Bayer, l'herbe est plus verte
Adversaire de Monaco ce soir pour la première journée de la Ligue des champions, le Bayer Leverkusen, leader de la Bundesliga, est enthousiasmant depuis le début de la saison. Présentation.
Depuis cinq ans, le Bayer Leverkusen est abonné aux places d'honneur dans le Top 5 de la Bundesliga. Deux crans derrière le Bayern Munich, un derrière le Borussia Dortmund depuis quelques saisons, le Bayer est un outsider fidèle à sa réputation de “Neverkusen” (son dernier titre date de plus de vingt ans). L'équipe a paru stagner avec Sami Hyypiä la saison dernière (4e), et Roger Schmidt a remplacé le Finlandais sur le banc. Le style est toujours direct, sans accent mis sur la possession mais plutôt sur l'intensité, offensive comme défensive, à l’image de ce que le technicien allemand avait mis en place avec succès au Red Bull Salzbourg.
Le mercato
Départs marquants
Can (Liverpool), Sam (Schalke 04), Fernandes (Dinamo Zagreb), Hegeler (Hertha Berlin).
Arrivées
Calhanoglu (Hambourg), Drmic (Nuremberg), Wendell (Gremio), Jedvaj (Roma, p.), Papadopoulos (Schalke 04), Kresic (Mayence), Yurchenko (Shakhtar).
Le Bayer Leverkusen a perdu Sidney Sam, l'un de ses éléments clés offensifs de ces dernières saisons, mais il l'a remplacé par un duo qui le rend peut-être plus redoutable. Le premier, Karim Bellarabi (vingt-quatre ans), appartenait déjà au club mais était prêté à l'Eintracht Brunswick la saison dernière. Le second, Hakan Calhanoglu (vingt ans), était l'un des rares à surnager à Hambourg la saison dernière.
Équipe-type : 4-2-3-1
Leno
Jedvaj - Toprak - Spahic - Boenisch
Castro - Rolfes
Bellarabi - Calhanoglu - Son
Kiessling
Le début de saison
Le Bayer Leverkusen a réalisé un début d'exercice proche de la perfection. Vainqueur à Dortmund (2-0) lors de la première journée, grâce notamment au but le plus rapide de l'histoire de la Bundesliga inscrit par sa recrue, Karim Bellarabi, le club de Rhénanie-du-Nord-Westphalie a enchaîné avec une course-poursuite prolifique finalement remportée contre le Hertha Berlin (4-2), après avoir été mené deux fois au score, et une autre ce week-end, conclue par un nul contre le Werder Brême (3-3). À couper le souffle. Le Bayer est leader de Bundesliga après trois journées.
Les points forts
Le pressing
Le passage du 4-3-3 de Sami Hyypiä au 4-2-3-1 de Roger Schmidt depuis le début de saison favorise le pressing très haut que veut imposer le nouvel entraîneur du Bayer, avec un travail intense de ses quatre offensifs pour gêner la relance adverse, suivis par tout le bloc. Dortmund s'y est cassé les dents lors de la première journée, dans un match où la pression exercée par chaque équipe sur le porteur de balle a laissé une impression de cour de recréation, avec une grosse densité autour du ballon.
À ce titre, le Bayer de Roger Schmidt, comme le RB Salzbourg avant lui, a adopté jusqu'ici une approche similaire à celle du Borussia de Jürgen Klöpp: le gegenpressing. Un pressing haut à vocation non pas défensive, mais offensive. Objectif: récupérer rapidement le ballon dans des zones dangereuses pour exploiter le temps de désorganisation adverse. Pour l'instant, le Bayer a montré qu'il avait le coffre pour maintenir cette intensité permanente pendant quatre-vingt-dix minutes en Bundesliga, à l'image de l'infatigable Gonzalo Castro dans l'entrejeu. À voir à l'échelon européen.
Le duo Bellarabi-Calhanoglu
Deux buts, une passe décisive pour l'un. Un but, deux passes décisives pour l'autre. Karim Bellarabi et Hakan Calhanoglu portent le Bayer, dont ils sont les fers de lance offensifs depuis le début de saison. Sur le papier, Calhanoglu est positionné en soutien du pivot mobile Stefan Kiessling dans l'axe, tandis que Bellarabi est dans un couloir, l'autre étant occupé par le Sud-Coréen Son Heug-min. Le trio de créateurs-accélérateurs est flexible et permute souvent. Cette liberté convient aux feu follets Bellarabi et Calhanoglu. Le premier, rapide et provocateur permanent balle au pied, reste majoritairement excentré, tandis que le second, aux coups de pied arrêtés ravageurs, se déplace sur la largeur et prend parfois la profondeur pour compenser les déplacements de Kiessling. À surveiller de près.
Les points faibles
Le déchet technique
L'une des contreparties du rythme élevé et de la verticalité demandés par Roger Schmidt est le déchet technique. Les joueurs du Bayer tentent des passes risquées, n'hésitent pas à allonger, et la réussite des transmissions s'en ressent. La défense n'est, en outre, pas à même de sortir proprement les ballons si elle est elle-même pressée, comme cela fut le cas contre le Borussia Dortmund. Ce sont d'ailleurs des pertes de balle derrière qui ont mis Leverkusen en danger contre le Hertha Berlin. Avec 64,4% de passes réussies en deux journées, le Bayer présente ainsi la deuxième pire moyenne de Bundesliga, tout juste devancé par Hoffenheim (64%).
L'agressivité a ses limites
L'intensité du pressing du Bayer Leverkusen, s'il lui permet (souvent) de récupérer des ballons assez haut sur le terrain, le désorganise dès qu'il perd en efficacité. Beaucoup de joueurs sont mobilisés autour du porteur, quitte à abandonner leur poste pour compenser l'élimination d'un coéquipier. De quoi ouvrir des espaces, particulièrement en seconde période à mesure que la fatigue alourdit les jambes, dans les couloirs tout particulièrement. Le jeune Tin Jedvaj (dix-huit ans) est très offensif (deux buts déjà) côté droit et Sebastian Boenisch parfois approximatif, tant techniquement que dans son placement, à gauche. Ce week-end, le Werder Brême s'est régalé en contre alors qu'il a été étouffé une grande partie de la rencontre. Autre inconvénient: pour enfermer ses adversaires, le Bayer est très compact en largeur, ce qui l'expose à des renversements de jeu rapides.
Ce qu'il peut espérer
Surclassé par le PSG en huitièmes de finale la saison passée (6-1 au total des deux matches), le Bayer peut encore prétendre passer la phase de poules. Roger Schmidt a apporté une approche plus entreprenante, notamment via un pressing tout terrain intense, tout en conservant le style direct plutôt efficace qui a fait la force de Leverkusen ces dernières saisons. Les deux recrues Karim Bellarabi et Hakan Calhanoglu peuvent lui faire franchir un pallier.