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Leçon 8 : interviewer un footballeur

S'il est un exercice incontournable dans l'activité du journaliste sportif, c'est bien l'interview de sportif. C'est la matière première, c'est la manne quotidienne, et pourtant, n'allez pas croire que l'exercice va de soi : de la retranscription au gonflage de déclarations, c'est du boulot.
Auteur : Le journalisme sportif en 12 leçons le 2 Avr 2002

 

ETAPE 1 : POSER LES QUESTIONS

Comme pour un article normal, il est préférable de trouver un "angle" pour l'interview. L'angle est au journalisme ce que la méthodologie, la construction d'une problématique, la définition de l'objet et l'examen d'une hypothèse sont à des formes de pensées plus évoluées.
Ce procédé explique la répétition troublante des mêmes questions dans une interview: cela signifie dans ce cas que le sujet refuse de se tourner selon l'angle défini. Il faut alors insister, car les interviewés ignorent tout des subtilités du métier. Tout journaliste normalement constitué doit ainsi être capable de faire dire à son interlocuteur ce qu'il a envie de lui faire dire (voir aussi Leçon 3 : l'interview miné).

Une autre règle importante consiste à poser les questions que tout autre journaliste poserait à votre place. Il est essentiel de ne pas louper les évidences d'un personnage ou d'une actualité, de bien creuser dans le sillon, de jouer à fond les stéréotypes et les lieux communs, parce qu'ils touchent un large public et, parfois, un point sensible chez l'interrogé.

Le plus simple, surtout pour les stars, c'est de leur lustrer le poil en jouant la complicité (attention aux familiarités toutefois) ou franchement l'admiration. Certains vous le rendrons. Toujours se rappeler que le footballeur est un être à la susceptibilité exacerbée.

ETAPE 2 : RETRANSCRIRE

Le journaliste sportif est un effet en être qui côtoie les idoles de nos disciplines, et s'il est celui qui les interroge, il est aussi celui qui retransmet au monde leurs précieuses paroles. Mais qui dit retransmettre dit retranscrire, et c'est là qu'est le travail. Il ne faut pas voir là une forme de mépris pour la syntaxe et l'expression orale des sportifs. Enregistrons une de nos conversations et amusons-nous à la retranscrire, et nous n'aurons plus envie de nous moquer.
Cet exercice est délicat mais indispensable, et il implique d'enjoliver un peu les tournures, d'éviter les répétitions, de gommer les barbarismes, de rectifier la trajectoire d'une phrase qui part loin à l'ouest, tout en respectant l'esprit du propos. Evidemment, un grand nombre de distorsions peuvent survenir, et on ne compte pas les joueurs qui accusent les journalistes d'avoir travesti leur propos. Mais les cas de ce genre sont plutôt rares. On peut même dire que les interviewés ne peuvent que se féliciter de voir leur pensée clarifiée et exprimée dans des termes choisis.

Il y a bien sûr des cas très délicats, pour certaines personnalités dont la spécialité est de faire subir de joyeuses tortures à la langue de Molière, comme Gérard Bourgoin, Aimé Jacquet ou Luis Fernandez, sans compter les inaudibles, comme Claude Puel ou Dominique Rocheteau. Les conditions matérielles dans les salles de presse étant parfois précaires et que les journalistes de presse écrite prennent des notes plutôt qu'ils n'enregistrent, cela donne parfois dans la presse du lendemain des phrases traduites en trois ou quatre versions différentes, plus ou moins fidèles à l'originale.

EXEMPLE 1 : la synthèse

Version originale (Infosport, retranscription intégrale Cahiers du football)
Luis Fernandez : "A partir de là moi je prend une certaine initiative. L'initiative je la prends en mon âme et conscience sans que personne puisse me dicter ou me dire, ou me faire faire. Je la prends parce que je crois que on arrive à un stade, on arrive à un moment où je préfère sauvegarder, je préfère protéger mes joueurs, protéger mon club, mes supporters, parce que si ça devient toujours le même constat où toujours de trouver un personnage qui est toujours le même en étant le fautif. Parce quand on lit les déclarations des uns et des autres, quand on essaie d'analyser ce qu'ils veulent dire, on dit toujours c'est Luis".

Version française" (AFP 05/03/2002)
"J'ai l'impression que le mal du foot français, c'est Luis, a-t-il brièvement commenté. Je préfère protéger mon club."

EXEMPLE 2 : la réinterprétation

25/03/2002
Robert Pires (Infosport, retranscription intégrale Cahiers du football) :
"Je pense qu'il y a une surcharge des matches. Alors moi attention, j'avais dit que jouer tous les 3-4 jours ça ne me déplaisait pas, au contraire, ça nous permettait justement d'avoir un rythme et puis de jouer des belles compétitions. Aujourd'hui je suis blessé et je ne vais pas changer d'avis".
Robert Pires (AFP) :
"Je pense qu'il y a une surcharge, mais j'aime bien jouer tous les trois quatre jours. Ma blessure ne me fait pas changer d'avis."
Robert Pires (Sport24) :
"J’ai toujours clamé que j’aimais jouer tous les trois, quatre jours, ce n’est donc pas maintenant que je vais changer d’avis.
Robert Pires (Reuters) :
"Il y a peut-être une petite surcharge de compétition, mais cela dit j'aime jouer des matches tous les trois ou quatre jours et je n'ai pas changé d'avis aujourd'hui".

ETAPE 3 : LE GONFLAGE DE DÉCLARATION

La fonction du journaliste sportif est de moudre du grain, mais aussi de pétrir la pâte et de faire lever le gâteau. Pour cela, l'écriture du titre est un moment crucial (voir la leçon 6). S'il fallait ne compter que sur les brillantes réparties et les aphorismes de footballeurs, les chroniqueurs seraient bien en peine de rendre sexy leurs interviews. Le secrétaire de rédaction, le responsable du desk ou le rédacteur en chef se chargent généralement de cette tâche qui consiste à battre les blancs (de l'interview) en neige pour en extraire une phrase choc. Une trousse de maquillage est cette fois nécessaire: il faut couper, copier-coller, passer un filtre ou retourner les mots. Cette manie de la titraille racoleuse a des effets parfois désastreux, elle a provoqué de nombreux conflits internes dans les clubs, où la presse sportive est très lue (du moins les titres). Semer la discorde peut être une motivation occasionnelle du journaliste, mais cela devra faire l'objet d'une leçon particulière.

EXEMPLE 1

Sportal, 11/07/01
THURAM : "La Juve sans Zizou est aussi forte"
Texte original : "Changer de club est une chose normale dans la carrière d'un joueur. Mais je pense que même sans lui nous serons toujours une équipe forte".

EXEMPLE 2

Le Parisien, 03/03/2002
FRÉDÉRIC DÉHU : "Il faut sanctionner M. Veissière"
Texte original : "Question : Selon vous, M. Veissière a-t-il été incompétent ce soir ?
(…) il expulse Bernard Mendy pour des propos qui sont tout à fait corrects. Maintenant, il faut absolument améliorer le foot français en sanctionnant ce genre de dérives arbitrales".

Dans ce très bel exemple de raccourci, notez aussi l'emploi simultané de la technique de la question "pousse-au-crime" qui incite à une réponse polémique (voir encore la Leçon 3 , indispensable complément de la présente).

EXERCICE PRATIQUE
Après un match de foot avec des copains, sortez un dictaphone et demandez aux joueurs leur sentiment sur le match. Interrogez les buteurs et les défenseurs fautifs. Retranscrivez les meilleurs moments. Mettez en page les extraits les plus saillants sur une feuille ou sur un site en soulignant bien les déclarations des uns sur les autres. Diffusez et observez l'effet produit sur la cohésion de l'équipe.

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Le journalisme sportif en 12 leçons
Leçon 1 : les transferts
Leçon 2 : recopier la dépêche AFP
Leçon 3 : l'interview minée
Leçons 4&5 : l'autopromotion et l'éloge du patron.
Leçon 6 : titres et légendes.
Leçon 7 : pomper les articles des Cahiers
Leçon 8 : interviewer un footballeur
Leçon 9 : le consultant télé

Réactions

  • Olaf Grossebaf le 04/04/2002 à 07h09
    C'est partis!
    13 pages de réaction et 9000 visites: records à battre!

  • Olaf Grossebaf le 04/04/2002 à 07h09
    C'est partis!
    13 pages de réaction et 9000 visites: records à battre!

  • gilliatt le 04/04/2002 à 07h11
    Pour Océane, Gilliatt, avec 2 "t" STP (ceci dit sans du tout vouloir être désagréable à ton égard), comme le héros des "Travailleurs de la Mer" de V. Hugo (que vous devez tous lire. Absolument! et pis pdt ke vs y êtes, matez ou re-matez "Spartacus" en ce moment sur Canal, ça c'était du film, autre chose ke ce vulgaire "Gladiator", pfff...)
    Pour Plumitif: bon, avoue, tu es bien Hans, le frère jumeau maléfique de Dominique?
    Blague à part, des nouvelles des joueurs de l'OM? Ils vont vmt porter plainte?

  • plumitif le 04/04/2002 à 07h37
    Pour l'instant, aucune des plaintes annonçées n'est arrivée, malgré les tombereaux de versets frataniques de la dir'com de l'OM (ceci au risque d'énerver Marshpil, évidemment).

  • El mallorquin le 04/04/2002 à 09h30
    On ne dit pas "une" oasis ?
    :-))

  • ZZ le 04/04/2002 à 15h13
    Non, El Mallorquin, on dit Blur ou Orangina :-))
    ZZ-en mémoire d'A (D-1) (3-1)N...

  • plumitif le 05/04/2002 à 01h59
    On dit les deux, El M.

  • mollows le 05/04/2002 à 03h33
    Le comité de soutien à plumitif gagne du terrain dans la presse libre :

    Vu dans le metro ce matin : en bas à gauche d'Adriana Karembeu en couverture de "Maximal" une accroche sur le theme "Bourgoin Tapie, ses responsables du foot qui menacent les journalistes sportifs (ou intimident ou ? je sais plus, je fais de memoire) ... Ca doit causer un peu de toi, plumitif, nan ?

    T'as des potes partout ou t'as decide de te diversifier une chouille, sous pseudo, apres le Monde Diplo ?

    PS : petite contrib' accointée cul pour une relance de l'objectif 9000.

  • El mallorquin le 05/04/2002 à 07h27
    Toi tu dis les deux plumitif, mais Monsieur Larousse, Monsieur Robert et moi-même disons "une" oasis ! :-)

    Tout ça pour dire que j'en ai marre des discussions de bas étage, ce qui fait que j'ai décidé de ne désormais débattre que de problèmes fondamentaux comme l'orthographe des mots de cinq lettre commençant par "o". :-)

  • El mallorquin le 05/04/2002 à 07h31
    On dit "cinq lettre" ou "cinq lettres" ?

La revue des Cahiers du football