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Manucure

Alors que la qualification douteuse des Bleus déchire la France et déchaîne les opportunistes, comment raison garder et amour pour le foot conserver?
Auteur : Jérôme Latta le 23 Nov 2009

 

Malheureusement, non seulement le football occupe une place ridiculement exagérée dans la hiérarchie de l’information, mais de plus il est coutumier de ces grands psychodrames qui engendrent une hystérie collective dans laquelle l’opportunisme et l’hypocrisie le disputent à la bêtise, et qui donnent immanquablement lieu à un défilé de personnalités livrant leurs opinions souveraines, principalement recrutés parmi les journalistes-éditorialistes, les intellectuels médiatiques et les personnalités politiques (1).


"D'ailleurs l'arbitre n'a rien vu"
Il y a d'abord ceux qui n'ont rien vu, ou presque rien. Rama Yade, en plus d'être creuse, sonne faux: "Vous ne pouvez pas savoir exactement d'où vient le ballon et où il part. D'ailleurs l'arbitre n'a rien vu. (…) Il n'y a que [Thierry Henry] qui sait si c'était volontaire. Je ne crois pas qu'un joueur de son envergure (...), avec l'amour qu'il a du jeu, qu'il soit un homme à faire de la pratique anti-sportive". Au sein du gouvernement, Bachelot tance Domenech et Christine Lagarde déplore la manière. Un comité interministériel a-t-il été constitué pour gérer la crise?
En tout cas, le soir du match, Nicolas Sarkozy s'est mépris sur le match et sur sa communication en estimant que “les deux équipes étaient extrêmement proches” et que la France s’était "battue vaillamment”, avant de s’afficher avec un Domenech quasi-jovial. Le voilà débordé sur sa droite. Philippe de Villiers exige du sélectionneur (un "mauvais éducateur" en plus d'être un "mauvais entraîneur") qu'il exprime des "regrets publics". Non loin, Jean-Marie Le Pen intime à Henry de faire acte de contrition. Au PS, les portes ouvertes sont ébranlées par le passage des éléphants: "Il s'agit d'un incident grave sur le plan de l'éthique sportive" (François Hollande).


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"Je suis un spécialiste de la morale"
La palme du comique tartuffier sera âprement disputée entre Jacques Attali et Alain Finkielkraut. Le premier, dans un élan à faire pâlir de jalousie Frédéric Thiriez, a crié "Nous sommes tous des Irlandais" sur slate.fr et affirmé qu'il soutiendrait, désormais, l'équipe d'Irlande. Dans Libération, il renchérit: "Ce que l’on a vu mercredi, c’est du spectacle maquillé en sport dans lequel toute notion d’exemplarité, toute idée de valeur ont disparu". Vous avez bien entendu, c'est Jacques Attali, le plagiaire, le dispendieux, le françafricain, l'économiste de pacotille, le mangeur à tous les râteliers, qui prône l'exemplarité et pleure la perte du "sens moral" dans le football.
Alain Finkielkraut, le philosophe pour journalistes, a profité du "débat" sur "l'identité nationale" pour faire part de son sentiment sur une "victoire déplorable" et demander que le match soit rejoué. Sur Europe 1, l'auteur de propos remarqués sur l'équipe de France "black-black-black" s'estime bien placé pour s'interroger: "Est-ce qu'il y a une morale dans le sport, puisque je suis un spécialiste de la morale?" On le retrouve vite sur une pente glissante (à moins qu'il ne soit visqueux lui-même, ce qui expliquerait sa mauvaise tenue de route): "Heureusement, aucun joueur français n'a pu parler, comme Maradona, de la main de dieu. La France ne s'est pas tiers-mondisée à la faveur de cet événement".


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"Thierry Henry n'est pas un tricheur"
Parmi les "défenseurs" de l'attaquant, nombreux sont ceux, en particulier chez les joueurs ou anciens joueurs, qui l'exonèrent de toute responsabilité pour son acte, relégué au rang de "fait de jeu". Christophe Dugarry plaide ainsi l'irresponsabilité psychiatrique en invoquant "l'état second" dans lequel on joue à haut niveau. Les joueurs n'auraient donc plus de libre-arbitre, et ne sauraient plus être tenus responsables: on les dit possédés par l'enjeu, par la pression du résultat.
Dans un pays qui a rangé au fond de son inconscient le coup de tête de Zidane en 2006, lequel n'a jamais reconnu le caractère imbécile de son geste, on ne s'étonne pas d'entendre ce dernier dire que "Thierry Henry n'est pas un tricheur". L’héritier Karim Benzema confirme: "Moi, je sais que ce n’est pas un tricheur". Il a triché, mais il n'est pas un tricheur. Il n'y a pas de tricheurs dans le football. Thierry Henry a lui-même très bien illustré ce discours consistant à externaliser tout ce qui relève de l'éthique du jeu, que les joueurs n'auraient plus à assumer: "Je n'étais pas sur le terrain pour arbitrer".


On ne refait pas le match
Il est vrai que le débat ne laisse pas vraiment le choix entre la stigmatisation moraliste et l'absolution cynique. On peut d'ailleurs s'étonner de ce qui ressemble à une obligation de choisir son camp de façon outrée, comme s'il était interdit de considérer en même temps tous les aspects de cette fable. Les uns prennent prétexte de la banalité des gestes antisportifs pour valider l'impunité de celui-ci, justifiant implicitement une philosophie du "pas vu, pas pris" et du "tous les moyens sont bons" (2). Les autres cèdent à une vision angélique et moralisante du football pour stigmatiser le joueur.
La controverse spécifique sur la possibilité de rejouer le match a été assez révélatrice. Cette éventualité était en effet très peu probable, mais essentiellement au nom de ce que l'on qualifiera de mauvaises raisons: contraintes réglementaires, intérêts économiques, risques juridiques... Parmi les "bonnes", ne restait que le respect d'une philosophie du football qui inclut dans sa dramaturgie et ses mythes des injustices, des tromperies, des cruautés infinies (3). Un football qui ne revient jamais sur le destin qu'il a infligé aux footballeurs.


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Jeu de vilains
Pour autant et pour peu probable que soit l'hypothèse, rejouer le match ne relevait d'aucune impossibilité formelle (4). Les précédents analogues sont rares, mais ils existent. Si une volonté forte avait été partagée par les parties prenantes, l'événement se serait produit et il aurait été un puissant outil de promotion du football, que personne n'aurait vraiment pu contester tant il aurait été en accord avec les "valeurs" constamment affichées par les organisateurs du jeu.
Et la morale de la fable se trouve bien là, dans le grand écart de plus en plus obscène entre ce que prétend être le football et ce qu'il est. Comme le demande Stéphane Mandard dans Le Monde, soulignant que l'international a simplement "fait le métier", puisque le métier, c'est ça. Alors, "pourquoi s'échiner à invoquer le fameux esprit de fair-play et à vouloir parer de vertus un sport où les vices sont tolérés voire encouragés?" (lire "Ce que ne dit pas l'affaire Thierry Henry"). Le football se délite en effet simultanément sous l'effet de son hypocrisie et de ses bien piètres efforts pour réduire l'écart entre son discours et la réalité. Ce but de William Galas, il aurait mieux valu ne pas le marquer. Mais il a aussi eu l'intérêt de tendre à ce sport un miroir impitoyable.


(1) Récemment, les affaires dites "Ouaddouh", "de la banderole" ou des "sifflets de la Marseillaise" ont été l’occasion de tels déchainements – comme autant de preuves que le ridicule ne tue que ceux qui en sont conscients.
(2) Tel Vikash Dhorasoo qui signe une tribune dans Le Monde et affirme : "J'espère que la main de Thierry échappera toujours à la vigilance du seul arbitre sur le terrain comme échappera toujours le petit voleur au policier du coin de la rue: le football est un sport et le sport n'est pas là pour être juste. Ce n'est pas toujours le meilleur qui gagne et encore moins le plus éthique. Il y des erreurs d'arbitrage, de coaching (Raymond en est le spécialiste). Il y en a qui se dopent et d'autres qui trichent. Et alors, est-ce si grave?"
(3) D'accord, mais à quelle dose? Lire "Un cas d'école".
(4) Dans le même ordre d'idée, il a souvent été dit qu'un aveu du joueur sur le terrain aurait été impensable. On voudrait surtout savoir comment l'honnêteté est devenue impensable.

Réactions

  • Di Meco le 23/11/2009 à 15h14
    Donc Henry aurait fait main parce qu'il savait que Dunne ne lui en voudrait pas, celui-ci ayant fait faute auparavant ? C'est génial !

  • Josip R.O.G. le 23/11/2009 à 15h21
    Di Meco
    lundi 23 novembre 2009 - 15h14

    Non je dis que Dunne ne lui en veut pas parce qu'il sait qu'il a fait faute juste avant et qu'il était déja bien content d'avoir échappé à pénalty + rouge sur la même action.

  • Josip R.O.G. le 23/11/2009 à 15h23
    Et puis il est même inconsciemment et quelque part reconnaissant vis à vis de lui parce que si ça c'était passé comme ça, toute l'Irlande l'aurait montré du doigt comme le responsable de l'élimination.

  • Josip R.O.G. le 23/11/2009 à 15h26
    Oui, je sais j'ai un peu l'impression de m'être endormi à côté d'une cosse géante contenant l'esprit du Biétrysme...

  • nard le 23/11/2009 à 16h34
    Salaud de Dunne ! Rejouons le match !

  • Josip R.O.G. le 23/11/2009 à 17h44
    nard
    lundi 23 novembre 2009 - 16h34

    Ben, non, justement puisque dans les deux cas ( à cet instant du match - il reste quinze minutes ) il y a 1-1, et on est qualifiés.

  • Nutmeg le 23/11/2009 à 20h24
    Au secours.
    N'y a-t-il donc personne, aux Cahiers, pour écrire un article dissident ?
    Un article qui pourrait avoir pour titre "Le fantasme de la main occulte", par exemple.
    Vous avez donc choisi de hurler avec les loups, et réclamez le scalp de Henry le tricheur.
    Personne pour accorder le bénéfice du doute, fut-il ténu, concernant l'intentionnalité de sa faute. Car si la main semble volontaire, la faute est-elle de manière indiscutable, intentionnelle, préméditée ? A vitesse réelle, d'après moi, il existe une probabilité non négligeable que ce soit un réflexe à la con.
    Mais passons sur ce point. Autre chose me turlupine. Une fois qu'on a dit que les Irlandais méritaient plus que les Bleus de se qualifier (encore que... z'avaient qu'à jouer le match aller, aussi...), que la faute était grossière ...etc., que reste-t-il d'autre qu'une faute - prétendue intentionnelle - non sifflée qui amène un but ?
    Et si, comme je le pense, Given a fait faute sur Anelka ? Et si, en plus, (comme vous le suggérez peut-être ?) il n'avait aucune chance de prendre le ballon et avait délibérément déséquilibré Anelka, faisant ainsi une faute volontaire, évitant à son équipe de prendre un but ? S'il a touché Anelka (et c'est vraisemblable), aurait-il dû se dénoncer à l'arbitre ?
    En bref, il me semble que si on fait tout un foin de cette histoire, c'est (parce que les Français ont joué comme des quiches et ne méritaient pas de se qualifier et) parce que la faute non sifflée est une faute de MAIN... La faute de main serait donc une faute plus grave, plus grave qu'un plongeon manifeste amenant un pénalty, plus grave que d'empêcher le gardien de sauter pour permettre à son coéquipier de marquer au 2ème poteau...etc.
    En bref, tout le monde en fait des tonnes, les Cahiers y compris, pour une histoire de faute (éventuellement intentionnelle) non sifflée ayant eu pour conséquence une qualification probablement imméritée. Et après ? Comme je l'ai lu je ne sais plus où : Caliméro, le foot aura ta peau !

  • funkoverload le 23/11/2009 à 20h34
    Ah ben oui. C'est comme ce mec qu'a étranglé sa meuf en plein sommeil.
    Henry nous a fait une petite terreur nocturne et il ne contrôlait plus ses mains. Hop qu'on l'acquitte !

  • Gillou le 23/11/2009 à 22h15
    La non faute de Dunne a lieu sur un joueur hors jeu, signalons le.
    En ce qui concerne la sanction d'Henry, j'ai tenté d'en parler sur le fil bleu. Il aurait du ramasser au moins jaune.

    La FIFA n'ayant pas d'instance de sanction a posteriori, et c'est bien dommage, mais une suspension d'Henry de un ou deux matchs aurait été pas mal.

    Sinon, le pauvre Thierry qui se demande si on n'en fait pas un peu trop devrait quand même assumer son geste et sa prime de qualification qui va avec.

    C'est incroyable que des gars qui touchent en un mois ce que je touche en environ 5 ans ne soient pas plus adultes que ça. Le gars a un mauvais réflexe, certes, mais a un moment son cerveau doit fonctionner.

    Autant le coup de handball peut être discutable, autant le centre est bien volontaire. Il sait quand même que ça va jaser un minimum cette affaire.
    Il lui faut pas 10 minutes pour imaginer ce qui va se passer ensuite.

    Ce qui me choque, c'est cette tricherie permanente, cette roublardise érigée en idéologie de jeu qui est du niveau de CM1.

    Mais par contre pour dire que c'est la faute de l'arbitre, ils savent faire.

    Contre la vidéo on peut aussi prendre l'exemple du rugby. L'arbitre accorde 2 essais samedi après visionnage de la vidéo lors du match France Samoa. Sur le premier, on ne voit jamais le ballon, et sur le 2e il y a clairement en avant.

  • mollows le 23/11/2009 à 22h17
    > Nutmeg a écrit : "[...]Personne pour accorder le bénéfice du doute, fut-il ténu, concernant l'intentionnalité de sa faute. Car si la main semble volontaire, la faute est-elle de manière indiscutable, intentionnelle, préméditée ? A vitesse réelle, d'après moi, il existe une probabilité non négligeable que ce soit un réflexe à la lien

    un DOUBLE reflex à la con, alors ?!?

La revue des Cahiers du football