) est habitué à être croqué dans la presse, le milieu du foot bénéficie pour sa part d’une étrange apathie satirique de la part des médias. Mis à part l’excellent Lefred-Thouron dans L'Équipe-Mag (hebdo qui — il faut le signaler — comporte également une ou deux autres mini-rubriques récréatives), les quotidiens et périodiques nationaux accueillent assez peu d’humoristes dans leurs pages (1)…

 

Et c’est finalement à la télévision que le milieu de la balle en cuir en prend pour son grade. Tous les soirs, les Guignols s’adonnent, depuis maintenant plus de dix ans, à la caricature de footballeurs, entraîneurs et autres dirigeants qui sévissent sur les pelouses de France et d’Europe: Papin ou Cantona ont été les premiers à passer à la moulinette caustique; Guy Roux, Deschamps ou Fernandez les ont rapidement rejoints, tout comme, plus récemment, Lemerre ou Barthez. La plupart du temps, la critique est pertinente et drôle. Quand le gardien de l’équipe de France est présenté comme un fêtard déconneur ou quand l’entraîneur du PSG passe pour un simplet limite analphabète, on ne peut prétendre que le portrait dressé soit totalement déconnecté de la réalité, même si le trait est grossi sans nuance.

 

 

Un brin de poujadisme footbalistique ?

Pour autant, les Guignols se laissent parfois aller à des dérives populistes assez étonnantes. Nous avions déjà signalé dans ces pages le sort injuste qui avait été réservé à certains acteurs du milieu du ballon rond, comme Jacquet ou Guivarc’h, avant et après la dernière Coupe du Monde (lire L’étrange rancœur de Bruno Gaccio). Ces derniers temps, la critique s’est à nouveau déplacée sur ce terrain pour le moins critiquable. Dans une séquence diffusée lundi 11 mars dernier, on voyait ainsi plusieurs journalistes et dirigeants de chaîne se suicider à l’idée de voir des finales et demi-finales de coupe disputées par Sedan, Lorient ou Bastia. Plus tôt dans l’année, et à plusieurs reprises, le personnage de Michel Denisot ironisait sur des rencontres de championnat opposant des équipes comme Troyes ou Sochaux. Il y a un mois, la marionnette de Barthez s’étonnait quant à elle de voir jouer les Nantais en Ligue des Champions, dans une compétition réputée trop relevée pour eux…


En adoptant cette approche, les Guignols semblent se plaire à brosser le public dans le sens du poil. Critiquer la présence de ces petits clubs au plus haut niveau des compétitions nationales et internationales dénote une volonté certaine de s’approprier les arguments actuels d’une partie des amateurs de foot: en clair, le championnat de France n’a plus le niveau, et ces équipes de seconde zone ne sont pas capables de représenter dignement notre pays dans les compétitions continentales. Ce qui revient au final à soutenir, même indirectement, les prises de position d’Aulas et de sa clique. Des arguments qui, comme chacun le sait, réclament l’instauration de mesures permettant de favoriser les clubs les plus riches sur des critères peu en rapport avec la réalité sportive.

 

Et la "Football Company" ?

On peut s’étonner du fait que les Guignols, pourtant si prompts à taper sur la "World Company", ne prennent pas le train de la critique du libéralisme ambiant des dirigeants actuels du football professionnel. Après tout, les options idéologiques de leur World Company ne sont pas bien éloignées de celles de notre "Football Company", à la tête de laquelle Gérard Bourgoin s’illustre brillamment. Mais jusqu’à aujourd’hui, celle-ci a bénéficié d’une indulgence totale de la part des Guignols, alors que les moyens de les mettre en cause, y compris de façon humoristique, ne devraient pas manquer…

 

Pourtant, a priori, les Guignols ne peuvent être accusés de défendre les grosses écuries de notre championnat. De fait, le PSG ou l’OM ont régulièrement droit à leur lot de railleries, par le biais des représentations en latex de Fernandez, Tapie ou Lescure. Cela dit, à la lumière des faits précédents, on pourrait considérer à juste titre que les auteurs de l’émission satirique se laissent parfois aller à une certaine facilité humoristique (le PSG et l’OM font vendre du papier, ils font également de l’audience…) plutôt qu’à une réelle volonté de montrer du doigt la dispendieuse gestion de nos deux clubs mythiques…


Ce fréquent manque de cohérence dans la critique interpelle. Pourquoi prendre systématiquement position contre le libéralisme en général et ne pas le faire aussi systématiquement pour le football en particulier ?
Une explication pourrait provenir par exemple du profil même de l’un des auteurs des Guignols. Bruno Gaccio, membre historique de l’équipe (même s’il ne fait pas partie des créateurs de l’émission, il est actuellement le plus ancien) dispose d’une influence importante dans l’écriture des sketches. Grand amateur de ballon rond (il est supporter de Saint-Etienne), celui-ci est particulièrement impliqué dans tout ce qui concerne le sujet. Or celui-ci s’est souvent distingué par des sorties plus que douteuses : son inimitié pour la gent féminine (2) se ressent parfois particulièrement, comme ce fut le cas par exemple lors de la représentation d’Amélie Mauresmo en un colosse à la voix grave. Si le coup fût rattrapé rapidement (avec l’apparition de son "double", Mary Pierce), cette dérive est encore présente aujourd’hui dans la caricature d’Arlette-la-vieille-fille… Bref, il arrive à Gaccio d’abuser d’un humour quelque peu graveleux et démagogique, ce qui pourrait expliquer la teneur des propos tenus depuis plusieurs mois.


On pourrait aussi supposer que la caricature de Bourgoin, Aulas ou Proisy n’est pas forcément aisée. Mais pour ceux qui ont réussi le tour de force de nous faire rire avec les pérégrinations d’un Jean-Marie Messier ou les discours d’un Alain Madelin (rappelez-vous la parodie de Orange Mécanique…), l’excuse n’est pas vraiment valable.

 

La difficile mécanique du rire

Bien évidemment, la pratique de l’humour n’est pas toujours aisée. Pour faire, rire, il est parfois plus efficace d’user et d’abuser des mêmes ficelles, surtout si elles font toujours rire. Encore faut-il que les personnes mises en scène ne soit pas choisies au hasard, ni même transformées en boucs émissaires. Il est également possible de privilégier les ressorts humoristiques du moment (comme ce fut le cas à une époque, quand Zidane appelait systématiquement à l’aide son "copain Dugarry "). Mais on court alors le risque que la critique ne sonne pas très juste.


Il peut enfin s’avérer plus aisé de s’attaquer à des personnages de forte notoriété – comme Fernandez ou Tapie — plutôt que de se moquer de lobbyistes influents mais néanmoins peu connus du grand public — comme Gervais Martel ou Patrick Proisy. Mais alors l’analyse, quelque peu limitée, court le danger de perdre en profondeur…
C’est malheureusement trois tentations auxquelles se laissent quelquefois aller les Guignols.

 

Reste que ceux-ci insufflent la plupart du temps une bonne bouffée d’air frais dans un paysage audiovisuel (et médiatique) français archi-consensuel. Forts de leur situation de monopole satirique dans les médias, les Guignols engendrent parfois une exigence importante de la part d’un auditoire nombreux et assidu à juste titre. Cette analyse en est d’ailleurs un parfait exemple.

 

(1) Le dessinateur Chenez a volontairement été oublié.
(2) Il fut accusé de harcèlement sexuel par une journaliste du Monde, mais prétendit qu’il avait simplement posé un doigt entre ses seins.

Réactions

  • soupalognon le 20/03/2002 à 09h36
    Je pense qu'Eugene a completement manque le cadre. Les guignols ne sont pas censes ni se prendre au serieux ni faire de critique pertinente, ils sont censes etre droles. Lorqu'ils etaient le plus drole, c'etait justement a l'epoque 90-95, lorsqu'ils ne se prenaient pas du tout au serieux. il y a eu une derive pendant qqs annees en gros autour de 98 lorsqu'ils se sont pris pour des journalistes ideologues, et les auteurs se sont fait vider.
    et globalement ils sont revenus a leurs valeurs d'antans: ils tapent sur tout pour faire rire les gens.
    Faut pas chercher plus loin. Je trouve que vous commencez a etre bien ancre dans votre ideologie, lorque l'on critique une forme d'humour parce qu'elle n'exprime pas vos idees, ca devient inquietant.

  • El mallorquin le 20/03/2002 à 09h36
    Ah oui :

    5-Je revendique totalement le fait d'être très souvent d'accord avec les Cahiers : on a la même vision du foot, c'est comme ça. Cela dit rassure-toi, il a bien dû m'arrivé deux ou trois fois de ne pas être d'accord avec eux ! Mais ne me demande pas quand, je crois que j'aurais du mal ! ;-)

  • marco le 20/03/2002 à 09h49
    LM,
    Déjà le fait que tu aies trouvé ça justifié est très subjectif, puisqu'on a déjà trouvé qqun qui aimait bien Durand (ce n'est pas mon cas).
    Ensuite et surtout, tu parles de critique, et ce n'etait pas une critique, c'etait une attaque en regle, ils profitaient de leur lucarne mediatique pour pousser, en plus de l'audience, à virer Durand.
    Et franchement les guignols, leur première vocation c'est d'etre drole. Leur satire si elle n'est pas drole, je ne vois pas trop le truc...

  • CELTIC BHOY le 20/03/2002 à 09h50
    Ben, par exemple, quand tu t'es fait le chantre des gros du foot-business contre les petits, au moment du débat sur le Coupe de France !!!;-))))

  • piem le 20/03/2002 à 10h24
    Perso, je comprends très bien pourquoi les guignols s'attauent moins à la foot cie qu'à la WC, parce que tout simplement, ceux qui étaient drôle avec la WC c'étaient l'anciennes équipes d'auteurs...

    De toute façon, un peu à la façon de Keltik Bhhoy, depuis que je les regarde plus, je l'ai trouve beaucoup moins drôle !

  • soupalognon le 20/03/2002 à 10h32
    Tout fait d'accord avec Marco,
    Une precision toutefois, l'equipe qui s'est ttaquee comme cela a Durand (et a Baffy), n'est ni l'equipe "historique", ni l'equipe ;la plus drole des guignols, ils se sont fait virer au bout de deux saisons avec pertes et fracas, le seul a etre rester c'est Gaccio, et c'est pas forcement le plus fin mais le deux autres etaient d'une agressivite malsaine.
    je dirais qu'il s'agit surtout d'une parenthese dans l'histoire des guignols. leur mission premiere c'est bien d'etre drole et ils le sont lorsqu'ils font dire a Tapie: "c'est normal que mes joueurs n'ont pas peur d'aller en D2, ils y sont deja".
    c'est pas 'ideologie de ce site mais c'est drole. le reste on s'en tape.

  • El mallorquin le 20/03/2002 à 10h39
    Bien sûr que c'est subjectif, le fait que j'ai trouvé la critique contre Durand justifiée ! Et alors, ça prouve quoi Marco ? Que j'ai tort ?

    Quant à leur vocation d'être drôle, on est d'accord pour dire que c'est la première. Cela dit, leur deuxième vocation est à mon sens de faire de l'opinion, de donner des idées. Il leur arrive de ne pas être drôles mais de dire des choses justes, moi ça ne me gêne pas.

    Sinon, ce que tu dis, soupalognon est plutôt curieux: "Lorque l'on critique une forme d'humour parce qu'elle n'exprime pas vos idees, ca devient inquietant". Non, ce qui est inquiétant, ce serait plutôt le contraire : parce que faire de l'humour raciste, sexiste ou homophobe, personnellement, je ne trouve pas ça top du tout et je donne le droit à n'importe qui de le dire...

    Par ailleurs soupalognon, je suis désolé, mais je pense que Delépine et Halin (?) étaient eux aussi très politisés dans leur forme d'humour...

  • marco le 20/03/2002 à 10h53
    LM, une satire qui ne fait pas rire (ne pas etre drole mais dire des choses justes) c'est un échec...



  • CELTIC BHOY le 20/03/2002 à 10h55
    Et puis ne pas trouver justifiées les atatques sur Durand, c'est également subjectifs. Perso, je trouvais ça con, mais je regardais trop rarement les guignols et encore moins NPA pour me faire une bonne opinion. Quand tu prends ce genre de sketch à l'improviste sans suivre l'émission, ça fait bizarre. Ca me rendait GD presque sympathique, c'est dire !

  • El mallorquin le 20/03/2002 à 11h01
    "Satire : discours, pamphlet, écrit, dessin qui s'attaque aux moeurs publiques ou privées, ou qui tourne quelqu'un ou quelquechose en ridicule."
    Le Petit Larousse Illustré.

La revue des Cahiers du football