Leçon 6 : titres et légendes
Fiche technique de la leçon
Niveau : facile.
Thème : titres et légendes.
Branche : presse écrite.
Introduction
Si elle existait, l’option "Niveau de lecture pour la presse sportive" serait sans doute la plus prisée par les étudiants des écoles de journalisme: et pour cause, ce serait celle où l'on apprendrait qu’il n’est besoin ni d’être original, ni d’être informatif pour titrer un article ou légender les photos. C'est une des raisons pour lesquelles cette fonction revient au secrétaire ou au responsable de rédaction. Si vous avez quelque ambition, soyez donc particulièrement attentifs et n'hésitez pas à multiplier les exercices du type de ceux que nous proposons en fin de leçon.
ÉTAPE 1 : TROUVER UN TITRE
Le jeu de mots
Le jeu de mots est consubstantiel de la presse elle-même et prend racine dans ses origines pamphlétaires. Il a cependant été proscrit dans certains médias, pour différentes raisons: sens du sérieux au Monde, absence totale de sens de l'humour au Figaro. Dans la presse sportive, c'est soit le calembour basique qui l'emporte, soit le calembour officiel employé de manière systématique (notons aussi le calembour consternant, type Cahiers du football).
Même sans assistance informatique, il est très simple de trouver un jeu de mots pour un article parlant de football. Dans la majeure partie des cas, le papier en question relate le déroulement d’un match. Qui dit "match", dit "équipe", et qui dit "équipe" dit "ville". Le premier des réflexes consiste donc à réaliser un jeu de mot basique à partir de la particularité géographique de chaque club.
Exemple 1 : "Ça se corse pour Bastia"
Note : ce jeu de mot peut être utilisé dans un sens comme dans l’autre (Ex: "Addition corsée pour l’OM")
Exemple 3 : "Brest reste en rade".
Note : cette formule très usitée jusqu'au début des années 90 a quasiment disparu depuis, du fait que Brest est vraiment resté en rade.
Exemple 2 : "Lens, un leader en Nord", convient également pour "Lille, un leader en Nord".
Note : Ce dernier titre fonctionne moins bien avec Valenciennes et Dunkerque.
Le jeu de mot peut également être décliné avec des variantes plus ou moins subtiles issues des noms des clubs.
Exemple 1 : "Pari gagné pour le PSG"
Exemple 2 : "Lyon sort ses griffes"
Note : la métaphore du "lion" est aussi utilisable pour Sochaux, dont c’est l’emblème. Il faut donc éviter ce jeu de mot pour les matchs opposant ces deux clubs, des confusions pouvant en résulter.
Exemple 3 : "Pouliquen emprunte Lorient express"
Les noms de joueurs peuvent aussi faire l’objet de détournements divers, même si le bon journaliste évitera de systématiser ce procédé au regard de la susceptibilité quelque peu exacerbée des joueurs professionnels: n’oubliez pas qu’il est possible que vous en rencontriez certains dans le futur pour une éventuelle interview.

Certaines rédactions utilisent des générateurs automatiques de titres. Quand elles appartiennent au même groupe de presse, il arrive qu'elles partagent leurs ressources. (L'Equipe du 17/01/02 et France Football du 18/01/02)
L’adjectif qualificatif
Outre les jeux de mots, un titre facile peut également résulter de l’emploi d’un adjectif qualificatif. Ce type de pratique convient en particulier pour les "unes" de journaux les lendemains d’exploit. Des mots comme "Fantastique" ainsi que l’ensemble de ses synonymes et termes plus ou moins proches ("Exceptionnel", "Grandiose", etc.) peuvent être utilisés. Eventuellement, un point d’exclamation peut être utile pour insister sur le caractère rarissime de la prouesse, mais celui-ci n’est pas indispensable.
Pour les exemples, voir les exercices pratiques en fin de leçon.
L’astuce
Les exploits sportifs n’étant pas particulièrement fréquents dans une saison sportive (tout au plus un ou deux par an), il est possible de réutiliser certains vieux adjectifs ayant servi il y a quelques années (pour l’épopée des Bleus en 84 ou les victoires marseillaises du début des années 90 par exemple). Il est également pratique de les employer dans les surtitres et autres chapeaux des articles.
Exemple 1 : "Déchaînés, les Parisiens ont écrasé les Roumains du Steaua Bucarest grâce à l’efficacité d’un Rai phénoménal" (L’Equipe).
Exemple 2 : "Extraordinaire depuis le début de la Coupe du Monde, Lilian Thuram, a, hier, été le sauveur des Bleus" (L’Equipe).
Une variante de l’adjectif qualificatif est le nom commun, simplement précédé de son pronom défini. Cette technique est utile pour titrer une performance de moindre envergure que la précédente, mais qui mérite tout de même d’être soulignée à sa juste valeur.
Exemple 1 : "La consécration" (victoire du PSG en Coupe des Coupes: L’Equipe, jeudi 9 mai 1996).
Exemple 2: "La délivrance" (victoire de la France contre le Paraguay en Coupe du Monde : L’Equipe, lundi 29 juin 1998).
ETAPE 2 : RÉDIGER UNE LÉGENDE
Accompagner une photo d’une légende, c’est bien. Mais attention : il ne faut pas trop donner d’information dans cette dernière, faute de quoi le lecteur pourrait ne pas lire votre article en entier. Il faut donc éviter les statistiques pertinentes et autres indications d’ordre technique ou tactique. Dans une bonne légende de photo sportive, le journaliste se contente donc de décrire l’image qu’il voit et de trouver un parallèle avec le match pendant laquelle elle a été prise, sur la base du résultat de la partie.
Exemple 1 : "Djibril Cissé s’élève plus haut que la défense marseillaise. Hier soir, c’est l’ensemble de l’équipe auxerroise qui a dominé de la tête et des épaules".
Exemple 2 : "Vikash Dhorasoo grimace: les Girondins ont eu le plus grand mal à se défaire de leur adversaire rennais".
L’Astuce
Il arrive parfois que la série de clichés pris par le photographe ne correspondent pas parfaitement au déroulement du match. Il arrive également que le résultat du match ne soit pas totalement le reflet de la physionomie de la rencontre. Ces cas complexes ne permettent pas d’établir un parallèle entre l’image et le résultat du match. Ce n’est pas grave. L’astuce consiste à s’arranger un peu avec ce qui a pu se passer sur le terrain en misant sur le fait que le lecteur ne lira que la légende, ou en espérant qu’il sera suffisamment distrait pour ne pas s’apercevoir de la supercherie.
Exemple : légende d’une photo illustrant la laborieuse victoire de Nantes contre Guingamp le samedi 12 janvier 2002: "Frédéric Da Rocha virevolte devant Claude Michel" (L’Equipe : dimanche 13 janvier 2002).
EXERCICE PRATIQUE N°1 : les titres
Associer à chacun de ces événements le titre qui lui a été donné :

1. Bordeaux-Milan AC (3-0), quarts de finale de Coupe de l’UEFA (L’Equipe, mercredi 20 mars 1996).
2. PSG-Steaua Bucarest (5-0), tour préliminaire de la Ligue des champions (L’Equipe, jeudi 28 août 1997).3. France-Italie (2-1), finale du Championnat d’Europe des Nations (L’Equipe, lundi 3 juillet 2000).
EXERCICE PRATIQUE N°2 : les légendes
Pour chacune de ces photos, rédiger la légende appropriée, en n’omettant ni de bien décrire l’image, ni de faire un parallèle avec le déroulement du match.

A. Rennes-PSG, championnat de France (L’Equipe, dimanche 13 janvier 2002).
B. Bordeaux-OM, championnat de France (L’Equipe, samedi 30 janvier 1999).
CORRECTION DES EXERCICES
Exercice 1 : les titres
A. : 2.
B. : 3.
C. : 1.
Exercice 2 : les légendes
A. "Le Roux vient tacler dans les pieds de Déhu tandis que Pochettino surveille la situation. Rennes s’est créé de nombreuses occasions mais le réalisme, hier, était parisien".
B. "Cerné par Micoud, Pavon, Afanou et Alicarte, Domoraud semble complètement perdu dans le piège girondin".
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Le journalisme sportif en 12 leçons
Leçon 1 : les transferts
Leçon 2 : recopier la dépêche AFP
Leçon 3 : l'interview minée
Leçons 4&5 : l'autopromotion et l'éloge du patron
Leçon 6 : titres et légendes
Leçon 7 : pomper les articles des Cahiers
Leçon 8 : interviewer un footballeur
Leçon 9 : le consultant télé