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La vidéo, évite

L'Équipe lance sa croisade pour l'arbitrage vidéo en proposant un système à appliquer... dès la Coupe du monde. Encore un grand moment de journalisme démago-magique.
Auteur : Jérôme Latta (avec Nico Paul) le 5 Dec 2009

 

Le "débat" sur l'arbitrage vidéo ne peut exister vraiment que dans le sillage d'erreurs arbitrales spectaculaires, afin de surfer sur l'indignation dans une mer d'évidences. Jeudi, le quotidien sportif s'offre en une un titre définitif qui en dit paradoxalement long sur sa volonté d'assurer avec pondération un débat contradictoire. "La vidéo, vite!" Un écho au "Et la vidéo, alors?" de jadis.

lequipe_video_vite.jpgDouble salto
L'édito, intitulé "Évidence", saisit le lecteur au niveau du néocortex pour juguler toute envie de discuter. Vante-t-on assez les délices de l'unanimité? Gérard Ejnès, fait donner l'artillerie lourde: "L'enquête sur Thierry Henry diligentée par la FIFA (...) est un monde à l'envers. Car ce serait plutôt à Thierry Henry, lesté aujourd'hui d'un chapeau beaucoup trop grand pour lui, de porter plainte contre la FIFA pour non-assistance à footballeur en danger" (1). Cette métamorphose de l'auteur d'une tricherie en victime d'une injustice annonce assez bien le caractère magique de certains arguments. D'ailleurs, autre amateur de saltos, Frédéric Thiriez est interviewé comme il se doit, avec sa fabuleuse Thirieztorique™.

Mais attention, notre institution médiatique enfile là son costume citoyen et, pour la première fois, avance des mesures concrètes. Peu importe la prétention farfelue de les mettre en œuvre "dès le coup d'envoi de la Coupe du monde 2010", peu importe que ce soit sous le titre hypocrite "Aidons les arbitres [que nous ne cessons de descendre]" et sous l'appellation pudique "d'assistance par la vidéo", l'événement est de taille. Va-t-on enfin aborder concrètement les modalités d'application de cette solution miracle?


Allégeance
Avant cela, l'introduction du dossier a des accents de capitulation: "À partir du moment, déjà ancien, où les enjeux économiques ont pris le pas sur le jeu, les décisions des arbitres ont entrainé de telles répercussions que l'erreur est devenu inacceptable". On se demande bien au nom de quoi des journalistes se placent ainsi du côté des "enjeux économiques" et acceptent avec un tel fatalisme la suprématie de ceux-ci sur le jeu. L'allégeance ne s'arrête pas là: "Surtout sous le regard inquisiteur de la télévision, érigée en juge de paix officieux du jeu". Nouvelle interrogation: mais pourquoi diable la presse écrite prend-elle aussi docilement le parti de la télévision? Pourquoi Régis Testelin et Vincent Duluc devraient-ils s'incliner devant Olivier Rouyer et David Berger? Le journal nous laisse sans réponse sur sa troublante vassalisation.

Outre ces "enjeux", on retrouve le catalogue des arguments habituels, dont la minceur n'est jamais interrogée. Ça marche merveilleusement bien dans d'autres sports. Ça n'arrêtera le jeu que quelques secondes. On peut limiter les interventions de la vidéo à des situations précises. La technologie c'est moderne. Tout le monde est pour. Etc.


lequipe_video_vite_2.jpgAngle mort
Les propositions ont le mérite et les travers de la simplicité puisque qu'elles tiennent en quelques lignes. Leurs auteurs pensent peut-être que, "volontairement limitées dans leur ampleur", elles seront applicables... Passons sur la première, qui agite le leurre de la vérification de franchissement de la ligne de but par le ballon: personne ne conteste l'intérêt d'un système instantané et suffisamment fiable (2). Les deuxième et troisième propositions obéissent à la vision binaire qui croit pouvoir toujours séparer les "faute" des "pas faute" et les "dans la surface" des "pas dans la surface". Elles occultent évidemment le problème insoluble des actions difficiles ou impossibles à juger (3). En de tels cas, remarquablement fréquents, comment ignorer que les décisions prises à froid, comme à pile ou face, provoqueront des incompréhensions encore plus vives et accentueront les soupçons? Nulle part cette question cardinale n'est abordée dans le journal.

Enfin, l'accès "illimité" aux images mais restreint aux quatre arbitres constitue un système qui en vaudrait un autre s'il fallait en arriver là (4). Mais à part pour dire que "tous les moyens sont là" et faute d'exemples concrets, on n'en saura pas plus sur la façon dont la vidéo interviendrait tout au long d'une rencontre. Rien sur la probabilité que les limitations prévues susciteront de nouveaux sentiments d'injustice et établiront la difficulté d'empêcher la prolifération des recours aux images, dans des périmètres étendus. Rien non plus sur les cas de figure qui rendraient inextricable le choix du moment de l'interruption et de la reprise du jeu (lire plus bas "Espagne-Corée, revu et corrigé"). Aucun risque, aucune dérive, aucun effet pervers potentiels ne sont évoqués.

lequipe_video_vite_3.jpg

La preuve par cinq
La contradiction est vite réglée, moyennant la concession d'une courte interview de notre camarade Jacques Blociszewski, dont les remarques sont royalement ignorées dans le reste du dossier. Les doutes de Joël Quiniou – un garçon dont l'audace n'est pourtant pas sans évoquer la carrière politique de Pierre Méhaignerie – ne seront pas plus retenus.

La disqualification de l'arbitrage à cinq est tout aussi expéditive, au motif – vous ne rêvez pas – qu'il n'est "pas infaillible" (la preuve, il y a eu une erreur lors de Lille-Genoa). En filigrane, voilà bien la croyance implicite que la vidéo révèlerait au contraire une vérité transcendante et qu'elle annihilerait les injustices sans effets secondaires. On a le sentiment que l'hostilité latente à l'encontre du "multi-arbitrage" est nourrie par la crainte qu'il rende caducs la plupart des cas trop simples qui excitent régulièrement l'hystérie vidéophile.
Et si ça ne suffit pas, l'argument d'autorité est fourni par les "propos définitifs" d'Adil Rami: "Qu'ils arrêtent leurs conneries! Cinq sur le terrain, c'est cinq fois plus d'erreurs". Cinq fois plus à cinq qu'à trois, on peut calculer le coefficient multiplicateur appliqué aux erreurs arbitrales...

La mise en scène spectaculaire de cette démarche cache en réalité les trous béants laissés par les solutions proposées, dont les impasses méthodologiques et les conséquences sur le jeu sont totalement occultées. Le débat sur l'arbitrage vidéo n'a toujours pas eu lieu, la démagogie occupant le terrain. Et il reste toujours aussi difficile de comprendre pourquoi deux objectifs pourtant évidents sont à ce point méprisés: 1. Améliorer l'arbitrage lui-même pour réduire le nombre des erreurs. 2. Accepter le principe même de l'arbitrage, fait d'interprétations, toujours, et d'erreurs, parfois.


NDLR : beaucoup d'arguments faisant défaut dans cet article, nous renvoyons à notre dossier Les règles et l'arbitrage.

(1) Voilà qui rappelle le fameux "Les arbitres sont les principaux responsables des erreurs des joueurs" de Denis Balbir.
(2) Les tests techniques effectués sous l'égide de la FIFA n'avaient pas été jugés concluants, mais la solution n'est pas exclue à l'avenir. Les partisans de la vidéo amalgament souvent "la vidéo" à cette solution particulière, de peu d'effet sur le jeu. Ainsi, L'Équipe classe Gérard Houllier parmi les "pour" alors qu'il s'est simplement dit "favorable à une technologie permettant de savoir si un ballon a franchi ou non la ligne de but".
(3) Il est toujours question des erreurs d'arbitrage indiscutables comme la main d'Henry, jamais des situations indécidables comme l'accrochage entre Given et Anelka lors du même match (lire "France-Irlande: un cas d'école"), que devraient aussi juger les arbitres vidéo.
(4) Il présenterait l'intérêt tout relatif d'éviter les biais du "coaching vidéo" qu'impliquerait la possibilité pour les entraîneurs d'utiliser un nombre limité de recours. Mais il ouvre la porte à un nombre considérable d'arrêts de jeu.



Espagne-Corée, revu et corrigé
Nos journalistes en croisade se payent le luxe de lister des faits de jeu et de donner des exemples dont beaucoup se retourneraient contre eux s'ils étaient examinés de plus près. Ainsi, la une du journal évoque-t-elle quatre grands scandales que le recours à la vidéo aurait pu résoudre: la main d'Henry, celle de Maradona, Angleterre-Allemagne 66 et Espagne-Corée 2002. Problème: dans ce dernier cas, l'erreur d'arbitrage résultait du fait que l'arbitre assistant avait signalé à tort une sortie de balle juste avant le but espagnol... sachant que la balle n'était pas entrée dans la surface (voir la vidéo en bas de page, vers 2'25"), les règles proposées par L'Équipe n'auraient pas pu s'appliquer.

Cet exemple, auquel on trouvera d'innombrables petits frères, confirme que l'instauration de la vidéo dans certains cas appellera nécessairement, à un moment ou un autre, son extension à de nouveaux cas initialement écartés. Comme le fait aussi remarquer Jacques Blociszewski, qui "conteste la discrimination consistant à n'évoquer que les fautes dans la surface de réparation", "il y a aussi des fautes importantes, lourdes de conséquences, hors de la surface. À quel titre laisserait-on celles-là de côté?" Et en effet, on imagine mal qu'avec leurs appels pour éradiquer les injustices, les pro-vidéo s'accommodent de cette nouvelle et fragrante inégalité de traitement. Ou qu'ils laissent longtemps le hors-jeu au jugement des assistants quand le si génial "révélateur" met la vérité centimétrique à portée d'écran des fidèles (lire "Le révélateur au placard"). L'arbitrage vidéo est condamné à tomber dans son propre piège, tant ses premières applications en appelleraient immanquablement d'autres.

Réactions

  • In Gone We Trust le 05/12/2009 à 11h21
    Bon allez, je vais y aller de la défense des CdF, puisque cet article semble une nouvelle fois ne pas faire l'unanimité.

    Je crois que ce qu'il y a le plus à craindre, c'est un emballement de la machine : on instaure la vidéo pour tel ou tel fait de jeu, et on constate les disparités avec d'autres situations qui ont les mêmes conséquences (pourquoi n'utiliser la vidéo que dans la surface, quand un coup franc au 25m sur une simulation amène un danger plus grand que le mec esseulé dans la surface, dos au but avec 3 défenseurs sur le paletot ?).
    Résultat : on étend la vidéo à ces cas là. Puis la vidéo pour les touches. And so on and so on...
    S'ensuivrait aussi le droit à l'erreur des arbitres qui diminuerait grandement : sur une action comme celle d'Anelka pendant France Irlande, on peut laisser à l'arbitre une marge d'appréciation plus large, puisque "en direct, à vitesse réel et à chaud c'est plus dure à juger". Or avec la vidéo, tout le monde aurait les mêmes images, et tout le monde tomberait sur l'arbitre, soit en considérant qu'il a tord, soit qu'il a raison, mais dans aucun des cas qu'il n'avait le "droit" de se tromper.

    Et c'est à mon avis là le plus gros danger de l'arbitrage vidéo : céder devant la facilité des solutions apportées, ce qui enlèverait une partie d'aléatoire des décisions arbitrales. L'arbitrage deviendrait contrôle, et les arbitres ne seraient plus là que pour entériner des décisions que tout le monde prendrait avec eux, tout le monde étant dans la même situation qu'eux.
    L'arbitre est sur le terrain, au même niveau que les joueurs. Il me semble que pour ce qui est de juger et d'apprécier les décisions à prendre concernant des faits de jeu, il est, et sera toujours, le mieux placé. Lui et ses 4 assistants.
    En revanche, toute tricherie, violence, acte d'anti jeu doit être sanctionné a posteriori par une commission quelconque (non ne cherchez pas, elle n'a pas encore été créée). Les erreurs d'arbitrage FONT partie du jeu. Pas ces actes de tricherie.
    Une telle sanction ramènerait plus de respect des joueurs (en pro ou en amateur), non pas envers les arbitres (le mal est déjà profond), mais tout d'abord envers les règles du jeu.

    Utiliser la vidéo, ce n'est pas renforcer l'arbitrage, mais le fragiliser. Ces dernières années, la critique du corps arbitral est devenue la norme. Quand c'était devant sa télé, ou au bistrot, ça allait. Mais désormais, on la retrouve aussi virulente dans les journaux ou à la télé. Comment voulez-vous alors que l'arbitre soit respecté et écouté dans ses décisions ?
    La vidéo est possible au rugby, notamment parce que le jeu porte plus à de multiples arrêts. Mais surtout, regardez les joueurs quand l'arbitre siffle un en-avant sur une action en mode "partouze à 15" : c'est super litigieux, donc sujet à contestation, et AUCUN joueur ne viendra contester la plupart du temps. Tout simplement parce qu'on respecte l'arbitre.
    Au foot, on voit des joueurs qui avancent vers l'arbitre, l'air menaçant, l'obligeant à reculer. Vous faites ça au rugby, vous finissez pas le match.

    Lancer un tel débat en ce moment, c'est très opportun de la part de l'Equipe : main d'Henry, vindicte habituelle et populaire des arbitres, consensus ou presque des médias influents à ce sujet...
    J'ai peur qu'une brèche s'ouvre pour laisser entrer la vidéo. Et si c'est le cas, je sens que le débat dans 10 ou 20 ans sera "Le foot est un sport qui se joue à 11 contre 11, alors sortons les arbitres du terrain".

    Je sais mon post un peu décousu, je laisse les débats qui suivront l'affiner d'eux mêmes.

  • Di Meco le 05/12/2009 à 11h32
    L'article est très intéressant dans l'ensemble et bien argumenté, mais je ne suis pas d'accord avec l'analyse de l'influence qu'aurait ou avoir l'assistance vidéo sur l'action du match Espagne - Corée.

    Cas 1 : L'arbitre de touche lève son drapeau, l'arbitre le suit. Pas de changement.

    Cas 2 : L'arbitre de touche lève son drapeau, l'arbitre ne le suit pas car il sait que la vidéo lui permettra de vérifier s'il y a touche. But. Le but est validé puisqu'il n'y a pas touche. Que ce soit dans la surface ou en dehors.

    Reste donc à trouver les innombrables petits frères...

    Par ailleurs, affirmer que "l'instauration de la vidéo dans certains cas appellera nécessairement, à un moment ou un autre, son extension à de nouveaux cas initialement écartés." me semble pour le moins péremptoire. Soit on est dans une forme de résignation à un "sens de l'histoire" qui rend d'ores et déjà inutile de s'opposer à la vidéo (tout a commencé le jour où on a décidé de filmer les matches), soit il faudra m'expliquer pourquoi les responsables de la FIFA et de l'UEFA, qui rechignent à autoriser l'utilisation de la vidéo, permettront n'importe quelle évolution une fois le premier pas franchi.

    Je suis par contre d'accord avec l'idée d'améliorer l'application de l'arbitrage avant d'avoir recours avec l'assistance vidéo; mais il me semble que les efforts faits dans ce sens ne sont pas assez convaincants. J'aimerais bien, par exemple qu'on favorise un recours au coup-franc indirect dans la surface de réparation, qui offrirait aux arbitres un compromis dans le cas d'action litigieuses (mains pas forcément volontaires, légers accrochages...).

  • Di Meco le 05/12/2009 à 11h40
    In Gone We Trust
    samedi 5 décembre 2009 - 11h21

    Je ne pense pas que la situation des arbitres empirerait avec la vidéo, tant ils sont déjà contestés et peu respectés. Au contraire, une partie des reproches leur serait probablement épargnée, puisqu'on leur reproche souvent de ne pas avoir vu l'action.

  • emink le 05/12/2009 à 11h49
    In Gone We Trust
    samedi 5 décembre 2009 - 11h21
    >>Bon allez, je vais y aller de la défense des CdF, puisque cet article semble une nouvelle fois ne pas faire l'unanimité.
    -----
    Euh... je n'avais pas le sentiment d'attaquer les CdF, en me déclarant pas automatiquement hostile à la vidéo.


    >>Utiliser la vidéo, ce n'est pas renforcer l'arbitrage, mais le fragiliser. Ces dernières années, la critique du corps arbitral est devenue la norme. Quand c'était devant sa télé, ou au bistrot, ça allait. Mais désormais, on la retrouve aussi virulente dans les journaux ou à la télé. Comment voulez-vous alors que l'arbitre soit respecté et écouté dans ses décisions ?
    -----
    C'est je crois le fond du débat. La vidéo n'est qu'un aspect du débat sur l'arbitrage. Je persiste : aujourd'hui il y a des situations où le seul qui ne sache pas ce qui s'est passé, c'est l'arbitre. Et je ne peux pas me satisfaire de ça (un peu comme si le seul qui ne sache pas qui est le voleur est le policier, ou le juge, alors qu'il y a des centaines de témoin). Mais je reconnais que la seule vidéo n'est pas la réponse idéale, parce qu'on lui prête des vertus qu'elle n'a pas (sans déraper, c'est un peu la même chose quand on parle de vidéosurveillance).


    >>La vidéo est possible au rugby, notamment parce que le jeu porte plus à de multiples arrêts. Mais surtout, regardez les joueurs quand l'arbitre siffle un en-avant sur une action en mode "partouze à 15" : c'est super litigieux, donc sujet à contestation, et AUCUN joueur ne viendra contester la plupart du temps. Tout simplement parce qu'on respecte l'arbitre.
    Au foot, on voit des joueurs qui avancent vers l'arbitre, l'air menaçant, l'obligeant à reculer. Vous faites ça au rugby, vous finissez pas le match.
    -----
    Si je te lis bien (comme dirait Kadhafi), on ne peut pas utiliser la vidéo au foot, parce que les joueurs se comportent comme des voyous? Je pense qu'on devrait exactement comme dans n'importe quel autre sport, sanctionner toute attitude irrespectueuse de l'arbitre. Ce qui n'a, à mon avis, aucun rapport avec la vidéo. Et reste à définir le contexte dans laquelle cette vidéo pourrait être utilisée (comme au rugby, donc).


    Ensuite, je suis sensible à tes arguments sur le juge et parti (la télé qui se pose en justicier). Et je reste sensible à la dimension humaine de l'arbitrage, que je défends par principe. Ceci dit, le foot est malade de sa popularité, et donc des enjeux politiques, économiques. On ne peut rien faire dans le foot qui ne soit immédiatement hors-champs du sport lui-même.


  • Troglodyt le 05/12/2009 à 11h53
    Un autre problème est que la tournure du débat sur la vidéo prend une forme qui lui ôte toute la sérénité et le recul que mériterait ce débat.

    Clairement, l'enjeu des prochaines élections FIFA par exemple, ce va être cela en partie (et tant pis pour le dopage et la traite des joueurs).
    La finale du vote, ça va être un "j'instaure la vidéo" contre un "je fais autre chose" (voire "je ne fais rien").
    En soi, c'est un programme. Le problème est que les 2 opposants, sans doute relativement convaincus par leurs idées, ne les avancerons néanmoins pas par conviction "idéologique", mais à titre d'argument électoral.
    Si bien que M. pro-vidéo (ou M. anti-vidéo), une foi élu, sera prisonnier de son programme: j'ai été élu pour faire cela, je dois donc le faire. Et au plus vite dès que le temps qui passe lui sera reproché.
    Ainsi, la décision (d'instaurer ou non) sera prise en faisant l'économie de toute la réflexion qui pourrait enrichir le débat et aboutir à une solution qui réponde à autre chose qu'à la précipitation.

  • In Gone We Trust le 05/12/2009 à 12h21
    Di Meco
    samedi 5 décembre 2009 - 11h40
    Je ne pense pas que la situation des arbitres empirerait avec la vidéo, tant ils sont déjà contestés et peu respectés. Au contraire, une partie des reproches leur serait probablement épargnée, puisqu'on leur reproche souvent de ne pas avoir vu l'action.
    ------------
    C'est là où à mon sens, est le problème, justement : jusqu'à maintenant, on leur reproche de ne pas avoir vu l'action. Avec la vidéo, on leur reprocherait de mal l'avoir interprétée. On passerait de "en direct, ça va très vite, et l'arbitre était loin de l'action" à "Mais comment peut-on prendre une telle décision avec ces images d'une faute incontestable ?!". Je pense que ça envenimerait plus le débat qu'autre chose, puisqu'on passerait encore plus de temps à repasser les ralentis, sachant que c'est là dessus que s'est fondé l'arbitre pour juger l'action.
    Deux autres points :
    - je rêve qu'un jour, les commentateurs prennent le risquent de juger l'action en même temps que l'arbitre, avant de voir tout ralenti.
    "Aaaah ? Je dirais penalty là ! Ça me semblait évident ! Voyons le ralenti... Ah non en effet, le joueur tombe tout seul, bien arbitré, parce qu'à vitesse réelle on se laissait facilement prendre."
    La critique serait peut-être moins facile.
    - je précise qu'en aucun cas je ne suis contre la vidéo pour permettre aux arbitres de "garder une excuse sous le coude". Mais à mon sens, j'ai une idée de l'arbitrage incompatible avec l'utilisation de la vidéo.



    emink
    samedi 5 décembre 2009 - 11h49
    Euh... je n'avais pas le sentiment d'attaquer les CdF, en me déclarant pas automatiquement hostile à la vidéo.
    -----------------
    Je me suis mal exprimé. Disons que je souhaitais simplement prendre la défense du point de vue des Cahiers, et pas m'opposer purement et simplement à votre point de vue, qui n'est pas, par ailleurs, aussi tranché.

    >>Je persiste : aujourd'hui il y a des situations où le seul qui ne sache pas ce qui s'est passé, c'est l'arbitre.
    -----------------
    D'où à mon sens la nécessité de sanctionner a posteriori : la violation de la norme ne doit pas rester impunie, même si elle n'entraine pas de conséquences sur le jeu : on peut admettre l'erreur de l'arbitre tout en sanctionnant les tricheries éhontées des joueurs. Du même coup, on redorerait l'institution de l'arbitrage tout en sanctionnant les tricheurs.
    C'est à mon sens l'essentiel dans tout sport : le respect de l'arbitre, et le respect du jeu. Et j'ai bien peut qu'on soit en train de perdre les deux.

    >> Si je te lis bien (comme dirait Kadhafi), on ne peut pas utiliser la vidéo au foot, parce que les joueurs se comportent comme des voyous?
    -----------------
    Voilà une autre chose que je redoute : nous sommes dans un contexte où clairement, les footballeurs ne respectent plus l'arbitre.
    En instaurant aujourd'hui la vidéo, on résoudrait peut-être certains problèmes. La conséquence serait un amalgame entre les solutions et les problèmes : les joueurs, le public et les médias auraient l'impression que la vidéo a résolu des problèmes que de toute façon les arbitres n'auraient pas résolu au même. C'est peut-être vrai, mais dangereux.
    Au niveau amateur, où c'est quand même là qu'on trouve le plus le "footballeurs", il ne faut pas l'oublier, que diraient les jeunes à l'encontre de l'arbitre ? "On n'a pas la vidéo, alors on doit se farcir un arbitre et toutes les erreurs qu'il va être amené à commettre". Belle ambiance sur les terrains en perspective.

    Un changement d'arbitrage ne se fait pas du jour au lendemain, ni à la légère. Pour moi, il doit se faire, si il y a lieu, par étape :
    - réinstaurer un respect envers l'arbitrage (sanctions a posteriori des joueurs, voire des journalistes un peu trop "passionnés").
    - essayer l'arbitrage à 5 ET la vidéo pour certaines actions.
    - demander aux arbitres et aux joueurs de donner leur avis, et de choisir, et décider en conséquence.

    La vidéo doit être vue comme une aide pour les arbitres. Aujourd'hui, on la voit plus comme un outil de remplacement, auquel l'avis de l'arbitre serait presque soumis.

  • El mallorquin le 05/12/2009 à 12h26
    Di Meco
    samedi 5 décembre 2009 - 11h32
    L'article est très intéressant dans l'ensemble et bien argumenté, mais je ne suis pas d'accord avec l'analyse de l'influence qu'aurait ou avoir l'assistance vidéo sur l'action du match Espagne - Corée.

    Cas 1 : L'arbitre de touche lève son drapeau, l'arbitre le suit. Pas de changement.

    Cas 2 : L'arbitre de touche lève son drapeau, l'arbitre ne le suit pas car il sait que la vidéo lui permettra de vérifier s'il y a touche. But. Le but est validé puisqu'il n'y a pas touche. Que ce soit dans la surface ou en dehors.


    ___________________

    Ca ne marche pas.

    Car sur le terrain, à mon avis, si l'arbitre lève le drapeau, cela a une influence sur le comportement des joueurs, vidéo ou non. Et tu vas laisser jouer comme ça souvent en te disant que tu peux remonter le temps à la vidéo ?
    T'as lu mon post page d'avant ? C'est ce que je disais. S'il y a vidéo, comment gérer le moment de l'arrêt du jeu ? Je rajoute que sur toutes les actions, il y aura doute. Une faute violente ? Aie, peut-être est-ce une simulation, laissons jouer, on vérifiera après. Sauf que s'il y a faute, ça sert à quoi d'avoir laissé jouer deux minutes ? On revient où sur le terrain et à quel moment après ? On a joué deux minutes piur rien ? Les joueurs se sont fatigués pour ça ? les mi-temps vont durer une heure ?
    Et si l'arbitre siffle et qu'il n'y a pas faute, la vidéo peut effectivement le prouver, mais l'arbitre sera quand même traité d'incompétent, l'erreur d'arbitrage existera encore. Est-ce que cela ne paraîtra pas encore plus scandaleux que l'équipe qui attaquait ait été pénalisée sachant que le recours-vidéo est possible ?

  • El mallorquin le 05/12/2009 à 12h30
    Je rajoute un pluzain global sur le post de Gone n rosette et un gros pluzain sur la commission d'arbitrage a posteriori. Un match doit être revisionné a posteriori par une commission.

  • Le_footix le 05/12/2009 à 12h37
    - je rêve qu'un jour, les commentateurs prennent le risquent de juger l'action en même temps que l'arbitre, avant de voir tout ralenti.
    "Aaaah ? Je dirais penalty là ! Ça me semblait évident ! Voyons le ralenti... Ah non en effet, le joueur tombe tout seul, bien arbitré, parce qu'à vitesse réelle on se laissait facilement prendre."
    -----------
    Ca on l'entend quand même assez souvent en match. Même de la bouche de Jean-Marc Ferreri.

    Assez fréquents aussi les "l'arbitre fait un bon match", surtout sur France Télévision.

  • Maman les p'tits Bastos le 05/12/2009 à 12h53
    Tout comme on peut entendre le contraire assez souvent aussi.

    Jeudi soir sur une radio d'un endroit au sud-est de la France mais qui n'est pas en France :

    "Ce match qui comme tous ceux de l'Europa est arbitré à 5."
    - Oui d'ailleurs on n'a pas trop vu l'intérêt.

    C'est sûr qu'avec des arguments comme ca, on va vraiment aller loin dans le débat.

    En fait pour moi le truc c'est que des décisions vraiment litigieuses qui pourraient être mieux gérées par la vidéo que par un arbitrage à 5 ne doivent pas être si nombreuses.

La revue des Cahiers du football