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Le diable sans costume Pravda

La visite du site officiel de l'Olympique lyonnais révèle qu'en matière de communication, le club n'arrive pas à la cheville de la propagande soviétique...

Auteur : Ilf-Eddine (alias Raspou) le 6 Dec 2006

 

 

Nul besoin d'être un grand connaisseur en ballon rond ou en gestion d'entreprise pour mesurer les mérites de l'Olympique lyonnais, club sain, régulier, ambitieux, qui règne sans partage sur la Ligue 1 et semble parti pour s'installer durablement dans le gotha européen.

 

À cette admiration sincère pour la réussite sportive s'ajoutait de ma part un intérêt pour une pratique assez rare dans le football hexagonal: la publication de communiqués sur le site officiel du club.



olweb_1.jpg



Avoir un site officiel est chose courante pour un club. Il sert principalement à vendre des produits dérivés, à mettre en avant les sponsors, à stariser encore un peu plus nos chers pousseurs de baballe et, accessoirement, à feindre le journalisme en relatant les matches de l'équipe concernée avec ce qui pourrait passer, de très loin, pour une certaine objectivité.

 

Plus des bonus à la con comme l'interview du joueur qui a marqué un doublé et qui dit qu'il est très content, celle du président qui promet à l'intersaison "la meilleure équipe de ces dix dernières années" ou encore les résultats de l'équipe B des moins de 16 ans.


Jusqu'à aujourd'hui, il semblait que, sur ce terrain du site off' également, l'OL se distinguait, en ajoutant à ces pratiques communes celle consistant à publier des communiqués officiels en réaction à, grosso modo, tout ce qui peut se dire ou s'écrire sur l'OL – et qui n'est pas empreint d'une admiration béate pour le Manchester United du Rhône.

 

N'ayant jamais visité les augustes pages de ce site, j'avais développé une sorte de mythe : pour moi, le site off' de l'OL, c'était le retour à l'emploi pour tous les soviétologues mis sur la paille par la fin des régimes communistes en Europe de l'Est, c'était l'avènement d'une nouvelle aube pour la rhétorique de parti unique, c'était un petit bout de Cuba chez nous, c'était le come-back des lendemains qui chantent fort, et tant pis s'ils chantent faux.


Kaboul en défense

Il convient ici de faire une pause et de rappeler aux plus jeunes de nos lecteurs la caractéristique principale de la soviétologie, qui revenait, pour un politiste occidental, à étudier le régime de pays où il ne pouvait pas foutre les pieds – à part les intellectuels aux ordres qui, eux, n'avaient pas besoin de s'y rendre, puisqu'ils savaient par avance qu'ils allaient décrire un bilan "globalement positif". Ces politistes devaient donc mener leurs travaux sur la seule base du décodage des discours officiels, ce qui demandait beaucoup d'expérience, pour ne pas dire un talent certain.


Ainsi, pendant la guerre en Afghanistan, un soviétologue lisait un communiqué de l'Etat-Major soviétique sur le modèle: "L'équipage d'un char de la glorieuse Armée Rouge a été aujourd'hui décoré pour l'action héroïque qui lui a permis de rejoindre sa division au péril de sa vie, bien qu'il ait été isolé en territoire hostile, coupé de ses courageux camarades et en butte au feu nourri des forces réactionnaires à la botte de l'Occident".


Et notre soviétologue de traduire aussitôt : "Du fait d'un matériel obsolète et mal entretenu ayant entraîné la défaillance de son système de communication, mais aussi de l'alcoolisme invétéré de son équipage, un tank soviétique s'est retrouvé isolé dans un territoire pourtant prétendument sous contrôle gouvernemental et s'est fait harceler par des moudjahidin gagnant chaque jour en confiance et en audace. L'équipage a réussi à prendre la fuite et à rejoindre son unité, où un lourd châtiment disciplinaire lui sera infligé".




La lutte des classes de collège

On espérait retrouver ces joies du décodage à la lecture d'OL Web, avec une prose ampoulée alternant avec maîtrise les arguments irréfutables et les contre-vérités flagrantes, je m'attendais à une logorrhée pleine de talent, réagençant les faits pour leur faire dire tout et son contraire.

 

On s'attendait, surtout, à un peu de sel dans la diatribe, à un peu de mordant dans les attaques. À des réactions aussi belles que celle du Président du Steaua Bucarest au lendemain de la rouste prise en finale de C1 face au Milan AC, qui avait déclaré, apparatchik imperturbable: "Lacatus vaut cinq Van Basten et Hagi dix Maradona".


Grosse déception, ce n'est pas du tout au niveau attendu, c'est du ventre mou très loin de la rhétorique soviétique, sans style, sans verve polémique. Bref, c'est nul comme un fat croyant épingler Cyrano en lui disant qu'il a un grand nez, comme un vulgaire site off' de club de foot, comme le site de l'AS Monaco – pour vous dire si c'est sans saveur.

 

On n'en donne pour preuve qu'un seul exemple, tiré du communiqué du 28 octobre, vigoureusement intitulé "Ça suffit!" et réagissant à un "article" du site d'Eurosport prétendant que l'OL est aidé par les arbitres... Du grand journalisme, n'en doutons pas, et a priori du pain béni pour un polémiste un peu virulent qui veut se faire les crocs.

 

Et pourtant, la seule lecture des dernières lignes de la "réponse" de l'OL montre à quel point on est loin du compte :
"Certes il y a des erreurs, mais sur une saison ne pensez-vous pas honnêtement qu’elles s’annulent. Et puis n’existe-t-il pas une justice dans le football après l’expulsion justifiée de DIATTA (OL/ASSE), Juninho a vu son penalty arrêté par Janot. De même le PSG a transformé victorieusement son penalty alors arrêtez ces ridicules critiques. Monsieur la domination de l’Olympique Lyonnais vous agace peut-être mais restez fair-play. Il est de bon ton dans certains milieux de taper sur le leader il devrait plutôt l’applaudir".

 

Affligeant. Indigne d'un bientôt sextuple champion de France. Un texte qui conjugue une syntaxe similaire à la technique de Bernard Mendy avec un argumentaire comparable au fond de jeu du FC Nantes. Jean-Michel Aulas va-t-il supporter longtemps qu'un des secteurs de sa holding joue à un niveau CFA?

 

N'a-t-il pas les moyens d'embaucher un porte-plume qui nous pondrait des envolées cinglantes dignes d'un Krouchtchev martelant la tribune de l'ONU avec sa godasse? Doit-on désespérer de retrouver enfin, quinze ans après la fin de l'URSS, un peu de talent dans la mauvaise foi, un peu de grandeur dans la paranoïa, un peu de génie dans l'indignation?

 

Réactions

  • Le Vif le 06/12/2006 à 09h16
    C'est tout le paradoxe du libéralisme : "laissez moi toute la liberté de devenir le premier, puis le seul". A l'OL, comme chez tous les vrais libéraux, l'objectif, c'est le monopole.
    Du coup, on est forcément en contorsion quand il s'agit de communiquer pour être aimé. Ca sonne faux.
    Décortiquons les discours et les postures :

    posture 1 :
    installer la convertibilité points-euros
    On prétend ne vouloir être jugé que sur ses résultats sportifs, on ne parle que de sport, ou le plus possible.
    Mais au fond, c'est bien d'argent qu'il s'agit, car les points et les euros : c'est la même chose. D'ailleurs, on a mis en place un système pour ça : l'attribution dégressive des droits télé en fonction du classement. Les points sont donc convertibles en euros.
    La convertibilité inverse est un peu moins automatique, mais réelle, et le système tourne rond : je gagne des matchs, je marque des points, je touche des euros, j'achète les meilleurs, je re-gagne, je re-touche, etc... inversement : je perds, je touche peu, j'achète les moins bons, je perds, etc...
    Constat : la convertibilité points-euros fausse le sport (ceci dit, ça n'est pas nouveau, c'est juste qu'aujourd'hui, c'est institutionnalisé).

    posture 2 :
    parfaire la convertibilité inverse
    La convertibilité n'interdit pas à un petit de grimper peu à peu, s'il a du talent (= plus de talent que les gros). C'est la limite à l'égalité points=euros. Car talent=points, aussi...
    Il faut donc verrouiller le système. Aulas est un féroce du G14(18), et souhaiterait au niveau européen un championnat à la NBA/NHL : un club fermé, sans relégation, ni montée. On annule donc le risque sportif. Ces clubs jouent à fond la carte de la communication sur les marchs dits "classicos", comme si un Lyon-OM était obligatoirement plus joli à regarder qu'un Lens-Lille. A l'échelle européenne aussi, on nous refait le coup : "Eh oui, bonsoir à tous et bienvenue pour ce Lyon-Real Madrid, en passe de devenir un classique de cette ligue des champions !".
    D'ailleurs, il faudrait penser à exclure Brême de la C1 pour la saison prochaine : ils ont failli éliminer un club du G14, quelle impudence !

    posture 3 :
    discriminer un peu plus
    Les clubs sont des entreprises comme les autres et doivent pouvoir être cotés en bourse. Sinon, comment devenir proprétaire de son stade (argument OL) ? Ici aussi, on écarte les petits clubs : entrer en bourse est un moyen de lever beaucoup d'argent, ce qui permet de fausser un peu plus la fluidité de ce que serait un modèle "sportif".

    posture 4 :
    Vive les produits dérivés !
    Au fond, peu importe que le coeur de métier (le football) soit déficitaire : ce qui compte, c'est que le business **global** gagne de l'argent. On est sur un modèle similaire à celui de la mode : on perd beaucoup sur la couture, mais on s'en fout parce qu'on gagne tellement sur les parfums et la maroquinerie classique... Un monde d'apparence, de paillettes (amis rugbymen, au passage, méfiez-vous des Guazzini...)

    Au final, 4 postures pour une imposture :
    Les clubs du G18 visent clairement une situation l'oligopole, seul moyen de pérenniser leur investissement (aujourd'hui l'OL pèse environ 50% de Cegid...).
    Là est l'imposture : Lyon est très représentatif de ce football-business, tout en cherchant à nous faire croire que le foot est plus important pour eux que le business.

    Le reproche qu'on fait donc tous à des Aulas, c'est de nous avoir volé notre jeu, celui où on s'amuse en poussant un ballon, où on applaudit son adversaire génial quand il nous fait un sombrero dans la surface pour enchaîner sur une volée (comme Sven Axbom face à Pelé).
    On n'aime pas Lyon, on n'aime pas Chelsea, on n'aime pas le Real, exactement comme quand on avait 16 ans, on haïssait ces types de 20 ans qui arrivaient dans nos fêtes avec leurs voitures de sport et embarquaient nos copines.
    On ne saurait donc trop conseiller à l'OL de faire comme ses gamins friqués en décapotables et nous ignorer complètement. Comme disait la pub Audi : il a la voiture, il aura la femme !

  • luckyluke le 06/12/2006 à 09h24
    Autre exemple du journalisme soviétique:

    "Superbe deuxième place de notre héros national Anatoli Karpovtchenko. Le traître capitaliste John W. Bushgan termine à une piteuse avant-dernière position"









    (en précisant qu'il n'y avait que deux concurrents, l'effet est saisissant!!!!!)

  • ouais.super le 06/12/2006 à 09h46
    Bon article !

    Mais l'explication de la médiocrité des communiqués d'OL Web, comparée à celle des soviétologues, est simple :
    Contrairement aux soviétoloques qui s'adressaient à des gens plutôt instruits, les communiqués d'OL Web s'adressent essentiellement au supporter de base, qu'il s'agit de conforter dans ses sentiments simplistes, et aux "journalistes" sportifs qui remplissent leurs feuilles de choux avec des polémiques à deux balles, et qui peuvent parfaitement se satisfaire de ce type de communiqué, tant sur la forme que sur le fond, puisqu'eux-mêmes n'écrivent guère mieux.



  • ouais.super le 06/12/2006 à 09h50
    Et quel magnifique hors-sujet, Le Vif, un grand bravo !

    Sinon, juste pour mémoire, il n'y a pas si longtemps, Lyon était un tout petit club sans budget, sans titre et sans stars. Ta diatribe n'en parle pas.

  • Le Vif le 06/12/2006 à 09h54
    non non, pas hors-sujet : l'OL ne peut mécaniquement pas communiquer "comme à la Pravda". C'est ce que j'essayais de démontrer. j'ai dû me vautrer, ou alors tu fréquentes Gerland, ou bien tu as une voiture de sport décapotable...

  • eskimo le 06/12/2006 à 09h58
    le Vif tu as ma voix

  • Si le vin vil tord le 06/12/2006 à 09h58
    Ou bien le Vif est supporter d'un club chez qui le business n'a pas aussi bien fonctionné et rumine encore ses vieilles épopées européennes et nationales.

    L'OL s'étonne tout de même de cet article des CDF alors que les rédacteurs mettent tout leur coeur dans la rédaction de communiqués pour remettre les choses à leur place!

  • CHR$ le 06/12/2006 à 10h25
    eskimo > Le Vif n'est pas ta voix. Il est la voix de tout le monde. Son usage du on montre bien qu'il EST l'avis général hors duquel point de salut.

  • fafluth le 06/12/2006 à 10h47
    drôle de procès que celui que le vif fait à lyon : j'ai un peu de mal à voir le problème qu'il y a à gagner de l'argent quand on a pris un club en division 2 et qu'on lui a lentement fait grimper les échelons sportifs en s'appuyant sur une bonne gestion administrative (sans m'être penché en détail sur la question, je pense que l'organigramme de l'OL est plus clair que celui de l'OM ou du PSG), financière (pas d'opérations trop foireuses à ma connaissance) et commerciale (produits dérivés et franchises).

    point de vue business : quand tu mets ton pognon dans un projet tu cherches à réduire au maximum l'aléa, alors dans le sport et compte tenu de la "glorieuse incertitude" il s'agit en fait surtout de pouvoir gagner de l'argent même quand l'équipe ne marche pas! malgré les résultats désastreux il me parait aberrant qu'une équipe comme le PSG, en situation de monopole sur le marché parisien du football, continue de perdre des thunes...

    point de vue sportif : une bonne gestion ne veut pas forcément dire club sans âme, ce n'est quand même pas de la faute de l'ol s'ils n'ont pas d'histoire, ils sont en train de s'en écrire une plutôt rapidement d'ailleurs... l'ASSE était aussi percue comme un rouleau compresseur, des bourrins comparés aux nantais : lyon doit perdre sa finale de ligue des champions pour devenir un grand club français! (marrant quand même ce syndrome poulidor)

    bref je sais que je suis aussi hors sujet et pour rattraper le coup et justifier ce post je dirai que le coup de communiqués de presse illustre assez bien le problème de l'olympique lyonnais : en un mot comme en cent ces mecs ne sont pas marrants. cette incapacité de prendre de la distance (et de la hauteur on peut toujours rêver) dès qu'ils sont en cause est assez indigne car quite à être de mauvaise foi autant que ce soit avec talent...

  • Le Vif le 06/12/2006 à 10h53
    pour les Lyonnais : "on" ne vous fera pas changer d'avis.
    Mais je persiste : vos dirigeants ne peuvent pas sans conséquence d'image être à la fois schizophrènes et paranoïaques.
    - Schizophrènes dans un double discours, ou la partie business émarge de plus en plus.
    - Paranoïaques en s'estimant persécutés.

    J'aimerais beaucoup aimer Lyon, très franchement : les joueurs sont très bons, le jeu très plaisant, la mentalité sur le terrain très propre.

    Après la victoire sur Le Mans, en mode Tass/Chine Nouvelle, ça donnerait :
    "Les valeureux joueurs lyonnais, emmenés par leur courageux et si clairvoyant guide suprême, le génie des Monts du Beaujolais, ont une fois de plus su contrer l'adversité pour remporter une éclatante victoire, nouvelle preuve de la supériorité définitive de l'aulassisme sur les doctrines flatulentes des peuples rétrogrades et jaloux."
    ou à l'inverse :
    "L'Olympique Lyonnais vient d'atteindre les 43 points, conformément à l'objectif de croissance défini dans le plan 2006-2007. Pour 2007, les objectifs restent identiques, dans un contexte national favorable (la plupart de nos concurrents affichant des profit warnings). Le Groupe, par la voix de son Président, se dit confiant dans sa capacité à renforcer ses positions internationales au printemps prochain. Il entend par ailleurs poursuivre son développement par des reventes d'actifs non stratégiques, permettant de saisir toutes les opportunités d'acquisition en vue de renforcer ses positions de marché".

    Les deux versions vont bien aux "on" que je suis. ;o))

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