Le Mexique en 7 lettres
Première partie – M comme milieu, E comme expérience... Commençons la présentation de la sélection mexicaine que l'équipe de France affrontera le 17 juin en Afrique du Sud.
Auteur : Sylvain Dupont
le 19 Avr 2010
2010, année du Mexique. Du fait de la commémoration de la Révolution (1910) et la célébration de l’Indépendance (1810) en septembre, le pays sera à l’honneur dans le monde entier cette année, et les 110 millions de Mexicains de part et d’autre du Río Bravo en profiteront pour exprimer au cours de ces douze mois leur fierté patriotique.
Et quel meilleur prétexte que le Tri, la sélection mexicaine, futur adversaire des Bleus en Afrique du Sud, pour galvaniser les foules et commencer les festivités dès le mois de juin? L’attente, énorme, est telle qu’une première pré-sélection a été annoncée et que tout le pays s’unit pour soutenir au mieux les hommes de Javier Aguirre. À cette occasion, petit tour d’horizon des forces et faiblesses de la sélection mexicaine, sous forme d’abécédaire.
La Tri face à la l'Islande (24 mars, Charlotte, Caroline du Nord - 0-0). Javier Aguirre.
M comme MILIEU
C’est normalement de là que viendra le salut de l’équipe aztèque à la Coupe du monde: depuis la quasi-retraite du buteur historique Jared Borgetti, on cherche un tueur dans la sélection, malgré l’éclosion de Javier "el Chicharito" Hernández (4 buts, 2 passes en 4 apparitions avec le Tri), qui vient de signer à Manchester United.
Il serait toutefois surprenant et périlleux que l’attaque mexicaine repose au mois de juin sur un gamin de vingt-trois ans, qui dispute en outre sa première saison pleine. D’autant qu’on ne peut pas non plus compter sur les autres numéros 9 du groupe, Carlos Vela, Miguel Sabah ou Guillermo Franco, trop inexpérimentés ou irréguliers.
Cette pénurie d’attaquants a été particulièrement criante lors des éliminatoires, au terme desquels le premier Mexicain au classement des buteurs de la zone Concacaf s’est classé… 23e. Classement dominé par le prestigieux attaquant salvadorien Rudis Corrales (8 buts), bien trop fort pour être concurrencé dans cette compétition, malgré l’effort du vieillissant Jared (bientôt 37 ans), qui a fait de son mieux avec 3 buts en 51 minutes de jeu. Le suivent les milieux de terrain plus que trentenaires Cuauhtémoc Blanco, Fernando Arce et Pavel Pardo (3 buts également), les jeunes Guardado (La Corogne) et Vela (Arsenal) obtenant le même total mais en 12 et 16 matches.
Faute de tueur à ce poste-clé habituellement bien pourvu dans la Selección (d’Hugo Sánchez à Borgetti, en passant par Luis García, Ricardo Peláez et Luis Hernández), ce sera donc au milieu de proposer du jeu et des solutions. Reste à déterminer qui accompagnera les indéboulonnables Gerardo Torrado et Andrés Guardado.
Le sélectionneur Javier Aguirre aura le choix entre la jeunesse du blaugrana Jonathan dos Santos, présenté comme le futur Xavi par les toujours très mesurés médias mexicains, ou l’expérience d’Israel Castro, régulièrement appelé pendant les qualifications. Au niveau de la construction du jeu, l’ex-entraîneur de l’Atlético pourra compter sur Giovani dos Santos, le frère de l’autre, qui se refait une (petite) santé du côté de Galatasaray, ou sur Pablo Barrera, milieu explosif qui a toutefois peu de vécu sous le maillot vert... À moins qu’il n’ait encore recours aux services de l’inamovible, et de moins en moins mobile, Cuauhtémoc Blanco, qui a prouvé ces derniers temps qu’il avait du mal à disputer les quatre-vingt-dix minutes de chaque match – ce qui fait de lui, a priori, un remplaçant.
Javier Hernández et Cuauhtémoc Blanco.
E comme EXPERIENCE
Dès sa prise de fonctions, Javier Aguirre avait adopté la stratégie pré-2006 de Domenech, et rappelé les anciens, considérant que les nouvelles stars mexicaines, champions du monde des -17 ans en 2005, avaient montré leurs limites sous le mandat d’Hugo Sánchez. Le bouillant stratège, considérant que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, avait donc rassemblé les morceaux éparpillés un peu partout.
Le hic est qu’il a retrouvé ceux de 2002, lorsqu’il avait emmené le Mexique au Mondial de Corée-Japon, avec l'idée d’appliquer la même recette: c’est ainsi qu’il a convoqué pendant les éliminatoires les fringants Paco Palencia (37 ans) et Braulio Luna (36 ans), écartant tout de même pour différences de vues ou manque de forme le gardien Oswaldo Sánchez (36 ans), ainsi que Pavel Pardo (33 ans) et Jared Borgetti (37 ans) qui figuraient encore dans la sélection il y a peu.
Au fil des matches, certains de ces grognards se sont éliminés eux-mêmes, mais au final, on trouvera sur les pelouses d’Afrique du Sud l’icône du foot mexicain, Cuauhtémoc Blanco (37 ans), dont la première convocation remonte à 1995, l’emblématique gardien de but Oscar "el Conejo" Pérez (37 ans). Pour mener l’attaque, Adolfo Bautista (31 ans), Miguel Sabah (30 ans), ou encore Guillermo Franco (33 ans) sont autant de candidats crédibles.
Les autres cadres du groupe sont aussi en majorité trentenaires, la ligne défensive pouvant être composée, entre autres, de Ricardo Osorio (30 ans), Rafael Márquez (31 ans) et Carlos Salcido (30 ans). Ils devraient avoir devant eux la tour de contrôle et capitaine Gerardo Torrado (31 ans, 120 sélections!). Les jeunes Andrés Guardado et Guillermo Ochoa le gardien, âgés de 24 ans, ayant déjà été convoqués 54 et 63 fois, voici assurément une équipe qui a un vécu et de la bouteille.
Pour compléter ce groupe de pré-retraités, soulignons tout de même – et c’est à mettre au crédit de Javier Aguirre –, qu’une bonne partie de la génération des champions du monde moins de 17 ans de 2005 a été retenue dans la présélection (1), sans doute pour préparer les futures échéances, post-2010. Tous ces joueurs en devenir, dont certains jouent déjà sur le Vieux Continent (Vela, les frères Dos Santos, Héctor Moreno), ainsi que Paul Aguilar, Pablo Barrera et Efrain Juárez, pousseront pendant la préparation pour être titulaires. Mais peu d’entre eux fouleront la pelouse en Afrique du Sud.
Les chances des surprenants Valenzuela, Torres Nilo et Aldrete, retenus dans la présélection, sont encore moindre. Il s'effaceront sûrement au profit des joueurs européens qui arriveront en mai, mais on les reverra avec un peu de chance en 2014, alors âgés de 26 ans, formant l’ossature de la sélection, et dotés de l’expérience requise.
(1) Le 30 mars, le sélectionneur Javier Aguirre a présenté une liste de dix-sept joueurs évoluant dans le championnat mexicain, qui participeront à toute la préparation. Les rejoindront à la fin de leur saison les footballeurs évoluant en Europe, vraisemblablement au nombre de huit. Ce sont donc au moins deux joueurs qui quitteront le groupe à ce moment-là.
La sélection actuelle: Guillermo Ochoa (G) et Juan Carlos Valenzuela (CLUB AMÉRICA), Luis Michel (G), Jonny Magallón, Adolfo Bautista, Alberto Medina, Javier Hernández (CHIVAS), Oscar Pérez (G) (JAGUARES), Efraín Juárez, Israel Castro et Pablo Barrera (PUMAS), Adrián Aldrete et Miguel Sabah (Morelia), Paul Aguilar (PACHUCA), Jorge Torres Nilo (ATLAS), Gerardo Torrado (CRUZ AZUL), Cuauhtémoc Blanco (VERACRUZ).
> Le Mexique en 7 lettres, deuxième partie : X comme Dix, I comme indiscipline, Q comme qualifications
> Le Mexique en 7 lettres, troisième partie : U comme Union sacrée, E comme Entraîneurs