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Le miracle de Berne

L'incroyable finale de la Coupe du monde 1954 marque la renaissance d'une Allemagne qui a étroitement lié son destin à celui de son équipe nationale...
Auteur : Brice Tollemer et Jérôme Latta le 19 Jan 2010

 

Juin 1954. Tandis que l’Europe se reconstruit lentement, la cinquième Coupe du monde de football, la deuxième depuis la fin de la guerre, se déroule en Suisse. Seize pays y participent, et pour la première fois, elle sera retransmise à la télévision. C’est en effet le 6 juin, dix jours avant le début de la compétition, qu’Eurovision – accord d’échanges internationaux de programmes – est mis sur pied.
Interdite de compétition jusqu'en 1950, absente de la précédente compétition au Brésil, la sélection de la jeune République fédérale d’Allemagne est composée d'amateurs – puisque la Bundesliga n'existe pas encore –, et aligne les performances très quelconques.


"Onze amis"
Mais Josef Herberger, ancien entraîneur de l'équipe du Reich, amateur de chansons populaires et grand meneur d'hommes, dirige une équipe totalement acquise à sa cause, comportant bon nombre de soldats ou d'anciens soldats – aptes à supporter ses préceptes très militaires. Lui seul croit en l'étoile de la Mannschaft, au point qu'il doit convaincre le capitaine Fritz Walter (trente-trois ans, ancien prisonnier de guerre pendant six mois en Union soviétique), d'être de l'aventure en dépit de sa lassitude.

L'optimisme est d'autant moins de mise que l'Allemagne tombe dans le groupe d'une Hongrie au sommet de son art, qui vient d'atomiser l'Angleterre à Wembley puis à Budapest. Après une nette victoire contre la Turquie, Herberger prend une option stratégique risquée : avec l'aval de sa fédération, il aligne une équipe B contre les "magiques Magyars", qui se fait étriller 8-3. À la bronca du stade succèdent les lettres d'insultes des supporters allemands, qui s'estiment trahis. Herberger s'en sert pour souder son collectif, lui demandant d'être comme "11 Freunde" (onze amis) sur le terrain. Le 7-2 du match d'appui contre la Turquie les envoie en quarts.

wunder_bern_1.jpg


Le Brésil décime la Hongrie
Le chef fait preuve de psychologie : le brillant attaquant Helmut Rahn, coupable d'une beuverie, échappe à sa vindicte et est titularisé contre la Yougoslavie. Les Blancs défendent un mince avantage acquis très vite, avant que... Rahn ne double la mise en fin de match.La sélection germanique passe pour excessivement rugueuse, mais c'est le quart de finale Hongrie-Brésil qui se transforme en combat de rue, avec un nombre record de brutalités et une bagarre poursuivie jusque dans les vestiaires. Diminués, les Hongrois ne s'imposent ensuite face à l'Uruguay qu'au terme de la prolongation de la demi-finale. Pendant ce temps, l'autre futur finaliste domine l'Autriche en affichant une condition physique et une maîtrise collective impressionnantes (6-1).

Il en faudrait toutefois plus pour amoindrir le statut de favori des artistes hongrois, que personne n'imagine perdre devant les frustres Allemands. Ceux-ci se voient pourtant un destin. "On avait commencé à penser à ce que cela ferait d'être vraiment champions du monde. C'est une idée avec laquelle nous nous sommes d'ailleurs très bien endormis", dira plus tard l'ailier Horst Eckel, alors benjamin de la troupe avec ses vingt-deux ans (1).


wunder_bern_2.jpgVictoire sous l'averse
Ce 4 juillet 1954, la pluie drue qui tombe sur le Wankdorf Stadion de Berne vient favoriser les plans des Allemands, qui espéraient un terrain lourd. Le futur fondateur d'Adidas, Adi Dassler, est alors le spécialiste chaussures de l'équipe et lui fait bénéficier de crampons vissés – donc interchangeables et adaptables. Les deux buts inscrits d'entrée de jeu par Puskas et Czibor semblent cependant mettre un terme à tout espoir, mais l'égalisation survient rapidement par Morlock (10e) et Rahn (18e). Le fantasque gardien Toni Turek commence alors une longue série de parades – quand ce n'est pas le poteau qui le supplée.

L'égalité à la pause confirme que le doute est passé dans le camp hongrois. Résistant encore avec acharnement, les Blancs attendent la 84e minute pour prendre l'avantage grâce à un numéro de soliste de Rahn à l'entrée de la surface. Un but refusé à Puskas pour un hors-jeu contesté n'inversera pas le cours de l'histoire: le "Miracle de Bern" est né et l'hystérie collective s'empare du pays, qui réservera un accueil triomphal à ses héros dans les rues de Munich.


Allemagne, année 1
La victoire, inattendue, est en effet riche de symboles. "Après ce titre, on pouvait à nouveau se déclarer allemand, résume Laurent Tissot, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Neuchâtel-Fribourg. Pour la population, le fait d’être à nouveau reconnu comme une nation est un formidable message d’espoir pour l’avenir". Edmund Stoiber (ministre-président de Bavière) affirme aujourd'hui que "ce n'était pas seulement un match de foot, mais en quelque sorte un acte fondateur pour l'Allemagne".

Les vainqueurs ne reçoivent qu'un scooter et un poste de télévision pour leur victoire, mais la starification est foudroyante. Certains n'y résisteront pas, à l'image de Rahn, Walter ou Kohlmayer, qui verseront dans l'alcoolisme. La polémique les rattrapera également très vite: quelques mois après Bern, une étrange épidémie d'hépatite frappe les joueurs – du moins ceux qui acceptaient les mystérieuses injections du Dr Logen. Plusieurs suivront des cures tout au long de leur vie, Richard Herrmann mourra à trente-neuf ans d'une cirrhose mal expliquée...  Sans que la version officielle des injections de vitamines ne varie.

Mais le mythe a survécu, ravivé par le film de Sönke Wortmann, Le miracle de Berne, qui a battu des records d'entrées dans l'Allemagne de 2003. Entre-temps, le pays avait remporté "sa" Coupe du monde 1974, au moment où il était redevenu une grande puissance économique, puis celle de 1990, qui coïncida avec la réunification. Aujourd'hui, il peine à sortir d'une crise durable qui résulte pour partie de cette réunification, et sur le plan du football, la sélection n'a plus "gagné à la fin" depuis longtemps. À l'occasion du Mondial 2006, une exposition s'était tenue à la Chancellerie (2): son titre – "Football et histoire contemporaine, de Bern 1954 à Berlin 2006" – indiquait à quel point il s'agissait de faire encore le trait d'union entre l'année du miracle et aujourd'hui...


(0) Article initialement paru dans le #26 des Cahiers du football (juin 2006).
(1) Citation extraite du documentaire de Guido Knopp et Sebastian Dehnhardt Das Wunder von Bern, die wahre Geschichte, 2004.
(2) "Football et histoire contemporaine, de Bern 1954 à Berlin 2006"

Réactions

  • chapoto le 20/01/2010 à 02h16
    Je suis nul en allemand, mais je pense avoir compris le titre de l'article lie. Ce titre semble expliquer les performances ventremollistes du fantome.

  • Toni Turek le 20/01/2010 à 02h45
    Tout à fait ça, oui !

  • Tonton Danijel le 20/01/2010 à 23h14
    Bon ben de retour d'un déplacement, 3 nouveaux articles à lire... Mais comme lien, je comprends enfin d'où vient le pseudo de Toni!

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