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Fairclough 1977, supersub strikes again

Un jour un but – Le 16 mars 1977, un remplaçant aux cheveux roux stoppe l'épopée de l'AS Saint-Étienne et lance celle du FC Liverpool.

Auteur : Richard Coudrais le 16 Mars 2017

 

 

Saint-Étienne est à l'attaque. Jean-Michel Larqué centre pour Hervé Révelli, mais l'attaquant stéphanois est dominé par Tommy Smith qui renvoie de la tête. Devant la surface, Jimmy Case récupère le ballon et dégage le plus loin possible. On se l'envoie d'un camp à l'autre. Liverpool mène 2-1 mais c'est Saint-Étienne, vainqueur 1-0 à l'aller, qui tient la qualification. Le ballon de Case arrive dans le camp stéphanois et Christian Lopez, sous la menace de Kevin Keegan, repousse de la tête. Le ballon est ensuite disputé par McDermott et Larqué. L'Anglais s'impose et donne à Kennedy, quasiment positionné sur la ligne médiane. Le milieu de terrain des Reds envoie alors spontanément le ballon plein axe, où David Fairclough est lancé entre deux défenseur stéphanois...

 

 

Les Verts contre les Rouges

Saint-Étienne-Liverpool, quarts de finale de la Coupe d’Europe des clubs champions 1976/77, c’est le choc de deux des clubs les plus en vogue de cette partie des années soixante-dix. En France, les Verts sont devenus un véritable phénomène de société. Leurs épopées européennes coïncident avec l’émergence des poste de télévision en couleur dans les foyers. Avec ces Stéphanois, tout semble possible. Ils ont renversé tant de situations compromises (Split, Kiev...), ont tombé tant de cadors (PSV, Rangers...) que le pays entier les encourage. En mai 1976, ils ont même le droit à une parade sur les Champs-Elysées au retour d'une finale à Glasgow qu’ils ont pourtant perdue. Syndrome Poulidor des années Giscard.

 

 

Dix mois après les poteaux carrés d'Hampden Park, la perspective de rencontrer le Liverpool FC donne à la quête des Verts une dimension supérieure. Le foot anglais a pour l’Hexagone quelque chose d’inaccessible. L’équipe de France s’est pris tant de raclées face au onze d’Angleterre qu’il est alors impossible d’imaginer un joueur français inscrire ne serait-ce qu’un but à un gardien d’outre-Manche. Seul Saint-Étienne rend cette hypothèse crédible.

 

À Geoffroy-Guichard, donc, le match aller a vu la victoire des Verts 1-0 face à un Liverpool privé de Kevin Keegan. Les Stéphanois ont eu un mal fou à bouger le bloc rouge très compact, et il a fallu la persévérance de Dominique Bathenay pour arracher la victoire dans le dernier quart d’heure. La rencontre, très serrée, a un peu laissé le public sur sa faim. Liverpool a joué contre nature, préférant assurer un résultat plutôt que de se lancer à l’attaque. Bob Paisley, l’entraîneur des Reds, redoutait les hommes de Robert Herbin.

 

 

Grande ambiance

Pour le match retour à Anfield, Paisley peut compter sur un Keegan rétabli, mais doit se passer de Phil Thompson, opéré du ménisque. De leur coté, les Verts déplorent l’absence de leur libéro argentin Oswaldo Piazza, suspendu par un deuxième carton jaune. Pour le remplacer, Robert Herbin a fait appel à Alain Merchadier, un déménageur plutôt rugueux, pas du genre à faire rêver les foules, mais parfait pour assurer le marquage de John Toshack. Anfield est plein à craquer: 56.000 spectateurs sont présents, dont 8.000 Français venus encourager les Verts.

 

À l’échauffement, les Stéphanois sont impressionnés par l’ambiance. S’ils pensaient avoir tout vu après avoir roulé leur bosse aux quatre coins de l’Europe, s’ils pensaient que leur chaudron de Geoffroy-Guichard était ce qui se faisait de plus chaud en Europe, ils s’aperçoivent qu’ils ne connaissaient pas encore le Kop, la tribune légendaire d’Anfield. Là où leur chaudron s’égosille, le Kop chante. Là où leur chaudron vocifère, le Kop gronde. Là où leur chaudron fait peur, le Kop impose le respect. Dès le début du match, Liverpool est à l’attaque. Et un coup de théâtre va lancer le match. Kevin Keegan tente un centre qu'il rate à moitié, mais le ballon prend une trajectoire étonnante vers la cage des Verts qui surprend Ivan Curkovic: 1-0, les Reds ont déjà comblé leur retard.

 

Un combat grandiose se déroule alors sur la pelouse. Loin d’être assommés par le sort, les Stéphanois se lancent à l’assaut de la forteresse. Les Verts inquiètent Ray Clemence à plusieurs reprises, mais les Reds répondent avec aplomb, histoire de rappeler qui joue à domicile. Le match est intense, superbe, impitoyable, entre deux équipes au sommet de leur expression. Le public d’Anfield, en connaisseur, applaudit indifféremment les actions de l’une ou de l’autre équipe. La mi-temps est atteinte sans qu’un autre but ne soit marqué. La seconde période a repris depuis tout juste cinq minutes lorsque Dominique Bathenay s’empare du ballon au milieu du terrain. Il s'avance et décoche de trente-cinq mètres une lourde frappe du pied gauche. Le cuir va se loger sous la barre de Ray Clemence.

 

 

Le but d'une carrière

L'espoir revient chez les Verts d'autant que ce but splendide contraint Liverpool à marquer deux fois. Mais à l'heure de jeu, un centre de Neal à destination de Toshack est repris par Ray Kennedy, lequel ne laisse aucune chance à Curkovic: 2-1 pour Liverpool. La fatigue se fait sentir de part et d'autres et les entraîneurs commencent à procéder à quelques remplacements. Alain Merchadier a le visage en sang et se fait remplacer par un attaquant, Hervé Révelli. Robert Herbin est convaincu que le meilleur moyen de défendre face aux Reds est de les prendre à la gorge. De son coté, Bob Paisley remplace John Toshack par un jeune rouquin, quasiment inconnu chez nous, David Fairclough.

 

Le gamin de vingt ans est bien en jambes. À Liverpool, on le surnomme déjà Super-Sub pour avoir en quelques occasions inscrit un but important peu après son entrée en jeu. Lorsqu'il est lancé par Ray Kennedy, à la 74e minute de ce quatre de finale contre Saint-Étienne, il se montre plus rapide que Christian Lopez. Il entre dans la surface de réparation, contrôle et frappe du pied droit. Le ballon passe sous Ivan Curkovic et va mourir au fond des filets.

 

 

"Supersub strikes again!", s’égosille le commentateur de la BBC. Les images sont gravées dans l’inconscient collectif: Fairclough court ses longs bras levés devant le Kop qui, comme embrasé, est devenu entièrement rouge. 3-1, les Verts ne s’en relèveront plus. Certains esprits reprocheront à Christian Lopez de ne pas avoir su stopper la course du rouquin, de ne pas avoir commis la faute qui aurait empêché le but. Mais Lopez a choisit de ne pas enfreindre l’esprit du jeu, et il doit être loué pour son choix. L’homme qui avait stoppé Oleg Blokhine n’a rien pu faire devant la puissance et la fraîcheur du Suber-Sub.

 

Liverpool a arraché sa qualification et prend le chemin de Rome. Mais gardera toujours en mémoire cette confrontation avec les Verts. Au point que ce match est souvent cité comme le plus grand match européen jamais disputé par les Reds. Curieusement, après ce but qui en promettait beaucoup d'autres, David Fairclough va connaître une carrière plutôt mitigée. Il ne décrochera jamais vraiment une place de titulaire à Liverpool, et ne connaîtra en tout et pour tout qu'une seule sélection en équipe d'Angleterre, chez les espoirs.

 

À vingt-six ans, il sera prêté au Toronto Blizzard, au Canada, autant dire loin des exigences du foot de haut niveau. On le verra ensuite errer à Lucerne (Suisse), à Norwich, à Oldham, avant de disputer trois saisons à Beveren, en Belgique. L'histoire, finalement, n'a retenu que son but face à Saint-Étienne.

 

Réactions

  • suppdebastille le 16/03/2017 à 09h37
    A propos des trajectoires du ballon sur les buts de Keegan et Bathenay, il faut rappeler qu'à l'époque en Angleterre on jouait avec des ballons plus légers que sur le continent.

  • Ba Zenga le 16/03/2017 à 09h51
    Très joli texte pour un match mythique, merci Richard.

  • Glassmann le 16/03/2017 à 09h52
    Fairclough...
    Fairclough, c'est le Kostadinov de ma jeunesse, Liverpool-ASSE c'est le Barça-PSG de mes 9 ans...
    On n'avait pas de canapé, à l'époque. Assis sur une chaise inconfortable, on attendait la revanche des poteaux carrés devant notre télé noir et blanc. On s'est levé de dépit à la 83ème minute, et on ne s'est plus rassis avant d'aller se coucher.
    Cette 83ème minute qui avait vu entrer Rocheteau à Glasgow nous apporter l'espoir, était cette fois comme un coup de poignard fatal.
    Il allait falloir attendre 1982 pour connaître plus grande tristesse.
    Mais perdre contre un Liverpool porté par de tels joueurs, avec un tel état d'esprit, ça apprend à respecter l'adversaire.
    Merci l'ASSE, merci Liverpool. Merci Fairclough ? Non, faut pas déconner... Tu m'as fait mal, quand même...

  • Glassmann le 16/03/2017 à 09h55
    Tiens, je ne l'avais pas noté : l'arbitre était M. Corver.
    Il n'avait même pas été mauvais. Sacré chat noir, quand même.

  • Vas-y Mako! le 16/03/2017 à 12h29
    Ma deuxième grosse déception de jeunesse à 11 ans seulement, après la finale de Glasgow. Ce coup de poignard, je l'ai aussi ressenti comme Glassmann et il me faudra, moi aussi attendre 82 pour ressentir de nouveau cette douleur.
    Il y a les enfants de la télé et puis il y a ceux des Verts....
    ( ma femme,suédoise, s'étonne d'ailleurs souvent du choix de mes mots de passe : Larqué75, Piazza76, Battiston82)

  • Hydresec le 16/03/2017 à 13h40
    Potillon99, je comprends qu'elle ait du mal à comprendre.

  • Hydresec le 16/03/2017 à 13h42
    (la redondance est volontaire, évidemment)

  • osvaldo piazzolla le 16/03/2017 à 15h44
    Thimothée95

  • Glassmann le 16/03/2017 à 17h26
    40 ans jour pour jour...
    L'AS Rome a un super-sub pour ce soir ?...

  • Vas-y Mako! le 16/03/2017 à 20h33
    Totti?

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