Seuls 36% des internautes parviennent à saisir leur e-mail / password du premier coup. En feras-tu partie ? Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

La disparition programmée des Ultras

Réagissant aux violences en marge de Nice-Saint-Étienne, la Ligue a semblé sonner le glas d’un mouvement Ultra déjà moribond en France. Quelles chances de survie lui reste-t-il?

Auteur : Pierre Barthélemy le 26 Nov 2013

 


Alors que la répression contre les supporters les plus fidèles des clubs français ne cesse de croître et que les médias n’hésitent plus à jeter l’anathème sur tout un mouvement au moindre dérapage d’une minorité, il convient de se demander si le supportérisme "Ultra" n’est pas en train de se suicider.
 


Tendre la perche à la répression

Les incidents intervenus dimanche à Nice ne sont qu’un élément à charge supplémentaire pour nourrir l’argumentaire des acteurs institutionnels: le conflit picrocholin ayant opposé Rennais et Nantais, l’allumage de fumigènes par les Stéphanois, la présence de quelques dizaines d’Ultras parisiens au Trocadéro en pleine poudrière urbaine… Le temps passe, le mouvement s’affaiblit, mais les comportements contreproductifs se répètent inévitablement.

 

Allianz Riviera incidents Nice-Saint-Etienne

 

Pour les pouvoirs publics et les clubs qui conduisent une répression globale, la division des Ultras est du pain bénit. Or, comme le rappelle le sociologue Ludovic Lestrelin [1]: "Pour pouvoir faire évoluer le rapport de forces avec des autorités, faire valoir des revendications voire des droits, mais aussi pour avoir une visibilité, conquérir des soutiens, en somme modifier des équilibres, il faut pouvoir se mobiliser". Par son morcellement et ses rivalités, non seulement d’un club à l’autre, mais aussi au sein d’un même club, le supportérisme "Ultra" n’est pas en mesure d’enrayer collectivement l’action concertée des pouvoirs publics.
 

Enfin, le mouvement semble encore trop étranger aux exigences de la communication. Pour être crédible, il faut d’abord être audible. Par sa culture du silence et sa méfiance des médias, les Ultras se privent d’une arme que leurs opposants maîtrisent parfaitement. En 2012, à Montpellier, après la blessure de "Casti" [2], ils ont montré les prémices d’une capacité à se réunir pour porter ensemble des revendications. Cette action isolée n’a toutefois conduit ni à l’élaboration d’une communication commune, ni à la constitution d’une entité représentative. Les Ultras sont-ils capables d’une prise de conscience collective salvatrice, si toutefois il n'est pas déjà trop tard?
 


Dissolution du dialogue

Le temps joue d’autant plus contre les Ultras que les acteurs institutionnels se montrent très réactifs. Il n’a pas fallu plus de quelques heures à Frédéric Thiriez pour publier, hier, un communiqué martelant lourdement et sans nuance: "Une seule solution: la répression". Il en a aussitôt profité pour instiller dans les esprits une solution radicale qu’il prétend pourtant ne pas souhaiter: "l’interdiction systématique des déplacements". Pourtant, la LFP comme les pouvoirs publics n’ont jamais fait preuve d’initiative pour permettre une saine organisation de ces déplacements de supporters.
 

Alors que les arrêtés se multiplient pour limiter (Paris Saint-Germain) ou interdire (Lyon, Bastia, Ajaccio, Nice, Marseille) les déplacements, les pouvoirs publics n’ont jamais invité les différents protagonistes à s’assoir autour d’une table pour en préparer, en amont, la bonne tenue. Quand ils mettent en place des commissions ou rédigent des rapports, ils ne donnent la parole à aucun représentant des supporters (lire "Valérie Fourneyron imagine un football durable sans les supporters"). Pire, ils n’ont de cesse de supprimer les interlocuteurs à leur disposition. Par la dissolution administrative d’associations de supporters dont certains membres se sont rendus coupables d’actes répréhensibles, les acteurs institutionnels ont disloqué les tribunes et éliminé les leaders dont l’expérience et la maturité permettaient de contrôler des groupes structurés (lire "À qui profite la dissolution?"). Cela s’inscrit dans un mouvement général de limitation de la liberté d’expression des supporters, avec l’interdiction de chants et de banderoles revendicatifs à propos des horaires des matchs, la hausse des prix ou l’intensification de la moralisation à outrance des tribunes.
 


Politique pousse-au-crime

Pourtant, dans le même temps, les auteurs avérés d’actes de violence ou d’incitation à la haine semblent bénéficier d’une certaine impunité. Lorsque les préfectures prennent des arrêtés d’interdiction de déplacement, ceux-ci ciblent les membres d’associations de supporters, mais pas les personnes connues des forces de l’ordre pour des actes de violence. Dimanche à Nice, aucune interpellation n’a immédiatement eu lieu alors que les vidéos et les photos à disposition ont clairement permis d’identifier les individus responsables. De même, la vidéosurveillance permet à la sécurité du Parc des Princes d’identifier celui qui craque un fumigène mais, étonnamment, pas celui qui tend ostensiblement le bras vers l’avant. De surcroît, alors que cela est prohibé par les textes, on laisse accéder au stade des individus en état d’ébriété manifeste, mais on interdit de stade celui qui porte une écharpe d’association dissoute.
 

En caricaturant, on pourrait avoir l’impression que tout est fait pour inciter les supporters Ultras à commettre des faux-pas dont on s’offusquera aussitôt. Comment est-il possible de se laisser déborder, hier à Nice, par une centaine d’individus encadrés, une heure avant le match, alors que celui est classé à haut risque? Comment est-il possible que certains supporters niçois aient pu traverser tout le stade sans opposition jusqu’à la tribune des Stéphanois? Où est la logique d’interdire tout déplacement officiel encadré dans une tribune visiteur mais d’autoriser le déplacement individuel dans le reste du stade aux personnes ne se prévalant pas de la qualité de supporter ou ne se comportant pas comme tel" (Lire "ASSE-OL, victoire à la Pyrrhus pour les pouvoirs publics")? Comment est-il possible de concentrer toute son attention à Bruxelles pour Anderlecht-PSG pendant que 1.500 Napolitains sont laissés sans encadrement au centre-ville de Marseille?
 


Mourir pour mieux renaître ?

À près de deux ans du championnat d’Europe, les acteurs institutionnels sont coupables, au mieux d’incompétence par aveuglement et surdité, au pire de complicité au suicide des Ultras par police interposée. Le mouvement "Ultra" français semble en effet moribond. Peut-on envisager que celui-ci renaisse de ses cendres et fasse table rase? Voici quelques pistes de réflexion, formulées modestement et à titre personnel.
 

Sa principale faiblesse étant son morcellement, peut-on imaginer que le mouvement réussisse à mettre en place une structure de représentation et de communication? Se doter d’un représentant avec personnalité morale, c’est envoyer deux signaux fort: celui d'une capacité à parler d’une voix et celui d'une volonté de dialoguer avec les différents protagonistes. S’exprimer d’une seule voix ne signifie pas renoncer aux (saines) rivalités et aux désaccords, mais savoir aller au-delà lorsque les impératifs l’exigent. La constitution d’une superstructure comportant un organe délibérant où s’expriment les désaccords pourrait parfaitement s’entendre.
 

Sa deuxième faiblesse réside dans son incapacité à se séparer des individus dont les comportements répréhensibles sont nuisibles à l’image du mouvement. Sans abandonner les valeurs de groupe et de solidarité chères au mouvement, il convient de poser des limites dont le franchissement exposerait l’intéressé à une exclusion ferme et définitive.
 

Sa dernière faiblesse, c’est l’image de violence qui survient dans les esprits lorsque sont évoqués les Ultras. Aussi fort soit leur attachement à cette appellation, on peut s’interroger sur l’opportunité de ces supporters à l’abandonner pour un vocable vierge de tout préjugé, et sémantiquement moins connoté...


[1] Lire l'article de So Foot.
[2] "Casti" est un supporter montpelliérain qui a perdu un œil à la suite d'un tir de flashball d’un membre des forces de l’ordre, alors qu’il était en train de boire un verre dans un bar près de La Mosson.

 

Réactions

  • Zorro et Zlatan fouillent aux fiches le 26/11/2013 à 11h59
    johnny gategueune
    aujourd'hui à 11h52

    Oui. C'est une figure de style (préterition ? Je sais plus). Il aurait suffi de ne pas évoquer l'idée, c'était si simple.

  • fabraf le 26/11/2013 à 12h00
    Vous ne m'avancez pas vraiment... Pour moi, un ultra n'est pas violent, ce n'est pas un hooligan, ou je me trompe ?

  • dugamaniac le 26/11/2013 à 12h40
    T'as une carte (le moins important au final), tu vas voir tous les matchs à domicile dans le kop, tu fais des déplacements, tu consacres de ton temps libre en dehors du temps du match au groupe (animation dans le stade et bien souvent en dehors du stade, du type concert, repas...)

    T'es un ultra.

    Et effectivement il y a l'ultra tel qu'on le rêve ici, mais il est bien loin de l'ultra dans la réalité. Qu'on le regrette ou pas, sans cet esprit de liberté, anarchisant, la plupart des ultras actuels n'y retrouveraient pas leurs comptes.

  • balashov22 le 26/11/2013 à 12h55
    Pour expliquer (pas excuser, on est bien d'accord) la réaction de certains Stéphanois à Nice, il semblerait que le caillassage d'un bus de supporters faisant le déplacement soit à l'origine.
    Je ne sais même pas si ce caillassage est avéré ou pas, j'ai entendu des démentis, des confirmations...

    Pour la définition de l'ultra, je pense aussi qu'il y a une notion d'engagement dans l'animation du stade pendant les matchs (selon l'échelle spectacteurs puis supporteurs puis ultras) et la défense du club en général (même si certains ultras d'un même club sont parfois en désaccord voire en "guerre", en témoignent Paris, Auteuil et Boulogne si je ne dis pas de bêtise, et sinon merci de se référer à ORRG ou autre spécialiste).

    La référence à l'encartement est un amalgame, selon moi, entre les groupes de supporteurs (qui réunissent des encartés) et les ultras, car comme dit précédemment, certains ultras ne sont pas encartés (notamment ceux qui appartenaient à un groupe dissous et qui ont choisi de ne pas en rejoindre un autre) et certains encartés ne sont pas ultras (votre serviteur, par exemple, pris chez le Kop Virage Nord de Gerland mais pas un ultra pour autant).
    Les deux se recoupent souvent en ceci que des ultras, pour pouvoir mener leurs animations au mieux, ont souvent besoin d'être un interlocuteur du club et que celui-ci ne reconnaît généralement que les groupes de supporteurs, mais ce n'est pas systématique.

  • johnny gategueune le 26/11/2013 à 13h13
    @Zorro et Zlatan fouillent aux fiches
    Ça a l'air très simple pour toi, mais pourquoi faudrait-il ne pas évoquer l'idée?! Combien de fois, dans des situations très diverses, les autorités ont-elles misé sur des débordements afin de discréditer un mouvement? Par exemple, dans les manifs, en laissant agir des casseurs pour déconsidérer les manifestants...

    En l'occurrence, des violences comme celles de Nice font le jeu de la Ligue pour légitimer une politique de répression et de refus du dialogue. En plus ce n'est pas une nouveauté: cela fait des années que l'on observe un laxisme invraisemblable des autorités envers une minorité de coupables pourtant faciles à identifier, assortis d'une répression aveugle des Ultras dans leur ensemble.

  • Tonton Danijel le 26/11/2013 à 13h25
    Surtout si on considère que le meilleur outil de répression est d'augmenter le prix des places...

  • Zorro et Zlatan fouillent aux fiches le 26/11/2013 à 14h11
    johnny gategueune
    aujourd'hui à 13h13

    Ce type de raisonnement me pose problème pour plusieurs raisons :
    1/ c'est une théorie du complot étayée par, ben par rien en fait
    2/ il rejette la cause de la violence sur les autorités quand la cause initiale reste le fait d'individus. Ces types n'ont pas d'autres choix, vu le comportement de la police et de la ligue, que de se foutre sur la tronche, vraiment ?
    3/ il joue sur la distinction entre ultras violents et ultras pas violents en absolvant complètement les groupes d'ultras de la responsabilité qu'ils ont à s'auto-gérer. En gros ici les méchants sont des électrons libres qui n'ont rien à voir avec les groupes et c'est aux flics de gérer. Alors que sans mettre toute la responsabilité sur les groupes, les frontières sont plus subtiles que ça.

    C'est combattre la malhonnêteté intellectuelle par la malhonnêteté intellectuelle, et je trouve ça tout moisi.

  • Tetsuo Shima le 26/11/2013 à 15h35
    Je suis surpris de ne pas voir plus de réactions à cet article... Est-ce parce que ce ne sont pas des supporters du PSG qui sont impliqués ou bien tout le monde s'en fout, finalement, des ultras ?

  • Tonton Danijel le 26/11/2013 à 15h51
    Tetsuo Shima
    aujourd'hui à 15h35

    Ou alors personne ne réagit car il n'y a rien à rajouter à l'article. Il faudrait voir au niveau des fréquences de visites quelle est l'audience du sujet "supporteur".

  • fabraf le 26/11/2013 à 16h03
    Je pense d'abord que, comme beaucoup de monde, on ne connait pas bien le monde ultra. Ensuite, qu'on ne perçoit pas bien les solutions : interdire les déplacements ou ne rien faire sont aussi stupides l'un que l'autre.

    D'où ma question pour laquelle je n'ai pas trouvé la réponse : pourquoi les Ultras (?) verts ont-ils agi ainsi dimanche ?

    Perso, je rêve d'un stade ouvert, sans grillage, sans parcage visiteurs, où les spectateurs seraient tous mélangés quelque soit l'équipe supportée.

La revue des Cahiers du football