Dur retour au purgatoire
Saint-Étienne en deuxième division, ce sont déjà des places de parking bien plus nombreuses aux abords de Geoffroy Guichard, et une foule réduite aux guichets. 19000 spectateurs, c'est tout de même plus que la contenance de quelques stades de D1... A la boutique des Verts, désormais affublée d'une cafétéria Casino (c'est toujours mieux qu'un McDo?), l'ambiance témoigne de la morosité actuelle, avec des soldes massives sur les maillots 2000/2001, bradés à 99 balles. Quant au poster officiel de la saison maudite, il ne s'écoule même pas à 5 francs. Le nouveau maillot n'est pas encore disponible, mais on a vu qu'il à était nouveau victime de l'atroce malédiction du gros pâté rouge, également connu sous le nom de syndrome "Cake Rocher".
Dans l'enceinte, les Green Angels eux aussi font de la vente d'écharpes, tout en proclamant une grève des déplacements. En face, ce sont les Magic, silencieux au coup d'envoi dans un impressionnant nuage vert de fumigènes, qui s'abstiendront de toute réaction lors du premier but stéphanois. Grosse bouderie?
Il faut dire qu'entre-temps, les locaux étaient rentrés à la pause avec un logique débit de deux buts au terme d'une prestation alarmante. Kuzba, l'attaquant polonais tout juste qualifié pour le match, avait pourtant eu l'occasion d'ouvrir le score en éliminant son vis-à-vis pour s'ouvrir le but, mais son tir frôla le montant. Un peu plus tard, il décocha une frappe terrible, miraculeusement claquettée par Pédemas, auteur d'une brillante prestation dans les buts manceaux. Mais sous la pression des athlétiques attaquants rouges et jaunes, les espaces se créent et ce sont les milieux offensifs qui en profiteront par Thomert puis Fanchone, ce dernier concluant un tir de Cousin repoussé par le poteau. En l'absence de Giovanni Bia et de son expérience, la charnière à trois Mettomo-Sablé-Hernandez apparut totalement absente sur ces deux actions, l'international espoir semblant particulièrement mal à l 'aise et maladroit au centre de ce dispositif. Comme les latéraux Hellebuyck et Carteron peinent à faire beaucoup mieux, c'est toute la construction stéphanoise qui pèche gravement, les visiteurs s'assurant même une nette supériorité sur le jeu.
En d'autres temps, les supporters stéphanois envoyaient les joueurs déficients "à la mine", cette fois, un de mes voisins en expédie certains "à Lyon". Cible d'une terrible vindicte, Baudry est copieusement sifflé, malgré ses ouvertures qui créèrent les seules occasions vertes. Alain Michel le laissera au vestiaire.
Selon l'image consacrée, les Verts reviennent avec de tout autres intentions et enchaînent les offensives avec une conviction bien plus évidente. Sablé et Hellebuyck ont retrouvé leur place au milieu, la défense passant à quatre avec N'Dour en latéral gauche. Le second échoue sur le poteau après un enchaînement corner-coup franc. C'est surtout la rentrée de Frédéric Mendy, absolument intenable sur l'aile gauche, qui fera la différence, avec un joueur qui percute enfin, mobilise les défenseurs et multiplie les centres. Panov le rejoint bientôt pour l'imiter sur l'autre flanc(il se substitue à Huard, auquel mon voisin reproche son salaire de "100 plaques par mois", information non vérifiée).
Sous l'impulsion de Capitaine Mettomo, auteur de quelques charges de cavalerie, les attaques stéphanoises font plier les Manceaux, acculés sur leurs buts et de plus en plus fébriles sur des coups de pieds arrêtés que David Hellebuyck ajuste enfin remarquablement. Parvenus dans le dernier quart d'heure avec leur avantage sous le bras, les visiteurs jouent la touche, une tactique hasardeuse, même si Charrieras a une balle de 3-0 lorsqu'il se présente devant Casagrande, lequel remporte le duel. Bien lui en prend car c'est finalement Rodrigao qui coupe de la tête un centre de l'inévitable Hellebuyck devant les cages. Le Brésilien, qui joue dans un registre proche de Aloisio, mais avec une vivacité moindre, a pesé sur la défense et servi de point d'appui précieux en fin de match.
Le public se découvre des sentiments moins hostiles à l'égard de son équipe, et la pression continue de monter inexorablement. Pédemas s'illustre encore avec un petit exploit sur un coup franc, mais il ne pourra rien, dans les mêmes circonstances, contre le tir que N'Dour brosse dans la lucarne, qui inscrit son deuxième but en deux matches.
Avec une défaite (à domicile) et deux nuls, l'entame stéphanoise n'est pas de nature à rendre optimiste, et les lacunes — peut-être plus psychologiques que techniques — sont évidentes actuellement. L'équipe 98/99, celle de la remontée, avait immédiatement montré des capacités dans toutes ses lignes, celle-ci doit d'abord se libérer et mettre toute sa volonté sur le terrain dès le coup d'envoi. Il reste que les Verts d'Alain Michel ont remonté le score lors des deux derniers matches. Pour le moral d'une équipe très loin d'un potentiel que l'on sent réel (notamment en attaque), c'est nettement mieux qu'une deuxième défaite à Geoffroy Guichard.