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Le "fiasco" de Mediapro était-il annoncé?

Minichro – La Ligue 1 est menacée de "faillite" par le défaut de paiement de Mediapro. Tout le monde l'avait vu venir, mais a oublié de le dire. 

Auteur : Jérôme Latta le 14 Oct 2020

 

 

La minichronique pose une question, elle n'y répond pas toujours et, à la fin, elle en pose une autre.


* * *

 

Certes, le football est le sport des vérités rétrospectives, et il est de rigueur de dénigrer le football français et ses instances – qui le méritent. Pour autant, dire aujourd'hui que le contrat de la Ligue 1 avec Mediapro était un fiasco annoncé, est-ce honnête?

 

Les désaveux tombent dru, et on dirait que tout le monde avait prévu le coup. Par exemple, L'Équipe évoque mardi un "aveuglement collectif" et des "décideurs [qui] n'ont pas voulu voir les risques d'une telle décision".

 

 

 

 

Lors de l'attribution des contrats, en mai 2018, le quotidien salue pourtant ce "big bang", ce "jackpot" et "ce montant record [qui] dépasse toutes les espérances et couronne la stratégie de la LFP. (…) Une réussite totale et inattendue".

 

Il est alors surtout question de la "stratégie perdante" de Canal+ qui, "dans le jeu de poker menteur que constitue un appel d'offres, a voulu jouer au plus malin, mais s'est piégé tout seul". Quelques mois plus tard, Canal+ était déjà moins perdant en récupérant les droits de beIN Sports sur la L1.

 

Reste que le choix de la Ligue avait des allures de pari. Des inquiétudes ont été exprimées et des doutes émis – notamment par le spécialiste Pierre Maes – sur la solvabilité de Mediapro, la caution de son actionnaire chinois et sa capacité à monter une chaîne et recruter 3,5 millions d'abonnés ex nihilo.

 

En juin dernier, l'alliance avec TF1 et l'accord de licence pour utiliser la marque Téléfoot sont encore salués. Le lancement de la chaîne se déroule sans encombre en août. Mais le 8 octobre, la demande d'une renégociation du contrat par le président de Mediapro, Jaume Roures, sonne comme un aveu.

 

Le pari de la société espagnole, avant celui de la Ligue, semble avoir été perdant. D'abord, en tant qu'agence qui misait sur la revente des droits. Ensuite en tant que chaîne dont il faut assurer la rentabilité à terme.

 

Trois hypothèses. a) Mediapro prend prétexte de la pandémie pour demander une renégociation à la LFP, son investissement étant compromis bien avant. b) Mediapro est véritablement affecté par les effets du Covid sur son produit. c) Les deux.

 

Il est certain que ni le "scénario catastrophe" que Maes évoquait, ni les antiques prophéties sur l'éclatement de la "bulle" des droits TV n'avaient intégré le facteur X d'un coronavirus. Le modèle de Mediapro n'a pas été le seul envoyé au tapis: toute l'industrie du football vacille.

 

Ce que personne n'a remis en cause, c'est le principe de l'attribution du contrat au plus offrant, l'objectif unique d'augmenter le pactole sans considération pour la disponibilité de la compétition auprès des spectateurs, compromise à la fois par le prix et l'accessibilité de la nouvelle chaîne.

 

"Dans tous les appels d’offres, en France comme à l’étranger, le débat entre les revenus et l’exposition a toujours tourné court et en faveur des revenus", résume Pierre Maes.

 

Cette faillite qui pourrait être celle, économique, du football français, est surtout la faillite morale du football-business. Et cela, qui s'en souciait au moment où la Ligue touchait son "jackpot"?


 

Réactions

  • osvaldo piazzolla le 17/10/2020 à 14h56
    Comme lunatic (et inamoto) je suis curieux d'entendre des arguments spécifiques expliquant l'impact négatif du covid sur un spectacle télévisuel payant (à part une tendance à la frilosité économique en général). Je ne dis pas qu'ils n'existent pas, mais je n'arrive pas à les formuler alors qu'il y en a au moins un positif : une énorme tranche de la poulation ciblée s'ennuie chez elle et voit ses revenus pas franchement affectés.

  • Jamel Attal le 17/10/2020 à 17h16
    Que l'épidémie ne soit pas une cause suffisante pour le forfait de Mediapro, on est d'accord. Que son produit soit significativement dévalué par un football joué sans spectateur ni ambiance (accessoirement, dans des circonstances globales qui relativisent son intérêt), ça me semble en revanche assez évident.

    Par ailleurs, je pense que le pari raté de Mediapro en France n'atteste pas l'existence d'une "bulle" générale des droits TV : partout ailleurs, l'équilibre économique des diffuseurs semble assuré (même si on peut le juger fragile – mais ça, c'est l'avenir qui le dirait, et je pense que, le cas échéant, la crise économique suscitée par l'épidémie aurait un effet).

    PS @osvaldo : les revenus de larges franges de la population sont très affectés par la crise, non sans effets sur leur consommation.

  • Roger Cénisse le 19/10/2020 à 15h57
    Jamel Attal
    17/10/2020 à 17h16
    Que l'épidémie ne soit pas une cause suffisante pour le forfait de Mediapro, on est d'accord. Que son produit soit significativement dévalué par un football joué sans spectateur ni ambiance (accessoirement, dans des circonstances globales qui relativisent son intérêt), ça me semble en revanche assez évident.
    ________

    Bof.
    On est aussi dans un cas où le supporter frustré n'a pas d'autres moyens (légaux) de voir les matchs de son équipe que de s'abonner à Mediapro ... Que le spectacle soit moindre et soit dévalué, OK. Le fait demeure que Mediapro est le seul (enfin, avec les autres codiffuseurs) moyen de voir son équipe suite à la situation sanitaire.

  • Koller et Thil le 20/10/2020 à 15h33
    Espinas
    14/10/2020 à 14h18
    Je rajoute que le modèle montrait déjà des faiblesses puisque les paris ont quasi tous été perdants et qu'Orange et RMC par exemple ne reviennent plus enchérir après y avoir laissé des plumes.

    -----

    Pour rebondir là-dessus, je me demandais s'il n'y a ne serait-ce qu'un seul diffuseur de la L1 qui, a posteriori, ait été satisfait de son investissement ?

    Que ce soit d'un point de vue financier ou plus marketing, est-ce qu'il y en a un qui ait réussi son coup ? Est-ce qu'on peut dire que Canal ait tiré de vrais bénéfices de son long partenariat ? BeIN peut-être, avec le cheatcode de l'argent infini ?

  • Jamel Attal le 20/10/2020 à 21h59
    @Roger Cénisse
    Bof toi-même.
    C'est une évidence que le produit est dévalué par l'absence de public, avec ces ambiances sinistres ou articifielles, et ce handicap est d'autant plus pénalisant au moment où une chaîne nouvellement créée doit recruter des abonnés à partir de zéro. Par ailleurs, les supporters privés de stade ne représentent qu'une fraction marginale du recrutement à accomplir. Aller jusqu'à suggérer que ça constitue une situation favorable…

    Le pari de Mediapro (que ce soit l'option de la revente des droits ou celle d'une création de chaîne) n'en était pas moins extrêmement périlleux.

La revue des Cahiers du football