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HAKOAH - QUE LA FORCE SOIT AVEC TOI

Cette année, l’Hakoah de Vienne – jadis dissous par les nazis – fête le centenaire de sa fondation. L’occasion de rappeler ses origines singulières et son histoire unique.
Auteur : Toni Turek le 19 Juin 2009

 

Des clubs viennois de foot, le Sport Club Hakoah Wien n’est pas le plus titré: il n’a pas été 32 fois champion comme le Rapid, il n’a pas gagné 26 Coupes comme l’Austria. Il n’est pas non plus le doyen comme le First Vienna FC. Mais il sort assurément du lot grâce à son histoire.

hakoah_logo.jpgUne étoile (de David) est née
Une histoire démarrée voici cent ans, lorsque deux Juifs viennois fondent une association sportive. Rien d’exceptionnel – d’autres clubs ont été créés par des Juifs (1). Mais celui-ci a la particularité de leur être dédié: l’Hakoah va être 100% juif et s’afficher fièrement en tant que tel, comme le montre son blason à l’étoile de David. Son objectif? Permettre aux Juifs bannis de certains clubs de la capitale de trouver un refuge, et de s’exercer physiquement dans un cadre sémite et serein.

L’Hakoah – "force" en hébreu – adhère rapidement à la fédération autrichienne. En 1911, lorsque celle-ci instaure son championnat, l’Hakoah intègre la troisième division. La première année, le club bleu et blanc manque l’accession, mais voit venir du renfort: des joueurs, juifs, originaires de divers clubs viennois – mieux classés – et intéressés par le concept et le potentiel de l’Hakoah. En parallèle, l’Hakoah se développe aussi hors football; entre autres, des sections athlétisme, lutte et natation voient le jour. Une évolution possible grâce à une minorité juive viennoise motivée et forte de 170.000 personnes.


Perdre la guerre
Côté foot, l’Hakoah renforcée finit deuxième à l’été 1913. Promue en deuxième division, elle y termine troisième à l’été 1914. Sur la période 1914-1918, elle pointe régulièrement aux premiers rangs… pour rien, les accessions étant gelées par la fédération qui veut protéger les clubs de l’élite. La guerre finie, la malchance demeure: démotivée parce que le First Vienna FC est un leader inaccessible, l’Hakoah lâche prise au printemps et ne finit que troisième en 1919. Un laisser-aller coupable, car c’est seulement au terme de la saison qu’il est décidé que le club classé deuxième va aussi monter!

L'édition 1919/20 est la bonne: sûre de son fait et de son foot, qui lui permet de se hisser en demi-finale de la Coupe d’Autriche, l’Hakoah termine première avec 107 buts et 53 points (26 victoires, 1 nul, 1 revers). Elle a accédé à l’élite du foot viennois en dix ans à peine; une belle progression – à l’image de celle de son gardien Wilhelm Halpern, présent dès 1910 et premier "Hakoahner" devenu international en 1917. Mais le meilleur reste à venir.


hakoah_1922_affiche.jpgHammers to fall
En première division, l’Hakoah est dans son élément. Pour son premier exercice en 1920/21, le prometteur promu est même un temps leader, avant de finir quatrième et meilleure défense. Sur leur lancée, les Bleus et Blancs concluent la saison 1921/22 à une belle deuxième place, juste devant le Rapid alors champion en titre. Les années suivantes sont plus mitigées pour le club juif viennois, qui se classe septième en 1923 et sixième en 1924. Mais l’Hakoah se met en évidence en parvenant une nouvelle fois en demi-finale de la Coupe nationale.

Côté international, le club juif affronte en 1923 l’équipe de West Ham United. Normalement, les clubs anglais ne sont pas autorisés à affronter les clubs de pays ayant participé à la guerre aux côtés du Deuxième Reich allemand, mais les Anglais sont finalement admis à se rendre à Vienne en mai. Le match aller s’y finit 1-1 – déjà une petite surprise. Mais c’est le retour en septembre qui va marquer les esprits: avec un triplé de leur buteur Sándor Nemes (2), les Bleu et Blanc battent les Hammers 5-0 à l’Upton Park. L’Hakoah est alors célébrée pour être la première équipe du continent à être allée battre un club anglais chez lui. Un exploit qui va faire beaucoup pour accroître la notoriété du club juif.

hakoah_1925_champion.jpg


Au firmament
La saison-charnière est celle de 1924/25: le professionnalisme fait son apparition dans le foot autrichien, le championnat change de nom et passe à onze formations. Déjà structurée comme un club pro avant ses rivaux, formée désormais d’Autrichiens et de Magyars mais toujours 100% juive, l’Hakoah ne manque pas ce tournant. Au terme d’une saison âprement disputée, les vaillants Bleu et Blanc remportent le titre avec 26 points (10 succès, 6 nuls, 4 défaites) et devancent le redoutable trio Amateure (future "Austria") - First Vienna FC - Rapid.

Le fait de jeu le plus remarquable pour l’Hakoah cette saison-là a lieu lors du match en retard joué en juin 1925 chez le Wiener Sport-Club. Durant cette rencontre, Alexander Fabian, le portier hongrois de l’Hakoah, se blesse lors de l’égalisation du WSC à 2-2. Ne pouvant plus tenir sa place dans ses buts, et les remplacements n’existant pas, le gardien change de position. Et c’est au cours des dix minutes passées en attaque avec le bras en écharpe qu’il marque le but d’une victoire 3-2 qui s’avère décisive dans la quête du sacre. Autre exploit de l’Hakoah en 1925: menés 1-5 par le Slavia de Prague après cinquante minutes, les Viennois s’imposent 6-5. En 1925, l’étoile de l’Hakoah est à son apogée et brille ardemment, au plus grand bonheur de ses fans et de la communauté juive d’Europe.


hakoah_1926_27_USA.jpgTournée américaine
Forts de ces succès de leur club devenu phénomène, les dirigeants de l’Hakoah décident de faire voyager leur équipe pour profiter de sa notoriété et étendre son aura. Le club juif réalise deux tournées aux USA, en 1926 et 1927 – un coup de pub qui va s’avérer sportivement être un coup fatal. Car pour ces longs voyages, il faut dégager des dates: l’Hakoah doit alors jouer ses matches avant ses concurrents, avec pour effets la fatigue de ses joueurs et le fait que les clubs rivaux connaissent ses scores. Ensuite, intéressés par les propositions lucratives qui leur sont faites, et pour fuir l’antisémitisme toujours présent en Europe, nombre de joueurs – dont Fabian et Nemes – vont demander et obtenir le droit de quitter l’Hakoah pour rester aux USA. Destination: les Brooklyn Wanderers, les New York Giants et un peu plus tard l’Hakoah All Stars.

Pour l’Hakoah de Vienne, cette double saignée est néfaste. Neuvième en 1926/27, orphelin de ses cadres, le club bleu et blanc est logiquement relégué à l’été 1928; à cause d'une attaque déficiente – 24 buts seulement en 24 matches – et à quelques sévères revers, tel ce 1-9 concédé face au Rapid.
Sur la saison 1928/29, l’Hakoah réalise un sans-faute jamais réédité depuis: avec vingt-quatre victoires en autant de matches, et une différence de buts stratosphérique de +91, la rentrée dans l’élite est une formalité. Mais y demeurer ne l’est plus. Le club juif rate totalement son retour, descend, puis remonte encore en 1931.


Dissolution finale
Mais l’étoile de l’Hakoah a bien pâli. Le club lutte continûment pour sauver sa peau, et reste désespérément englué dans le bas de tableau, malgré le retour d’Amérique – comme entraîneur – de son ex-défenseur magyar Béla Guttmann. Difficile de recruter pour renforcer l’équipe: l’euphorie du titre et les tournées des années vingt appartiennent à un passé qui s’éloigne, l’antisémitisme croît toujours et les manigances politico-militaires de l’Allemagne inquiètent. Inexorablement, l’Hakoah connaît sa troisième relégation, au terme d’une saison 1936/37 ratée de bout en bout. À nouveau, une page se tourne. Ce qu’on ignore, c’est que c’est la dernière.

Mars 1938: pour l’Autriche, c’est l’Anschluss; pour l’Hakoah, alors en lice pour la remontée et toujours qualifiée en Coupe, c’est "Schluss" tout court. Deux jours après l’entrée des nazis dans Vienne, l’Hakoah voit ses résultats de la saison annulés par la fédération allemande, son nom disparaît du classement 1937/38. Fans, dirigeants et sportifs – footballeurs et autres (3) – sont pourchassés sans relâche. Max Scheuer, capitaine historique de l’Hakoah et champion en 1925, est tué; Fritz Löhner, co-fondateur et premier président de l’Hakoah, est déporté; beaucoup partageront leur sort. Les moins malchanceux réussissent à fuir et vont gagner la Palestine, où ils fondent l’Hakoah Tel-Aviv (4). Locaux et biens de l’Hakoah sont confisqués. Ainsi, moins de trente ans après sa création, l’Hakoah de Vienne est complètement liquidée. Ultime châtiment en 1941: le nom d’"Hakoah" est officiellement banni, tandis que le club est radié du palmarès autrichien.

hakoah_memorial.jpg


Éclipse partielle, éclipse totale
Mais l’Hakoah n’est pas oubliée. Au sortir de la guerre, emmenés par un certain Karl Haber, plusieurs survivants parmi les anciens membres de l’Hakoah se retrouvent à Vienne pour faire renaître le club de leur cœur et de leur religion. Action réussie : après une éclipse de sept ans, le club juif bleu et blanc reprend du service. La fédération autrichienne donne son accord pour qu’il soit réadmis à l’échelon où il évoluait en 1938. Plusieurs clubs de l’élite lui cèdent même gracieusement un ou quelques joueurs, pour l’aider à se renforcer et à retrouver son rang. Un symbole beau et fort mais insuffisant. Si comme en 1928/29 l’Hakoah inscrit plus de cent buts sur la saison, cela ne lui permet pas cette fois de finir au premier rang qui, seul, permet la remontée. Faute d’accession, les meilleurs joueurs quittent aussitôt l’Hakoah pour rejoindre des clubs plus huppés.

L’Hakoah n’attire plus, ni les foules, ni les footballeurs. Et le réservoir de joueurs juifs est maigre: la communauté, décimée et exilée, ne compte alors plus que 6.000 Viennois. Affaiblie, l’Hakoah décline: classée dixième en 1946/47, elle est la saison d’après reléguée en troisième division – un retour à la case départ. La direction du club prend alors la décision drastique – et très contestée – d’intégrer des joueurs non-juifs dans l’équipe. Une mesure désespérée, qui n’enraye en rien la chute. Alors, plutôt que de la voir évoluer à un niveau infamant, ses dirigeants se résolvent à contre-cœur à dissoudre la section foot de l’Hakoah. Le rideau est tiré en 1950 – cette fois à titre définitif.


(1) Cf. l’exemple du Karlsruher FV, club allemand co-fondé en 1891 par Walther Bensemann, qui fondera aussi la fédération allemande de foot (1900) et le magazine sportif Kicker (1920).
(2) Alias Alexander Neufeld. Grâce à ses seize réalisations pour l’Hakoah, l’Austro-Hongrois Neufeld/Nemes finit troisième meilleur buteur d’Autriche en 1923.
(3) Particulièrement dans le collimateur des nazis: les nageuses de l’Hakoah, qui ont refusé en 1936 de participer aux J.O. de Berlin.
(4) L’Hakoah Tel-Aviv existe encore: sous le nom d’"Hakoah Amidar Ramat Gan" (obtenu en 1959 après une fusion), il évolue en première division israélienne.



Le foot juif viennois a-t-il encore un avenir ?
En tant que club omnisports, l’Hakoah de Vienne a survécu à la disparition de sa section foot: les sections athlétisme et natation ont traversé les décennies jusqu’à aujourd’hui, des sections basket, boxe, judo, tennis, et tennis de table ont été créées. En outre, le club a récupéré il y a quelques années une partie des terrains spoliés par les nazis. Sur ces terres, les dirigeants de l’Hakoah y ont fait construire le Karl Haber Sport und Freizeitzentrum, un complexe sportif ultramoderne, accessible aux non-Juifs, qui a ouvert ses portes l’année dernière, soixante-dix ans exactement après l’Anschluss. Ce nouveau centre a pour but de permettre l’accélération du développement du club, qui ne compte ses adhérents encore qu’en centaines là où ils étaient des milliers lorsque l’Hakoah était au faîte de sa puissance. C’est en tout cas ce qu’espère Paul Haber, fils de Karl et actuel président de l’Hakoah.

Haber n’exclut pas de faire comme son père en 1945: réactiver la section football du club. Pour autant, il est lucide: l’avènement d’une Hakoah comparable à celle des années vingt n’est pas pour demain. Le foot pro est devenu très coûteux, même en Autriche, et les clubs viennois n’ont plus l’exclusivité du championnat. Mais le retour du foot à l’Hakoah serait un début, qui pourrait conduire à un partenariat avec le club juif amateur du Maccabi de Vienne. Mais à long terme, une telle union ferait-elle pour autant réellement la force…?

Réactions

  • José-Mickaël le 19/06/2009 à 19h46
    Moi aussi je n'aime pas le communautarisme. Tiens, je vais vous raconter une anecdote qui m'est arrivée et qui explique ma position. L'autre jour, je me suis inscrit dans un club de supporter limogeonnaud. Arrive le premier match. Eh ben quand ils m'ont vu venir avec mon écharpe jaune et verte et ma banderolle "Kita t'es le meilleur (lol)" ils m'ont fait la tronche. Sous prétexte que j'étais pas supporter de la même équipe qu'eux. Eh oui, figurez-vous que dans ce club, ils n'aiment pas qu'on ne soit pas supporter de l'équipe limogeonnaude ! Incroyable ! Quel communautarisme !

    Alors ces histoires d'amicales des enfants d'Arménie où la section chant sert à maintenir les chants traditionnels de leurs ancêtres et la section foot à jouer au foot entre personnes partageant comme point commun une même origine, ces histoires d'associations des Bretons d'Alsace où l'on se regroupe entre Bretons pour parler la langue du pays d'origine et se faire des festins d'artichauts et de crèpes, et où l'on joue au foot entre Bretons uniquement, ça me fait froid dans le dos. Dès fois, je me dis : oui mais bon, le foot, c'est qu'un jeu, c'est pas parce qu'ils passent 1h30 entre eux (+ la 3è mi-temps) qu'il faut s'imaginer qu'ils se coupent du monde extérieur et qu'il refusent la vie sociale avec leurs autres compatriotes. Oui mais quand même. Rien que pour le principe. Parce que bon, si on admet des clubs de foot interdits aux non-Juifs, vous verrez qu'un jour on fera des clubs de foot interdits aux femmes.


  • Carlos Alberto le 20/06/2009 à 05h12
    Le plus choquant pour moi ce sont les clubs avec une affiliation religieuse et dans le cas de l'Hakoah il ne s'agit pas d'une communauté de destin (nation, région etc...) mais bien de la notion trop large et donc discriminante de communauté de religion.

    Les clubs portugais en region parisienne regroupent une communauté recemment immigrée. Les arméniens du Rhone c'est pareil mais les juifs de Vienne ce n'est pas une communauté immigré, c'est ce que j'appel un regroupement sectaire aussi valable pour toute religion.

    Je hais le communautarisme religieux quel qu'il soit mais il faut comprendre qu'entre un club de musulmans crée dans un patelin d'Europe occidentale qui regroupe une communauté récemment immigrée pas encore totalement intégrée et un club Juif ou Protestant qui a pour seul but de se retrouver entre soit je tique toujours.

    A la limite je peut comprendre l'Atletico Bilbao quand il s'agit d'une revendication identitaire mais ça reste à débattre.

    J'accepte dès maintenant ma condamnation par avance et rejoint de ce pas la cellule de Dieudo.

  • El mallorquin le 20/06/2009 à 05h40
    C'est marrant comme les questions de racisme sont sensibles. La peur de se prononcer et de recevoir des qualificatifs infamants.
    Faut en parler les gars, dieudonné est d'ailleurs vachement communautariste puisqu'il ne s'en prend qu'à une seule religion (ce qui lui tient lieu de programme), mais si les cahiers n'est pas forcément le meilleur endroit, faut en parler. Les juifs ont souvent un comportement communautaaire problématique, (de même que chaque autre communauté de cette planète, ej dis ça pour relativiser et éviter les possibilités de diabolisation, pas pour nier ce qui est à mes yeux un problème), et c c'est sûrement renforcé par les persécutions subies tout au long de l'histoire (ça fait partie de l'inconscient juif, du mème juif dirait clerks).
    Mais dire que les juifs ont un comportement parfois communautariste, c'est enfoncer une porte ouverte, toutes les religions (et autres groupements) en font autant. La distinction est fine entre cette réalité et les fantasmes qui vont prêter aux juifs une influence qu'ils n'ont pas. Car dire que les juifs ont certaines attitudes communautaristes ne doit pas être le premier pas vers les fantasmes antisémites, car ceux-ci sont des mensonges (le juif riche ou attiré par l'argent, sa puissance etc). C'est normal pour une communauté de pouvoir plaider sa cause, faire entendre ses intérêts etc.
    Il est tard donc je ne vais pas tarder, mais par contre, je crois que c'est un facteur créateur de problèmes que de se censurer si des choses nous interpellent dans le comportement d'une groupe ou d'une communauté. je vois plein de gens qui ont peur de prononcer le mot juif ou de reprocher quelque chose à la communauté juive. Oui, les juifs ont des névroses dans leurs comportements de groupes, et ceux qui veulent en parler le peuvent (mais il faut quand même réussir à comprendre que l'antisémitisme est une forme particulière de racisme - pas les mêmes fondements), il n'y a aucun problème avec ça.

    Je me dis que je n'ai pas le bagage nécessaire pour expliquer tout ça parfaitement, mais tant pis, j'espère être compris globalement quand même.

  • Qui me crame ce troll? le 20/06/2009 à 06h49
    G.Esteban
    vendredi 19 juin 2009 - 18h10
    [...]on peut aussi se demander pourquoi supporter l'équipe de france, les joueurs qui la composent sont-iols de meilleures personnes que les espagnols, les argentins ou les japonais? Et de meilleurs footballeurs? Et même au niveau des clubs, il ya souvent des sentiments très sectaires à l'oeuvre.
    -----
    La différence c'est qu'un Japonais peut très bien supporter l'Equipe de France s'il veut. Tout comme un Français peut supporter l'Equipe des Iles Féroé.
    C'est quand il y a des interdictions (ex: un tel club est réservé aux Juifs, aux Blancs, aux Bretons) que ça devient dangereux.

  • El mallorquin le 20/06/2009 à 12h35
    Oui, je suis d'accord. Mais il y a aussi une petite nuance quand tu fais cette restriction parce que partout ailleurs tu es toi-même rejeté en raison de ton origine. Si tu ouvrais ton club pour juifs aux non-juifs, tu courais le risque qu'il soit accaparé par ceux-ci et que les juifs soient à nouveau rejetés. Il faut aussi voir ça quand même. Car c'est bien joli de critiquer l'interdiction aux non-juifs, mais encore faut-il qu'ils aient eu le choix et je ne vois pas dans le contexte de l'époque ce qui peut faire penser qu'ils l'ont eu.
    Après, si on parle des choses dans le monde d'aujourd'hui, c'est différent. Et encore une fois, je ne dis pas que c'est bien, j'exprime l'idée qu'ils n'avaient pas d'autre choix que celui de se créer des trucs pour eux.

  • José-Mickaël le 20/06/2009 à 15h23
    C'est surtout aberrant de parler de communautarisme pour des gens qui se retrouvent en famille pour jouer au foot les dimanches après-midi (famille au sens large, mais c'est le même principe).

  • tholotforever le 20/06/2009 à 16h21
    Heu après avoir lu sur ce forum avec attention depuis hier et avoir à plusieurs reprise hésité à y poster tant ce sujet est propre à la controverse et à l'emballement facile, j'interviens sur la dernière intervention...

    Car avoir des équipes où la confession ou l'appartenance à une origine donnée (géographique, de langue...) sont des critères sinae qua non d'adhésion, c'est ni plus ni moins que du communautarisme puisqu'il y a un mouvement de repli sur soi et un mouvement de refus de l'autre par ce qu'il est différent.

    Alors, autant dans le contexte du début du XXème en Autriche, je peux saisir le pourquoi du comment du Hakoa, autant aujourd'hui en France (et c'est tout aussi valable pour les juifs que pour les arméniens, les antillais ou les chinois), je trouve ça assez gênant car, à mes yeux, c'est un vrai refus d'intégration à la société.

    Après, je fais aussi la différence entre ceux qui jouent dans ces clubs parce que le copain y est (et pour qui l'argument exclusif n'a finalement que peu d'importance) et les autres (je pense minoritaires) qui sont persuadés que rester entre eux est la meilleure des solutions...

  • José-Mickaël le 20/06/2009 à 16h52
    > aujourd'hui en France [...] c'est un vrai refus d'intégration à la société.

    Moi, je n'y arrive pas.

    Étape 1) Ce dimanche, on se réunit en famille. Les oncles, les tantes, les cousins, etc. On se fait un méchoui, puis un feu d'artifice, un peu de musique de notre enfance... Ce n'est pas du communautarisme : c'est juste pour ce dimanche, c'est pas pour autant qu'on va se marier seulement entre nous et qu'on ne s'intègre pas dans le reste de la société.

    Étape 2) Je fais partie d'une minorité issue d'un autre pays, disons que je suis d'ascendance malgache (au hasard). Ce dimanche, on se réunit entre plusieurs familles partageant cette origine comme point commun. C'est sympa, ça permet de parler du pays, de danser sous la musique de notre pays d'origine, les anciens réutilisent la langue de là-bas (nous on la connaît à peine), les anciennes ont remis le costume traditionnel. On a besoin de ce genre de réunion. Tiens, on va faire un match de foot entre nous, ça sera marrant. Mais c'est juste pour ce dimanche, c'est pas pour autant qu'on va se marier seulement entre nous et qu'on ne s'intègre pas dans le reste de la société.

    Étape 3) Pour faire plus souvent des matchs de foot entre amis d'origine malgache, on créé l'A.S. des Malgaches de France. Où est le problème ? Ce n'est pas du communautarisme : c'est juste pour jouer au foot les dimanches, c'est pas pour autant qu'on va se marier seulement entre nous et qu'on ne s'intègre pas dans le reste de la société.

  • JP13 le 21/06/2009 à 11h25
    C'est bizarre, comme à partir d'une belle histoire racontée avec talent, (merci Toni), on peut dériver et entamer un débat où chacun croit détenir la vérité !!


    Et la tolérance, l'acceptation de l'autre avec ses différences, culturelle, ethniques, religieuses, politiques, sexuelles, gastronomiques, artistiques ????????


  • DarkZem13 le 21/06/2009 à 12h44
    Je rejoins ceux qui disent qu'il n'y a rien de choquant à ce que de nouveaux immigrants décident de se regrouper pour former une association. Pourquoi? Tout simplement, parce que ça leur fait un point de rapprochement au départ. C'est comme si on devait aller travailler à l'étranger et qu'on rencontrait des français, ça crée automatiquement des liens. Ou tout bêtement, si on fait la connaissance au cours d'une soirée de quelqu'un qui aime le football, tout de suite, ça rapproche. Rien de plus normal.

    A cette étape-là, ce n'est pas encore du communautarisme ou du sectarisme. Ça le devient quand une association se ferme aux autres dans un contexte politico-social "calme", non propice au regroupement dans le but de se protéger. Et ça, ça me gêne. Pour en être un, je peux me permettre de dire qu'il y a en effet un côté communautariste quelque peu gênant chez les Juifs. Je tique quand j'entends que certains ne jouent au foot ou ne se marient qu'entre eux. Ce n'est pas comme ça que j'ai été élevé. L'école du foot (et de la vie) pour moi, c'est tous boire dans la même bouteille à la mi-temps ou à la fin du match. Et sauter dans les bras de son pote black quand il vient de marquer.

    Et ça m'attriste de voir que nous avons quelquefois la primeur de la défense des anti-racistes (jurisprudence Shoah oblige), alors que des choses tout aussi graves sont dites sur d'autres communautés. Pour avoir grandi dans les quartiers Nord de Marseille, je peux vous dire que j'en ai entendu (et je continue à entendre) des trucs à vous faire hérisser le poil, sur les maghrébins notamment. Je passe ma vie à mettre en garde contre les stéréotypes, et ce qui est le plus bizarre, c'est qu'on me regarde avec étonnement et des yeux exorbités quand je le fais. Genre, je suis aveugle. Ca fait froid dans le dos tout ça...

    Mais je m'égare, là. Comme je l'ai déjà dit, j'ai adoré cet article de Toni, pour avoir situé la petite histoire de ce club dans le continuum de la grande. En tant qu'amoureux du football et de son histoire. Pas en tant que juif, parce que je pense qu'il n'est pas nécessaire d'en être un pour être touché par la Seconde Guerre Mondiale.

    JP13, effectivement, nous nous sommes certainement éloignés du sujet, moi le premier. Mais en lisant les posts, cela ne m'a pas donné l'impression de gens qui croient détenir la vérité. Nous exposons notre point de vue, et disons ce qui nous gêne, tout simplement. Tout en étant tolérant des différences, des origines et des croyances.

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