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Cruyff 1974, la symphonie inachevée

Les héros malheureux de la Coupe du monde - Johan Cruyff et les Pays-Bas marchent sur le Mondial allemand de 1974. Avant que le destin ne leur tourne le dos.

Auteur : Christophe Zemmour et Toni Turek le 12 Juil 2014

 

 
Dans sa chronique dédiée aux vingt-cinq moments les plus stupéfiants de l’histoire de la Coupe du monde sur le site de The Guardian, Scott Murray qualifie le geste de "symbole durable du football total", et le décrit comme "la signature de l'un des joueurs les plus talentueux, enchanteurs et magiques à avoir jamais foulé un terrain de football". À la 23e minute du match de poule entre la Suède et les Pays-Bas, Johan Cruyff mystifie le défenseur scandinave Jan Olsson d'une feinte de centre du droit suivie d'un ballon passé derrière la jambe d'appui, puis d'une rotation à 180° pour se remettre dans le sens du but. Le tout, à une vitesse et avec une grâce inouïes. Peu importe que le centre n'aboutisse à rien de décisif. Comme l'inoubliable parcours de l’équipe néerlandaise lors de cette Weltmeisterschaft 1974, dont l'issue tournera, elle aussi, dans un sens contraire.

 

 


 


Football régal

À l'aube de la compétition, les Pays-Bas ne sont pas considérés comme favoris, contrairement au pays hôte, la RFA. En effet, le règne de l'Ajax Amsterdam en C1 a pris fin, avec notamment le départ de l'icône Cruyff pour Barcelone en 1973, le Bayern Munich commençant à rprendre sa succession. Pourtant, le football total et le fondateur Rinus Michels, alors à la tête de la sélection batave, vont marquer cette Coupe du monde en particulier – et l'histoire en général. Un doublé de Johnny Rep a raison de l'Uruguay (2-0) lors du premier match à Hanovre. Après le 0-0 face à la Suède, la Bulgarie est balayée (4-1) à Dortmund. Cruyff n'a toujours pas marqué, mais il est déjà stratège, accélérateur, insaisissable, passeur décisif comme sur ce centre tranquille et inspiré pour Theo de Jong sur le dernier but néerlandais de cette première phase.
 

En tête de leur groupe au premier tour, les Pays-Bas doivent cependant composer au second avec l'Argentine, la RDA et le Brésil, alors champion en titre. À Gelsenkirchen, l'Albiceleste encaisse également quatre buts, dont deux signés Cruyff. Le premier, inscrit à la 11e, porte une autre signature du Hollandais volant: lancé dans la surface, le capitaine de la sélection orange élève sa jambe très haut pour contrôler, puis élimine Daniel Carnevali d'un crochet intérieur, avant de pousser la balle au fond du pied gauche. La sérénité, la décontraction et la maîtrise du geste sont impressionnantes, comme sur ce centre au second poteau pour une nouvelle tête de Rep à la 73e. Cruyff achève le travail à la dernière minute, en reprenant fort du droit un ballon relâché. La supériorité technique, territoriale et rythmique est stupéfiante, et l’équipe néerlandaise, après avoir éliminé la RDA au match suivant (2-0), surclasse le Brésil de la même manière lors de la dernière rencontre (2-0), avec encore un caviar pour Johan Neeskens et une reprise dans les six mètres victorieuse de Cruyff.
 


Les Allemands pris de vitesse

Le 7 juillet, à l’Olympiastadion de Munich, la finale oppose les Pays-Bas à la RFA. On a beaucoup parlé des tensions liées au passif de la Seconde guerre mondiale, qui auraient exacerbé l'envie d'écraser et d'humilier l'adversaire germanique chez certains Oranje, tels le milieu Willem van Hanegem, laissé orphelin de père, de deux frères et d’une sœur par le conflit. Dès la première minute de jeu, alors que les coéquipiers de Franz Beckenbauer n'ont pas encore touché le ballon, Cruyff conduit le cuir depuis le rond central et se présente face à Berti Vogts. Un premier crochet très rapide vers la gauche, puis un temps d'arrêt avec un pied planté au sol, avant une seconde phase d'accélération et toujours juste techniquement. 
 

La différence est faite, les opposants pris de vitesse, la surface allemande pénétrée. Ce sera un duel face à Sepp Maier ou bien une faute, comme ce tacle de Uli Hoeness. Penalty, le premier pour une finale de Coupe du monde, le troisième du tournoi pour Neeskens qui le transforme, en force. Les Pays-Bas monopolisent le ballon. Vogts, chargé individuellement de Cruyff, est averti dès la 4e minute pour, déjà, une succession de fautes. Mais le rythme ralentit peu à peu, et le joueur du Bayern se place constamment à une frontière ténue entre le duel et la charge illicite. La RFA égalise à la 25e minute, sur un penalty dû à une faute de Wim Hansen sur Bernd Hölzenbein, puis réussit à prendre l'avantage peu avant la pause, grâce au quatorzième but en Coupe du monde du “Bomber” Gerd Müller.
 

 

Un perdant dont on se souvient

Le numéro 14 orange s'agace et proteste auprès de l'arbitre, ce qui lui vaut un avertissement à la mi-temps. On connaît la suite: en dépit de tous leurs efforts offensifs, malgré les entrées en jeu de René van de Kerkhof puis de Theo de Jong, les Néerlandais, alors menés au score pour la toute première fois du tournoi, ne reviendront jamais. Impuissance et déception accompagnent l'équipe et sa star, si exquises, si caractérielles jusque-là [1], mais au final non couronnées. Un destin qui n’est pas sans rappeler celui de la géniale Hongrie et de sa star Puskás qui, vingt ans plus tôt, avaient aussi dû s’incliner en finale contre la RFA après avoir pourtant très tôt mené au score.
 

Quatre ans plus tard, les Oranje échoueront en finale, encore contre le pays organisateur. Mais sans Johan cette fois, lui qui avait pourtant participé à la qualification. On a longtemps pensé que son absence était en réaction contre la junte militaire alors au pouvoir en Argentine, ou que son unique expérience avec la Coupe du monde avait été trop singulière, trop intense pour être reconduite. Trente ans après, Cruyff racontera une histoire bien plus troublante: quelques mois avant la compétition, il a été, avec sa famille, victime d'une tentative de kidnapping. "Pour jouer une Coupe du monde, vous devez être à 200%. Il y a des moments où d'autres valeurs priment dans la vie." Comme savoir que devenir une légende, et entrer dans les cœurs, va bien au-delà du simple fait de gagner ou perdre un match de football. Ou être “le premier joueur à comprendre qu’il était un artiste”, comme le journaliste Hubert Smeets le décrira dans un hommage à l’occasion du cinquantième anniversaire de Cruyff.

 

 


[1] Cruyff, sous contrat avec Puma, concurrent historique d'Adidas alors équipementier de la sélection néerlandaise, aura joué tout le Mondial avec un maillot à deux bandes plutôt que trois. Il y a également cette sortie nocturne polémique quelques jours avant la finale, durant laquelle les membres de la sélection auraient été aperçus en compagnie de jeunes femmes.

 

Réactions

  • pelecanos le 12/07/2014 à 19h57
    Incroyable première action jusqu'au péno.
    Echange de passes entre les défenseurs oranges sans pression allemande. On voit JC revenir en footing jusqu'à Krol (?) et lui prendre la balle dans les pieds, sprint de Krol vers l'avant (!!!), passe de JC à l'autre DC qui porte le ballon dans le camp des BRD. JC reste seul dans le rond central, tout le monde loin devant y compris les DC orange (!!!). Le ballon lui revient et il perce jusqu'à la surface adverse, accélération et prestance magnifique.

  • Ba Zenga le 12/07/2014 à 20h17
    Il y a très longtemps, j'avais vu un documentaire dans lequel Cruyff raconte l'action. Il détaillait tous ses gestes et avec le sourire et les yeux d'un gars à la fois fier, sûr et passionné, expliquait pourquoi son accélération était imparable et décisive. Dans une autre interview, il affirmait préférer perdre en jouant bien que gagner petit. Principe, quand tu nous tiens.

  • Schizo retourné le 12/07/2014 à 22h08
    Magnifique.
    En revanche, je vois avec étonnement que le gardien batave a le numéro 8. Moi qui m'énerve souvent face à l'attribution "bizarre" des numéros, mettant ça sur l'influence notamment de la NBA, j'ai tort ?

  • Ba Zenga le 12/07/2014 à 22h16
    Il me semble que c'est l'ordre alphabétique qui déterminait le numéro à l'époque. Avec quelques exceptions pour certains, bien sûr.

  • Ba Zenga le 12/07/2014 à 22h16
    (Et merci.)

  • Ba Zenga le 12/07/2014 à 22h16
    (Et merci.)

  • Raspou le 13/07/2014 à 11h38
    Du coup, je me regarde tous les résumés de match de la Hollande 74 - quel régal.

    Une question "arbitrage": contre la Bulgarie, après avoir déjà obtenu deux pénos, la Hollande obtient un coup franc indirect dans la surface pour ce qui aujourd'hui serait aussi un péno (or les commentateurs ne semblent pas choqués): est-ce la règle qui a changé? C'est à la 5e minute de la vidéo ci-dessous:
    lien


  • Ba Zenga le 13/07/2014 à 12h45
    Je serais bien incapable de te répondre, Raspou. Et bien curieux aussi de connaître la vérité.

  • emink le 13/07/2014 à 14h11
    Les coupes du monde sont pour les gamins qui aiment le foot des sources intarissables de souvenirs et de frustrations (quand c'est pas leurs héros qui gagnent). Celle-ci a été pour moi la première d'une longue série difficile, parce que j'étais un fan absolu des hollandais, véritables rock-stars (Neeskens dans un groupe de Rock, il n'aurait pas dépareillé). Ça jouait vite, à fond (le fameux foot total). J'étais tout gamin, et ils étaient mes héros.
    Cette finale a été un crève-coeur, tellement ils méritaient de gagner. Le début de la détestation des allemands au foot, (pour les plus jeunes, la détestation de l'Allemagne à cette époque était encore assez vivace, on n'est que 30 ans après la fin de la guerre, ceux qui l'avaient vécue très nombreux), avec, me concernant, une spéciale dédicace à Muller, aussi laid que Neeskens était beau, avec ses grosses cuisses, sa "petite" taille et ses buts de raccroc (oui, aucune objectivité). Cette détestation a atteint son paroxysme en 76, avec Glasgow, ce Bayern dominateur, arrogant, et ces p... de poteaux carrés.
    Alors, on a tous attendu 78, pour la revanche. Et là aussi, une finale volée, encore pire que celle de 74 (là aussi, ne cherchez aucune objectivité, ce ne sont que les souvenirs d'un ado malheureux). Je me souviens de ces hollandais qui refusent d'aller serrer la main de Videla, le dictateur. Quelle classe.
    74, 76, 78, 82, 86... Je n'ai pas été souvent du côté des vainqueurs.

  • Jean Luc Etourdi le 13/07/2014 à 14h35
    @ Schizo Retourné : tu as raison pour ce qui concerne le foot de club, où l'on a adopté une numérotation typique des sports américains (avec nom figurant sur le maillot) pour des raisons strictement commerciales. Autrefois les maillots étaient numérotés de 1 à 11 SAUF pour les grandes épreuves d'équipes nationales. Lesquelles s'amusaient parfois avec des numérotations aberrantes, genre 2-3-4 pour les attaquants (Portugal à l'Euro 84), ou numérotation alphabétique avec des gardiens qui portaient du 2, 5, 7 ou 8, et des joueurs de champ avec le 1.

La revue des Cahiers du football