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Pourquoi Paris a une chance sur deux de se qualifier

Ici maintenant, la démonstration mathématique que le FC Barcelone arrive tout juste à 50% de chance de qualification.

Auteur : Gilles Juan le 8 Avr 2013

 


En coupe d'Europe, après avoir concédé le score 2-2 à domicile, seules 37 équipes sur 191 [1]  se sont finalement qualifiées. À partir de là, on estime que le PSG a donc 19,4% de chances de se qualifier. Mais qu’est-ce que cela signifie?
 


Cela signifie qu’il faut se méfier des statistiques

En Ligue des champions, aucun club ne s’était qualifié après avoir perdu 2-0 à l’extérieur au match aller. Avant même que le match retour n’ait eu lieu, on sentait bien pointer l’absurdité de la statistique "Barcelone a donc 0% de chance de qualification, et Milan 0% de chance d’être éliminé". Mais "où" cette absurdité logeait-elle? Elle ne se situait pas, comme on le pense spontanément, dans le nombre 0%, sous prétexte que "ben oui il y a toujours une chance, il ne peut pas y avoir zéro chance de qualification". Le nombre 0% était statistiquement fondé, mathématiquement incontestable: aucun club, depuis 1993, n'avait été éliminé après avoir remporté le match aller 2-0. L’absurdité est cachée dans l'usage du bilan statistique, plus précisément, dans ce "donc" que l’on emploie un peu à la légère: ce n’est pas "parce que" tous les clubs avaient été éliminés dans ce cas de figure, que Barcelone allait devoir faire une croix sur les quart. Ainsi, ce n’est pas "parce que" 37 clubs sur 191 ont été éliminés après un 2-2, que le PSG n'a qu'une chance sur cinq de se qualifier.

 



 

Appliquer le bilan statistique des matches passés au match à venir, cela consiste à faire ce qu’on appelle en philosophie une "inférence inductive": s'appuyant sur ce qui a été, on anticipe ce qui sera. Mais dans quelle mesure sommes-nous légitimes à inférer de ce qui a été (perpétuelle élimination après défaite 2-0), ce qui sera (reproduction de ce cas de figure)? Il n’est pas toujours pertinent de penser qu’un événement qui s’est toujours produit se reproduira. En d’autres termes, ce n’est pas la même chose de dire, d'un côté: "0% des clubs ayant perdu 2-0 au match aller se sont qualifiés en ligue des champions", et de dire, d'un autre: "tel club aujourd’hui, concerné par le cas de figure, a 0% de chance de se qualifier". Passer de l’un à l’autre comme si cela relevait d’une "déduction" est une illusion, voire un mensonge.
 


Cela signifie que les statistiques ne sont pas prédictives

En laissant de côté les usages en physique quantique de la statistique, on doit rappeler qu'en matière de football les statistiques ne sont pas rigoureusement prédictives. Aussi instructives soient-elles, il faut les considérer avec méfiance, les manipuler avec précaution. Ne serait-ce que parce qu'elles ne sont pas toujours grotesques et trompeuses pour autant! En quoi sommes-nous encouragés à considérer que le bilan "19,4% de chance de qualification" a une certaine validité? Nous accordons un certain crédit à ces prédictions, parce que quelque chose nous parait logique: on voit bien pourquoi le score 2-2 à domicile est défavorable. Au match retour, il faudra marquer et vraisemblablement gagner à l’extérieur, or jouer à l’extérieur est plus difficile, l’adversaire a l’appui du public, etc. Le bilan statistique ne sort pas de nulle part: il reflète, il résume un effet logique des circonstances. Il montre qu’effectivement, il est difficile de s’imposer à l’extérieur. Le bilan statistique exprime que dans l’ensemble, certaines logiques sportives (avantage du terrain, règle du but à l’extérieur…) et psychologiques (ascendant sur l’adversaire après le match aller, soutien du public…) sont respectées. Mais ce sont des logiques sportives et psychologiques. Pas des lois de la nature.
 

Ainsi, le bilan statistique montre, reflète, modélise, précise – mais il n’anticipe pas. Sans doute, à partir du moment où certaines causes (2-2 à l'aller) ont mené à l’élimination de l’équipe tenue en échec à domicile, on est autorisé à penser "même causes, mêmes effets". Mais aussi compréhensibles soient les causes, elles ne prédéterminent pas la répétition du cas de figure. En rentrant dans le détail des circonstances, on s’aperçoit que les logiques sportives et psychologiques sont toujours singulières. Si le Barça avait été tenu en échec 2-2 à domicile au match aller, les 80,6% de chance de qualification du PSG seraient largement suspectées.
 

En oubliant ou en refusant cette nuance (les statistiques sont éclairantes, mais pas voyantes, elles paraissent en dire long, mais restent en réalité toujours muettes sur les logiques qui les traversent), on en vient à accorder du crédit à des statistiques relativement stupides, dont le caractère prédictif est cette fois grotesque: envisager, par exemple, que Marseille va perdre je ne sais où parce que cela fait vingt-cinq ans que Marseille perd là-bas, relève de la superstition. Loin d’être prédictif, le renseignement statistique n’est dans ce cas fondé sur aucune logique de terrain. Doit-on induire d’une série de X matches sans défaite qu’elle va continuer, ou qu'il va bien falloir qu'elle s'arrête au prochain match? Contrairement à ce qu’ils croient, l’usage que les parieurs sportifs font de ce genre de documentation n’est jamais rationnel.
 


Cela signifie que les statistiques agissent sur l’imagination

Dans les Pensées, Pascal rappelle que le plus rigoureux et rationnel des philosophes, confortablement positionné sur une planche plus large, plus fiable et plus solide qu’il ne faut, aura cependant peur si au-dessous se trouve un précipice. "L’imagination donne le prix aux choses": la raison et la logique sont moins influentes qu’on ne le croit lorsque nous évaluons un état de fait. Quand les médias annoncent que 120 femmes sont mortes sous les coups de leur mari en 2012, le nombre ne parait pas aussi dramatique que lorsqu’ils clament que tous les trois jours, une femme meurt sous les coups de leur mari.
 

Lorsque je lance cinq fois un dé, la probabilité de faire 6-6-6-6-6 est exactement la même que de faire 1-6-2-1-3 (à savoir une chance sur 7.776, soit 6 puissance 5: à chaque lancé de dé, j’ai une chance sur six d'obtenir le chiffre souhaité). Si je ne pense pas cela spontanément, c’est parce que l’imagination ne me présente pas la suite 1-6-2-1-3 comme étant singulière; ce n’est qu'une des combinaisons qui ne présentent pas six chiffres à la suite, parmi les milliers de combinaisons qui ne présentent pas six chiffres à la suite; elle a donc l’air hautement probable. Il reste bien entendu beaucoup plus probable de réaliser une suite de cinq chiffres différents, qu’une suite de cinq chiffres identiques (puisqu’au second lancé de dé, j’ai cinq chances sur six d’obtenir un chiffre différent du premier), mais en considérant chacune des combinaisons isolément et d'un point de vue statistique, la combinaison 6-6-6-6-6 n’est pas plus incroyable qu’un autre. Au loto, d’un point de vue statistique, 1-2-3-4-5-6 est une combinaison qui a autant de chance de sortir qu’une autre.
 


Cela signifie que les statistiques agissent sur le jeu

Qui cocherait 1-2-3-4-5-6 sur sa grille de loto? Personne. Qui ne s’émerveillait pas si un tel tirage avait lieu? Nous aurions en effet de bonnes raisons de nous émouvoir: quand bien même chaque combinaison a une égale chance de sortir, une combinaison régulière reste moins probable qu’une combinaison irrégulière. Une combinaison régulière est même pratiquement improbable, puisque sur l'ensemble des combinaisons, celles qui sont régulières ne forment qu'une infime proportion. Tellement rares, les combinaisons logiques, qu’elles paraissent ne pouvoir s’afficher que si elles ont été voulues. Ainsi certains sont-ils subjugués lorsque qu'au hasard du déploiement d’une forêt, une clairière en forme de cœur est visible depuis le ciel... Il faudrait bien plutôt s’étonner qu’avec les milliards d’arbres déployés sur la planète, quelques formes géométriques ne soient pas proposées de temps en temps.
 

Mais revenons au foot. Plus ou moins conscients des causes réelles qui opèrent sous les ellipses statistiques, plus ou moins marqués, dans leur imagination, par la séduction des chiffres, l’environnement médiatique du foot, les supporters, les sportifs eux-mêmes, estiment qu’il y a peu de chance de se qualifier en demi-finale de Ligue des champions, ou que tel club va encore perdre à tel endroit. Sans doute cela agit-il même, finalement, sur leur implication.
 

Mais quels sont les faits pertinents à considérer? Les causes agissantes? Pour savoir si Paris va gagner à Barcelone, regarder les précédentes oppositions entre Paris et Barcelone au Camp Nou? On n’y trouverait guère de causes légitimement ré-applicables aujourd’hui, mais pourtant, des "raisons" d'y croire. Considérer les précédents matches joués par d’autres équipes qui avaient fait 2-2 à l’aller? Mais quel est alors le rapport avec ce Barça et ce PSG qui joueront mercredi? Le seul fait pertinent, c’est les options éventuelles. Soit les Parisiens se qualifient, soit ils ne se qualifient pas – la seule statistique qui doit agir sur leur psychologie est qu’ils ont "donc", très précisément, une chance sur deux de passer. CQFD.

 
[1] Source: Poteau rentrant, données sur la période 1970-2009.

Réactions

  • Tonton Danijel le 08/04/2013 à 11h25
    Pascal Amateur
    aujourd'hui à 10h51

    > Bah non. La probabilité est de 30.

    Pour chaque dé, il y a 1 chance sur 6 de faire un 6. Cette probabilité ne varie jamais, les dés étant identiques.
    - - - - - - - - - - -

    Oui, mais soit p la probabilité d'un seul dé, la probabilité totale est p^5, pas p*5

    Cela fait donc (1/6)^5, soit 1/7776 pour chaque combinaison (la présence du point qui n'est pas un séparateur décimal mais un séparateur de milliers me perturbe un peu).

  • Tonton Danijel le 08/04/2013 à 11h27
    Pascal Amateur
    aujourd'hui à 11h23

    Non.

    Chaque dé donne une chance sur 6.
    (1/6) + (1/6) + (1/6 + (1/6) + (1/6) = (1/36).
    - - - - - - - - - - - -

    C'est du deuxième degré ou tu as du mal avec le calcul factoriel? (Parce que non seulement ta manière de calculer est inexacte, mais en plus ça donne 5/6 comme résultat).

  • Pascal Amateur le 08/04/2013 à 11h28
    Pardon, lapsus. 30 et non 36.

  • theviking le 08/04/2013 à 11h34
    Avec ta méthode, Pascal, en lançant 6 fois le dé, on est sûr d'avoir un 6 car la proba serait de :
    1/6 + 1/6 + 1/6 + 1/6 + 1/6 + 1/6 = 6/6=1

  • Tonton Danijel le 08/04/2013 à 11h37
    Pascal, avec un dé, tu as 6 combinaisons possibles (si on peut parler de combinaisons).

    Avec 2 dés tu as:
    1-1
    1-2
    1-3
    1-4
    1-5
    1-6
    2-1
    2-2
    2-3
    2-4
    2-5
    2-6

    J'en suis déjà à 12 combinaisons et on en est au tiers...
    Et pour cause, il y a 6*6 = 36 combinaisons possibles (ça se multiplie, cela ne s'ajoute pas).

    Donc sur 5 dés, tu as 6*6*6*6*6 = 7776 combinaisons possibles. Et 1/7776 d'en tirer une spécifique.

  • Pascal Amateur le 08/04/2013 à 11h47
    Merci pour ces précisions.

  • Josip R.O.G. le 08/04/2013 à 11h47
    D'où la précision à apporter à toute statistique: "Toutes choses égales par ailleurs", ce qui n'est certainement jamais le cas en matière de foot, surtout sur une période de 20 ans.
    Et d'où, je suppose l'importance de la précision des échantillons statistiques.
    (Sinon ça fait des années que je joue 12345 67 à l'euromillion)

  • Gabriel Heinze Sergent García Rafa Márquez le 08/04/2013 à 12h17
    Josip, à propos de ta parenthèse et malgré ce que "disent" les statistiques, c'est une mauvaise idée de jouer 1234567 à l'Euromillion, tout simplement parce que selon toute vraisemblance tu n'es pas le seul à le faire. Du coup, même si l'espérance théorique est la même que pour toutes les autres combinaisons, il y a (je pense) beaucoup plus de chances que tu sois obligé de partager ton gain avec un ou plusieurs autres vainqueurs. D'où au final une espérance de gain plus faible (epsilon/2, même pour epsilon tout petit, ça reste plus petit que epsilon!).

    C'est un peu le même problème que les économistes qui fondent leurs théories sur un raisonnement rationnel de tous les acteurs. Ici, bien qu'il n'y ait aucune raison objective de faire ce choix, la combinaison 1234567 sera (à mon avis, mais je n'ai pas de preuves) choisie statistiquement par plus de joueurs que la plupart des autres combinaisons.

  • Ward le 08/04/2013 à 13h02
    Une stat absolument sublime entendue lors du dernier Rennes / PSG ("et qui devrait rassurer les supporters parisiens" d'après le pauvre idiot qui la sort à l'antenne) : lorsque Menez ouvre le score, le PSG ne perd jamais. C'est tellement bête qu'on se demande vraiment comment ça peut passer. A mon avis c'est un effet d'entraînement ou de mimétisme de la part des journalistes sportifs : tout le monde le fait, faisons-le aussi, en prenant soin d'étouffer cette petite voix, au fond de nous, qui nous explique lentement que c'est complètement absurde.

  • Ad Vitam le 08/04/2013 à 13h51
    Et l'empafé qui a craqué mes As avec AK sur un flop A K 4, il était Barcelonnais ?

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