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Bauer, stade critique

Pendant que l'équipe première du Red Star joue à Beauvais, la réserve maintient la flamme de Bauer, pendant que le sort de l'emblématique enceinte de Saint-Ouen se joue en coulisse à coups d'épisodes politiques tragi-comiques.

Auteur : Osvaldo Piazzolla le 13 Oct 2015

 

 

On marche encore. Si l'équipe première du Red Star remonte effectivement une à une toutes les divisions, comme le chante 8°6 crew, le groupe fétiche de la tribune Rino, son équipe réserve fait le yoyo dans les profondeurs des championnats de ligue. Cette année, elle vient de descendre en DSR, la deuxième division de la ligue Île-de-France, cinq niveaux en dessous de son équipe première, au même échelon que l'équipe réserve de Poissy par exemple. 

 

 

 

Retour à la maison

Mais cet après-midi-là, pour la réception d'Ararat Issy-les-Moulineaux, c'est le tout premier match de la saison au stade Bauer et le public est venu par centaines. Pourtant, les affluences de l'équipe réserve du Red Star à Bauer se comptent d'habitude avec deux chiffres, mais l'événement est exceptionnel: ce match est l'occasion d'enfin revenir à Bauer depuis le dernier match de National en mai dernier, puisque l'équipe première évolue à l'inaccessible stade Pierre-Brisson de Beauvais.

 

À l'appel du Collectif Red Star Bauer, qui a mobilisé ses troupes pour l'occasion, la tribune Rino s'enflamme, chante et danse quatre-vingt-dix minutes durant, craque les fumis, fait péter les pétards, monte sur les grillages, provoque même un mini envahissement de terrain festif (l'occasion pour un membre de la Rino de faire trinquer la directrice générale Pauline Gamerre)....et range tout à la fin. L'enjeu est l'ambiance: prouver que celle du Red Star est à Bauer et pas à Beauvais (où personne ne chante, au contraire des supporters en déplacement dans les parcages visiteurs du Havre ou de Lens). Et le double buteur du jour, Nabil Guedioura, petit frère d'Adlène, kiffe l'ambiance. Le public veut d'autant plus prouver son attachement à son stade que le destin de Bauer se joue dans les arènes politiques. Il est d'abord un enjeu municipal depuis des dizaines d'années puisqu'il appartient à la mairie, fait l'objet de projets de rénovation (ou de démolissement) depuis plus de vingt ans, et a toujours été un sujet de friction entre le club et la municipalité.

 

 

Un endroit convoité

Le président du club, Patrice Haddad, aux rênes du club depuis une demi douzaine d'années, est en passe de réussir la partie sportive de son projet: faire remonter le club du CFA à la L2 en stagnant le moins longtemps possible dans le dispendieux National, avec un investissement personnel non négligeable mais sans les milliards d'un "sugar daddy". Beaucoup avant lui s'y sont cassé les dents, partout en France, et au Red Star en particulier. Comme beaucoup de projets ambitieux de reprises de clubs, Patrice Haddad l'accompagne d'un volet immobilier, destiné à appâter les investisseurs du BTP: la construction d'un stade neuf, dans le quartier éloigné des Docks, au grand dam du public de Bauer.

 

La position de la municipalité sur ce sujet est complexe. D'abord, parce que les élections municipales de 2014 ont fait passer à droite la ville de "banlieue rouge" historique, changeant complètement les interlocuteurs. Mais même avant ces élections, la gauche au pouvoir à Saint-Ouen était un tissu compliqué de coalitions impliquant plusieurs courants au sein du PC/FdG et plussieurs courants au sein du PS, chacun avec des positions sur le dossier différentes, voire variables dans le temps, voire changeantes selon les interlocuteurs. Une chose est certaine, c'est que l'ancienne maire Jacqueline Rouillon n'a jamais caché son manque d'intérêt pour la question du stade, voire sa sympathie pour le projet haddadien d'un stade neuf ailleurs. Il faut dire que l'emplacement central du stade plus que centenaire (en quelque sorte, un monument toujours vivant) à deux pas de la porte de Clignancourt en fait une proie immobilière dont le prix au mètre carré attire les convoitises. Il n'y a pas besoin ni de raison d'accuser la mairie de corruption, mais la simple surface immobilière de Bauer est déjà une pression en soi dans l'affaire.

 

 

 

Enjeu politique

Mais depuis un an, c'est le radical William Delannoy qui est enfin au pouvoir après des années dans l'opposition municipale. Difficile de connaître son avis sur la question avant de s'installer dans le fauteuil du maire tant les déclarations d'intention des candidats sont opaques, mais l'analyse des conseils municipaux (accessibles en ligne) dans lesquels Bauer est à l'ordre du jour depuis les élections dessine un portrait agressif d'un maire que la question rend de plus en plus nerveux. C'est que Bauer est en train de devenir un enjeu qui dépasse la municipalité.

 

En février dernier, le Red Star joue au stade Jean Bouin une rencontre médiatique de Coupe de France contre Saint-Étienne (médiatique mais boycottée par de nombreux supporters locaux et interdite à ceux de l'ASSE). Le président François Hollande y fait une visite impromptue mais remarquée, assiste au match et déclare sa flamme au Red Star et au "football populaire". Calquant sa communication sur celle de son rival présumé Nicolas Sarkozy, la cellule comm de l'Elysée a eu l'idée d'opposer l'amour affiché de Hollande pour le Red Star "populaire" à l'affichage de Sarkozy au Parc des Princes, en supporter du PSG. Déjà à l'automne 2014, une visite impromptue au stade Bauer avait été organisée par l'Elysée en secret pour la réception du RC Strasbourg en National, puis annulée à la dernière minute quand les RG se sont rendus compte que les ultras de Strasbourg et ceux du Red Star ne sont pas exactement du même extrême bord politique et que cela risquait de mal se passer.

 

 

Bonne volonté tardive

Pendant la saison 2014/15, qui voit le Red Star se rapprocher de plus en plus de la Ligue 2, Patrice Haddad se rend compte que son projet de nouveau stade n'est toujours pas tangible, et le précédent de Luzenac à l'été 2014 lui fait comprendre qu'il faut agir pour ne pas que la montée soit refusée faute d'enceinte aux normes. Son objectif mégalomane à long terme reste d'attirer un investisseur pour construire un stade neuf, idéalement avec un partenariat public-privé, mais il change d'objectif à court terme et insiste pour que la mairie mette le stade Bauer aux normes L2 pour la saison 2015/16.

 

La mairie de William Delannoy fait le mort. Elle ne voit pas d'un bon oeil que Bauer devienne un sujet de premier plan dans la ville. La Ligue 2, ce sont les projecteurs du football professionnel, l'augmentation en nombre et en bruit d'un public qui lui est politiquement opposé, et l'adieu à un éventuel projet de vente/opération immobilière du stade. L'alternative: que le Red Star soit obligé de jouer loin de ses bases pour trouver un stade conforme permettrait au contraire de résoudre (ou plutôt étouffer) ces problèmes par l'éloignement. Malheureusement pour Delannoy, l'entrée en scène du président de la République a l'effet inverse. Le stade Bauer, avec sa narration romantico-politique, devient l'attention de tous les médias (même Télérama...) et plus seulement des pages sports du Parisien. La direction du club s'emploie à entretenir le buzz: elle espère mettre ainsi la pression sur le maire. La mairie est, sous les projecteurs, obligée de montrer sa bonne volonté: elle commande une étude à un cabinet de consulting pour la faisabilité des travaux en.... mai 2015, dix mois après la demande de l'été 2014. À cette date, le Red Star est sûr de jouer en L2 la saison suivante, et sûr de ne pas pouvoir jouer à Bauer. C'est trop tard.

 

 

Sans se presser...

Pendant ce temps, le club cherche un terrain de repli, les politiques locaux du même bord que François Hollande (à la communauté de communes, au département 93...) intercèdent pour proposer un hébergement à prix réduit au Stade de France, au moins pour quelques matches dans la saison, afin de "préserver l'enracinement du Red Star dans le 93", mais les négociations entre Haddad et le Stade de France traînent puis échouent finalement juste avant le début de saison. Ce sera le stade Pierre-Brisson de Beauvais, pour quelques dizaines de milliers d'euros d'investissement pour le club.

 

Pendant l'été, la mairie de Saint-Ouen et le club continuent de négocier. L'étude du cabinet a proposé plusieurs scénarii de rénovation, celui qui semble le plus consensuel est une proposition à cinq millions d'euros, comprenant une rénovation du stade et une mise aux normes. L'autre question épineuse est celle des délais. La procédure normale d'appel d'offres pour la mairie comporte des délais incompressibles, rendant inimaginable la possibilité de jouer à Bauer pour la saison 2016/17. Un moyen d'accélerer est de signer une convention entre la mairie et le club, délégant à ce dernier la responsabilité des travaux.

 

En juillet, si la signature de cette convention est à l'ordre du jour, la répartition des frais de ces cinq millions est beaucoup plus floue. D'un côté, les communautés territoriales locales (socialistes) se pressent de déclarer qu'elles sont prêtes à participer. De l'autre, ni le maire William Delannoy, ni le président de club Patrice Haddad ne sortent les oursins de leurs poches. Pourtant, ni pour l'un ni pour l'autre, les sommes à débourser ne sont insurmontables. À croire qu'à part le public de Saint-Ouen, un seul acteur est pressé de voir jouer le Red Star à Bauer: le président de la République.

 

 

 

Bras de fer et poker menteur

Au conseil municipal du 28 septembre, la situation est toujours aussi floue. On doit voter une subvention pour la rénovation du stade et, finalement, ce qui est proposé aux voix est... l'écriture d'une lettre demandant aux autres collectivités locales à quelle hauteur celles ci peuvent s'engager, sans qu'il ne soit question de l'engagement quantitatif de la ville. Les questions de l'opposition (en la personne du PC Frédéric Durand) pointent cette étrangeté et poussent le maire dans ses retranchements. On apprend alors que la mairie compte apporter "autant que le club", c'est à dire ne compte rien mettre si le club ne met rien, et refuse désormais la possibilité de réduire les délais par l'établissement d'une convention avec le club: pas de Red Star à Bauer au plus tôt avant la saison 2017/18.... c'est à dire après les élections présidentielles.

 

Ce revirement entre juillet et septembre est certainement lié à la détérioration des relations entre Haddad et Delannoy au fur et à mesure des négociations, mais elle correspond opportunément à la mise en échec du plan com de la campagne présidentielle de l'Élysée par un soldat de l'opposition. Le Red Star à Beauvais en 2017, c'est l'impossibilité pour Hollande de fabriquer des bains de foule audoniens, footballistiques et populaires en période de campagne électorale présidentielle.

 

L'affrontement a subitement exacerbé les divisions. Les humiliations quotidiennes ne sont plus à l'échelle de Saint-Ouen, mais des ministères. L'Élysée organise un événement "Euro 2016" citoyen à Bauer? Le maire de Saint-Ouen n'est pas invité. Un rendez-vous est prévu entre le secrétaire d'État aux Sports et le maire de Saint-Ouen pour débloquer la situation? Ce dernier arrive en retard et la rencontre n'a pas lieu. Autre indice que les enjeux dépassent la municipalité et le club: la remarque mystérieuse de Frédéric Durand au conseil municipal, en forme de menace, avertissant le maire qu'à force de tergiversations de la part de la mairie, l'État risque "d'imposer ses choix". Imposer ses choix, c'est à dire racheter le stade à la mairie si cette dernière traîne trop ostensiblement les pieds. Ce qui représente un enjeu financier bien plus important que les atermoiements sur les délais de travaux.

 

Ultime événement en date dans ce jeu de rôles qui tient à la fois du bras de fer et du poker menteur: un communiqué officiel du club, à la suite du succès populaire du match de l'équipe réserve, affichant le stade "Bauer dans son cœur", se disant prêt à négocier avec la mairie pour l'établissement d'une convention... que le maire a catégoriquement exclue deux semaines auparavant au conseil municipal. On attend maintenant l'intervention de Barack Obama sur ce sujet au conseil de sécurité de l'ONU. Pendant ce temps, le public de Bauer continuera d'encourager Ibou Tounkara, l'emblématique capitaine de la réserve audonienne, pendant que les joueurs de l'équipe professionnelle, ceux qui ont vécu, de leur propre aveu, une communion inédite avec leur public la saison dernière, jouent à Beauvais. sans public. Pour longtemps encore.

 

Réactions

  • Coach Potato le 13/10/2015 à 17h40
    Hydresec
    aujourd'hui à 16h36

    J'adorerai être plusieurs mais, malheureusement, je suis un suffisamment vieux stégosaure pour avoir connu le camp de loges en pente, son honneur mal drainé, Bauer en herbe, enfin, je me comprends, la Courneuve en version non paysager avec le bâtiment en brique pour les vestiaires et les deux Mantes...

    Pour y avoir rejoué plus tard, je te confirme que Bergeal est un super stade, parfaitement aux normes de la 2e division et qu'il possède un éclairage de folie. En nocturne, c'est un plaisir absolu. Une qualité de pelouse fantastique. Tu joues sur un billard. Il est même permis de moquer certaines pelouses de L1. Je cherche un meilleur terrain mais à part Romainville au printemps, lorsqu'il est bichonné avant le tournoi international, je ne vois pas. Bergeal, c'est indécent.

    C'est bon, la honte.

  • AWOL le 13/10/2015 à 18h05
    Mais oui ma Patate, une fois de plus heureusement que tu viens nous ouvrir les yeux, on était en train de regarder la route.

    Tu as raison, baste des institutions centenaires et de leurs symboles historiques, héritages surannés du temps où les choses avaient encore un sens, ensemble du passé faisons table-dancing rase dans un rade à Pigalle...

    Tu as vu l'avenir et il est radieux. Si j'ai bien compris la vision que tu m'exposais entre deux coupes et deux croupes, ça donne ça :

    Le meilleur ami du despote du Syldavistan, oligarque patenté assis sur les deuxièmes réserves mondiales de ferronickel ammoniacqué, tombera en amour devant ce club aperçu depuis son A380 privé en approche des pistes de Roissy-CDG. Grâce à des valises de dollars chinois entrées franco de port sur le territoire national, sa holding* s'empare du Red Star.
    Le club est rebaptisé séance tenante New Red Star Flash Laser Light Action Club pour une touche glamour. Il adopte la couleur jaune du drapeau du Syldavistan et prend comme emblème le léopard des neiges cher au président Poliakovine. Manuel Pellegrini devient entraîneur avec pour objectif une qualification en Ligue des Champions dans les 3 ans, voire deux en gagnant la Coupe de France puis la Ligue Europa.

    Rêvons encore plus grand que grand: un nouveau stade/arena ambitieux est bâti en PPP à Roissy-en-France, au dessus de l'A1, entre le centre commercial Aéroville et le Terminal 3 de l'aéroport. Pour le rentabiliser, il est prévu des loges, un centre commercial, des concerts, des brocantes, du rugby, des bureaux, les mondiaux de curling, des évènements, bref un tas de trucs qui feront venir les gens, et s'ils ne viennent pas ben les collectivités paieront c'est dans le contrat madame.

    Les joueurs se voient proposer des contrats zero-hour à la britannique, sous le régime du travailleur détaché. Vous voyez, on joue déjà l'Europe à fond. Et on peut faire signer Abou Diaby ou l'infirmerie de l'OL pour rêver à peu de frais.

    Pendant ce temps, que devient Bauer ? La dramatique relique est vendue brique par brique aux nostalgiques. Le foncier vaut de l'or : la gentrification a étendu sa gangrène jusqu'à Clignancourt. La ligne 4 du métro, prolongée à la station 'Michelet-Docteur Bauer-ZAC Coach Potato' dessert les puces du Marché Biron étendues d'un mall ouvert le dimanche grâce à un trait de stylo du docteur Macron...

    Eh mais du calme mon ami, ce sont les Seins Nus ou cette chimère métalibéro qui t'excite comme ça ? Range moi tout de suite ce machin ! On a pas idée de déballer sa Richesse des Nations dans un lieu public !
    Je ne suis pas sûr de vouloir d'une nouvelle bouteille. Je te laisse l'addition, je prendrai la note une prochaine fois. Une fois où il sera question de ballon et de passion...


    *basée au Luxembourg, actionnaire unique une besloten vennootschap de droit néerlandais, (actionnaire unique une boite aux lettres de droit irlandais (actionnaire unique une holding singapourienne (actionnaires majoritaires un fonds de Jersey, une anstalt du Liechtenstein et des trusts des Iles Vierges Britanniques (ensuite je suis remonté au trente-cinquième niveau, je suis tombé sur Moïse Inc, sans doute des Inconnus)))), toutes ces parenthèses c'est beau comme une formule Excel

  • osvaldo piazzolla le 13/10/2015 à 18h24
    Tu as des chèvres à l'appareil digestif mutant, alors, parce que la pelouse de Bauer est synthètique.

    Pour faire une réponse courte, l'angle de mon article était les tergiversations tragicomiques politiques d'actualité à Bauer, pas une étude comparative de l'urbanisme sportif dans le neuf trois, sujet pour lequel j'avoue mon incompétence.

    Mais comme derrière la démonstration de Coach Potato pointe la question de "qui est dépositaire de quoi", et que je ne cache pas, y compris dans l'article, ma sympathie pour le stade et le club, je vais répondre à ce sujet (mais là je cours prendre mon train).

  • dugamaniac le 13/10/2015 à 21h38
    Un peu compliqué quand on a pas toute les références locales.

    En tout cas, j'avais pas mesuré que l'avenir du stade Bauer pouvait tant préoccuper au sommet de l'Etat et ça me laisse dubitatif.

    Au final ce que je trouve le plus dommage, c'est que le club joue à Beauvais alors que le Stade de France est à 10 minutes.

  • osvaldo piazzolla le 14/10/2015 à 06h09
    En fait AWOL répond à sa manière à Coach Potato. La vision urbanistique que Coach décrit est probablement pertinente du point de vue des collectivités locales et des structures footballistiques régionales, voire nationales, elle peut même éventuellement séduire un président de club (mais j'en doute: l'odeur du béton frais les attirera beaucoup plus que le bricolage urbaniste raisonnable). Elle est, par ailleurs, comme l'exprime AWOL, manifestement obsédée par le développement à tout prix vers quelque chose de plus gros.
    Mais dire (comme postulat de base) que "les supporters s'estiment un peu vite les dépositaires du club", bah, ça a le mérite de poser les bases de la légitimité patatienne: est légitime celui qui met l'argent et/ou la structure administrative compétente. On peut argumenter qu'écouter l'avis "du public" est une chimère tant le public est un gloubiboulga informe, variable, hétérogène et très mal représenté, mais pas de bol, si il y a UN endroit en France où il est assez unanime (parce qu'à la fois peu nombreux, à forte conscience politique, à forte conscience militante, bien organisé, adhérent à une vision du football relativement homogène, médiatiquement et localement écouté) c'est justement celui de Bauer. Et, oui, cette unanimité se cristallise encore plus autour du stade que du club, pour des raisons sentimentalo-romantico-historico-tendance, en tous cas pour des raisons fédératrices.
    Et justement, selon ce public, pas besoin de folie des grandeurs, même pas besoin de grandeur tout court. Les affluences ne seront jamais fortes (elles ne l'ont jamais été), mais c'est une affluence ultra-motivée (uh uh). Ce que veut le public, c'est l'ambiance.
    Et même avec un rêve de grandir haut et fort, il est par ailleurs parfaitement économiquement envisageable de faire fortune au plus haut niveau avec un tout petit stade, avec les droits télés. (Mais les projets des présidents de club, c'est pas du tout ça, c'est l'opération immobilière juteuse)
    Et oui, 5M€ c'est rien. Ce n'est pas un investissement. C'est du sparadrap sur un centenaire. Ce n'est pas pour autant que c'est en pure perte. Rien que la pelouse synthétique qui a été posée ya trois ans (alors que rien n'y obligeait et que la mairie laissait ostensiblement crouler le stade) c'était 1M€. Mais ce que j'ai voulu dire par là c'est que manifestement, l'enjeu est le temps et pas l'argent, et le temps en question c'est celui de la campagne présidentielle et que l'état est carrément prêt à menacer de racheter le stade juste pour un quart d'heure de show télévisé.

  • Sir Sourire le 14/10/2015 à 09h02
    Deux mots sur Marville, pour réagir à ce que disait Coach_Potato au sujet de la "bonne volonté" politique qui permettrait au Red Star de s'y installer. C'est un peu plus compliqué que ça, parce que consacrer le Parc interdépartemental au seul football bouleversait tout l'équilibre du sport dans le secteur.

    Ce parc, c'est LE plus gros équipement sportif du nord du département (le plus sous-équipé de France métropolitaine), il est donc surexploité. Par les scolaires du 75 et du 93 d'abord, qui bénéficient de la moitié des créneaux, par les fédés affinitaires (FSGT en tête), le foot US très dynamique dans le secteur, ou encore les clubs de rugby du coin voire un peu plus loin (l'AC Bobigny par exemple). J'en oublie mais y en a d'autres.

    C'est tout l'enjeu pour le Département : soit il poursuit sa politique de mutualisation des équipements pour assurer une diversité des disciplines et des pratiques (compétition, loisir, scolaire, etc) pour le plus grand nombre, soit il prend un virage radical en se concentrant sur le foot, et sur un club en particulier.

    On l'a dit, le Red Star bénéficie d'appuis politiques non négligeables. Pour autant, les autres acteurs sportifs du coin, s'ils sont plus discrets médiatiquement et symboliquement, représentent pas mal de monde (habitants et élus) sur le plan local. Considérés ensemble, ils constituent un contrepoids à ne pas sous-estimer. D'ailleurs les dirigeants du Red Star en sont bien conscients et avancent de manière très prudente sur le sujet.

    Tout ça pour dire que ce n'est pas seulement une histoire de "bonne volonté", tant les enjeux sont nombreux autour de ce site.

  • Coach Potato le 14/10/2015 à 12h06
    Les enfants,

    Je souhaitais laisser le mot de la fin à Awol pour sa débordante passion pour le karaoké subventionné et les frites puis la dernière charge balle au pied à Oswaldo car il a signé ce libelle que j'ai apprécié à sa juste valeur.

    J'ai choisi un positionnement Coach pour ignorer l'aspect 5 ans dans la vie d'Oblomov vs Riana à la corbeille. Le sujet me tient à coeur; la passion ne m'égare pas.

    Je propose donc de poursuivre ces échanges dans le championnat des petits, au gré de nos disponibilités. Je vais argumenter après le message de Sir Sourire.

    Dans mon esprit, il ne s'agit nullement de remettre en cause le système des concessions. Depuis plusieurs décennies, les mômes font de la gym la journée et le district (et la ligue) organise ses matches le dimanche. En revanche, personne ne va sur la pelouse du terrain d'honneur en crampons sauf pour y jouer le dimanche (et ce n'est pas donné à tout le monde).
    Ce terrain, je le répète, a toujours eu vocation à accueillir une grosse équipe du district dépourvue de pelouse municipale satisfaisante. Il me semble que le club phare du département est le Red Star. L'y faire jouer n'est pas un passe-droit. Le club ne passe pas seulement à la télé ou n'accueille pas le coeur des pèlerins conscientisés: Il est avant tout un club formateur dont les équipes de jeunes évoluent toutes au plus haut niveau possible en ligue et en district. Et ça dure depuis... fouyouyou.
    On parle bien du club fanion du département, jeunes et senior. Et tous les clubs n'ont pas vocation à engager 3 équipes de jeunes par catégories d'âge; j'appelle ça de la garderie. Ou une monnaie d'échange, c'est selon.

    De même, s'il faut brûler de la subvention, autant pérenniser en renforçant l’attrait de ce parc. Il n'est pas question d'abandonner sa vocation première ni la mutualisation des espaces. Je fais remarquer que dans sa configuration du Trias, la surface des terrains de foot était plus importante, ce qui facilitait d'autant les arbitrages. J'en remets une couche: Le 93 est d&pourvu d'un pôle de travail type CREPS. J'aimerai voir le parc accueillir des équipements plus haut de gamme pour des stages, etc.
    Il n'est pas question d'abandonner l'outil.
    Le gros soucis du parc a toujours été le nombre de concessions dispo pour les matches de l'AM. Le nombre de rencontre du dimanche AM reste par définition une réalité incompressible. Je suis au courant. Depuis plusieurs décennies. Toutefois, il est possible faire évoluer ce parc.
    Manager n'est pas faire perdurer l'existant parce que toute idée de changement ou de remise en cause des équilibres génère une peur panique. Cela vaut pour les concessions comme pour les frites. Quand on ne cherche pas de solution viable, c'est sûr, on n'en trouve pas.

    Et le foot, le vrai, se joue sur du gazon naturel, pas sur du stabilisé ou de la moquette verte.
    On reparlera plus tard de l'endettement du 93 et de la commune de Saint Ouen. J'ironiserai sur la jauge spectateur, les plans de sécurité et autres accès incendie une autre fois. Avec le coefficient de vétusté, Bauer n'est même plus côté à l'Argus. Je vous laisse à vos frites et à vos chimères de rustines à 5m€. C'est pas cher, c'est l'état qui paie comme dirait quelqu'un dont le nom m'échappe.

    Sondage: Qui, en cédéfie, a été dirigeant de foot? Et dans le district du 93 ?



  • osvaldo piazzolla le 14/10/2015 à 18h54
    Bon, ça tourne au dialogue de sourd. Juste: "5m€. C'est pas cher, c'est l'état qui paie" ça fait deux fois que tu la sors, je vais pas réexpliquer que c'est "en regard de ce que sont devenus les enjeux", mais pour préciser: la tension entre Haddad et Delannoy, c'est aussi que le maire insiste pour que le club participe (ce qui se défend) à hauteur de ce que met la mairie (1M€ proposé pour l'instant) et que par ailleurs Delannoy entend faire ensuite payer un loyer au club (qui jusqu'ici payait une somme misérablement symbolique) et que le montant éventuel du loyer futur risque d'être un bras de fer qui, selon ce qui se négocie, peut devenir une bonne affaire pour la mairie.
    Par contre, les collectivités locales, on leur demande de participer, mais elles ont pas grand chose à y gagner, c'est certain, à part prouver leur fidèlité à l'Elysée.

La revue des Cahiers du football