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Bordeaux : voir le stade à moitié vide ou à moitié plein ?

Belle réussite architecturale dont les coûts pour la collectivité n'ont pas dérapé, le Matmut Atlantique présente pourtant un catalogue des déboires subis par les nouveaux stades. 

Auteur : Jérôme Latta le 16 Jan 2018

 

Les élus de la Métropole de Bordeaux se sont récemment vu présenter le rapport d'exercice 2016 de SBA (Stade Bordeaux Atlantique), l'entité qui gère le joli mais vilainement namé Matmut Atlantique. Les principales données étaient connues depuis le printemps, mais elles ont été l'occasion de commentaires dont Rue89 Bordeaux a rendu compte.

Le stade bordelais fait figure de bon élève dans le récent rapport de la Cour des comptes sur l'organisation de l'Euro 2016, notamment parce que la collectivité publique a correctement négocié le partenariat public-privé (PPP) avec le constructeur-exploitant (lire "Euro 2016, un grand coût derrière la tête"). Pourtant, le rapport d'exercice s'apparente à un catalogue des déboires (très prévisibles) rencontrés par les nouveaux stades français.

 

 

17.000 sièges vides

Le fait majeur est que l'exploitation du MA a été déficitaire en 2016 pour la deuxième année consécutive avec des pertes de 3,29 millions d'euros (3,6 sur l'exercice précédent). "La marge dégagée par les activités reste inférieure aux recettes garanties versées à la Ville", tandis que "les redevances versées ne couvrent pas les frais réels de l'exploitation", note le rapport.

Le rapport confirme le constat de surdimensionnement du stade en regard de sa fréquentation pour les matches des Girondins de Bordeaux, fréquentation qui représente la plus piètre performance des stades construits ou rénovés pour l'Euro 2016. La saison dernière, le MA a enregistré 55,7% de taux de remplissage, ce qui le place au 18e rang des stades de Ligue 1, derrière Monaco [1]. En affluence brute, il se classait à la 6e place, mais est dépassé par Nantes cette saison. La moyenne pour la première moitié de 2017/18 (24.555 spectateurs) masque des affluences aussi faibles que, par exemple, les 8.900 spectateurs du quart de finale de Coupe de la Ligue contre Guingamp.

 

 

La nouvelle enceinte compte 7.000 places de plus que le Stade Chaban-Delmas, mais elle n'accueille que 2.000 spectateurs supplémentaires en moyenne par rapport à la dernière saison à Lescure, laissant 17.000 sièges vides. C'est un tout autre "effet nouveau stade" qui était annoncé.

 

 

Les résultats médiocres des Girondins y contribuent évidemment, mais les chiffres sont très en-deçà des attentes. Autre facteur négatif, structurel celui-là: l'accessibilité très problématique de l'enceinte, dont la desserte par les transports est insuffisante et l'accès routier compliqué. L'abandon des centres-villes au profit de zones périurbaines handicape plusieurs nouveaux stades (Lyon et surtout Nice).

Des recettes surestimées

Le contrat de naming rapporte bien moins que ce qui avait été budgété dans le projet : 2,8 millions d'euros par an au lieu de 4,2. Comme ailleurs, un optimisme excessif avait gonflé les estimations. Le naming rencontre en France des résistances culturelles, c'est un marché de niche et les rares candidats négocient à la baisse.

Même cause, mêmes conséquences pour l'accueil de concerts. Aucun en 2016, deux en 2017, un programmé en 2018 [2]. Le marché des grands concerts a été surestimé, et la concurrence y est exacerbée par l'arrivée de nouveaux stades en France. L'inauguration en janvier prochain de la Bordeaux Métropole Arena, salle modulable de 11.000 places, ne va pas arranger la compétitivité du grand stade.

On note aussi que les coûts d'exploitation ont été sous-évalués au moment de l'offre, notamment pour les postes des frais de personnel (l'effectif moyen est de 15 personnes) et d'entretien de la pelouse (victime d'un champignon, le pythium, pendant l'été).

Le stade a enfin un coût environnemental très lourd, avec le transfert des déplacements vers la voiture, et une consommation d'électricité excessive due en partie à la luminothérapie pour la pelouse.

Un risque de dénonciation du PPP

Constatant que l'affaire n'est pas très bonne pour lui, le consortium Vinci-Fayat, qui exploite le stade, a déjà exprimé des velléités de renégocier le contrat de partenariat public-privé (PPP) confiant dans le fait qu'un PPP signifie toujours, du point de vue du contractant privé: "Pile je gagne, face tu perds".

Pour l'heure, la ville puis la métropole [3] ont opposé un refus net en effectuant un rappel au contrat et en incitant le partenaire à se remuer. Mais l'opposition estime que le risque est élevé que le consortium veuille le dénoncer, rejoignant l'avis de la Cour des comptes [4].

Malgré tout, le président de la métropole Alain Juppé défend toujours l'intérêt d'un stade "sans lequel nous n'aurions jamais eu l'Euro 2016, ni la perspective d'attirer des matches de la Coupe du monde de rugby en 2023 et ou les rencontres de foot des JO en 2024". Un Euro obtenu grâce aux nouveaux stades obtenus grâce à l'Euro: la séquence peut se reboucler à l'infini sans qu'aucun réel débat public ne porte jamais sur l'intérêt et le coût collectifs des grandes compétitions et des grands équipements sportifs.

Photo CC BY-SA 3.0, A. Delesse (Prométhée) [1] Et encore ce taux est-il amélioré cette saison par un abaissement de la "capacité commerciale" (nombre de places effectivement mises en vente). [2] Respectivement Céline Dion, les Vieilles canailles et Guns'n'Roses. En 2016, le stade a aussi accueilli trois matches de l'Union Bègles-Bordeaux (pour un taux de remplissage moyen de 68%) et 130 "événements d'entreprise". [3] La ville a transféré l'équipement à la métropole. [4] "Le risque d'une renégociation profonde du contrat, voire d'une dénonciation, ne peut pas être écarté si les groupes actionnaires devaient recapitaliser d'exercice en exercice la société de projet qui porte l'exploitation du stade", écrit la Cour des comptes.

Réactions

  • Hydresec le 16/01/2018 à 09h50
    "Pas de nouveau stade pas d'Euro", l'argument reste globalement recevable. Strasbourg n'a pas accueilli l'Euro (ni la CM 98) parce que les décideurs publics refusaient de financer un gros machin potentiellement ruineux, ou de fastueuses rénovations. La Meinau a été mise aux normes de la ligue pro suite à son retour en Ligue 2 et on attend le plan Keller pour une modernisation qui s'annonce ambitieuse, mais qui n'aura probablement l'aval des pouvoirs publics que si les coûts pour les collectivités restent raisonnables. En attendant, on ne peut que remercier les élus successifs pour leur clairvoyance en la matière, même si on peut considérer qu'il est anormal - et triste - que la huitième ou neuvième ville de France et co-capitale de l'Europe n'ait pas accueilli de matchs lors des deux événements majeurs du football mondial organisés récemment dans l'Hexagone.
    La remarque relative à la lucidité des décideurs publics vaut également, à une moindre échelle, pour les maires/présidents d'agglo d'Angers qui ont refusé de faire construire un nouveau stade - quitte pour l'actuel premier édile de la capitale de l'Anjou à renier ses promesses de campagne (celle de 2008, pour être précis). Il est vrai que le malheureux exemple du voisin manceau a calmé à peu près tout le monde dans la région. À la place, il y a une piscine - pardon, un complexe aquatique - tout beau tout spacieux qui fait la joie des petits et des grands (même si l'un des équipements est hors service pour malfaçon la plupart du temps).
    Bon courage aux élus et administrés bordelais, qui risquent de traîner le boulet du nouveau stade un bon bout de temps si j'ai bien compris.

  • funkoverload le 16/01/2018 à 14h29
    En dehors de la problématique propre au PPP reste à savoir aussi si on construit un stade pour 5 ans ou si on se projette un peu plus loin, disons à 50 ans.
    Les arguments liés à une logique court termiste tout à fait dans l'air de nos temps financiarisés me semblent irrecevables.

  • Jamel Attal le 16/01/2018 à 15h10
    @funkoverload
    Je n'ai pas compris le problème que tu voulais soulever…

    Mais la question de la durée, avec les PPP, en pose deux. Les contrats prévoient généralement une durée d'exploitation de plusieurs décennies (généralement trente ans). Dès lors :
    - quel sera l'intérêt pour l'exploitant d'entretenir / aménager / "upgrader" l'équipement au cours des dix dernières années?
    - l'équipement que la collectivité récupérera à terme ne risque-t-il pas d'être obsolète, inadapté à la demande / aux exigences futures ?

  • rotto le 16/01/2018 à 20h12
    @Jamel Attal

    Le "PPP" consiste pour une collectivité locale à faire financer construire et exploiter une infrastructure (théoriquement à sa charge) par un opérateur privé. L'opérateur privé va intégrer le coût de construction et de financement de l'infrastructure dans son calcul de rentabilité du projet. La collectivité en question a bien évidemment toute liberté pour prévoir contractuellement (dès l'appel d'offres) que l'exploitant continuera d'investir lors de la dernière période décennale. Ce dernier intègrera alors cette obligation dans son calcul de rentabilité. Le risque pour la collectivité est alors qu'aucun opérateur privé ne remette d'offre si cela dégrade trop la rentabilité projetée. C'est une question d'équilibre.

    @funkoverload

    On ne peut qu'être d'accord avec l'idée que le raisonnement long terme est à considérer. Toutefois,je ne suis pas pour autant totalement d'accord avec ton raisonnement ("Les arguments liés à une logique court termiste ... me semblent irrecevables"). Faire (aussi mais pas uniquement) une analyse court terme permet de mieux mesurer les risques pris (par exemple en cas de crise) et d'éviter parfois de justifier des investissements ineptes que l'on fait supporter aux générations futures. Les stades que l'on construit aujourd'hui sont très différents de ceux que l'on construisait il y a 20 ans. Se poser aussi la question de la rentabilité à court terme est souvent salutaire.

La revue des Cahiers du football