Faites le Mondial, pas la fête
Un semblant de polémique médiatique, qui couve depuis un certain temps, se développe aujourd'hui à propos de la "fête" qui doit absolument accompagner le Mondial. Le thème précurseur était celui de "la France est-elle au courant qu'une Coupe du Monde est sur le point de se dérouler chez elle?"
La France le sait, merci. Mais pour ceux qui connaîtraient mal notre pays, rappelons qu'il n'est pas de ceux où le foot est une religion (pour obsessionnel qu'il soit devenu ces dernières années), et que le Français n'est généralement pas du genre à se lever spontanément un matin en se disant "Tiens c'est le Mondial, je vais aller faire la fête toute la journée moi". Les pathétiques injonctions à s'amuser dissuadent efficacement toute velléité dans ce domaine. Il n'est vraiment pas besoin de regretter que le petit peuple n'adhère pas comme un seul homme aux mouvements collectifs programmés dans des offices de marketing et promus sur toutes les ondes. D'ailleurs, s'il fallait chercher une raison à l'intérêt modéré des Français porté au Mondial, ce serait dans le matraquage publicitaire et médiatique complètement infantile et abrutissant qui précède la compétition.
A J-15, tout le monde a peur de la saturation et essaie de préserver un peu de fraîcheur. Qu'attendent du tournoi ceux qui aiment le foot? L'omniprésence de Footix et du logo de la Coupe du Monde que l'on s'attend à trouver jusque sur les paquets de serviettes périodiques? La multiplication des contrats publicitaires de Thierry Roland? La croissance des recettes publicitaires des chaînes et des journaux? L'hystérie médiatique qui fait du football le centre de toute l'attention? Non : des beaux matches, des soirées avec les copains, de l'angoisse et de la joie, du Zidane...
Pourquoi emmerder tout le pays avec ce qui n'est qu'une compétition sportive que les amateurs pourraient apprécier sereinement? Quel besoin de susciter l'exaspération des indifférents ou des réfractaires? Si la compétition la plus prestigieuse se suffit à elle-même et suffit à son public, ce n'est pas suffisant pour tout ceux qui ont quelque chose à lui faire vendre. Bombardé comme le divertissement (télévisuel) ultime, le foot devient une industrie qui voudrait encore préserver la spontanéité des foules! P.S. : Lorsqu'à Albertville 300 supporters tunisiens veulent spontanément faire la fête à leur équipe en stage, c'est la panique.