Autopsie de la déroute anglaise
Euro : les Cahiers sur lemonde.fr – Au-delà de l'élimination contre l'Islande, il y a des maux plus profonds dans cette équipe d’Angleterre, engluée dans un système que son entraîneur, Roy Hodgson, n’a pas voulu remettre en cause.
Côté anglais, on a déjà vécu des semaines plus apaisées. Et il ne manquerait plus qu’un scandale sur la vie privée d’une célébrité pour que tous les tabloïds outre-Manche soient obligés de tripler leur pagination. Le football est évidemment bien moins important que la politique mais, dans le pays qui l’a inventé et qui dispose du championnat le plus riche, les échecs, même répétés, passent mal.
Au lendemain de la défaite en huitièmes de finale, le clin d’œil est double: l’élimination dans la foulée du "Brexit" bien sûr, mais aussi l’identité de l’adversaire, l’Islande, dont la population équivaut à celle de Leicester, champion surprise de Premier League. Ceux qui aiment croire au destin y verront des signes. Il y a sans doute, dans le football comme ailleurs, une part d’irrationnel. Mais les causes de l’échec de l’Angleterre sont bien plus prosaïques. Surtout qu’après tout, le pays de Galles, qui a voté de la même manière et aligne un club en Premier League (Swansea), est encore en course…
La défaite anglaise, c’est d’abord la victoire de l’Islande. Car il ne faut pas se méprendre: contrairement aux équipes d’amateurs qui essaient de créer l’exploit en Coupe de France face aux pros, le pays nordique est bien équipé en talents. Nantes, Malmö, Bâle, Krasnodar… mais aussi Swansea ou Cardiff: les Islandais titulaires hier soir sont nombreux à jouer dans un grand championnat ou, au moins, à disputer les coupes européennes. Pas de quoi rivaliser avec les stars du camp d’en face, bien sûr, mais traiter l’événement avec la bienveillante condescendance accordée aux "petits" serait faire fausse route. Si l’Islande mérite qu’on la félicite, c’est d’abord pour la qualité de sa formation et l’apport tactique de son sélectionneur suédois (...)