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Chelski, made in UK

Le Chelsea FC et Roman Abramovitch sont devenus des parias en deux semaines... après vingt ans d'impunité grâce à l'extrême permissivité du système britannique. 

Auteur : Kevin Quigagne le 22 Mars 2022

 

Les avoirs de Roman Abramovitch ont été gelés par le gouvernement britannique, dont plusieurs propriétés londoniennes estimées à 200 millions de livres sterling (environ 240 millions d'euros). Chelsea, obligé d'opérer sous une licence spéciale et à peine autorisé à jouer, a été frappé d'une interdiction de générer tout revenu (entraînant jusqu'à la fermeture de la boutique du club).

Plusieurs sponsors ont suspendu leur partenariat. Les non-abonnés sont interdits de stade. On parle aussi d'une possible déduction de points. Et, comble de la déchéance, les dépenses de déplacement les jours de match sont plafonnées à 20.000 livres, ce qui a déclenché une avalanche de mèmes et détournements comiques sur la Toile.

 

 

La liste des sanctions est longue. L'Union européenne a également imposé les siennes. Même l'imposante communauté anti-Chelsea s'étonne de la sévérité des mesures prises contre le champion d'Europe en titre, hier encore salué comme un modèle de réussite à l'anglaise.

Une success story (21 trophées depuis 2003, année du rachat de Chelsea par Roman Abramovitch, dont cinq titres nationaux et deux Ligues des champions) certes construite à coups de milliards, mais intimement associée à l'image positive dont jouit la cosmopolite Londres, ville-monde par excellence, symbole de dynamisme et d'intégration.

Comme si tout était calculé de la part des autorités et du gouvernement, toujours prompts à se racheter une virginité à bon compte, pour accabler et installer le sentiment que les faits tiennent de la surprise du siècle.

Le summum de l'hypocrisie a été atteint la semaine dernière quand Chris Philp, secrétaire d'État chargé des technologies, et le porte-parole du gouvernement ont demandé aux supporters des Blues d'arrêter de scander le nom d'Abramovitch. Même dans un domaine, le football professionnel, qui a depuis longtemps perdu sa boussole morale, un tel acharnement ne manque pas de susciter des interrogations.

Tardives "révélations"

Les accusations de corruption et de proximité avec Vladimir Poutine, déroulées par la BBC lundi 14 mars dans l'émission d'investigation Panorama ("Roman Abramovich's Dirty Money"), et présentées par les médias français comme des "révélations", ressemblent fort à du réchauffé.

C'est le vieux secret le moins bien gardé du royaume : la fortune de l'oligarque est aussi suspecte que ses liens avec le dictateur russe sont étroits. Dans les années 2000 par exemple, c'est Abramovitch qui payait les salaires mirobolants de Dick Advocaat au Zénith Saint-Pétersbourg et de Gus Hiddink à la tête de la sélection nationale russe, "sous l'amicale pression de Poutine" comme l'écrivit euphémiquement Libération en 2007.

Poutine exigera aussi de lui, en 2010, qu'il finance la Coupe du monde 2018. Leur relation repose sur un "donnant-donnant" asymétrique, jusqu'à envoyer l'homme lige Abramovitch diriger l'inhospitalière région du Tchoukotka en Sibérie, où l'énigmatique citoyen du monde (il a trois passeports) dut sortir de sa poche plusieurs milliards pour y remplacer l'infrastructure vieillissante et ressusciter l'économie locale.

La BBC elle-même établit ce constat dans un autre Panorama diffusé le 25 janvier 2016. À l'époque, les menaces de poursuites judiciaires des avocats d'Abramovitch avaient freiné les ardeurs de la BBC et le documentaire, expurgé des passages les plus sensibles, s'était conjugué au conditionnel. Abramovitch étant désormais bien loin, en voyage sur ses yachts battant pavillon des Bermudes (territoire britannique d'outre-mer régulièrement classé dans le top cinq des paradis fiscaux), la "Beeb" se lâche.

Des faits confirmés par le grand déballage observé au procès fleuve opposant Boris Berezovsky à Abramovitch d'octobre 2011 à janvier 2012, avec pour cadre la Haute cour de Londres (différend portant sur 3,7 milliards de livres autour du deal sur la compagnie pétrolière Sibneft). Des audiences durant lesquelles il fut beaucoup question de rackets, de gangsters ou tueurs à gages et qui firent revivre les heures épiques de la "conquête de l'Est" dans la Russie des années 1990. Un Berezovsky que l'on retrouvera mystérieusement pendu chez lui à Londres en 2013.

Toutefois, les lois britanniques sur la diffamation écrite ("libel laws") étant parmi les plus strictes et punitives au monde, très peu de journalistes d'investigation ou médias approfondissent ces sujets, par peur de se retrouver sur la paille [1].

Contexte crapuleux

Ces exactions criminelles s'exportèrent sur le sol britannique dès le début des années 2000. Rien qu'entre 2006 et 2018, les services secrets américains y ont recensé une quinzaine de meurtres et morts suspectes d'hommes d'affaires et dissidents russes. Une réalité exposée par la journaliste Heidi Blake dans son livre From Russia with Blood: Putin's Ruthless Killing Campaign and Secret War on the West, et sur laquelle les autorités britanniques ne se sont guère attardées.

L'empoisonnement par substance radioactive d'Alexandre Litvinenko en 2006 à Londres, un ancien officier du FSB en exil, est symptomatique de cette réticence à enquêter et désigner les véritables coupables.

Même la tentative de meurtre sur Sergueï Skripal, et sa fille (de passage), en mars 2018 fut minimisée par le gouvernement. Pourtant, une arme chimique, le Novitchok, fut utilisée à Salisbury et fit une innocente victime britannique, Dawn Sturgess. La présence du Novitchok dans cette ville touristique nécessita une vaste décontamination qui dura un an et mobilisa deux cents militaires sur douze sites.

Une affaire d'une gravité extrême, mais qui glissa rapidement sur le terrain de la comédie d'espionnage (en raison du modus operandi pied-nickelesque de l'opération), ce qui affaiblit considérablement sa portée. Pourtant, selon Fiona Hill, ancienne conseillère à la Maison Blanche sur les questions russes et citée dans l'article du Guardian ci-dessus, "Il y avait assez d'agent neurotoxique dans cette fiole [à Salisbury] pour tuer plusieurs milliers de personnes".

Moscou-sur-Tamise

À l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, les oligarques ne mirent pas longtemps à identifier Londres comme l'endroit idéal pour cacher et blanchir leur fortune, en toute impunité. Depuis, la capitale britannique est surnommée Londongrad, Moscow-on-Thames ou London Laudromat pour sa voracité à recycler l'argent sale.

Et pour cause. Le système britannique entier est bâti sur l'opacité, pour les castes possédantes. Du statut fiscalement très favorable de "res non dom" (résident non domicilié, environ 100.000 personnes), qui existe sous diverses formes depuis 1799, aux paradis fiscaux et autres "îles au trésor" attachés à la Couronne Britannique (responsable d'un bon tiers de l'évasion fiscale dans le monde, Îles Vierges Britanniques en tête), en passant par les réseaux offshore de type Jersey ou Île de Man [2].

Selon les données du Land Registry (cadastre), 247.016 propriétés ou bâtiments commerciaux en Angleterre et Pays de Galles sont domiciliés (dissimulés ?) à l'étranger, essentiellement via des sociétés écrans situées dans les paradis fiscaux que sont ces territoires britanniques d'outre-mer. Le nombre de ces biens immobiliers a triplé depuis 2010 et l'arrivée au pouvoir des Conservateurs.

 

 

Ces magouilles généralisées permettent non seulement de s'affranchir des taxes et impôts, notamment ceux sur la revente et les droits de succession, mais aussi de limiter la casse en cas de gel d'avoirs ou autre souci de cet ordre. Les aberrations foisonnent mais elles sont tellement banalisées que personne ne s'en émeut, même pas l'opposition.

Le futur centre régional HMRC de Newcastle (missions principales : impôts, taxes et lutte contre la fraude et l'évasion fiscale) est une consternante illustration de ces gravissimes dérives. Ce complexe, entièrement financé par la famille Reuben (actionnaires à 10% de Newcastle United et généreux donateurs du Parti conservateur), qui emploiera 9.000 personnes, est domicilié... dans les Îles Vierges Britanniques. Comme il est d'usage, tout en échappant au fisc, le bâtiment sera ensuite sous-loué à l'État à des tarifs prohibitifs via un "partenariat" public-privé PFI (Private Finance Initiative).

Un paradis (fiscal) pour le football

L'absence de limites dans les dons aux partis politiques britanniques ("investissements" serait plus juste, en l'espèce) renforce l'attractivité [3]. Ce "no limit" permet d'infiltrer les milieux politiques et cercles d'influence. Les articles sur le sujet abondent dans la presse britannique (par exemple ici, ou ), surtout récemment, les risques de poursuites judiciaires s'étant éloignés.

Depuis les années 1990, les affaires de type "cash for access", "cash for questions" et autres "VIP lanes", où des lobbies ou individus privilégiés paient le prix fort pour un accès direct aux plus hautes sphères de l'État, se sont multipliées. Dans les années 2010 par exemple, un don de 160.000 livres au Parti conservateur vous autorisait à jouer au tennis avec David Cameron ou Boris Johnson, surtout si vous comptiez Poutine dans vos relations. Autrefois traités comme des scandales, ces malversations passent aujourd'hui quasiment inaperçues.

Ce milieu fangeux sied à merveille aux clubs de football. Une bonne partie du salaire des joueurs vedettes est souvent versée sous forme de "droits d'image" (via la création d'une société offshore), assujettis à l'impôt sur les sociétés, au taux ultra avantageux de 19%, au lieu du 45% normalement applicable à tout salaire annuel supérieur à 150.000 livres.

À la trappe également les 14% de contribution "National Insurance" (sorte de sécu). Un paiement en droits d'image est autorisé mais il ne doit pas dépasser 20% du salaire brut, ce chiffre étant le résultat d'un "deal" passé entre le fisc britannique et les clubs de Premier League. Ces débordements bénéficient également aux clubs, comme expliqué dans ce dernier lien.

En 2020, pour la énième fois, le fisc britannique enquêtait sur les salaires sous-imposés de 246 footballeurs. Les colossaux redressements réguliers, comme celui-ci en 2021, n'y font pas grand-chose. L'innovation est constante. Depuis environ trois ans, la combine de la "double représentation", une arnaque sur la TVA, est en vogue parmi les clubs et agents (voir ici). Le seul footballeur ayant refusé ces montages est N'Golo Kanté : le Français paie à lui seul plus d'impôts que Starbucks et Amazon UK réunis...

Nombre de clubs sont domiciliés entièrement ou partiellement offshore et certains propriétaires, souvent décrits comme "mystérieux", n'hésitent pas à planter staff, pouvoirs publics et créditeurs aux premières grosses difficultés de trésorerie. Tels ceux de Wigan Athletic récemment, dont la situation particulièrement exotique (Hong Kong, les Îles Caïmans, les Philippines...) est résumée ici.

La terrible vague de clubs placés en redressement judiciaire qui secoua le football anglais dans les années 1980-2000 [4], souvent en raison d'une prolifération de propriétaires incompétents et/ou véreux, incita enfin les instances à réagir (citons l'excentrique et extraordinairement malhonnête John Batchelor à York City, voir la vignette #15).

Des garde-fous inefficaces

En 2004, la Premier League et la Football League créent un "Fit and proper person test" (aussi appelé "owners' and directors' test"), censé évaluer l'intégrité des propriétaires et dirigeants. Ce dispositif, inadapté aux réalités du football actuel, hypermondialisé, s'est avéré notoirement inefficace dès sa création. Citons notamment Thaksin Shinawatra et Sheikh Mansour à Manchester City, Carson Yeung à Birmingham City, Massimo Cellino à Leeds, les Oyston à Blackpool ou les nouveaux propriétaires saoudiens à Newcastle.

Ce test de probité, s'il a certes permis de réduire les faillites de clubs, consiste surtout à valider un rachat de club si le propriétaire est, ou semble, fortuné, peu importe l'origine ou la solidité des fonds.

Depuis l'acquisition de Newcastle United en octobre dernier par le fonds d'investissement public saoudien, la Premier League parle d'y ajouter une clause "droits humains" et durcir les modalités de candidature. Parallèlement, suite à l'invasion russe en Ukraine, le gouvernement a (enfin) fait accélérer l'examen de son projet de loi sur la criminalité économique (le "Economic Crime Bill"). Il faut dire qu'il était en discussion au parlement depuis... 2018. 

Cette loi prévoit notamment une inscription aux organismes compétents de tout bien immobilier situé au Royaume-Uni, mais domicilié à l'étranger (pour lutter contre les abus sur le statut de "résident non domicilié"). On s'orienterait donc vers plus d'éthique et de transparence. Simples ajustements dictés par les évènements ou réel changement de cap né d'une prise de conscience ? L'avenir le dira mais le poids des pratiques, ainsi que l'appétence au gain et à la dérégulation, n'invitent que modérément à l'optimisme.

La bataille pour le rachat de Chelsea entre dans sa phase finale. Les offres ont afflué et quatre repreneurs potentiels seront sélectionnés très prochainement (sans exclure la possibilité d'un redressement judiciaire). Parmi eux, pourrait figurer le Saudi Research and Media Group, une entreprise historiquement liée à la famille saoudienne au pouvoir.

Boris Johnson qui, entre deux abjectes déclarations über-populistes, s'est rendu en Arabie saoudite pour quémander quelques faveurs et arriva le lendemain de l'exécution de 81 personnes, a officiellement "approuvé" l'offre de rachat saoudienne, la plus élevée du lot (2,7 milliards de livres). Toutefois, en raison de possibles conflits d'intérêts et des instances de Premier League échaudées, une telle issue paraît improbable.

Il est évidemment juste que Chelsea et Abramovitch aient été sanctionnés. Mais cet attelage entre le club et l'oligarque aura été le produit d'un système corrompu qui nécessitera bien plus que quelques retouches pour gagner en efficacité et en légitimité. 

Photos : cc Loz Pycock / Automatic for the people

[1] Lire ces articles du Guardian et du Times. Dans ce dernier, l'auteur Oliver Bullough écrit notamment : "La législation britannique sur la diffamation écrite est tellement contraignante et les avocats si agressifs que peu de journalistes se sentent prêts à affronter les oligarques, de peur de devoir déposer le bilan." Les déboires de Catherine Belton expliqués dans l'article, dans la parution de son livre Putin's People, sont particulièrement éclairants. Bullough vient de sortir un livre intitulé Butler to the World : How Britain Became the Servant of Tycoons, Tax Dodgers, Kleptocrats and Criminals.

[2] L'Île de Man par où transitèrent vraisemblablement, et illégalement, huit millions de livres pour alimenter la campagne pro-Brexit Leave.EU dirigée par Arron Banks (homme d'affaires d'extrême-droite fortement soupçonné de collusion avec la Russie). Voir les investigations poussées du Guardian et en particulier celle de Carole Cadwalladr. 

[3] Selon le site open democracy, rien qu'entre 2010 et 2019, les dons au Parti conservateur dépassent les 130 millions de livres, provenant en majorité de quelques dizaines de donateurs. Selon le Parti travailliste, qui se base sur des données de la Commission électorale, de juillet 2019 à novembre 2021 presque deux millions de livres ont été versés au Parti conservateur par des citoyens russes ou faisant affaire en Russie. 

[4] Des dizaines, voir liste et carte, Leeds United et Portsmouth FC étant probablement les plus emblématiques. Ajoutons également au chapitre, qui n'a pas vocation à être exhaustif, l'inique "football creditor(s) rule". Cette disposition légale, activée lorsqu'un club est placé en redressement judiciaire, est très favorable aux clubs car elle favorise grandement l'endettement facile aux dépens du fisc, des employés (sauf les joueurs et agents) et des créditeurs (sujet plusieurs fois traité dans Teenage Kicks, par exemple ici sous l'intertitre "Mercredi 23 février").

 

Réactions

  • Mangeur Vasqué le 24/03/2022 à 22h16
    @ Je suis assez claqué là et te répondrai demain (hopefully) en développant un peu.

    Ce que je peux dire rapidement, c’est qu’il fallait qu’ils soient sanctionnés mais comme je le souligne dans l’introduction, on peut légitimement s’interroger sur la sévérité des sanctions, même les nombreux anti-Chelsea ont tiqué. Ce gouvernement, qui s'est fait une spécialité de jouer les vierges effarouchées, a-t-il voulu taper fort pour faire diversion et aussi car il a des choses à se faire pardonner sur ce dossier précis ? (cô sur tant d'autres) Pas impossible.

    Surtout que les sanctions anti-oligarques, les gels des avoirs etc. sont venus relativement tard, et partiellement, bien après que l’UE a pris les siennes. Le fait que des populistes tel le millionnaire Jacob Rees-Mogg lien, l’un des artisans principaux du Brexit (député inconnu du grand public avant le Brexit et nommé le mois dernier “Ministre des opportunités du Brexit et l'efficacité du gouvernement” - le fait qu'il ait fallu créer un ministère spécifique pour dénicher ces opportunités Brexit en dit long sur le succès de l'opération) se soient tant félicités du fait que le gouvernement ait – finalement – gelé 258 milliards £ lien rien qu’en avoirs bancaires russes au R-U (!), contre 39 dans toute l’UE, en dit surtout bien plus long sur l’étendue de la présence et l’influence russe au R-U (et y’aurait bcp à dire à ce sujet lien) que sur un quelconque manque de fermeté de l’UE, ce que voulait sous-entendre le gouvernement britannique avec ces annonces en fanfare.

    Ça lui est d'ailleurs un peu revenu à la tronche à Rees-Mogg, le président du SNP par exemple (parti indépendantiste écossais) lui tweetant que cette somme ne faisait que confirmer l'énorme quantité d'argent sale russe placé à Londres ("He replied: “You didn’t mean to make this point, but all this confirms is the massive scale of dirty Russian money lodged in London.") lien

    Les sanctions qui touchent par exemple les supporters non abonnés qui ne peuvent plus acheter de billet, soit environ 20 000 supps par match, sont vraiment stupides. Il aurait été bien plus intelligent par exemple de laisser ces supps “consommer” pour ensuite reverser cet argent à des assos caritatives pour l’Ukraine par exemple. Mais pour le gouvernement, la priorité a été de se servir du foot comme bouc-émissaire, donc de ne pas faire de quartier et punir sans discrimination.

    Y'a eu un petit retour de manivelle alors le gouvernement a lâché un peu de lest hier lien..

  • Mangeur Vasqué le 24/03/2022 à 22h49
    Effectivement. J’essaierai de te répondre demain plus en longueur car je suis un peu “cream-crackered” là (crevé).

    Mais disons en substance que c’est justement pour cela que tant de figures du Parti conservateur (député.e.s et ministres) d’obédience alt-rightiste et de riches libertariens (souvent hommes d'affaires, entrepreneurs, ou simplement des intrigants disrupteurs, ou avec des comptes à régler avec l'UE, style Rupert Murdoch) et ont tant poussé pour le Brexit, et généreusement financé les campagnes et les médias pro-Brexit.

    Par exemple, niveau politicien, les Gove (ministre Téflon depuis 2010, le survivor ultime), Raab, Kwarteng, Truss, Patel & co – ce qu’on appelle le “Gang des Britannia Unchained”, j’en parlais ici lien, c’est la relativement jeune génération ultra néolib des des Conservateurs, hier juste député.e.s aux dents longues et aujourd’hui au pouvoir (ils trustent tous les ministères clés) qui, alors simples parlementaires, traitaient les Britanniques de “parmi les travailleurs les plus fainéants au monde” lien dans leurs écrits (dont ce torchon de “Britannia Unchained” lien, paru en 2012) et veulent, entre autre et après avoir tout dérégulé, faire passer la retraite à 70 ans – après l’avoir fait passer à 67 ans, avec effet immédiat, via les “pension reforms” de 2011 et 2015, sans aucune grève ou mouvement social ou rien, mais vraiment rien, et 68 ans pour ceux nés après 1970 (quand les femmes dites “WASPI” lien se sont plaintes – en gros, sans rentrer dans les détails, ce sont les 4 millions de femmes qui approchaient de la retraite et qui se sont vraiment fait avoir dans l’histoire car elles pensaient partir à la retraite à 60 ans et bcp avaient compter là-dessus financièrement mais durent faire 6 ou 7 ans de rab – Guy Opperman, le député conservateur près de chez moi dans un circo voisine de Newcastle, leur a dit d’aller faire un apprentissage lien, à 60 ans…).

    Ils voulaient s’affranchir totalement de la tutelle européenne, s’affranchir encore plus du droit du travail (style directives droit du travail, ou sur le temps de travail, sur les contrats, etc.), des directives européennes, ils voulaient encore plus, toujours plus, de dérégulation et, pour, sur ce dossier (mais y’en a un tas d’autres), encore davantage profiter de les joies de l'évasion fiscale, sans aucune ingérence de Bruxelles. Ils pouvaient bien sûr le faire avant, en grande partie en tout cas, mais là ils ont encore plus de liberté pour se lâcher, tout en éloignant les Britanniques des points de référence et comparaison avec les autres pays (inévitables quand on fait partie d'un bloc) et en général distancer le pays de cette influence européenne. Pour eux, il fallait se “déseuropéaniser” tout en se rapprochant (dans l'esprit surtout) d’autres hubs et blocs plus lointains, moins régulés que l’UE.

  • Özil paradisiaque le 25/03/2022 à 15h43
    Au delà du "choc" du Brexit, c'est une vraie chance pour l'UE qui a tendance ces dernières années à ouvrir un peu les yeux sur le monde et à agir en conséquences.
    Tout n'est pas parfait très loin de là mais c'est évident que pour le RU le Brexit est une aberration totale : ils étaient bien au chaud, sans rien dépenser, en pouvant peser sur les normes, les législations etc.

    Pour Chelsea : si le nouveau propriétaire souhaite juste avoir des comptes à l'équilibre, ça va déjà être un changement par rapport aux 19 précédentes années (sans même gagner de l'argent ou rembourser un prêt).

  • Mangeur Vasqué le 26/03/2022 à 19h54
    Le Brexit pue le populisme par tous les pores.

    La question du référendum était bien trop générale, bien trop complexe, bien trop englobante, bien trop “multi-layered” (“millefeuillée”, on va traduire cô ça !) pour que le commun des mortels ait une vision relativement claire des enjeux et conséquences.

    Évidemment, quand tu dis ça, surtout à ceux qui ont voté “Leave”, on te prend pour un intolérant de gauchiste branquo-élitiste mais faut se rendre à l’évidence : l’électeur moyen ou les gens en général ne sont pas pas à même de se prononcer là-dessus.

    Ce n’est pas insultant de le dire ainsi àma. Évidemment aujourd’hui on a tellement bouffé de Brexit et de débats sur le commerce international, le Marché unique, les traités, tes tarifs, l’Article 50, l’Union douanière, etc. qu'on est tous des experts (cô pour le Covid et les virus) mais avant le Brexit, ben on savait pas grand chose de tout ça, on n'y pensait pas, on prenait ça cô acquis, c’était notre quotidien naturel et pis voilà.

    Et je m’inclus bien sûr dans cet océan d’ignorance béate.

    Pas tant sur le plan politique UK car je suis ça de près depuis mes études d’anglais milieu années 1980, mais avant le Brexit, cô quasiment tout le monde, je n’y connaissais pas grand chose sur les rouages de l’UE, le parlement européen (ou "les parlements" devrais-je, le truc de Strasbourg et ses 4 jours par mois d'occupation, a bien été exploité par le camp Leave et Farage, évidemment. Farage qui ne doit pas detester tant que ça le parlement strasbourgeois car il y a rencontré son ancienne girlf', Laure Ferrari lien), alors serveuse au parlement puis plus tard chez Dupont-Aignan & Debout la France. Farage alors marié à une Allemande, il n'est pas si anti-européen que ça le facho ; il a essayé en douce de gratter un passeport allemand mais ça n'a pas marché je crois, divorcé depuis), les accords, les machins, les règles de commerce international ou la “just-in-time ecomomy” (le fait que, grâce à l’Union douanière et au Marché Commun l’absence totale de barrières aux frontières permet la fabrication en flux tendue et l’économie “juste à temps” UE style industrie automobile où y’a pas de stock dans les usines).

    La différence est que j'étais bien conscient que, malgré les nombreuses tares de l’UE, il est évidemment bien plus souhaitable de faire partie du club et de ces blocs commerciaux en général, que d’observer ça comme un couillon de l’extérieur.

    L’électeur moyen qui bien souvent ne vote pas d’ailleurs : 34 % d’abstention en moyenne sur les quatre dernières General Elections au Royaume-Uni – les plus importantes donc, élection des députés débouchant sur la nomination du premier ministre, le leader du parti vainqueur des élections –, et c’était du 65 % d’abstention aux Euro elections lien. Même pour un choix aussi vital que celui de l’adhésion à l’UE, 14 millions d’électeurs se sont abstenus, c’est énorme.

    Les gens ne savent déjà pas qui est leur député.e, alors se prononcer sur des histoires de Marché unique, d’Union douanière ou de complexes enjeux commerciaux ou instruments financiers... Sondage de la Hansard Society lien de 2013 :

    78 % des Britanniques ignorent qui est leur député.e. lien ("Three quarters of people 'cannot name their local MP'”). 78 %... Le même sondage en 2011 avait donné 62 %. Par ailleurs, 57 % des sondés ne savaient même pas que le R-U élisait des euro députés. Etc.

    Le niveau d’ignorance (et d’indifférence) est intense, je l’ai souvent constaté. Tout ça bien dopé par la fake newserie à échelle industrielle (pareil en France ou ailleurs j’imagine sur ces questions d’ignorance généralisée, ce n’est évidemment pas une spécificité Britannique).

    Par exemple, pendant la campagne, une vague connaissance de mon entourage m’avait soutenu que “le Royaume-Uni, de par sa forte contribution financière au budget européen, finançait les économies européennes, y compris l’agriculture française”. Il avait lu ça dans les tabloïds ou “sur Internet”. Ce type n’a jamais quitté le R-U depuis sa jeunesse et hormis quelques vacances sur les Costas espagnoles ne connait absolument pas l’Europe continentale mais il était sûr de son fait.

    Une fois l’infox implantée dans le paysage, quasi impossible malheureusement de décontaminer la zone, ou alors ça advient bien trop tard, les dommages ont été causés depuis longtemps. On sait combien l’enracinement d’une fake news sur les rézosocios est rapide mais son antidote (tordage de coup) est longue à administrer.

    Bon c’est classique hein, on parle souvent de l’ère trumpienne de sa “post-vérité” mais ces phénomènes les précèdent largement. Ça s’est bien sûr accéléré avec Internet mais ça fait un bail qu’existe “l’effet de vérité illusoire” cô on l’appelle me semble-t-il. Quand j’étais jeune, on appelait ça la propagande. La différence est peut-être qu’avant ces propagandes débouchaient moins sur des théories conspiratrices et autres schémas complotistes (ou ça se voyait bcp moins).

    Une fois installée la petite musique du “C’est la faute de l’UE, directement ou indirectement” (et des étrangers natürlich, communautaires ou non les étrangers, en l’espèce peu importe) par les campagnes pro-brexit généreusement financées par les libertaires & disrupteurs et puissants médias europhobes type ceux de Murdoch ou des Barclays Brothers lien (tous évidemment des milliardaires qui opèrent, eux ou leurs business, depuis Jersey et autres paradis fiscaux. Rien que ces deux familles détiennent 70 % ou un truc cô des médias britanniques niveau lectorat, j’avais donné le chiffre exact dans le forum mais c’est dans ces eaux. Murdoch qui lui avait de vieux comptes personnels à régler avec l’UE, j’avais également développé dans le forum ; Nigel Farage aussi, il avait depuis des années – il a été Euro député pendant 20 ans – un gros contentieux personnel avec Martin Schultz, le président du Parlement européen, et d’autres. Non que Farage ait eu besoin de ça pour s’affirmer Europhobe mais, àma, il a puisé pas mal de sa rage profonde dans cette détestation).

    A savoir en particulier la grosse austérité budgétaire, le déclassement, les inégalités et tutti quanti. Avec les coupables habituels désignés du doigt – France et Allemagne, dans une sorte de vague complot anti-britannique (le syndrome de persécution est bien sûr clé dans la panoplie)– on était parti sur un combat sysiphéen.
    La contribution euro annuelle nette des Britanniques était évidemment similaire par tête que celle des gros pays, même un peu inférieure lien, elle était d’environ 9 milliards £ lien, après les ristournes négociées sous Thatcher et les quelques milliards qui revenaient sur le sol british en aides diverses, souvent pour les régions les plus défavorisées délaissées par les gouvernements successifs, et le R-U est bien loti sur ce plan-là lien. 9 milliards, c’est à peine 1 % du budget UE je crois, de mémoire, et environ 0.3 % du PIB britannique.)

  • Mangeur Vasqué le 26/03/2022 à 20h27
    Brexit est également une aberration niveau démocratique, du début à la fin les faits ont montré à quel point le procédé a été conduit totalement anti-démocratiquement.
    Quelques éléments de réflexion (liste non exhaustive) :

    - trois millions de citoyens britanniques frappés d'interdiction de voter* (alors que les citoyens du Commonwealth pouvaient voter par exemple, même ceux fraîchement débarqués au R-U. Leur suffisait de s'inscrire sur les listes). Profondément injuste évidemment, surtout pour la “Plus Vieille Démocratie au Monde™” comme on en nous en rebat les oreilles (comme si la séniorité des institutions était un gage d’équité... Au contraire, c’est souvent dans ces vieilles structures, qui ont du mal à se renouveler, qu’un tas d’habitudes féodales et malsaines s’installent, suppurent, gangrènent et prospèrent complaisamment). Par ailleurs, d’autres groupes ont été exclus, ce qui a fait dire à certains ont que dans une certaine mesure ce vote est entaché d’une violation des droits humains lien.

    - financement occulte des campagnes pro-Brexit. Grosse infiltration très probable d’argent russe (via les structures offshore, Ile de Man en particulier). Ce qui est en principe interdit au Royaume-Uni par la législation sur les dons aux campagnes ou partis politiques (en gros pas de dons de l'étranger ou d'étrangers non résidents au R-U). Ça a été démontré par Carole Cadwalladr du Guardian. Arron Banks, le grand financeur de la campagne lien, a orchestré tout ça. J’ai écrit sur lui dans le forum ici par ex. lien. La NCA – National Agency Crime – a dit que niet, que tout ça était OK car insuffisance de preuves etc. lien mais la NCA, comme tous les secteurs au Royaume-Uni depuis les grosses coupes budgétaires post 2010, est notoirement en sous ressource pour investiguer proprement un truc aussi complexe que ça, et que n’importe quel margoulin bien réseauté internationalement et particulièrement en Russie comme Banks lien, qui sait utiliser les montages offshore, peut facilement les entuber. Alors les conclusions de la NCA sur ce dossier, hein…)

    - le fait que ce référendum a été décidé par un premier ministre (Cameron) sur un coup de tête, juste pour sauver sa peau électoralement parlant (car quelques alt-rightistes de son parti le menaçaient de chantage et de lui pourrir la vie, ils le menaçaient de plomber sa réélection aux General Elections de 2015 s’il n’organisait pas un référendum sur la sortie de l’UW ; la frange dure, nationaliste et libertarienne du Parti conservateur, qui ira en grossissant au fil de la campagne du Brexit et de la montee des Conservateurs. Avec les réacs du (ridiculement baptisé) “European Research Group”, minoritaires chez les conservateurs mais très influents lien



    [*à cause de la loi – épistocratique àma – des “15 ans” : à partir de 15 ans à l’étranger le citoyen britannique perd son droit de vote. Internet : “British emigrants living outside of the United Kingdom for 15 years or more lose their right to vote in national elections and referenda in the UK. – alors que, par exemple, cô je l’expliquais ici , n’importe quel citoyen du Commonwealth, même fraîchement débarqué, s’est vu accorder le droit de vote au référendum, il suffisait de s’inscrire sur les listes électorales. Certes, c’est la loi, particulièrement injuste car ça fait de ces Britanniques des citoyens de troisième zone, alors que par bcp d’égards, ils en font certainement plus que le Briton moyen au R-U, vu qu’ils participent au rayonnement de la culture, langue, etc. britannique à l’étranger. Cette loi aurait évidemment dû être au moins suspendue pour le referendum car justement ce réf’ touche bcp plus les citoyens britanniques installés dans l’UE que les autres.

    Le gouvernement a promis de changer cette loi lien mais bon leurs promesses, hein. Et c’est évidemment trop tard pour le Brexit. La genèse de cette loi est expliquée sur Internet. Mais en gros, avant 1985, les citoyens britons à l’étranger n’avaient pas le droit de voter aux Élections Générales ou autres. Puis une loi de 1985 lien , sous Thatcher donc, modifia ces dispositions et accorda ce droit à ceux établis à l’étranger depuis moins 5 ans. En 1989, ça passa à 20 ans en 1989, peut-être par calcul politique (un peu cô Sarkozy le fit en créeant 11 circos pour les Français de l’étranger ?), puis fut réduit à 15 ans en 2002, sous Blair. Cameron lui-même, et Theresa May, respectivement pour les élections de 2015 et 2017, avaient promis de faire abolir cette loi).

  • Mangeur Vasqué le 26/03/2022 à 22h27
    (suite et fin de ma réponse à ton poste, comme promis y'a 2-3 jours)

    Chelsea, ceux qui ont repris la gestion du club, étaient d’ailleurs favorables à un arrangement allant dans ce sens (permettre aux 13 000 non abonnés d’assister aux matchs, ce qui aurait engrangé environ 600 000 £ par match. Plus tout ce qui est extra, les buvettes, etc. et laisser commercer les boutiques du club et autres sources de merchandising, pour tout reverser à des assos caritatives pour l’Ukraine).

    Mais la Premier League avait fait la sourde oreille, peut-être sous la pression du gouvernement, qui est en très mauvaise posture depuis des mois et fait feu de tout bois. Le football est une cible facile, surtout pour ce gouvernement qui a un paquet de trucs chauds en rapport avec ce dossier (football et liens avec l’argent sale russe) sur lesquels ils préfèrent opérer une diversion, d'où l'énorme récupération politique qu'ils font de tout ça.

    Pis taper sur le foot, ça défoule et fait diversion par rapport à l’ahurissant catalogue de scandales, traffics d’influence, conflits d’intérêt, lobbies infiltrés de partout, corruption genéralisée et énormes contrats donnés aux donateurs du Parti conservateur. Ou/et sièges de parlementaire à la House of Lords distribués aux amis et donateurs, les Lords c’est la chambre haute du parlement. Elle est certes moins importante que la Chambre des Communes (650 député.e.s é lien tous les 4-5 ans – enfin en ce moment c’est tous les deux ans avec le bordel du Brexit, démision de deux premiers ministres, élections en 2015, 2917 et 2019), mais les Lords ont quand même du pouvoir. Leur légitimité est en cause depuis pas mal de temps par contre – parlementaires non élus, et désignés parfois via le copinage. Y’a actuellement 800 lords environ environ mais leur nombre varie. On parle depuis des années de les plafonner à 300-400 et de réformer ce système de Lords peu démocratique, et même de déplacer cette chambre des Lords en province – et même, God forbid, dans le Nord – pour leur faire un peu affronter la réalité des territoires et toussa, mais leur nombre ne fait qu’augmenter et rien ne change. Y’a bien eu une réforme sous Blair en 2005, le Constitutional Reform Act 2005, réforme constitutionnelle, mais ça concernait surtout les quelques “law lords”.

    Y’a trois jours, la Premier League a donc fait un pas ont annoncé que certaines assos, “en consultation avec le club”, recevraient de l’argent généré par les nouvelles mesures prises par le gvt en milieu de semaine, à savoir l’autorisation de vente des billets pour les matchs exters (donc quelques milliers de supps Blues en moyenne), les matchs de l’équipe feminine et matchs de coupe équipe masculine (donc le quart de LdC vs le Real dans 10 jours et la demi-finale de FA Cup vs Palace à Wembley le 16 avril).

    Par ailleurs, un petit point sur les repreneurs s’impose après une semaine assez mouvementée (et bizarre) sur ce point, hopefully demain.

  • Hydresec le 27/03/2022 à 14h41
    Un grand merci pour tes explications. L'opinion publique britannique est-elle majoritairement sensible ou du moins sensibilisée à ces problématiques de corruption ou tout le monde est blasé ? Parce que ça fait un peu peur quand même, une dérive aussi marquée vers l'accaparement des richesses dans un pays démocratique.

  • Mangeur Vasqué le 30/03/2022 à 00h20
    (suite et fin de ma réponse à ton poste, voir mon message du 24/3)

    Les principaux artisans du Brexit sont des libertariens motivés surtout par une dérégulation maximale. Ce sont eux les financeurs des grosses campagnes Brexit, surtout lien que je mentionne dans l’article, et Vote Leave, à coup d'infox et de financement occulte venu de Russie. Au lendemain du référendum, à peine repus, ils montèrent la campagne “Leave Means Leave” histoire de faire pression pour obtenir un Brexit le plus hardcore possible. Ces "Torykippers" (politiciens conservateurs d'obédience UKIP, extrême-droite faragiste) étaient au départ loin d'être majoritaire au sein du Parti conservateur mais, au fur que la campagne se radicalisa, ils eurent une grande influence.

    Ils sont à l'origine du chantage, au début des années 2010, qui poussa David Cameron à envisager sérieusement l'initiative du référendum, en 2013, avant d'officialiser cette promesse un an plus tard. Cameron céda (beaucoup trop) facilement à ce chantage, aux allures de "power grab", dont le deal central consista à négocier la paix (pendant sa campagne de réélection aux élections en 2015) contre l'engagement ferme d'organiser un référendum de sortie de l'UE.

    Ce sont en majorité des millionnaires/milliardaires d’ailleurs (ou fils/fille de), des disrupteurs, “contrarians”, renverseurs de table, dans le moule Trumpien-Bannonien. Certains, tels Anthony Bamford ou Jim Ratcliffe, en beaucoup plus riche.

    Les Cummings, Farage, Jacob Rees-Mogg, Jim Ratcliffe, Arron Banks, Tim Martin, Richard Tice et sa girlf’, l’enragée Isabel Oakeshott (inconnue du grand public avant le Brexit, omniprésente ensuite, une fois que les médias tiennent ces “controvertialists” ils ne les lâchent plus, “au nom de la liberté de parole”, rien n’est documenté, sourcé ni rien mais what the hell, l’essentiel est d’assurer le spectacle).

    Tim Martin qui possède d’ailleurs une chaîne de pubs et restaurants (plats basiques et micro-ondés) très connue, Wetherspoons. Une chaîne de 1 000 établissements qui s’est fait une spécialité de récupérer des bâtiments historiques, souvent en mauvais état, et les retaper pour en faire des pubs. Certains sont spectaculaires lien. Ce même Tim Martin qui l’an dernier militait pour… plus d’immigration UE lien (évidemment, car il a aujourd'hui du mal à recruter).

    Tout ce beau monde a été épaulé par la puissante presse Murdoch (lequel voulait régler ses comptes avec Bruxelles) et l’influente aile droite du Parti conservateur, avec en première ligne les allumés de l’European Research Group, un groupe de députés très europhobes (une trentaine au départ, jusqu'à la centaine au plus fort du Brexit. Certains, comme leur leader spirituel Jacob Rees-Mogg, ont été récompensés par un portefeuille ministériel et/ou des pantoufleries dorées).

    Ah y’avait de beaux champions du monde dans le lot. Notamment le chevronné député Marc François (adulé dans sa circonscription de l'Essex - élu aux dernières General Elections avec presque 73 %, + de 30 000 voix d'avance sur le candidat travailliste), “vice-président de l’ERG” et ardent germanophobe devant l’éternel. Ça vient de son père paraît-il, qui avait combattu “les Boches”. Ce bibendum affirmait avoir été “militaire”. En fait il était réserviste, pas vraiment la même chose. Ses fights avec Will Self sont légendaires, comme ce face à face lien

    Leurs alliés de campagne ont été des députés et politiciens du Parti travailliste, l’imposante aile gauche du Labour, Parti travailliste, évaluée à 30 % de l’électorat de gauche. Par idéologie, ces “Lexiters” (Leftwing Brexiters) ont toujours été contre l’adhésion à l’UE, symbole pour eux de la mondialisation et du néolibéralisme. En temps normal, ces deux groupes (néoréacs de l’alt-right et dégagistes de l’aile gauche du Labour) se détestent mais ont pour l’occasion fait cause commune au nom de la lutte pro-Brexit.

    Leur rejet de l’UE remonte au début des années 1970 avec l‘anti-CEE Tony Benn lien, figure historique du Parti travailliste et accessoirement ex mentor de Jeremy Corbyn (qui a déclaré avoir voté "Remain" mais on peut en douter vu sa réticence à défendre le maintien dans l'UE), qui fit campagne contre l’adhésion. Laquelle fut obtenue en janvier 1973 (Pompidou avait levé le véto mis par De Gaulle dans les années 1960, à deux reprises), et confortablement "ratifiée" par un référendum "de confirmation" organisé en 1975 par le nouveau Premier Ministre, le travailliste Harold Wilson.

    A l'époque de l’adhésion au milieu des Seventies, le Royaume-Uni était dans le dur économiquement, obligé d’instaurer pendant plusieurs mois des semaines ouvrées de trois jours (voir le wiki sur le "Three-Day Week"). Crise Opep, pénurie d'énergie, inflation galopante, grèves généralisées dont celle des mineurs, etc. Les gens s’éclairaient à la bougie... Début 1976, le R-U dut emprunter 3.9 milliards dollars au FMI, ce qui fit dire à la gauche Bennite et à la droite anti-EEC que "l'adhésion au Marché Commun avait fait empirer la situation". Déjà, en 1976, l'europhobie était marquée.

    On étudiait tout ça la fac d’anglais, en sociologie/politique britannique, au milieu des années 1980… On était alors loin de se douter que le si cher vœu de Tony Benn serait un jour réalité. Ce dernier qui décéda peu avant le démarrage de la campagne du Brexit lien et n’aura donc jamais vu son rêve se réaliser.

    La caractéristique principale des politiciens brexiteurs droitistes est une forte volonté de s’affranchir des régulations et de la législation européenne, dans tous les domaines, de l’environnement au droit du travail en passant par les paradis fiscaux.

La revue des Cahiers du football