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Angels with Dirty Faces : The Footballing History of Argentina

Bibliothèque – Avec un sens du rythme moins maîtrisé que dans ses précédents ouvrages mais en étant plus brillant et érudit que jamais, Jonathan Wilson retrace aussi bien l’histoire contemporaine du pays de Maradona et Messi que celle de son football.

Auteur : Christophe Zemmour le 21 Juin 2017

 

 

Même s’il a déjà relaté l’histoire d’une personnalité du football (Brian Clough), d’un club (The Anatomy of Liverpool), d’une sélection (The Anatomy of England), voire même du jeu (Inverting The Pyramid), Jonathan Wilson ne s’était pas encore essayé à l’exercice de concilier les récits politico-sociaux, économiques et footballistiques d’un pays, comme ont déjà pu le faire certains confrères anglophones. Dans Angels with Dirty Faces: The Footballing History of Argentina, malgré ce que peut laisser en supposer le titre, le célèbre journaliste ne parle pas que de Di María, mais bien d’une terre et d’un football où rêves et désillusions se succèdent pour former une identité à la fois forte et fragile, mais à nulle autre pareille.

 

 

Du chaos au débat

Comme partout ailleurs, le livre commence évidemment par l’implantation du jeu par des Britanniques. Et surtout, de la difficulté à organiser un championnat cohérent, à créer des fédérations conciliantes (longtemps, le sport sera régi par deux entités distinctes), choses qui hanteront ce football et définiront ses formats très particuliers de compétitions nationales, de l’Apertura/Closura au Nacional/Metropolitano en passant par un exercice incluant tous les clubs d’Argentine. De ces turpitudes, comme celles du professionnalisme et de l’exode des joueurs vers le lucratif championnat colombien, il en est surtout sujet dans les premiers chapitres du livre, comme le sont malheureusement les nombreux actes de violence sur les terrains, qui ont connu moult envahissements et débordements. Des soucis politiques qui font écho aux nombreux bouleversements subis par le pays au cours du vingtième siècle, entre coups d’État, régime de la junte militaire et le règne de Juan Perón. Aussi central dans l’ouvrage de Jonathan Wilson que Diego Maradona ou Lionel Messi, l’ancien président a laissé une empreinte forte sur le pays, comme le convoque ce récit qui est aussi précis sur l’histoire sociale de l’Argentine que sur celle de son football.

 

 

Le désastre de Helsingborg du 15 juin 1958, au cours duquel la sélection albiceleste connaît une déroutante défaite 1-6 face à la Tchécoslovaquie qui l’élimine du Mondial suédois, aura eu un impact décisif sur la philosophie de jeu, la voie offensive et élégante de la nuestra laissant place à son contraire, l’anti-futbol, dont les principaux apôtres seront Osvaldo Zubeldía et plus tard, Carlos Bilardo. On reconnaît là la fameuse dualité avec ce que l’on nomme les menottistes – les bielsistas formeront plus tard une troisième catégorie –, d’un retour aux sources du football argentin qui le mènera au titre mondial de 1978, mais dans des conditions et avec une manière ô combien particulières, comme ne manque pas de le rappeler l’auteur. Plus profondément, Jonathan Wilson fait le parallèle entre la blessure de Helsingborg et la peur chronique de Perón de représenter son pays à l’étranger, à savoir celle de se rendre compte que l’Argentine, terre de rêves déçus, est moins forte que ce qu’elle ne croit. Garder cette illusion dans les esprits des citoyens est aussi bien une arme que le reflet d’une identité et d’une société en manque de repères dans un contexte chaotique, fait de personnages et de héros caractéristiques de “l’Argentinidad”.

 

 

Messi et Messie

La Guerre des Malouines et Diego Maradona ne sont évidemment pas loin. L’enfance, le caractère capricieux et paranoïaque, et les nombreux déboires du Pibe de Oro ont droit à autant d’égards que son génie et ses accomplissements au Mundial 1986 et à Naples. Jonathan Wilson, toujours aussi équilibré et érudit dans ses analyses, n’a de cesse de vouloir dresser un portrait juste des hommes qui font le football local, en premier lieu de celui qui définit au mieux le mythe de l’enfant argentin, et dont il n’hésite pas à rappeler les errements et fautes. De même qu’il défend Lionel Messi – dont il admire le génie – contre ses détracteurs et face à la pression née de la comparaison avec Maradona, dans cette reconnaissance dans l’attachement au pays. Deux légendes absolues, parmi d’autres, notamment des meneurs de jeu dont le pays a été longtemps friand et un producteur prolifique. De ces maîtres de la pausa, instant caractéristique qui semble figer l’action dans les pieds de l’enganche, le temps d’attendre l’appel décisif de l’attaquant. Comme par exemple Juan Román Riquelme qui a droit à un éloge au long cours, ou Ricardo Bochini, idole de Maradona et multiple vainqueur avec Independiente de la Copa Libertadores et de la Coupe Intercontinentale.

 

À ce sujet, il est d’ailleurs assez amusant de relever une nouvelle fois l’importance que revêtent ces compétitions pour les Sud-Américains. À quel point elles ont défini l’hégémonie des grands clubs d’Argentine (Boca Juniors, River Plate, Independiente…), tout autant si ce n’est plus que la domination domestique, souvent difficile à définir à cause du format variable des championnats. Jonathan Wilson relate donc avec délice et à plusieurs reprises des matches importants de Copa Libertadores et de Coupe Intercontinentale, notamment ces joutes musclées contre le Celtic Glasgow ou Manchester United. Fort d’un fond comme toujours remarquable de précision et de connaissances, Angels with Dirty Faces: The Footballing History of Argentina souffre surtout de son rythme et de sa construction. Composé de sept grandes parties découpées en un total de soixante-dix chapitres, l’ouvrage est très irrégulier au niveau de ses composantes, et manque du talent si particulier de Jonathan Wilson à emmener le lecteur par des transitions délicates mais nettes dans des chapitres longs et cohérents. Consommable à petites doses, l’essai n’en est pas moins à conseiller parce qu’il offre une analyse exquise, pertinente et juste du football et du peuple d’Argentine.

 

Réactions

  • José-Mickaël le 21/06/2017 à 06h10
    Ah, ça donne envie de lire ce livre !

    Mais je viens surtout pour chipoter. C'est à propos du mot "domestique". Un jour on m'a dit que le sens anglais est admis également en français. Je viens de vérifier sur le dictionnaire de l'Académie Française (il faut bien choisir une référence), eh bien non ! L'adjectif "domestique" n'a que deux sens :

    « 1. Qui est de la maison ; qui concerne la vie de la maison. Affaires domestiques. Travaux domestiques. Économie domestique. Le personnel domestique. ANTIQ. GRECQ. ET ROM. Les dieux domestiques, les dieux du foyer. Lares et pénates étaient des dieux domestiques. 2. Par opposition à Sauvage, se dit de l'animal qui vit associé à l'homme, le sert ou lui tient compagnie. Le chien, le chat, le cheval sont des animaux domestiques. Les animaux domestiques d'une ferme. »

    Donc ce serait bien qu'on ré-utilise les bons vieux adjectifs qui convenaient très bien : d'un côté les compétitions nationales (le championnat, la coupe du pays), de l'autre les compétitions internationales. Mais ne parlons pas de compétitions domestiques : elles ne concernent pas la maison et n'ont pas été apprivoisées par l'hommen et elles ne s'opposent pas aux compétitions sauvages.

    Je referme la parenthèse, en espérant avoir été convaincant (mais bon, je ne me fais pas d'illusion ; comme tous les anglicismes, il s'est très bien répandu dans tous les médias ; tant pis).


  • Ba Zenga le 21/06/2017 à 09h13
    Merci JM pour le retour et l'information. J'avoue avoir utilisé ce terme parce que je l'ai lu à plusieurs reprises et pour éviter les répétitions. Je chercherai un autre synonyme la prochaine fois.

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