Top 10 : les transferts ratés de joueurs français vers les grands clubs européens
Le "pillage" des clubs français après l'arrêt Bosman n'a pas fait que des transferts réussis: bien des joueurs se sont évaporés en passant les frontières.
Auteur : Paul Junca
le 26 Nov 2010
Jeunes surcotés, joueurs fragiles ou étoiles filantes, voici un palmarès des exils ratés vers les plus prestigieux clubs européens...
1. Arsenal : Jérémy Aliadière (1999) – l’Alerte Enlèvement

La suite sera plus compliquée, Aliadière oscille entre banc de touche et réserve et jouera surtout (avec un certain succès) en League Cup. Malgré cela, son contrat sera renouvelé en 2005, mais essentiellement pour deux prêts ratés (Celtic puis West Ham). Il quitte Londres et effectue un passage mitigé à Middlesborough (2007-2010) où il souffre de la concurrence des Mido, Tuncay et Alfonso Alves, puis de l’émergence de Lita. Malgré un temps de jeu substantiel (en 2008-09 notamment), il pèse peu, et marque rarement. Son contrat n’est pas renouvelé, il est aujourd’hui libre et, comble de malheur, il s’est blessé aux ligaments croisés lors d’un essai avec West Ham…
2. Liverpool : Jean-Michel Ferri (1998) – Le signe indien

La surprise est complète quand on apprend qu’il débarque à Liverpool en novembre 98, pour y finir la saison. Il ne jouera en fait que 47 minutes et sera même soupçonné d’être l'indicateur de Gérard Houllier dans le vestiaire. La liste des Français qui ont suivi laissent penser que Ferri a initié un maléfice, puisqu’on en retrouve bon nombre dans les "flops ten" des supporters des Reds: Djimi Traoré, Bruno Cheyrou, Bernard Diomède, Grégory Vignal, Pegguy Arphexad, Charles Itandje…
Mais la preuve la plus effrayante du sortilège reste que le seul Français à avoir réussi sur les rives de la Mersey est finalement Gérard Houllier.
3. Inter Milan : Jérémy Bréchet (2003) – Le noyé

Ce seront en fait ses trois dernières sélections en bleu. La faute à un mauvais conseiller d’orientation. En effet, le jeune Lyonnais rejoint les rangs de l’Inter et se noie dans un effectif boulimique où il subit la concurrence de Zanetti, Materazzi, Coco, Pasquale, Helveg, Cordoba, voire Kily Gonzalez. Il parviendra à jouer 14 bouts de match dans la saison, sans convaincre vraiment en tant que latéral, peu aidé il faut le dire par une blessure à la cheville qui deviendra récurrente. La suite: un passage plus que mitigé par la Real Sociedad (et son infirmerie), et un retour en France par la petite porte à Sochaux en 2006. Il ouvre une parenthèse dans sa vie enchanteresse dans le Doubs avec une année au PSV, où il réalise une saison de très belle facture, mais doit rentrer au bercail pour des problèmes d’acclimatation. Tout récemment, une totale perte de confiance l'a amené à commettre bourde sur bourde.
Espérons qu’il racontera ses mésaventures aux jeunes pousses de Bonal pour leur montrer la voie.
4. FC Barcelone : Philippe Christanval (2001) – Le faux espoir

Un transfert juteux (près de 17 millions d'euros) vers un Barça en quête de rédemption (quatrième de la Liga) montrera néanmoins qu’il s’agissait surtout d’un joueur en surchauffe, et dévoilera ses lacunes au grand jour: lenteur, manque de conviction dans les duels, mental déficient. Sa carrière chute alors vertigineusement: deux saisons dans les rangs de l’OM où ses rares apparitions seront clownesques, puis trois à Fulham où il ne s’imposera jamais non plus. Dans un éclair de lucidité, il décide de raccrocher les crampons à trente ans, et d’ouvrir une bijouterie à Londres.
Il obtiendra cependant la reconnaissance du grand public lorsque les socios barcelonais le titulariseront dans le pire 11 des vingt dernières années. Il y forme une défense centrale en plomb aux côtés d’un certain… Frédéric Déhu.
5. Manchester United : William Prunier (1995) – L’intérimaire

Parmi eux: Manchester United... En effet, après avoir résilié son contrat avec Bordeaux en novembre 95, son ancien copain auxerrois Eric Cantona l’appelle pour venir faire un essai chez les Red Devils. Ferguson n’est pas véritablement convaincu mais, confronté à une cascade de blessures en défense (Bruce, May et Pallister sont sur le flanc, il l’aligne contre QPR aux côtés de Gary Neville. Il réalise une bonne performance (offrant même un but à Andy Cole), puis rejoue dans la foulée à Tottenham où il se rate complètement (défaite 1-4, un but CSC). Malgré cela, de nouvelles blessures (Schmeichel et Irwin) incitent Ferguson à proposer une prolongation au Français… qui la refuse, arguant qu’on n’essaie pas indéfiniment un joueur comme lui. Ferguson goûtera peu cette assurance et remerciera Prunier. Lequel retrouvera immédiatement un club plus conforme à son standing: le FC Copenhague.
6. Juventus Turin : Jocelyn Blanchard (1998) – Le seuil de Peter

Peu lucide sur son niveau, Blanchard se plaint de jouer aussi peu, et demande à être transféré. Pas de problème, le Dunkerquois est renvoyé en France, à Lens, un club plus à sa portée, avant de finir sa carrière en Autriche où il fut un des joueurs-stars du championnat, trouvant enfin la reconnaissance après laquelle il courait.
7. Real Madrid : Julien Faubert (2009) – La tarte merengue

À son retour, il retrouve une place de titulaire, mais son talent n’éblouit pas les suiveurs de Premier League. À une exception près: Juande Ramos, ex-coach de Tottenham, désormais au Real Madrid, qui demande le Hammer en prêt en janvier 2009. La proposition est tellement ubuesque que Faubert est persuadé d’une blague. Une blague, c’est certainement ce qu’ont pensé les supporters madrilènes de lui, quand ils ont découvert celui qu’ils croyaient être le successeur de Zidane (sous prétexte qu’il avait porté le n°10 chez les Bleus). Deux apparitions et une cinquantaine de minutes de jeu, Faubert est la tête de Turc de Bernabeu qui raille notamment son embonpoint (les hinchas le surnomment "le gros"), ainsi que de la presse qui ne manque pas de l’égratigner (on le verra notamment en une de AS, somnolant sur le banc lors d’un match à Villareal).
Aujourd’hui, Faubert sort d’une saison honorable avec West Ham, mais semble bien loin des Bleus, à un poste où la concurrence est pourtant assez faiblarde.
8. Milan AC : Ibrahim Ba (1997) – La mascotte

Au Milan, malgré une première saison honorable (trente matches joués), il ne parvient pas à s’imposer, son profil de feu follet dénotant un peu dans la très disciplinée machine rossonera. Il perd également sa place chez les Bleus où il avait pourtant fait forte impression à ses débuts, avec notamment un splendide but face au Portugal pour sa première cape, et rate donc de peu la Coupe du monde 98. Prêté successivement à Pérouse puis à Marseille, il ne convaincra jamais, il semble même avoir perdu toute explosivité alors même que son jeu était essentiellement basé dessus. À trente ans, il court les contrats, mais ne jouera quasiment plus, que ce soit à Bolton, à Rizespor ou à Djugardens. Las, il prend sa retraite en 2005 à seulement trente-deux ans… pour en sortir en 2007! Car le Milan AC recontacte Ibou pour lui faire signer un inattendu contrat d’une saison. Certains avancent que c’est en souvenir de la gentillesse de l’ailier droit, mais beaucoup évoquent une forme de superstition, en raison de la saison moyenne du club (quatrième en série A). Le Français sera moyennement efficace dans son rôle de gri-gri puisque le club finira cinquième et manquera la Ligue des champions avec un temps de jeu pour Ba de… zéro minutes.
Peu rancunier, le club rossonero l’enrôlera dans la foulée comme recruteur sur la zone Afrique, un poste fantôme qu’il occupe encore aujourd’hui.
9. Valencia CF : Jean-Félix Dorothée – la mort du nourrisson

Mais le joueur tarde à confirmer, et il passera les deux saisons suivantes avec la réserve bretonne. Cela n’effraie pourtant pas le club de Valence qui cherche un successeur à Angloma, tout jeune retraité. Rafa Benitez ne se rendant pas compte du temps qui passe (ou ayant reçu des cassettes du championnat d’Europe antidatées?) enrôle le jeune Rennais en 2002 comme doublure de Curru Torres, avec un contrat de cinq ans à la clé! La carrière de Jean-Félix Dorothée se termine là. Ou quasi. Une petite apparition la première saison, puis une saison complète en réserve l’année suivante, entachée d’une rixe et d’un délit de fuite à la sortie d’une boîte de nuit. Le club souhaite se débarrasser du joueur mais ne trouvera preneur qu’un an et demi plus tard, avec Mouscron. Le latéral y disputera deux saisons et demie pour une quarantaine de matches.
À l’issue de son séjour en Belgique, il arrête le football. Il a vingt-six ans.
10. Bayern Munich : Alou Diarra – la bonne carrière, mais dans le désordre

La suite est plus connue: des prêts successifs au Havre, à Bastia puis à Lens où il sera transféré définitivement et grâce à qui il revêtira le maillot bleu. S’ensuit un transfert à l’OL où il ne remplacera jamais Mahamadou Diarra (barré par l’autre recrue, Toulalan), et enfin son arrivée à Bordeaux où il devient le taulier du milieu girondin et remporte un championnat. Alors, certes, Diarra s’est bien rattrapé de ses passages à vide au Bayern et à Liverpool. Mais on peut imaginer qu’en modifiant ses choix de carrière et en progressant linéairement (Louhans-Lens-Bordeaux-Lyon par exemple), ce serait du milieu munichois qu'il serait le patron aujourd’hui.
Ils ont échappé à la sélection
Milan AC : N'Gotty, Dhorasoo, Vieira, Dugarry
Juventus : Bonnefoy, Henry, Zébina
Inter : Z. Camara
Barça : Déhu, Dugarry, Blanc
Arsenal : Cygan, Garde, Warmuz
ManU : Obertan, Bellion
Chelsea : Charvet, Lambourde
Liverpool : cf. liste dans l'article