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FC Nantes 1943, naissance d'un club

Le Football Club de Nantes a pour date de naissance le 21 avril 1943. Il a donc été créé durant l’occupation allemande. Acte de résistance ou pure collaboration?

Auteur : Richard Coudrais le 22 Avr 2013

 


D’abord la légende: dans l’arrière-salle du Café des Alliés, rue de la Fosse à Nantes, une grosse douzaine de dirigeants issus de différents clubs amateurs nantais se mettent d’accord pour œuvrer en commun à la naissance d’un grand club. Ainsi la Saint-Pierre de Nantes, la Mellinet, l’AC Batignolles, le SNUC (Stade Nantais Université Club), l’ASON (Association Sportive Ouvrière de Nantes) et l’ACBL (Amicale des Chantiers de Basse-Loire) unissent-ils leurs efforts pour donner naissance au Football Club de Nantes.
 


Les couleurs du cheval

Jean Le Guillou, entrepreneur en travaux publics, est nommé président. C’est lui qui suggère les couleurs du club. Il possède des chevaux de course et l’un d’eux le fascine particulièrement. Il gagne de nombreuses courses et son jockey court en jaune et vert. Mais le véritable patron du club s’appelle Marcel Saupin. Président du club de la Mellinet, le "Lion", tel qu’on le surnomme, porte le projet depuis le début et multiplie les contacts entre les différents clubs. C’est lui aussi qui se charge se trouver un entraîneur pour la nouvelle entité et d’assurer les premiers recrutements.
 

 



 

La naissance du FC Nantes suit un scénario finalement très classique. Si ce n’est que nous sommes en 1943. Toute la France est occupée par les Allemands. Toute? Disons une grande partie, dont Nantes qui n’a pas trouvé la potion magique pour résister encore et toujours à l’envahisseur. La Cité des Ducs compte alors environ deux cent mille habitants, et son industrie est florissante. Les Allemands ne s’y sont pas trompés, qui ont réquisitionné – entre autres – le port et les Chantiers navals. La ville devient un point stratégique, et donc une cible privilégiée pour les Alliés, qui lancent quelques raids aériens et lâchent des bombes qui sèment la panique, et souvent la mort.
 


Collaboration active

On peut donc s’étonner que dans ce contexte de peur et de privations, quelques notables n’ont d’autre occupation (si l’on ose écrire) que de monter un club de football. Longtemps la légende a laissé entendre que les réunions dans les arrière-salles de bistrots se sont déroulées dans le plus grand secret, au mépris des couvre-feux imposés par l’occupant. Tout juste si l’on ne les mentionnait pas comme un acte de résistance.
 

Lorsque furent ouvertes les archives de la ville au début du siècle actuel, on ne fut qu’à moitié surpris d’apprendre que les deux principaux dirigeants du club, Marcel Saupin et Jean Le Guillou, adhéraient à Collaboration, un groupe politique on ne peut mieux nommé, qui défendait l’idée selon laquelle la France devait se soumettre à l’occupant allemand pour accéder à la modernité. Un groupe où figuraient également quelques personnalités nantaises de renom, parmi lesquelles le célèbre biscuitier Lefèvre-Utile, créateur des petits LU.
 

Si l’adhésion de Saupin semble rester du domaine de la collaboration passive, celle de son ami Jean Le Guillou, premier président du FC Nantes, dépasse largement le cadre des petits arrangements. Son entreprise de bâtiments publics est régulièrement sollicitée par l’occupant pour des travaux d’envergure. Le Guillou collabore activement et s’enrichit. La guerre lui permet d’acquérir des cabarets, des bijouteries et… ses chevaux de course.
 


Comme si de rien n’était

À la Libération, Le Guillou décide d’aller se faire oublier en Suisse, laissant le poste de président du FC Nantes à Saupin. Il reviendra à Nantes quelques années plus tard à la faveur de la loi du 5 janvier 1951 qui amnistie les collaborateurs condamnés à de courtes peines. Il reprendra comme si de rien n’était l’activité de son entreprise, mise sous séquestre depuis 1945. Puis retrouvera la présidence du FC Nantes, en 1955.
 

 


L'équipe du FC Nantes 1943/44.
 

Le nom de Marcel Saupin restera très présent dans la mémoire nantaise. Lorsque l’ancien patron du club meurt en 1963, la ville de Nantes donne aussitôt son nom au stade. Ainsi le grand FC Nantes jouera pendant plus de vingt ans dans une enceinte qui portera le nom d’un illustre collaborateur. Aujourd’hui, le centre tertiaire qui a pris place à côté de ce qui reste du stade (un gazon et une unique tribune remise à neuf) porte le nom d’Espace Saupin sans déclencher la moindre polémique. Dans l’esprit des Nantais, le nom de "Saupin" évoque plus les soirées foot que les heures sombres des années d’occupation.
 

Nantes, ville dont la prospérité doit essentiellement au commerce triangulaire, est restée célèbre grâce à un club de foot créé pendant la guerre par des "collabos". Heureusement, les équipes successives ont façonné au fil des années une image sportive plutôt positive, en pratiquant un football collectif et chatoyant (le fameux "jeu à la nantaise"), en privilégiant la formation plutôt que le recrutement, et en remportant de nombreux titres. Le club jaune et vert restera plus de quarante ans d’affilée en première division, un record.

 

Réactions

  • sansai le 22/04/2013 à 13h11
    Plus connu, sans doutes, plus notable, j'en suis moins convaincu.

    Participer à un cercle d'élites qui défendent et promeuvent la collaboration, c'est pas exactement quelque chose de moins notable que de créer un club de foot, à mon sens.

  • Kireg le 22/04/2013 à 14h07
    Passés l'agression visuelle et le réflexe pavlovien dûs au logo jaune et vert, j'ai trouvé l'article intéressant. Je ne connaissais pas du tout ce pan de l'histoire du club rival. Comme l'a dit Rock, merci pour les cartouches (smiley condescendant).

    J'ai joué quelques années au "Cercle Paul Bert" de Rennes. Je n'ai que très récemment appris que cet homme était un raciste convaincu. Personne au club ne me l'avait dit. Quelqu'un le savait-il seulement ?

  • Kireg le 22/04/2013 à 14h07
    Passée l'agression visuelle et le réflexe pavlovien dûs au logo jaune et vert, j'ai trouvé l'article intéressant. Je ne connaissais pas du tout ce pan de l'histoire du club rival. Comme l'a dit Rock, merci pour les cartouches (smiley condescendant).

    J'ai joué quelques années au "Cercle Paul Bert" de Rennes. Je n'ai que très récemment appris que cet homme était un raciste convaincu. Personne au club ne me l'avait dit. Quelqu'un le savait-il seulement ?

  • Kireg le 22/04/2013 à 14h09
    Ah ? Certes l'article traite du passé mais, de mes deux messages, je vais valider celui qui débute par "passés".

    Merci au revoir.

  • Toni Turek le 22/04/2013 à 14h44
    Hé bé, qu'est-ce qu'il y aura comme réactions pour le centenaire en 2043 !


    Tarama Vahirua
    "Par contre, je ne comprends pas certains éléments dont la phrase introductive du dernier paragraphe : "Nantes, ville dont la prospérité doit essentiellement au commerce triangulaire, est restée célèbre grâce à un club de foot créé pendant la guerre par des "collabos". " Je ne vois pas de véritable lien entre les deux événements ni entre le commerce triangulaire et le foot."

    ====> Il n'y a aucun lien direct entre le commerce triangulaire et le FCN, tous deux ne correspondent pas au même siècle. Mais ce sont deux éléments qui permettent d'identifier la ville de Nantes en quelques mots pour un Français lambda.


    "Idem pour Marcel Saupin et le stade. Ca n'excuse évidemment pas la collaboration dudit homme mais je crois que ce qu'il a fait pour le club est finalement plus connu et plus notable que ce qu'il a fait en tant que collabo ("collaboration passive" dixit l'auteur)."

    ====> +1 sur sansai, ça se discute. Quand on sait que la dernière rue française au nom de Pétain a été récemment débaptisée, on peut se demander si le stade n'aurait pas été renommé s'il avait encore été le stade résident du FCN.

  • Tarama Vahirua le 22/04/2013 à 15h50
    Toni, à mon avis, non (pour le nom du stade). La différence entre l'envergure de Pétain et celle de Saupin me semble parler d'elle-même.
    On a assez d'exemples de collaborateurs tièdes (je répète, je ne sais pas à quoi m'en tenir pour celle de Saupin) qui n'ont pas été évincés de la mémoire collective (Guitry, Darrieu pour les artistes par exemple, bien des industriels, ...). Et on ne compte plus le nombre de stades Pierre de Coubertin...


  • sansai le 22/04/2013 à 16h18
    Tarama, ce n'est pas parce qu'il y a eu de nombreux autres actes de mémoire trouble qu'il faut écarter d'un revers de la main les tentatives de remettre un peu de factuel dans le contexte de la création du FC Nantes et de l'hommage rendu à son créateur dans l’appellation du premier stade.

    Il y a là des choses gênantes, tellement gênantes qu'elles sont complètement occultées et que l'histoire du FCN semble se prolonger, immédiatement après sa création en 1943 dans un bar nantais hors de tout contexte, à l'arrivée de José Arribas au club.

    La réalité est plus complexe (et d'ailleurs on pourra aussi évoquer Anton Raab, anti-nazi notoire, dans l'histoire du FCN "d'avant" : lien, qui fait d'ailleurs parfaitement le lien avec l'arrivée d'Arribas au club), et un peu moins seyante, même si la belle histoire s'en trouve un peu ternie.
    Et il n'y a aucune raison valable d'occulter des évènements aussi importants qui font partie, qu'on le veuille ou non, de l'ADN du FC Nantes.

    Même si "heureusement", comme le souligne richard, la suite s'est inscrit dans des valeurs assez radicalement opposées (par Raab d'une certaine façon, par Arribas d'une autre), et qu'on pourrait même voir un signe dans le fait qu'il ait fallu attendre le décès de Saupin pour accéder enfin, dans les mois qui ont suivi, à la première division, après de nombreuses tentatives infructueuses.

  • Tarama Vahirua le 22/04/2013 à 17h48
    Je dois me faire mal comprendre. Je ne nie pas l'intérêt d'un article sur les heures les plus sombres du FCN. Je ne souhaite pas non plus qu'on occulte ces épisodes quand bien même ils ne glorifient pas mon club.
    En revanche, certains biais de l'article ne me semblent pas pertinents : le lien entre FCN, commerce triangulaire et collaboration (objection à laquelle a répondu Toni Turek) ainsi que le nom de Marcel Saupin (stade puis centre tertiaire).

  • José-Mickaël le 22/04/2013 à 23h37
    Nantes n'est pas connue que pour son commerce triangulaire et son club fondés par des collabos, elle est célèbre également pour ses fameux massacres par noyade durant la Révolution.

    (Je sais, ça n'a aucun rapport, c'était pour jeter encore un peu d'huile sur le feu...)

  • Van Der Wiel Age People le 23/04/2013 à 19h21
    Bel article qui permet de mieux situer l'histoire du club.

    Concernant Marcel Saupin, étant donné qu'il est né en 1893, je suppose qu'il s'est battu durant la première guerre mondiale contre l'envahisseur teuton. Peut être a-t-il une histoire analogue au maréchal Pétain, héros lors d'une guerre puis salaud lors d'une autre...

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