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Mourinho Future

"On veut des hommes"... Mercredi soir, un fantasme de puissance s'est réalisé en prime time: l'Inter a douché la grotesque fragilité du Barça. Allelujah.,
Auteur : car'Olic'ba le 30 Avr 2010

 

Ce jeudi 29 avril au matin, les belliqueux jubilent. Mourinho a fait accepter à Eto'o de jouer arrière droit, donc c'est un génie. Evidemment. Espérons qu'il ait bientôt Iniesta sous ses ordres pour le faire jouer stoppeur. Et Hleb demi-défensif. Espérons qu'il arrivera à faire de tous les créatifs de la planète des tâcherons, des maillons, des rouages. Espérons que règne enfin sur le football cette grande homogénéité brutale qu'on a vue déployée à Chelsea puis à l'Inter. Ah oui, vivement que tout cela arrive. Marre de ces mecs qui jouent à la baballe, là, qui ont envie de faire les jolis. On veut des hommes, on veut des fighters. Ça suffit les poètes, les philosophes, les machins, là. "Liquidons l'héritage de mai 68", je veux dire. Entre autres vieilleries embarrassantes.

mourinho_samuel.jpg
Walter Samuel à l'échauffement.

Comme disait Gérard Houllier hier sur le plateau de Canal+: "Les puristes n'ont sans doute pas apprécié, mais quelle efficacité!". Ben attends, bien sûr. Adaptons cette phrase à la politique: Margaret Thatcher, "Les idéalistes n'ont peut-être pas apprécié, mais j'ai redressé le pays!". Ou à la littérature: Dan Brown, "Les intellos me conchient, mais moi je vends des livres". Ou au cinéma: James Cameron, "Je l'emmerde, moi, Godard, moi les gens comprennent mes films". Ben attends. Tranquille. Foot et eau fraîche, rien à foutre. Foot et grosse couche de goudron dans ta gueule, oui.
Et évidemment, remettons en cause le niveau de la Liga, quand on voit jouer le Barça hier. Ben oui, logique. Les matches verrouillés, solides, compacts, bien en place, ça c'est du haut niveau. Le plaisir des matches ouverts, animés, des ambitions offensives, c'est pour les gogos. Le haut niveau c'est le haut niveau de résultats, pas le haut niveau de jeu.

mourinho_banc.jpg
Sur le banc de l'Inter, les remplaçants se tiennent prêt à entrer à tout moment.

Tout se tient. D'ailleurs, il ne faudra pas oublier de décerner le Ballon d'Or à Walter Samuel si l'Argentine gagne la Coupe du monde. Il le mettra à côté des bouts de maillots d'Ibrahimovic et Drogba, comme un guerrier ses scalps. C'est ça, l'image du vrai foot qu'on aime.
Et le petit Napoléon Mourinho, avec ses mimiques et attitudes aigres et condescendantes de président français, pourra enfin être élu à l'UEFA à la place de cette endive de Platini. C'est pas du cynisme, c'est du réalisme. Nuance. Et là on aura peut-être enfin le vrai sport de robots coulissants, bien coulissants, qu'on attend tous, comme en politique, comme partout, ça défend bien, c'est bien planté devant sa maison, devant l'enclos, et ça gicle sous forme de torpille. En avant vers un monde meilleur.

mourinho_briefing.jpgExclusivité: la mise en place tactique de Mourinho avant le match.

Réactions

  • wedr2 le 30/04/2010 à 15h16
    In carolizba I trust.
    Même si j'ai un peu peur de lui.

  • narcoleps le 30/04/2010 à 16h05
    Un peu de mal à cerner la cible du pamphlet. Mourinho et sa philosophie de jeu (de non-jeu, diront certains) ? Ou ceux qui le vantent comme summum de la modernité footballistique ?

    Si ce sont les deuxièmes qui sont visés, rien à redire sur l’article. Pour qui croit en un football d'eau fraiche, entendre érigé en modèle à suivre un type imbuvable qui parvient annihiler toute créativité offensive chez ses joueurs pour les transformer en robots interchangeables et les faire « coulisser » avec une perfection qui ferait sangloter de joie n’importe quel maréchal d’armée, c'est en effet insupportable (la vignette sur les remplaçants est très bien trouvée). La description est caricaturale, et fait peu de cas de l'intelligence déployée par les intéristes, difficile toutefois de ne pas la partager, au moins en partie, au vu du match de mercredi.

    Ceci dit, la majorité des réactions que j'ai lues ou entendues était loin de glorifier le coach de l’Inter. Pas d’admiration sans borne, plutôt du respect pour le travail accompli. Genre « Ouais, pas mal, ce n’était pas l’extase, mais c’était bien foutu, ça aurait pu foirer, ça a tenu, tant mieux pour lui. » Et justement, si l’article vise Mourinho et ses choix, là, je le trouve plus discutable. Mourinho n’a pas de comptes à rendre aux spectateurs, ni à des électeurs, ni ne tient la vie d’hommes entre ses mains, ni n’impose de regarder son équipe jouer, ni qu’on la prenne en modèle. Son trip à lui, c’est de gagner, point barre, et il décide en son âme et conscience de la meilleure tactique pour y parvenir. C’est égoïste, on peut aimer ou pas, mais c’est son problème, et tant mieux pour lui si ses joueurs adhèrent à son plan. La fin justifie les moyens, dans le cadre des règles du jeu, à partir de là, je crois que bon, tout est permis*, à l’adversaire d’être plus malin et de trouver une solution (on peut débattre pendant des heures sur les gains de temps, simulations, tirages de maillots, etc. Il y a un arbitre sur le terrain, à lui de prendre ses responsabilités, parfois au péril de sa vie, et le comportement de Mourinho à cet égard m’insupporte bien davantage que sa conception du jeu. Qu’est-ce que j’aurais voulu que César se prenne une deuxième jaune et que Lucio se voie accorder un penalty contre lui pour l’ensemble de son œuvre).

    * On parle de foot, hein. Pas la peine de venir avec une série d’exemples montrant combien invivable serait le monde si chacun appliquait à la lettre cette ligne de conduite dans la vie de tous les jours.

  • Sir Sourire le 30/04/2010 à 16h11
    * On parle de foot, hein. Pas la peine de venir avec une série d’exemples montrant combien invivable serait le monde si chacun appliquait à la lettre cette ligne de conduite dans la vie de tous les jours.
    ----

    Justement, si ce n'est que du foot, si tout cela est finalement si futile et léger, pourquoi accepter que la fin justifie les moyens ? Pourquoi ne pas prendre de risques ? Ils sont de toute manière bien maigres, puisque, après tout, ce n'est que du foot. Non ?





  • M.Meuble le 30/04/2010 à 16h17
    AFP - Transfert - Du lourd chez les CdF

    Pierre Menes vient de parapher le contrat qui le lie désormais aux CdF. La star de Yahoo!, Canal Plus se pose désormais en leader de la plume acide des CdF. "J'avais besoin de retrouver ma liberté de ton" déclare le facétieux rémois.
    Du coté des CdF, on se défend d'avoir fait un coup marketing. "Certes, Pierrot ne correspondait pas a la base aux valeurs défendues par les CdF, mais nous sommes dans une situation ou il fallait tabler sur le long terme. Pierrot nous a fait cassé notre tirelire, mais a terme il va attirer le flot de lecteur Yahoo et faire grimper les recettes publicitaires"

    A noter que le site devrait, pour faire face a l'arrivée massive des Kevin1989, se doter d'un nouveau forum, autorisant les smileys, les lol, les images incrustés et meme les smileys qui montrent leur cul.

  • Attilio le 30/04/2010 à 16h37
    Hin hin.
    Carolizba qui se met à faire des calembours.
    Tel le premier Jeanroucas venu.

    Très drôle.

  • narcoleps le 30/04/2010 à 16h46
    Sir Sourire
    vendredi 30 avril 2010 - 16h11

    Je n’ai pas dit que le foot était léger et futile. L’industrie du foot n’est pas légère et futile, et certainement pas pour ses acteurs les plus en vue. Il n’y a qu’à voir les sommes brassées et la puissance des égos qui y participent. La remarque visait à souligner que le « tout est permis » s’entendait dans le cadre strict d’un terrain de football, c’est-à-dire dans un domaine où des adversaires ont décidé de se défier en connaissance de cause, avec des règles définies qu’ils ont acceptés, ce qui est rarement le cas dans la vie de tous les jours.


  • Mandandamadeus le 30/04/2010 à 16h54
    J'apprécie grandement l'article et son acidité.

    Quant à son contenu, je crois effectivement que ce genre de foot reste du foot. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai un aussi grand respect pour la culture tactique de Mourinho que j'ai du mépris pour la qualité humaine du bonhomme.

  • Thibal le 30/04/2010 à 16h55
    M.Meuble
    vendredi 30 avril 2010 - 16h17
    ---------
    Ah non, c'est de la calomnie ! Ménès n'est pas rémois, il est parisien. Comme rémois, il y a Pirès, PDDA et basta.

  • richard le 30/04/2010 à 17h00
    SirSoo> On va revenir sur le thème jeu/sport (voire spectacle/sport) mais la fin ici c'est bien de gagner (dans les règles définies). Le style de jeu que prône Guardiola, c'est pour lui le meilleur moyen de l'emporter. C'est sa conviction, c'est pour ça qu'il ne veut pas que son équipe y déroge mais jamais il ne continuerait dans cette voie s'il pensait que ça le ferait perdre.

    Fustiger les belliqueux simplistes, tous ceux qui n'ont jamais supporté l'amour entourant cette équipe barcelonaise, très bien. N'empêche que voir Mourinho construire sa légende, Zanetti maîtriser le meilleur joueur du monde, Chivu en caricature de brute épaisse, c'est aussi du football et du spectacle. C'est moins radical, peut-être mièvre, mais c'est possible d'aimer ce qu'a fait le Barça (pas spécialement mercredi soir mais depuis plusieurs mois) et d'admirer l'Inter parce que la part du football qu'ils ont représenté, ils l'ont fait parfaitement.

  • BIG le 30/04/2010 à 17h04
    La question c'est peut-être simplement de savoir ce qu'on attend d'un match de football. Est-on réellement en droit d'espérer que se déploie devant nos yeux quelque chose qui se rapproche de l'art, d'une forme de romantisme, de beauté ? Après tout, ça reste un match de football de haut niveau en 2010, avec les enjeux sportifs et financiers que cela implique. Mourinho n'est pas là pour l'art, mais qui est encore là pour ça (à part quelques allumés qui espèrent du foot et de l'eau fraiche) dans le football moderne (et on pourrait étendre ça à la plupart des sports, je crois bien) ? Quel entraineur oserait sacrifier l'efficacité pour le jeu en sachant la défaite inéluctable dans ce cas ? Si le Barça joue un football offensif, c'est parce que c'est le moyen le plus approprié pour eux d'être efficaces. La beauté pour la beauté dans le football, comment y croire encore ?
    C'est un peu déprimant ce que je dis là. Mais j'avais cotysé 0-0 mercredi soir, et je me suis installé dans mon fauteuil comme je me serais assis sur un parpaing pour regarder une bétonnière tourner. Rassurez vous, et c'est bien pour ça que je fréquente les CdF, j'y crois encore, au fond de moi. Doit bien trainer quelques loosers magnifiques qui échangeraient pas le plaisir simple procuré au spectateur pour quelques litres de béton et une coupe.
    Pour finir, des fois j'imagine si on nous remplaçait nos matchs de football par la même chose en totalement factice : 22 mecs sur un terrain, tous acteurs, un scénario d'enfer, des retournements de situation improbables, des gentils et des méchants, 90 minutes de grand spectacle mieux qu'au ciné, du rêve à portée de télé, des parfaits loosers qui jouent bien et qui perdent, ou qui gagnent parfois pour qu'on soit heureux; ce que le catch est à la lutte, mais appliqué au football en gros. Serieux, on trouverait ça honteux, bien pire que ce Barça-Inter, non ?

La revue des Cahiers du football