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La raclure et les racleurs

Même gravement insulté et diffamé, un arbitre doit rester sur le banc des accusés. Le football français et ses médias ne semblent pas incommodés par l'odeur qu'ils répandent autour d'eux.
Auteur : Jérôme Latta le 18 Mai 2009

 

Voici "l'affaire Chapron", comme l'a baptisée le journal L'Équipe. Voici donc un arbitre qui prend des décisions contestées alors qu'elles sont parfaitement légitimes, auquel on ne reproche qu'un "manque de psychologie" – cette tartufferie de premier ordre (1) –, et qui se fait insulter devant témoins par un président de club: "Vous êtes une raclure de bidet, une honte de l'humanité". Plus tard au point presse, le dirigeant ajoutera notamment: "La rencontre a été pourrie par l'arbitre. (...) c'est du racisme anti-ch'ti ! (...) Ce qui était une belle fête a été gâché par ce triste sire. C'est une caricature d'arbitre, c'est un mélange de morgue et de suffisance. Il est malhonnête et j'assume mes propos".



affaire_chapron1.jpg"Psychologie"


Mais pas question de parler "d'affaire Decourrière", du nom de l'auteur de ces propos intolérables. Peu importe que l'on ait, d'un côté, des insultes ordurières avérées, de l'autre, des accusations émanant des joueurs, dont on connaît la légendaire bonne foi sur un terrain. Non, bonnes gens, la vedette du procès, son présumé coupable, c'est l'arbitre.

"M. Chapron est à créditer d'un arbitrage correct", concède pourtant Raphaël Raymond. spécialiste désigné de l'arbitrage au sein de L'Équipe (2) dans l'édition de vendredi. (...) dans l'ensemble, les décisions sportives ne sont pas contestables. Sa gestion psychologique, des acteurs, si". Ah oui, car non seulement les arbitres doivent être de fins critiques dramatiques (lire "Fucking disgrace"), mais aussi les gestionnaires du fragile mental de nos chers footballeurs. Sinon, qu'ils ne s'étonnent pas de se faire insulter par d'aussi fins psychologues que les présidents de club.
S'ensuit un long paragraphe intitulé "Y a-t-il un problème Chapron?", l'arbitre grenoblois étant, donc, accusé de parler trop vertement aux joueurs. On attend avec impatience l'expertise de Gilles Veissière, grand allumeur de ses anciens confrères, qui avait subi des accusations infiniment plus lourdes, au cours de sa carrière, quant à son langage sur les pelouses.



Équité, toi ?

Chapron se voit aussi reprocher... de ne pas parler. "Pour un arbitre, qui appartient au jeu, refuser le dialogue avec les joueurs relève de l'incompréhension, voire de l'arrogance". Deuxième tarte à la crème, l'arrogance du corps arbitral qui, bizarrement, peine à répondre aux torrents de mises en cause stupides et d'agressions verbales dont il fait l'objet. Que les joueurs commencent par cesser de hurler et de gesticuler devant l'homme au sifflet à chaque fois qu'il s'en sert, chose impossible dans tout autre discipline, et l'on pourra commencer à parler de dialogue.

La perversité des raisonnements éclate dans l'encart "Opinion", que Raphaël Raymond intitule "Équité". Mû par un fol espoir, on se dit qu'il va enfin être question d'équité dans le procès fait aux arbitres, ou dans les sanctions prononcées contre les insulteurs. Non point. Car après avoir souligné la caractère "injurieux et avilissant" des propos de Decourrière, le journaliste embraye inexplicablement sur "l'équité d'un championnat" qui mérite "un épilogue sans scandale ni suspicions". Croyez-vous qu'il adresse à ses confrères, qui font leur beurre des scandales et des suspicions, un appel à au calme et à la raison? Non plus. Il somme simplement la Fédération de désigner pour les matches décisifs les "moins discrédités" des arbitres (la liste est fournie), "des hommes vierges de «casseroles» embarrassantes". Vous ne rêvez pas. Au lendemain d'un match durant lequel l'arbitre a fait correctement son boulot et s'est fait insulter en des termes ignobles, c'est bien le procès des arbitres qui se poursuit (3).

affaire_chapron2.jpg


Coup de torchon

Mais L'Équipe est un journal qui sait se tenir. On a moins de scrupules ailleurs. Voyons cet article de eurosport.fr / AP, qui s'attache à fabriquer le coupable avec rigueur et subtilité. "[Tony Chapron] n'en est pas à son premier fait d'armes", il a "une fâcheuse tendance à faire parler de lui", "n'en est pas à son coup d'essai". "Ça commence à faire beaucoup pour croire à une simple coïncidence..." Les exemples sont pourtant extraordinairement peu probants (4).

Mais la palme revient sans conteste à un article de Vincent Duchesne pour sport24.com (repris par le figaro.fr). Ce papier inqualifiable, entièrement à charge, multiplie les accusations ad hominem et les procès d'intentions, à tel point qu'il faudrait le citer de bout en bout. Cela commence par: "Nom: Chapron. Prénom: Tony. Professsion : Arbitre international. Signe particulier : souvent à côtés de ses pompes et expert en matière de polémiques". Et cela se termine par: "Mais pour le principal intéressé, il n'y a pas lieu d'en faire tout un plat. Selon lui, ses décisions n'ont pas été contraires à Valenciennes et n'ont nullement modifié le score. Pour une fois…" Pour le reste, on connaît la chanson: les arbitres sont responsables des turpitudes des joueurs, comme lorsque Pieroni expédie un ballon sur l'arbitre puis l'invective après un premier carton jaune...
Après la citation intégrale des déclarations de Francis Decourrière, l'auteur a ce commentaire: "Les termes sont durs, acerbes et quelque peu exagérés, il faut bien le reconnaître". Vous ne rêvez toujours pas. Se cachant à peine d'adhérer aux témoignages accusateurs des joueurs, il osera même, moralisateur: "Le respect est une valeur fondamentale qui s'applique à tous".



Sous la pelouse, le fumier

Pour des propos complètement déplacés à l'encontre d'Éric Poulat (lire "Chasse ouverte toute l'année"), le vice-président de la Fédération Noêl Le Graët a été suspendu un mois de toute fonction officielle. N'imaginant même pas présenter des excuses, il a ironisé sur cette sanction... Les suspensions d'entraîneurs ou de dirigeants sont, de toute façon, d'aimables plaisanteries. Les premiers s'agitent derrière des grilles ou sur un talkie-walkie, les seconds en sont à peine affectés. À l'heure ou l'on bannit préventivement, sans autre forme de procès, des supporters décrétés suspects par le préfet de police, la seule mesure cohérente serait l'interdiction de stade pure et simple pour chaque dérapage. Mais la Ligue a cent fois démontré qu'elle était incapable de sanctionner les siens, et les instances fédérales s'aplatissent devant le football professionnel.

Le football français est malade. Non pas de son arbitrage, mais des procès lamentables fait aux arbitres, de façon obsessionnelle et avec une malhonnêteté intellectuelle exorbitante ou une franche incompétence (lire "La main dans l'œil" ou "Au pays des aveugles"). L'unanimité des médias et l'impunité des professionnels créent les conditions d'un lynchage permanent, qui trahit une vision complètement infantile du football, aux frais de l'éternelle même victime expiatoire sacrifiée au profit de l'imbécillité collective. À peine moins hystérique que la saison passée, la campagne anti-arbitrale est devenue plus sale. Elle devient franchement nauséabonde quand la mise en doute de leur honnêteté ne choque plus personne. Quand des insultes proférées à l'encontre d'un arbitre deviennent normales, et servent même à l'accabler...


(1) Dans l'idéal des contempteurs de l'arbitrage, il ne doit pas y avoir d'application stricte et uniforme des règlements, mais interprétation permanente de ceux-ci selon le moment du match, l'état d'esprit des joueurs ou le karma du ramasseur de balle. On comprend l'avantage: l'arbitre sera alternativement stigmatisé comme trop rigide ou trop laxiste.
(2) Un boulot située entre les renseignements généraux et la comptabilité, s'agissant de tenir les fiches et les comptes, peut-être en vue du prochain "Les 85 erreurs des arbitres", comme l'an passé.
(3) L'arbitre est invité à assurer sa défense lui-même dans une interview. Ses propos et les arguments qu'il expose sont ignorés par l'article, alors qu'il aborde les questions de fond ("Je pense qu'en France, on ne supporte pas que les règles soient appliquées à la lettre"), mais évoque aussi sa nuit dans un hôtel surveillé par la brigade anti-criminalité.
(4) Ils comprennent une expulsion de Yepes pour tirage de maillot en 2006, ou le Marseille-Lorient au terme duquel l'arbitre avait admis, accablé, des erreurs sans rapport avec sa supposée agressivité.



J'ai décidé d'arrêter

Nous reproduisons ci-dessous le message envoyé par Romaric, qui traduit bien le dégoût que nous ressentons nous-mêmes en ce moment.

Cher journal,

Avant, j'aimais le foot. Je ne sais pas pourquoi l'envie me prend subitement de me confier à toi sans trop de réflexion, mais je crois que cette fois ils ont vraiment tout gâché. Je crois que cette fois, à voir hurler des joueurs, des entraîneurs et des présidents sur un arbitre aussi maladroit dans la forme qu'irréprochable dans le fond, j'ai décidé de tout arrêter, comme ça, devant le résumé d'un pluvieux Valenciennes-Bordeaux.

Ce soir, j'ai pris conscience du temps passé à m'user l'oreille sur une vieille chaîne hifi, pour écouter mes premiers matches de championnat, des soirées où, tout petit, je jouais mon championnat fictif et parallèle avec deux chaises et une boulette en papier, toutes ces soirées aussi futiles qu'indispensables alors pour être heureux, ou en avoir l'impression.
Ce soir, je me rends compte avec tristesse que depuis des années et avec acharnement les filles avaient bien raison. J'ai consacré trop de temps à un sport à la con.
Ce soir, je ne tiendrais pas rigueur à mes parents s'ils m'avaient imposé de faire de la planche à voile, du curling ou du tir à l'arc, du surf des neiges, du deltaplane ou du short-track; au lieu de demander naïvement à un jeune adolescent fou de Papin dans quel sport souhaitait-il s'illustrer. "Le foot". Oui, le foot, le grand, le vrai, celui auquel on pardonne tout pour y avoir touché, celui sur lequel tout le monde à un avis dessus pour les mêmes raisons.
(...)

Soit, à défaut d'être un grand penseur pour une soirée, je tenais, cher journal, te témoigner à toi tout particulièrement toute ma tristesse en cette soirée. (...) Ce soir, je n'en peux plus de comprendre que si un jour improbable la vie et une femme me donne des enfants, je ne pourrai pas les faire jouer au foot, parce que celui-ci vient de perdre à mes yeux toute les valeurs éducatives que j'étais solitairement heureux d'avoir acquis par lui, et pour lui.
Voila, un message bête comme le foot, futile comme le foot, banal comme le foot, mais totalement de bonne foi, lui. Bon courage, sincèrement.

Réactions

  • Hassan sans SAS le 18/05/2009 à 12h05
    « Peu importe que l'on ait, d'un côté, des insultes ordurières avérées, de l'autre, des accusations émanant des joueurs, dont on connaît la légendaire bonne foi sur un terrain »…

    Dites-donc Dame rédac, vous ne seriez pas en train de glisser sournoisement l’idée que tous les joueurs de football sont de mauvaise foi, en vous appuyant sur le capital « sympathie » que l’on est tenté de créditer à un arbitre victime d’insultes avérées ?? Est-il totalement farfelu de penser que l’arbitre, est un être humain comme les autres (argument que vous utilisez très régulièrement pour « défendre » les hommes en noirs), et qu’il peut, dans un contexte tendu, déraper et proférer lui-même des insultes ?

    A la lecture de ce passage, je me suis fait la remarque que comme tout le monde (sauf les protagonistes de cette affaire) vous ne savez rien du déroulement exact des événements, mais que comme tout le monde vous prenez une position (ici en faveur de l’honnête arbitre contre les malhonnêtes joueurs) qui est tout à fait subjective. Attention donc à l’excès inverse.

    Cela dit, les propos de « Decourrière » sont inacceptables, et il doit être sévèrement puni ! Mais comme vous l’indiquez très bien en fin d’article, les punitions sont très légères et franchement ridicules.

  • Jean-Patrick Sacdefiel le 18/05/2009 à 12h28
    > Hassan sans SAS

    On parle là d'une corporation chez qui les gesticulations pour la moindre touche, les réclamations éhontées sur des fautes imaginaires, les simulations de tous ordres et les vices en tout genre sont devenus une seconde nature... Tous les joueurs ne donnent peut-être pas dans cette mauvaise foi réflexe, mais le moins qu'on puisse dire est que leurs accusations – dans un contexte de lynchage des arbitres – sont plus que sujettes à caution... D'autant qu'accuser l'arbitre de propos injurieux est un grand classique.

    Personnellement, je n'accorde aucun crédit aux jérémiades de ces gamins incapables d'assumer leurs responsabilités. Dans the Chapron Case, les versions des joueurs et des dirigeants ont étrangement divergé... Au pire, l'arbitre en a envoyé promené un ou deux, qui s'est senti "insulté". Tout cela sert surtout à faire diversion et à jeter un voile pudique sur les propos de Decourrière. Alors que le scandale, il est vraiment là.

  • Portnaouac le 18/05/2009 à 13h03
    Loi du 29 Juillet 1881 :
    - article 29, alinéa 2 : Toute expression outrageante, terme de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait est une injure.
    - article 33, alinéa 2 : L'injure commise […] envers les particuliers, lorsqu'elle n'aura pas été précédée de provocations, sera punie d'une amende de 12 000 €.

    S'il vous plaît, Monsieur CHAPRON, déposez une plainte contre le président de V.A. (vous seul pouvez initier ces poursuites pénales - attention, vous n'avez que 3 mois pour le faire, et le délai court depuis Mercredi dernier).

    Et pour bien monter que la question n'est pas celle de l'argent, sollicitez 1€ symbolique de dommages-intérêts.

    Eu égard à la gravité des propos, il ne saurait être question de mesure d'apaisement ; un exemple est nécessaire, afin que chacun ait bien conscience qu'un tel comportement revêt une gravité exceptionnelle.

  • Roger Cénisse le 18/05/2009 à 13h07
    Gigodanho
    lundi 18 mai 2009 - 12h28
    > Hassan sans SAS

    On parle là d'une corporation chez qui les gesticulations pour la moindre touche, les réclamations éhontées sur des fautes imaginaires, les simulations de tous ordres et les vices en tout genre sont devenus une seconde nature... Tous les joueurs ne donnent peut-être pas dans cette mauvaise foi réflexe, mais le moins qu'on puisse dire est que leurs accusations – dans un contexte de lynchage des arbitres – sont plus que sujettes à caution... D'autant qu'accuser l'arbitre de propos injurieux est un grand classique.
    ______

    Oui enfin du coup l'argument c'est "ils ont l'habitude de tricher ces joueurs, donc ils mentent forcément" ?

    Tandis que, arrêtez-moi si je me trompe, la thèse inverse c'est "ils s'en prennent plein la gueule les arbitres, donc ils sont forcément de bonne foi et de toute manière c'est eux les victimes donc ils ont bien le droit de se lâcher un peu".

    Je sais pas pourquoi mais ça me paraît un brin partial, comme vision des choses.

  • André Sonne le 18/05/2009 à 13h28
    Super article une nouvelle fois, merci Les Cahiers. Et pour répondre à ceux qui trouvent cet article déséquilibré: il l'est. Il l'est car tout ne se vaut pas sur terre, les torts en sont pas partagés, il n'y a pas d'équilibre à trouver entre les joueurs et les arbitres etc... On n'est pas en train de négocier entre 2 pays ou entre employés et actionnaires. Il y a juste un type qui tranche des situations ambigües entre 2 équipes, et qui ne peut le faire bien que s'il est serein.
    Dans n'importe quel sport, le début d'insulte ou de contestation est puni et personne ne le reproche aux arbitres. Mais qu'attend le foot, merde! On me dit que le foot ne serait plus un sport mais un spectacle pour frustrés... Et les sports américains, ce n'est pas du spectacle peut-être?

    Maintenant, la question n'est plus "faut-il faire quelque-chose?" mais comment faire quelque-chose. Et je n'ai pas d'explications aux non applications des règlements. Le Président de Valenciennes ne doit plus venir dans un stade pendant 6 mois (barème pour insulte caractérisée). On commence quand?



  • Nimaï le 18/05/2009 à 13h33
    Cet article me fait un peu penser à celui de l'équipe. Un parti pris initial, et puis on développe autant qu'on peut pour défendre LA cause, celle qu'on estime la meilleure, quitte à dire des conneries. Le problème de l'arbitrage existe bel et bien et dépasse le cadre de "la nullité de l'arbitre" ou "la débilité des joueurs et dirigeants".

    Il y a forcément un problème d'argent. Il apparait quand même assez farfelu que les décisions d'un seul homme (que l'on voudrait totalement objectif!) puissent influer sur d'incroyables sommes d'argent. Au vu des moyens techniques dont nous disposons aujourd'hui, tout peut être fait pour soulager les arbitres. Seulement personne n'est d'accord, et nous entrons là dans un problème d'intérêts divergeants.

    Une question de fond: qu'est-ce que le football? Si la video remplace l'arbitre, que se passe-t-il? Personne n'est d'accord et personne ne le sera jamais. Entre ceux qui parlent avec leurs millions d'euros, ceux qui défendent ce qu'ils considèrent comme l'essence du football et ceux qui aiment à se réfugier derrière les erreurs de l'arbitre...

    Bien sûr, les conflits d'intérêts sont partout. Chez les arbitres eux-même qui se tirent dessus pour obtenir des postes, qui ne défendent jamais leur collègue lorsqu'on le traite de tous les noms. Ne peut-on d'ailleurs pas douter de l'intégrité de ces hommes? Leur statut d'arbitre les place-t-il au-dessus des autres hommes?

    Alors chacun à son idée: il faut soit cracher sur Chapron, soit le défendre. Peu importe ce qu'il s'est passé, puisque de toute façon on ne le saura jamais. Apparemment, cet arbitre est intransigeant et respecte le règlement à la lettre, et de plus ne commet pas particulièrement de "fautes arbitrales communes" (yapénoyapapéno, yavépahorjeu...), et ceci fait de lui un bon arbitre, voila un point sur lequel tout le monde devrait être d'accord. Après, il y a la suspicion, et ce n'est pas aussi léger que le suggère l'article: "ferme ta gueule" à Saïfi, d'autres insultes confirmées par les deux capitaines de Monaco-Nice qui disent ne jamais avoir entendu ça au cours de leur longue carrière, un match qui dégénère à Valenciennes l'année dernière suite à ses décisions, les 3 cartons rouges lors de Toulouse-Lille, et on ajoute à cela le match de Valenciennes... au cours duquel Schmitz affirme qu'il aurait dit que le club ne méritait pas de jouer en L1. Ce ne peut être ni blanc ni noir, mais quand d'assister à un tel cinéma, j'en viens à me dire qu'ils se foutent tous de notre gueule, arbitres, joueurs, dirigeants...

    Sinon, je me demandais quel qualificatif vient en premier dans la tête des gens lorsqu'on parle de l'arbitre. L'expression est bien connue et je n'ai vmt pas envie de la citer, et je n'ai pas l'impression qu'elle date d'aujourd'hui, ni même d'hier, mais qu'elle est bien ancrée dans le football depuis un moment. La polémique semble indispensable à ce sport et plus qu'aux autres, il y a tellement de folie et de passion dans le football... L'arbitre est une variable qui peut changer le cours d'un match à chaque seconde sans pour autant toucher au ballon, alors forcément tout devient discutable, et dans ce pays on préfère discuter, refaire les matchs et le monde, plutôt que de s'entendre et se dire que tout ça c'est du cinéma, mais qu'on aime ça... au moins un peu.

    Pour en revenir à Romaric, je trouve ça dommage qu'on prive ses enfants de jouer au football parce qu'on en est déçu soi-même... Je tiens quand même à préciser qu'on peut passer son temps à jouer au football sans pour autant évoluer dans un club.


  • fredo13 le 18/05/2009 à 13h52
    Pas simple tout cela.
    Toutefois que faire d'autre que de laisser juger et décider un tiers dans un affrontement entre 2 parties. Ici des clubs de football.

    L'arbitre est là pour juger d'un fait de jeu et d'appliquer un règlement.
    Règlement qui doit être appliqué partout de la même manière.
    Vieil exemple que je cite souvent : finale UEFA 2004 Barthez expulsé ; euro 2004 France - Angleterre, la gardien anglais reçoit un jaune pour la même faute ! On est à un mois d'intervalle devant des millions de téléspectateurs.

    Il n'y a qu'un moyen de redresser la barre : sanctionner dur, très dur.
    Au rugby, au Hand, au basket ce ne rigole pas beaucoup avec les arbitres.
    Sanctionner entraineurs et dirigeant. Mais pas d'amendes de 200€, mais de match de suspension, d'interdiction de stade, d'obligation d'excuses publiques, de lecture avant un match de lettre d'excuses de dirigeants...


  • Nutmeg le 18/05/2009 à 14h05
    Moi aussi je ne m'intéresse plus au championnat qu'à doses homéopathiques... Des fois je me dis qu'il faut refonder le football...etc.

    Sur les contestations : la sanction d'un carton automatique devrait être appliquée ; ça n'a rien impossible. En hand, par exemple, ça ne vient à l'idée de personne de contester une décision. Sinon, c'est exclusion. Tiens au fait, les exclusions temporaires au foot, ça serait peut-être utile.
    Il faut faire retomber la pression qui pèse sur chaque décision des arbitres.

    Sur les arbitres : il faudrait peut-être cesser d'être des "victimes consentantes". Il n'y a pas vraiment de position commune, ni de réaction forte de la ligue ; ça n'aide pas beaucoup les arbitres "accusés"...

  • José-Mickaël le 18/05/2009 à 14h32
    Mille mercis à J. Latta pour cet article de salubrité publique ! Vous avez pris le temps de le rédiger et il est vraiment très bien fait. Heureusement que vous êtes là pour ce genre de boulot, car l'affaire est vraiment grave, pour moi c'est probablement l'affaire la plus grave de l'année, et pourtant vous semblez bien seuls. J'espère vraiment que votre travail aura un écho important auprès de vos collègues, même si je crains que ça ne soit pas évident. Si seulement certains journalistes influents pouvaient le lire et se dire que, oui, peut-être bien qu'on a exagéré...

    J. Latta :
    > Elle devient franchement nauséabonde quand la mise en doute de leur honnêteté ne choque plus personne. Quand des insultes proférées à l'encontre d'un arbitre deviennent normales, et servent même à l'accabler...

    Voilà ! C'est ça que j'ai trouvé hallucinant. L'arbitre se fait insulter de la plus odieuse des façons et c'est normal. Les joueurs prétendent qu'il les a insultés et a promis de les voler en 2è mi-temps (alors que c'est juste un malentendu) et on avale ça. Ben oui, c'est bien connu, les arbitres sont des voleurs, et c'est même pour ça qu'on a bien le droit de les insulter. Une sorte de ratonnade médiatique. On devrait leur demander de porter une étoile jaune, tiens...

    --------------
    Marf
    lundi 18 mai 2009 - 08h19
    > [...] un match amical d'avant-saison [...] où les arbitres auront pour mission d'appliquer et d'EXPLIQUER aux joueurs/entraîneurs/dirigeants les nouvelles consignes qu'ils auront reçues de leur direction

    Ce n'est pas ce qu'ils font avant chaque match ? Il me semblait que l'arbitre va toujours voir les capitaines pour les consignes, du genre « Attention, messieurs, j'ai reçu des consignes, je dois siffler les tirages de maillot dans la surface, donc je vous demande d'avertir vous équipiers. J'ajoute que je serais intraitable sur les contestations. Dites-le leur aussi. »

    > Pour l'exemple de Chapron, réagir à "il insulte les joueurs sur le terrain" par "c'est impossible, l'arbitre est blanc comme l'enfant qui vient de naître".

    Il y a trois hypothèses :
    - L'arbitre a dit au capitaine valenciennois « en 2è mi-temps, je vais vous enculer ». (Il avait prémédité de voler Valenciennes.)
    - Le capitaine valenciennois a tout inventé.
    - Le malentendu : l'arbitre a expliqué au capitaine valenciennois que s'il continuait, en 2è mi-temps, à réclamer des cartons, c'est lui qui allait en recevoir un : « si vous continuez, en 2è mi-temps je vais vous en coller un » --> je vais vous enculer...

    Pour moi, seule la troisième hypothèse est crédible (en outre elle correspond point par point aux témoignages des deux protagnosistes). Les deux autres me paraissent particulièrement grotesques, pour ne pas dire débiles.

    (Roger Cénisse, Hassan sans SAS : vous avez noté, ce n'est pas un problème manichéen - les gentils arbitres contre les méchants joueurs. Si on réfute l'hypothèse que l'arbitre est suffisamment débile pour avoir l'intention de voler les Valenciennois et s'en vanter en les insultant, ce n'est pas pour admettre l'hypothèse que ce sont les joueurs qui sont débiles.)

    SuperColleter
    lundi 18 mai 2009 - 10h10
    > [tout]

    Super analyse ! Je suis à 100 % derrière toi notamment pour :
    - le préjugé anti-Chapron qui joue ;
    - l'argument du réflexe pavlovien --> très bonne remarque ! ;
    - le lien avec ce qui se passe en amateurs (d'où à mon avis la gravité de la situation).

  • Beau gosse chiant le 18/05/2009 à 15h04
    Je ne suis pas résolu à tourner le dos définitivement au foot, notamment au niveau amateur, il y a de belles choses qui se font encore. L'éducation, le respect, le fair-play et le second degré n'ont pas encore complétement abandonné le bateau foot.

    Mais cette "affaire Decourrière" m'a au moins persuadé de ne plus jamais acheter le moindre journal de messieurs Duluc et and Co(ns).


La revue des Cahiers du football