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Anelka, footballeur offshore

Nicolas Anelka ne reviendra pas jouer en France: il y a trop d'impôts et trop de jaloux dans ce pays hypocrite.
Auteur : Jérôme Latta le 21 Dec 2009

 

Sont-ils assez difficiles à aimer, nos footballeurs? Évoluant sur une planète de plus en plus éloignée de la nôtre, ils envoient une image d'aliens dont les mœurs et les paroles creusent chez nous des abîmes d'incompréhension. On aimerait bien, quand même, se reconnaître un peu dans les stars actuelles, pour prolonger les mythes de l'enfance et de ses idoles. Mais le footballeur, non content d'être dans le travail un mercenaire versatile comptable de ses moindres efforts, est aussi ce nouveau riche dont l'empreinte écologique est inversement proportionnelle à la conscience politique, ce mannequin hyper-sponsorisé dont la vie semble dévolue aux cultes de la futilité, de l'apparence et du luxe, et pour ne rien arranger, qui écoute soit du R'n'B siliconé, soit du Michel Sardou.
Bien sûr, on trouvera de plus ou moins nombreux traits de cette caricature chez l'une ou l'autre des vedettes contemporaines. Et le phénomène n'ayant rien de nouveau, on a eu le temps de se forger une philosophie et de se faire une raison. Il n'empêche. Quand Nicolas Anelka se répand dans une interview "vérité" du quotidien 20 Minutes, les vœux de stoïcisme font long feu.


Rejeté à cause de sa Ferrari
L'attaquant de Chelsea monte doucement en régime, en justifiant son goût pour les voyages par l'intérêt de "vivre des choses différentes"... Le journaliste le relance sur son "C'est une autre mentalité que la France", et le voilà résolument parti sur le thème de ce pays de jaloux qui a un "problème avec l'argent". Un couplet connu chez ceux qui n'ont pas de problèmes d'argent. Anelka raconte le petit Nicolas, vingt ans, rejeté à cause de sa Ferrari. Une blessure indélébile.

Vient le gros morceau, la profession de foi politique du joueur. "En France, tu ne peux pas faire ce que tu as envie. J’aimerais bien habiter en France, mais ce n’est pas possible. On sait pourquoi, niveau fiscalité... (...) Je ne veux pas jouer au foot et payer [ndlr, aux impôts] 50% de ce que je gagne. L’argent que j’ai, il est pour mes enfants. Si je peux leur offrir quelque chose, je le ferais là où il n’y a pas de fiscalité. C’est comme ça que je le vois. Si certains sont choqués tant pis. Mais la France, c’est un pays hypocrite". Donc, parce que Nicolas n'a aucune notion de ce qu'est une collectivité ni le commencement d'une réflexion sur l'impôt, ou parce que son idéal est celui d'un pays "sans fiscalité", la France est un pays d'hypocrites.

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Citoyen du monde des paradis fiscaux
L'indignation n'est pas très utile en la circonstance. Difficile d'en vouloir personnellement au footballeur, puisque cette idéologie infantile est celle que l'on martèle partout depuis deux ou trois décennies. D'autant que son parcours personnel a réduit presque à néant ses chances de développer une quelconque conscience politique, dans un monde du football qui a fait de la défiscalisation une obsession: Anel2ka n'est jamais que le produit, certes un peu extrême, de son environnement. Une sorte de footballeur offshore. Un citoyen du monde des paradis fiscaux.

Il n'en reste pas moins que, rien n'obligeait le joueur à déballer le fond de sa pensée (la simple prudence aurait d'ailleurs dû l'en dissuader), ni à donner un caractère de provocation explicite à ses propos. Cela passera chez certains pour du "franc-parler", puisqu'aujourd'hui le franc-parler est confondu avec la liberté de ton et excuse de dire des conneries. "Au moins, il dit ce qu'il pense". Bien, à condition qu'il réponde de ses propos sur la place publique. Car en matière d'hypocrisie, un joueur vénal qui ne s'assume pas comme tel, ça rappelle ce joueur qui triche mais auquel il ne faut pas le dire.



La rage
La philosophie de Nicolas Anelka a souvent tenu dans un "j'en n'ai rien à foutre" qui exprime non pas un nihilisme ou une révolte tournée contre l'ordre établi, mais une intolérance totale pour toute forme de contrainte liée à son métier. Mon positionnement, je m'en fous. Cet entraîneur, je m'en fous. Ce club, je m'en fous. Les impôts, je m'en fous. Moi seul connais ma meilleure place sur le terrain. On a été nuls contre l'Irlande, mais il ne faut pas le dire, etc. Il disait, au plus fort des controverses à son sujet, il y a quelques années, "Je veux juste jouer au foot"... Ce que tout le monde peut accomplir en FSGT. Évoluer dans l'élite – et manifester de façon si ostentatoire son penchant pour les bienfaits qu'elle procure – implique peut-être d'accepter quelques contrariétés.

Dans cet entretien, Anelka termine sur le manque de soutien dont les Bleus souffrent, qui leur donne "la rage". On ne sait plus s'il parle des gueux ferrariphobes, des journalistes ou de la France toute entière. On ne sait pas non plus comment un joueur conçoit de représenter un pays qu'il dénigre avec autant de conviction. Sans du tout défendre une conception étriquée de la sélection nationale et de ce qu'elle devrait représenter, c'est très intriguant: quelle peut bien être l'équipe de France à laquelle ces joueurs se disent attachés?

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Sont-ils assez difficiles à aimer, nos footballeurs? Prenez Nicolas Anelka, joueur élégant au talent à éclipses, éternel inadapté, tellement détesté qu'on a spontanément envie de le prendre en sympathie, international qui meurt après chacune de ses résurrections, une nouvelle fois revenu en grâce... Et auteur de déclarations trahissant une vision désolante du monde. On tâchera de l'aimer quand même, en comptant sur notre faculté à dissocier le footballeur du "citoyen" – du moins pour ceux d'entre nous qui y arrivent le mieux.


Nicolas Anelka sur les Cahiers du foot, 1998-2009
Bon Anelka 2006?
Citizen Anelka
Anathème, moi non plus
Nicolas et les journalistes
Anelka entre chien et loup
Anelka Seltzer

Réactions

  • Nadine Zamorano le 21/12/2009 à 17h37

    Et ne ris que l'art sonne
    lundi 21 décembre 2009 - 15h56
    Je crois qu'Hatem lit Friedrich plus qu'Emmanuel.. enfin il a juste appris la citation repris par Jennifer et Kyo dans leurs meilleurs tubes :

    "tout ce qui ne nous tu pas nous rend plus forts"
    ---

    Oui, au temps pour moi, il s'agissait bien de notre cher Friedrich -KingOfScrabble- Nietzsche. Quant à ladite citation, elle est reprise par tous les footeux qui citent Rohf parmi leur auteurs compositeurs préférés et Scarface comme le plus grand chef d'oeuvre du 7e art.

  • Gillou le 21/12/2009 à 17h51
    On est en plein dans le débat sur l'identité machin truc de Luc Besson, là, non?
    Parce que c'est quoi être français?
    Il me semble qu'un des reproches qui est fait par certains, c'est justement de profiter de la France sans lui rendre quoi que ce soit.

    Ah, oui, Anelka a qualifié l'EDF pour l'Afsud, lui.

    Payer des impots, quand on gagne un tant soit peu sa vie honnetement, c'est la moindre des choses, pour moi au moins.
    Mais l'Etat c'est autre chose, ils nous piquent notre blé pour le gaspiller ou le donner aux gens qu'il ne faut pas. (Insère ici la catégorie que tu veux)

    Sauf que moi, sans impots, je ne bosse pas, et ce weekend, je ne fait pas déneiger les routes de mon département. Ainsi les stades sont déneigés mais pas les routes pour y accéder. Voici ce que j'estime absurde.

    Je pense qu'un geste fort, plus que couper le DIC aux footeux, c'est leur supprimer le maillot bleu s'ils ne payent pas d'impôts en France.

    Il me semble que Renaud (tatatin), réside outre Channel mais est domicilié fiscalement chez nous volontairement.

  • suppdebastille le 21/12/2009 à 17h57
    Il y a autre chose qui me chagine dans toute cette histoire, cette interview d'Anelka aurait dû provoquer un débat bien plus important que celui autour des primes versées à Domenech, et ce n'est pas du tout le cas.

  • Hurst Blind & Fae le 21/12/2009 à 18h31
    Et là, imaginons que Domenech dise demain "La conception de la France d'Anelka est incompatible avec l'entité équipe de France, j'ai décidé de ne plus le sélectionner".


    Il y a une guerre civile, et on organise la resistance depuis le siège des Cahiers?

  • Tricky le 21/12/2009 à 18h46
    khwezi ko l'pelé blanc
    lundi 21 décembre 2009 - 16h57
    Et Anelka aussi. Simple, gentil, humble, disponible... A mille lieux du portrait qu'on dressait de lui. Et de ce que je peux lire dans cet article. Comprend po.
    -------------
    Précisément (et, disons-le, j'aime ce jeune homme).

    Ce qui tend à faire penser que le problème n'est peut être pas dans la crête rhétorique anelkienne (et son style héroïnomane), mais dans ce dont la saillie est le symptôme (une communauté culturelle décérébrée, à quelques exceptions, célébrées d'ailleurs en grande pompe - JAB, Thuram, évidemment Vikash, voire Gourvennec).

    Ce discours, débarrassé des scories inférées par la posture d'ailleurs pas inintéressante du rebelle assagi à qui on ne la fait plus, sur le rapport, à l'impôt, à l'Etat et à la communauté est, outre son contenu, caractérisé par le registre sur lequel il se construit : l'évidence (Ils me prennent / volent 10M€, c'est quand même beaucoup, non ?). En l'occurrence, NA ne fait que réciter son missel -dans son style impayable certes-, le système culturel composé par le sens commun du footballeur de haut niveau.

    Pas certain qu'hormis quelques-uns, on arrive à avoir un discours différent chez d'autres footballeurs de haut niveau.

  • Tricky le 21/12/2009 à 18h47
    Non, mais c'est à dire que s'il faut faire une équipe de gens qui comprennent la rationalité de l'impôt comme fondement collectif, il va falloir faire admettre à la FIFA qu'on puisse démarrer un match à moins de 8.

  • Tricky le 21/12/2009 à 19h12
    Ceci étant, dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le conseiller en défiscalisation.

  • shev2 le 21/12/2009 à 19h19
    Bon, et histoire de continuer à tirer sur l'ambulance (qui l'a bien cherché), l'ami Anelka, qui vient de descendre en flèche dans mon estime, n'est pas sauvé par le fait que :

    - ce n'est parce que soi-même on n'a pas eu une redistribution qu'on juge suffisante qu'il faut priver les autres des chances d'en avoir une (via la redistribution de ses propres impots), et même au contraire

    - ce n'est pas parce qu'on n'a pas fait d'études/pu en faire (originie sociale, concilier éducation et sport de haut niveau) qu'on doit tenir des raisonnements aussi simplistes et révoltants (vous citez Apam ou JAB en exemples parce qu'ils ont fait des études mais tout le monde peut aussi avoir des raisonnements sensés sans études poussées)

  • El Soto le 21/12/2009 à 19h35
    On en revient à la quadrature du cercle. Le footeux moyen vient généralement d'un quartier difficile, arrête l'école à 16 ans maxi, et avant ne fait pas grand chose car il est occupé par le foot, le foot, le foot. A 18 ans, il devient mieux payé que la plupart d'entre nous après 30 ans de carrière, se retrouve entour de margoulins (agents, avocats, fiscalistes, présidents de club, WAG) qui lui répètent qu'il n'est pas assez payé, qu'il faut trouver tous les moyens pour payer moins de charges sociales, moins d'impôt, moins de tout, et changer de clubs toutes les 5 minutes car il n'a pas assez de r€sp€ct.

    il est infantilisé par tous les gens autour de lui, vit dans une sphère ultra protégée et on voudrait ensuite qu'il ait un discours cohérent et intelligent sur une société dont il ne connait que deux côtés: la pauvreté (7,61 millions de français vivent sous le seuil de pauvreté) et l'ultra richesse ?


  • funkoverload le 21/12/2009 à 20h01

    Tricky
    lundi 21 décembre 2009 - 19h12
    Ceci étant, dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le conseiller en défiscalisation.
    ---
    J'adore.

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