Le cable réseau du serveur étant presque saturé, merci de ne vous connecter qu'en cas d'absolue nécessité de vous amuser. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

L'éthique de la victoire

Invité : When Saturday Comes. Nos indignations sont sélectives en matières d'actes d'antijeu, et quand les footballeurs s'arrangent avec la morale, qui faut il blâmer?

Auteur : Mark Brophy (traduction Olivier Tomat) le 7 Fev 2011

 

Chaque mois, les Cahiers du football accueilleront un article du génial mensuel britannique When Saturday Comes. C'est pas amazing, ça, Marcel?

wsc_banniere2.jpg

L’heureux spectateur de l'équivalent de Jour de foot sur Sky TV [Goals on Sunday] il y a quelques semaines aura vu le couple de consultants stars Ian Wright / Jermain Defoe interrogé sur l'impressionnante collection de tacles abominables perpétrés durant le week-end. La question leur fut posée comme suit: avez-vous déjà entendu un entraîneur demander à ses joueurs de blesser délibérément l’adversaire? Les deux experts furent d’accord pour dire que cela ne leur était jamais arrivé, bien que Wright ait laissé place à l’ambigüité en relevant que personne n’avait eu besoin de le demander à ceux de ses ex-coéquipiers... qui le faisaient naturellement.

wsc_ethics_of_victory.jpgOn peut penser que cela se produit plus souvent que les joueurs ne veulent bien l’admettre, pour des raisons évidentes. Et il ne s'agit pas d'un phénomène nouveau. Les anciens pros s'insurgent contre les "contrats" mis sur les tibias d'adversaires un peu trop rapides, et s'en prennent aux agresseurs contemporains, friands de joueurs créatifs – à moins d’avoir joué dans la même équipe que lesdits voyous. La tendance actuelle à s’insurger contre le jeu dangereux braque directement les projecteurs sur ceux qui manquent de la moindre considération pour leurs collègues et les hypocrites qui les défendent ou les critiquent. Ce qu’on oublie parfois est que dans tous les cas, il s’agit d’un choix.


Comédie chevaleresque

Les acteurs du jeu prennent constamment des décisions. Les footballeurs savent depuis toujours qu’il y a certaines actions qu’ils sont censés commettre et d'autres éviter. Plonger. Sortir la balle quand un adversaire est à terre. Essayer de faire expulser son adversaire. Nous savons tous dans quel sens il convient d’agir. Le devoir de respect de l'intégrité physique des autres joueurs est fréquemment ignoré. Mais les choix des joueurs ignorent également les frontières de la morale commune dans bien d'autres cas de figure...

Chaque fois qu’un joueur s’écroule pour arrêter le jeu, l’équipe attaquante est supposée être fair-play et sortir la balle. En fait, le fair-play consisterait à ce que tout le monde continue à jouer et essayer de marquer (ou d'empêcher l'adversaire de marquer). L’arbitre peut arrêter le jeu s’il est suffisamment inquiet pour un joueur blessé, mais une jambe cassée ne va pas se ressouder ou s’aggraver parce que le jeu s’arrête ou continue pendant une minute. À moins que Burke et Hare [1] soient sur le point d’envahir le terrain pour dépecer le corps, il n’y a que rarement motif à se précipiter.
Cette convention est une comédie ridiculement chevaleresque, un détournement de l’intention originale: l’inquiétude spontanée pour un collègue en difficulté et le refus délibéré de tirer parti de l'infortune des autres. Un geste admirable, à l’origine, désormais dénaturé par le camp même auquel elle bénéficie, dans le but d’empêcher de meilleures équipes d’en tirer parti. Qui pourrait en vouloir à Manchester United de publier en début de saison un communiqué: "Ne sortez pas la balle pour nous – nous ne le ferons pas pour vous"?



L'échelle des indignations

La seule chose encore plus énervante qu’un joueur s’effondrant pour arrêter le jeu, c'est de le voir se ressaisir en bondissant comme les squelettes enchantés de Jason et les Argonautes et en brandissant un carton imaginaire devant l’arbitre. On nous dit que personne n’aime voir ça, mais il doit bien y avoir quelqu’un à qui ça plaît, quelqu’un que les joueurs écoutent, sans quoi ils ne le feraient pas. Si c’est à ce point inadmissible, pourquoi autant d’équipes se lancent-elles de concert dans des campagnes pour demander à l'arbitre d'appliquer la peine maximale?

De tous ces délits, néanmoins, celui qui déclenche la fureur la plus grande est le plongeon. Il s’agit sans aucun doute de tricherie, mais en est-ce réellement la pire forme? Stopper irrégulièrement la course d’un attaquant sur un corner ou lui tirer le maillot pendant que la balle est en l’air sont également des formes de tricherie. Tout aussi sournoises, avec le même résultat désiré – s’octroyer un avantage par des moyens injustes. On nous incite à penser que certains actes d'antijeu ne seraient que l’expression de l’intelligence des défenseurs, tandis que d’autres déclenchent des campagnes nationales en faveur de suspensions de longue durée. En dépit du caractère irrationnel d’une telle position, chaque entraîneur qui fustige un plongeon adverse a dans son équipe un joueur qui fait exactement la même chose.

La conclusion inévitable est que les entraîneurs et les supporters souhaitent que leurs joueurs se conduisent ainsi, et que les joueurs sont ravis d’obtempérer. Il y a un hiatus au cœur même du jeu qui veut que la victoire l’emporte sur toute autre considération, même sur les codes moraux les plus fondamentaux. Tout ce qui laisse croire que le football fonctionne autrement n'est qu'une mystification à l’adresse des enfants et des sots. Tout ce dont on peut s'étonner, c'est qu’il y ait eu quelqu’un pour croire le contraire.


[1] Brendan Burke et William Hare sont des tueurs en série qui ont fait, à Edinburgh en 1828 et 1829, dix-sept victimes dont ils avaient revendu les corps en pièces détachées à un professeur d'anatomie.


wsc_banniere.jpg

Lancé en 1986, When Saturday Comes est le meilleur magazine de football du monde (hors période 2003-2009). WSC cherche à offrir une vue à la fois sérieuse et humoristique du football, avec une intelligence jamais démentie. Pour un rapide historique du magazine, c'est ici et pour s'abonner, c'est par là.

 

Réactions

  • Tonton Danijel le 08/02/2011 à 09h58
    Je compare la simulation avec le bluff parce que le mécanisme est le même: essayer de duper tout en sachant qu'on prend le risque de se faire démasquer. Après, la différence, c'est qu'au poker, tu dupes ton adversaire, au foot, tu dupes l'arbitre.

La revue des Cahiers du football