Espagne : los Muchachos
Espagne-Allemagne, les joueurs (1). Meilleure équipe du tournoi, l’Espagne a réussi un parcours presque sans-faute en offrant un jeu alléchant...
Auteur : Antoine Faye
le 30 Juin 2008
Meilleure équipe du tournoi, l’Espagne a réussi un parcours presque sans-faute en offrant un jeu alléchant. Cette victoire revient en partie à Luis Aragonés, pour son coaching et les réponses qu’il a apportées aux défis tactiques imposés. Face à Joachim Löw, il a surtout dû résoudre le problème posé par les percées de Podolski et Lahm, côté gauche. En collant Silva dans les pattes du latéral du Bayern, le Sabio a coupé les jambes de la Mannschaft. Mais outre ses aptitudes tactiques, Aragonés a également bénéficié du talent de joueurs remarquables, surtout au milieu de terrain.
Peu sollicité, Iker Casillas a répondu présent. Habituellement considéré comme un gardien manquant d’autorité dans les sorties aériennes, le portier merengue a pris le match à bras le corps et systématiquement cherché à s’imposer dans les airs, pour compenser le déficit de hauteur de ses coéquipiers. Malgré une blessure à vingt minutes de la fin, Iker a tenu son rang. À vingt-sept ans, seule la Coupe du monde manque encore à son palmarès.
La mise en place du début de match
La défense espagnole s’est montrée étonnement fiable. Une vraie surprise. Dans les matches à élimination directe, la Roja n’a pris aucun but. Si Sergio Ramos a commis des erreurs malheureusement habituelles (passes approximatives), le reste des défenseurs fut meilleur. Face à des Allemands athlétiques et rugueux, Marchena, notamment, a évolué dans son monde.
Le milieu de terrain espagnol a écrasé le match, comme le reste du tournoi. On pourrait parler de Silva, plutôt bon, mais qui a fini par perdre ses nerfs. Ou bien d'Iniesta, le dandy de la Selección, balle au pied. Voire de Cesc, qui a multiplié les courses pour donner à ses partenaires des solutions de soutien. Senna, comme à l’habitude, a fait un match sérieux, récupéré bien des ballons pour les rendre tout propres.
Mais aucun de ces quatre joueurs ne peut décemment faire d’ombre à Xavi. Le milieu blaugrana a éclipsé le reste de ses coéquipiers: un travail défensif impressionnant pour compliquer la tâche de Frings, et un apport offensif phénoménal. Technique impeccable, inspirations lumineuses, passes clairvoyantes: Xavi a fait étalage de toutes les qualités d’un milieu de terrain relayeur, et d’un talent à faire baver d’envie n’importe quel amateur de football. Un match complet.
Laissé tout seul sur le front de l’attaque, Fernando Torres a joué dans le registre qu’il interprète à Liverpool. Appels dans le dos de la défense, plongées sur le flanc droit... et ne provoquer l’adversaire que s’il n’y a pas d’autre option. Comme pour les autres finales qu’il a disputées, Torres a inscrit un but et remporté le match. El niño est devenu grand.
Les retouches d'Aragonés après la vingtième minute: la permutation de Silva et Iniesta, le recul de Xavi et recentrage du milieu offensif droit (ici Silva), qui ne prend le couloir que pour bloquer les montées de Lahm.
On ne peut pas féliciter les muchachos sans couvrir de quelques compliments l’anciano qui les dirige. Il y a un an, Luis Aragonés sous le feu des médias, est pressé de démissionner. Et seule la situation économique désastreuse de la fédération l’a sauvé du licenciement. De son exil doré de Fenerbahçe, le Sabio de Hortaleza goûtera aux joies d’être l’entraîneur le plus intouchable d’Espagne.
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