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Arthur Friedenreich, o tigre do Brasil

Les joueurs d'exception – L’Histoire tend à l’oublier, alors n’oublions pas son histoire: celle d’un buteur d’exception, premier non-Blanc à avoir joué pour la Seleção et première légende du foot brésilien.

Auteur : Toni Turek le 11 Mars 2009

 

 

Né à São Paulo, Arthur Friedenreich a des origines mixtes : sa mère Matilde, lavandière, est brésilienne et noire, et son père Oscar, négociant à Hambourg avant d’émigrer au Brésil, est allemand et blanc. Arthur, lui, est un garçon métis, aux yeux verts, et qui adore évoluer ballon au pied dans les rues de sa ville natale.


arthur_friedenreich_1.jpg50 % allemand, 50 % brésilien,
100 % futebol


Au Brésil du début du siècle dernier, le football de club est une activité réservée aux seules classes huppées – blanches. Noirs et métis ne peuvent jouer en club, même en amateurs. La chance du jeune Friedenreich – alias "Fried" – est d’avoir des racines allemandes. Ayant constaté le don de son fils, son père l’emmène au Sport Club Germânia, le club des émigrés allemands, dirigé par Hermann Friese. Nouveau président du Germânia, Friese est originaire de Hambourg, comme Oscar Friedenreich. Surtout, il est un sportif accompli – à la fois coureur de demi-fond et joueur de foot (meilleur buteur de São Paulo 1905-1906-1907) – et il voit bien de quoi est capable le jeune métis, auquel il entend donner sa chance.

Cependant, pour Fried, être autorisé à jouer ne signifie pas être accepté. La discrimination raciale est forte à cette époque, le foot ne fait pas exception. Pour esquiver les attaques racistes des adversaires et des spectateurs – voire celles de coéquipiers – il passe du temps avant les matches à se lisser les cheveux à l’aide de pommade, voire parfois à blanchir sa peau avec de la poudre de riz.

La légende veut que Friedenreich ait réalisé sa première feinte de corps dans la rue, pour éviter une voiture qui roulait vite. Une fois exercée sur le terrain, cette technique lui permet souvent d’éviter les charges violentes des adversaires prêts à miser sur le physique pour le stopper. Une technique d’autant plus appréciable que toutes les fautes sur lui ne sont pas sifflées (le racisme touche aussi les arbitres). Ajoutons à sa panoplie ses tirs si particuliers: si les autres frappent la balle en son centre, lui tire plutôt sur le côté du ballon, lui conférant un effet original mais dévastateur sur les défenses adverses. Ce comportement si singulier avec le ballon fait rapidement de Friedenreich l’un des footballeurs les plus intéressants à suivre sur les terrains de foot paulistes.



"Roi du football"

Entre 1909 et 1917, Fried évolue dans une demi-douzaine de clubs différents de São Paulo. Sur cette période, il glane ses trois premiers titres de meilleur buteur avec douze buts inscrits pour l’Associação Atlética MacKenzie College en 1912, avec douze buts pour sa première saison avec le Club Athletico Paulistano en 1914, et avec quinze buts marqués pour le Clube Atlético Ypiranga en 1917. A partir de 1918, il revient s’établir pour de bon au Club Athlético Paulistano ; là, il peut continuer à donner libre cours à son talent. Il remporte alors six fois le titre de champion du Campeão Paulista (1918, 1919, 1921, 1926, 1927 et 1929), et finit six fois meilleur buteur de la ligue (1918, 1919, 1921, 1927, 1928 et 1929), marquant jusqu’à trente-trois buts en 1921. Le temps passe, mais son sens du but demeure.

Consacré star en Amérique du Sud, il a l’occasion en 1925 de montrer son talent aux Européens sceptiques: son club effectue une première tournée historique en Europe. Lors de cette celle-ci, Friedenreich croise le chemin de l’équipe de France. Les Paulistes battent les Bleus 7-2, avec un triplé de Fried, dès lors surnommé "Roi du football" ou encore "Roi des rois". Tournée réussie: sur les huit matches disputés en Europe, il inscrit onze buts.

Le 16 septembre 1928, alors qu’il a déjà trente-six ans, Friedenreich inscrit un septuplé historique lors de la victoire 9-0 obtenue face à l’União de Lapa. Il termine cette saison meilleur buteur avec vingt-neuf réalisations au compteur (1). À la fin de l’année suivante, à nouveau titré, il quitte le CA Paulistano  et rejoint le São Paulo da Floresta avec lequel il conquiert son septième et dernier titre de champion du Campeão Paulista en 1931. Mais il n’obtiendra pas de dixième titre de meilleur buteur.
Enfin, après un quart de siècle passé à jouer à São Paulo (1909-34), il effectue un passage à Rio, au Flamengo, avant de mettre un terme définitif à sa carrière en 1935, à quarante-trois ans – un âge respectable pour un attaquant.



1914 – la première de la Seleção
arthur_friedenreich_2.jpgLa carrière internationale de Fried débute en même temps que l’histoire de l’équipe nationale brésilienne de football: le 27 juillet 1914, à l’Estádio das Laranjeiras de Rio – le stade du Fluminense. Pour cette première internationale, c’est une sélection de joueurs de divers clubs de Rio et de São Paulo qui est alignée. Vêtus de shorts blancs et de maillots blancs et bleus (2), les Brésiliens affrontent devant 5.000 personnes l’Exeter City FC. Le club anglais finit là sa tournée sud-américaine, au cours de laquelle il a déjà enregistré cinq succès et un nul en sept matches. Bilan de cette rencontre, mémorable non par le jeu mais par l’enjeu: une première victoire 2-0 pour les Brésiliens. Un précédent d’autant plus mémorable pour Friedenreich qu’il y a perdu deux incisives sur une agression anglaise.
Le 27 septembre de la même année, Friedenreich dispute le premier match à l’extérieur du Brésil, qui bat l’Argentine 1-0 à Buenos Aires. Le Brésil remporte ainsi son premier trophée international, la Copa Roca (3).

 


arthur_friedenreich_4b.jpgL’avènement du Tigre

Le parcours international de Friedenreich atteint son premier sommet en 1919, lorsque le Brésil organise la troisième édition de la Copa América. Le 11 mai à Rio, pour le premier match de la compétition et l’inauguration de l’Estádio das Laranjeiras alors agrandi à 18.000 places, Fried marque trois des six buts de son équipe contre le Chili. Le 29 mai, lors de la finale contre l’Uruguay (vainqueur des deux premières éditions), c’est lui qui marque l’unique but de la rencontre au cours de la deuxième prolongation (4).
Fort de cet exploit, qui a permis à son équipe d’éviter l’épreuve fatidique du lancer de pièce pour déterminer le vainqueur, l’attaquant y gagne deux surnoms. La presse uruguayenne lui décerne le nom d’El Tigre – un bel hommage à son agilité sur le terrain et au fait qu’il n’abandonne jamais, les Brésiliens le surnomment Pé de Ouro – pour son titre de meilleur buteur de la compétition avec ses quatre réalisations. En ce 29 mai 1919, la première légende du foot brésilien est née. Preuve de l’euphorie qui s’empare de Rio, les chaussures victorieuses du buteur sont même exposées dans la vitrine d’une bijouterie de la ville.

Cette Copa América, Friedenreich ne la joue pas en 1921, alors qu’il marque trente-trois buts sur la saison avec le CA Paulistano, et qu’il est incontestablement l’un des meilleurs joueurs de sa génération. La faute de l’Argentine, pays hôte de la cinquième édition de la compétition, qui ne veut que des joueurs blancs sur ses terrains. Pour ne pas aller à l’encontre de cette exigence, le président brésilien en personne d’alors, Epitácio Lindolfo da Silva Pessoa, interdit aux footballeurs non-Blancs de représenter le pays. Ainsi privé de son atout maître, le Brésil échoue à la deuxième place, avec deux revers contre les poids lourds argentins (qui remportent le titre cette année-là) et uruguayens. Après cet échec et avec la pression populaire, l’interdiction est finalement levée et, avec El Tigre de retour dans ses rangs, le Brésil enlève à nouveau la Copa América dès l’année suivante. Après 1916, 1919 et 1922, il joue une dernière fois cette compétition en 1925, mais ses deux buts ne suffisent pas à la conquête d’un nouveau trophée.



Privé de Coupe du monde

Ce qui manque au CV de Friedenreich est assurément la participation à une Coupe du monde. Il pouvait participer à la première édition de cette compétition, en 1930. Même s’il n’a alors plus les jambes de sa prime jeunesse, il a encore, à trente-huit ans, le niveau et l’envie. Mais à cause d’un conflit interne dans le petit monde du foot brésilien, seuls les joueurs de Rio sont finalement autorisés à partir en Uruguay. L’occasion d’y apposer sa griffe était unique pour El Tigre, il n’en aura hélas pas de deuxième.
Juste après cette Coupe du monde involontairement manquée, Friedenreich joue son dernier match international le 1er août 1930 et inscrit un ultime but avec la tenue bleue et blanche pour un dernier succès, sur la France (3-2). En 1934, à quarante-deux ans, il est trop âgé et usé pour être sélectionné pour le Mondiale italien… De l’inconvénient d’être un précurseur.

Sur les dix-sept ans de sa carrière internationale, Friedenreich a disputé dix-sept rencontres et marqué huit buts d’après certaines sources; selon d’autres, il a inscrit dix buts en vingt-deux matches. Cela semble peu, mais à l’époque les matches internationaux avaient lieu moins fréquemment que maintenant. Quoi qu’il en soit, il a indéniablement contribué au premier essor de la Seleção.


Friedenreich est surtout connu pour son total de réalisations au cours de sa carrière longue de vingt-six ans. Pourtant, ce nombre de buts est incertain: on parle tantôt de 1.329 buts en 1.239 matches, tantôt de 1.239 buts en 1.329 matches, tantôt de 555 réalisations en 562 rencontres. Le décompte précis fait par son père et par son ami Mário de Andrade a été définitivement perdu à la mort de celui-ci.
C’est néanmoins la première valeur qui est retenue par la FIFA, ce qui fait officiellement de Friedenreich le premier joueur à avoir atteint la barre mythique des mille buts, avant l’Autrichien Franz Binder ou le futur "Roi" Pelé. Surtout, avant le "diamant noir" Leonidas qui lui succédera peu après, et bien avant que le Brésil ne devienne la grande nation de foot reconnue de nos jours, El Tigre aura été le premier artiste du foot qu’ait connu le Brésil.


(1) Sur certaines périodes, le championnat pauliste a été bicéphale. Officiellement, Friedenreich partage donc ses titres de meilleur buteur de 1914, 1927, 1928 et 1929 avec ses homologues de l’autre groupe. Si les deux listes étaient fusionnées, "Fried" perdrait le titre de 1928, ayant marqué cette année deux buts de moins qu’un joueur de Santos.
(2) Le haut jaune fera son apparition après la défaite au Maracanã contre l’Uruguay en 1950.
(3) Coupe ainsi nommée en l’honneur du général Julio Roca, ancien président argentin (1880-86 & 1898-1904), qui était en 1914 ambassadeur au Brésil. Ce fan de foot souhaitait voir développée une compétition entre les deux grandes nations de l’Amérique du Sud.
(4) Les prolongations étaient au nombre de deux – de deux fois quinze minutes chacune – mais la deuxième ne se jouait que si le score restait nul à l’issue de la première. Comme à la 120e minute était toujours de 0-0, cette finale de 1919 a duré 150 minutes. Un record
.

Réactions

  • Lucarelli 1 le 11/03/2009 à 00h30
    Super précis, dis donc !
    Sur la ségrégation dans le foot brésilien à l'époque, voir l'appellation de certains clubs : Clube de Regatas (Flamengo, Vasco). Un truc de blancs.

  • Le_footix le 11/03/2009 à 01h02
    Vous avez vu la minceur de ses muscles ?!
    Désolé, j'ai pas l'habitude.

  • Qui me crame ce troll? le 11/03/2009 à 09h41
    Il y a quelques années sur Arte il y avait eu un chouette reportage sur Friedenreich, le premier joueur à avoir dépassé la barre des 1000 buts. Très intéressant.

  • Pierre Des Loges le 11/03/2009 à 10h04
    Superbe article, bravo.

    Pour la tenue de la Seleçao de 1914, j'en ai une idée très précise: c'est celle que la Seleçao portait lors d'un match amical France-Brésil de 2004, commémorant le centenaire de la FIFA (les deux sélections portaient pendant une mi-temps la même tenue que lors de leur création, on se souvient notamment de Zidane et Thuram suant toute leur eau dans leurs chemises bleues...).

  • Chaban del Match le 11/03/2009 à 10h15
    Lucarelli
    mercredi 11 mars 2009 - 00h30
    Super précis, dis donc !
    Sur la ségrégation dans le foot brésilien à l'époque, voir l'appellation de certains clubs : Clube de Regatas (Flamengo, Vasco). Un truc de blancs.
    ------------
    Mais que faisait la Police ?

  • Nicaulas le 11/03/2009 à 10h57
    Comme d'hab, un grand bravo et merci aux rédacteurs de nous faire découvrir l'histoire du football sous un autre angle. J'aime beaucoup tous ces articles, qu'on ne peut lire nulle part ailleurs.

  • Diablesse Rouge le 11/03/2009 à 11h08
    Une découverte de plus pour moi, merci Toni!

  • José-Mickaël le 11/03/2009 à 14h07
    Super article ! Je ne connaissais ce joueur que de nom, du coup j'ai appris plein de choses. Vivement le prochain...

    Pour la note sur les prolongations, je n'ai pas compris pourquoi ça a duré 150 minutes : c'était prolongations de trente minutes au lieu de quinze ?

    À propos du match Brésil-France de 1930, je suis allé consulter le livre "L'intégrale de l'équipe de France de football" de J.M. et P. Cazal et M. Oreggia, qui décrit tous les matchs jusqu'à 1998. Eh bien les auteurs considèrent que ce match est une très grande performance dans l'histoire du foot français. Quelques extraits :

    « Grâce à Edmond Delfour, les tricolores menaient (2-0) au bout de vingt minutes, mais les Brésiliens égalisèrent avant la mi-temps et prirent l'avantage peu après la pause. Cependant, le jeu resta très égal et André Maschinot aurait pu égaliser peu avant la fin si, aux six mètres, il n'avait pas tiré à côté. [...] Cette courte défaite, glorieuse, face à une formidable équipe brésilienne, bien supérieure à celle qui représenta le Brésil en coupe du Monde, ne déparerait nullement le palmarès de l'équipe de France. [Ensuite ils expliquent poruquoi l'équipe brésilienne de la coupe du Monde ne comptait que des joueurs cariocas, contrairement à celle que la France rencontre, puis : ] Au contraire, l'équipe rencontrée par les tricolores comprenait à la fois des représentants de São Paulo (dont le légendaire avant-centre meneur de jeu Arthur Friedenreich) et de Rio (dont le célèbre demi-centre Fausto Dos Santos). »

    (D'après la feuille de match, Friedenreich marque le but égalisateur à la 41è. A noter que ce match n'est pas homologué par la FIFA, et donc ne figure pas dans les annexes de la plupart des livres sur l'histoire de l'équipe de France. Les auteurs n'expliquent pas pourquoi - c'est un des quelques matchs que l'équipe de France a joué après son élmination du 1er tour, juste avant de rentrer en France, peut-être a-t-il été improvisé sans en référer officiellement à la FIFA, ou quelque chose comme ça ?)

  • Pierre Des Loges le 11/03/2009 à 14h41
    José-Mickaël
    mercredi 11 mars 2009 - 14h07
    Super article ! Je ne connaissais ce joueur que de nom, du coup j'ai appris plein de choses. Vivement le prochain...

    Pour la note sur les prolongations, je n'ai pas compris pourquoi ça a duré 150 minutes : c'était prolongations de trente minutes au lieu de quinze ?
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    Non, c'est juste qu'il n'y avait pas de tirs au but à l'époque. Et s'il y a toujours égalité après la première prolongation de 2 fois 15 minutes, on en rejoue une deuxième (toujours de 2 fois 15 minutes). Comme au hand ou au basket.

  • La Bertin'chonne le 11/03/2009 à 16h29
    Excellent, j'adore vraiment ces articles sur l'Histoire du football..! On en redemande!!

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