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Faire payer plus pour gagner plus ?

Dans l'espoir d'améliorer la compétitivité des clubs français, l'idée d'augmenter le prix des places de stade fait son chemin... Et se trompe de route.

Auteur : Danio Rerio le 3 Dec 2008

 

 

En matière de football, une habitude tenace consiste à prôner la solution la plus immédiate à tous les problèmes qui se présentent. L’arbitrage pêche? Il faut faire appel sine die à la vidéo. L’équipe de France est en manque de résultats? C’est la faute du sélectionneur. Les clubs français ont une billetterie moins lucrative que leurs adversaires européens majeurs? Haussons le prix des places!


Inflation vertueuse
S’appuyant sur une étude du cabinet Simon Kucher and Partners (SKP), L'Équipe a lancé le débat sur l’augmentation des prix des billets en soulignant "qu'il existerait une vraie corrélation entre un prix de billet élevé et les performances des équipes" (1). En commentant les résultats de l’étude SKP et en donnant la parole au président de ce cabinet, l'article immisce le doute dans l’esprit des lecteurs: les clubs français auraient-ils donc tout intérêt à augmenter le droit d’entrée au stade pour acheter puis rémunérer de meilleurs joueurs, renforçant au passage leur compétitivité?


Garantir au football français de rester un spectacle populaire ne semble toutefois pas être l’objectif majeur des consultants en charge de cette étude. Car si le diagnostic est bon, le remède est mauvais: dans l’attente de nouveaux stades, d’autres solutions existent.


La différence française
Le constat est là: les recettes "billetterie" des clubs français sont largement inférieures à celles de leurs homologues européens des marchés de taille équivalente (Angleterre, Allemagne, Espagne et Italie). Certes, les clubs hexagonaux n’engrangent que 17,5 euros de recettes de billetterie moyenne par spectateurs contre 32,5 euros pour le "Big Four". Certes, ces recettes ne procurent que 14% du chiffre d’affaires des SASP tricolores, contre 35% aux teams anglaises et 24% aux Mannschaften allemandes.

 

Certes encore, le prix moyen du billet français, s’élevant à 26 euros, et bien que supérieur d’un euro à la moyenne européenne, est à la traîne des tarifs pratiqués en Angleterre (43 euros) et Espagne (40 euros), et se situe dans un second peloton avec l’Italie (27 euros) et l’Allemagne (25 euros). Certes enfin, la courbe du prix des places ne suit pas les vertigineuses hausses anglaise (+52%) ou allemande (+42%).

prix_places2.jpg


Comment perdre des spectateurs ?
Pourtant, une augmentation brutale du ticket d’entrée, telle que préconisée par SKP, aurait plusieurs effets néfastes. En effet, si l’image d’Épinal d’un supporter issu des classes populaires semble avoir vécu, remplacée peu à peu par le stéréotype des CSP au plus grand pouvoir d’achat (2), une hausse tarifaire aurait surtout pour conséquence de distendre définitivement le lien entre football et classe moyenne.


Faire peser sur la majorité la hausse des charges est une idée dans l’air du temps... Mais il conviendrait de se demander – plutôt que de lancer en l’air des réponses toutes faites – comment la demande réagira à cette augmentation injustifiée du prix des places. Il n’y a en effet aucune certitude que le public français, qui n’a pas la culture supportariale des socios ou des tifosi, et ne bénéficie pas du confort des stade anglo-germaniques (voir plus bas), continuent à se rendre dans des  stades obsolètes.

 

Il semblerait même que le prix des places soit l’un des principaux points décourageant la venue du public (3). Public se déclarant prêt, par ailleurs, à dépenser jusqu’à dix euros en restauration ou produits dérivés... (4


Comme à l'hôtel
La corrélation "manque de ressources global / augmentation du prix unitaire" semble une préconisation d’un autre âge. En tout cas pas en adéquation avec l’âge technologique actuel. Pour parler comme les économistes, une place de stade est un bien périssable non stockable. Il y a donc tout intérêt à l’écouler avant qu’elle ne se soit perdue.


Il semblerait que les compagnies aériennes ou hôtelières, dont le cœur de métier est justement la gestion de biens périssables non stockable (les sièges dans l’avion et les chambres dans l’hôtel), ne misent pas sur l’augmentation du prix du ticket. Mais plutôt sur une stratégie dénommée Yield Management, consistant à adapter le montant à la demande, afin de vendre malgré tout la prestation.

 

Tout le monde a ainsi fait l’expérience de tarifs moins chers longtemps en amont de la date de réservation, ou au contraire de prix bradés plus l’heure de "péremption" approche. Il ne serait pas étonnant que certains clubs se donnent la peine d’investir dans ce type d’outil à l’avenir (5). 


L'équation de Manchester
Un autre outil d’actualité, à même de renforcer largement le revenu moyen par place du football français, est les loges. Or, si la France semble à la traîne de ses rivaux, c’est peut-être parce que de trop nombreux stades français sont dépourvus de ce type de prestations. Cinq clubs de L1 – Le Havre AC, l’OGC Nice, le LOSC-Lille Métropole, l’AJ Auxerre et le Valenciennes AFC – ne disposent pas de ces prestations privatives largement rémunératrices.

 

Pourtant, l’essentiel de l'économie du jour de match se fait désormais sur ces places à prestations, et non sur les places grand public, comme le confirme la désormais proverbiale équation de Manchester United: les champions d’Europe réalisent 43% de leur chiffre d’affaires billetterie "match-day" avec les 9% de places les plus chères… Et quand les clubs français disposent de sièges à prestations, ils sont en quantité insuffisante au regard de la concurrence, comme le montre la comparaison France-Allemagne.



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Moyenne par stade. Source: Sportfive


Nouveaux stades: l’effet d’expérience
Mais disposer de sièges à prestations implique préalablement d'avoir investi dans des stades nouvelle génération. L’Allemagne a ainsi profité de la Coupe du monde 2006 pour remettre à niveau son parc d’enceintes. Si, dans le sillage des rapports Besson et Seguin, les acteurs du football français appellent de leurs vœux de nouveaux équipements, c’est parce qu’ils savent qu’il est plus simple, comme le prouve le nouveau Stade des Alpes, d’attirer des (nouveaux) spectateurs dans des conditions de confort optimales. Sans forcément les rançonner, Puisque, jusqu’à preuve du contraire, 2 fois 6 rapporte plus d’argent que 1 fois 10.  


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Source: LFP, traitement CdF

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Source: LFP, traitement CdF


(1) L’Equipe, 25 novembre 2008.
(2) Voir l’enquête IPSOS-LFP, publiée lors de la conférence "Stades: de la conception à l’exploitation" des 18 et 19 novembre 2008.
(3) Ibid.
(4) Sans trouver toujours des conditions de "consommation" (restauration, boutique, interactivité) sur place répondant à cette demande. Le développement de ces recettes annexes n’est bizarrement pas proposé comme une solution par SKP. Pourtant, une augmentation de 4,5 euros de la recette moyenne par spectateur, d’après l’étude Eurostaf-Les Echos "L’exploitation des enceintes sportives" rapporterait ainsi autant que des stades pleins, sans toucher au prix du billet.
(5) Comme le hasard fait bien les choses, l’un des leaders pour la création de logiciels de Yield Management à destination de l’hôtellerie est la Cegid, la société de… Jean-Michel Aulas.

Réactions

  • Qui me crame ce troll? le 04/12/2008 à 09h27
    Très bonne remarque J-M, et je m'en veux de ne pas l'avoir faite!

  • liquido le 04/12/2008 à 09h51
    C'est pas comme si Marquet Moon ne l'avait pas déjà relevé en page 1, en moins gnangnan et plus pertinent...

  • Lyon n'aime Messi le 04/12/2008 à 10h30
    Le_footix
    mercredi 3 décembre 2008 - 20h33

    Pour OL-land, le stade sera privé mais ce n'est pas pour ça qu'il ne va pas couter très cher aux contribuables. Bien évidement les recettes engendrées par ce nouveau stade ne seront que pour le club...

  • Qui me crame ce troll? le 04/12/2008 à 10h43
    J'imagine que les stades de foot ne sont pas les seuls exemples d'intervention du public pour le privé. J'ai un seul exemple en tête : quand l'entreprise dans laquelle mon père travaillait menaçait de fermer, la municipalité leur a promis de faire des travaux pour améliorer l'arrivée des camions dans l'entreprise. Donc construction de rond-points etc. Ce qui n'a pas empêché en passant l'usine de fermer;
    Bref, même si c'est un petit exemple, je pense qu'il y a d'autres cas pour lesquels le public investit pour le privé. Il faudrait juste savoir si la ville s'y retrouve avec la création d'un grand stade qui éviterait les engorgements lors des matchs dans le sud lyonnais, qui attirerait plus de touristes/supporters (OL Land permettrait peut-être d'avoir des finales de LDC, hypothèse au hasard, je n'en sais rien).

  • José-Mickaël le 04/12/2008 à 16h00
    liquido
    jeudi 4 décembre 2008 - 09h51
    > C'est pas comme si Marquet Moon ne l'avait pas déjà relevé en page 1, en moins gnangnan et plus pertinent...

    Ah oui, zut... Donc un point pour moi... Que celui qui ne s'est jamais pris un point me jette la première pierre !

    Et puis bon, on ne lassera jamais de répéter ces évidences qui n'en sont pas toujours pour les journalistes... En plus je trouve que ma comparaison avec l'essuie-glace, quand bien même elle serait gnangnante (sympa), est une bonne démonstration de l'absurdité de confondre corrélation et relation de cause à effet (un exemple, c'est toujours plus parlant, non ?) et c'est sur ce point que je voulais insister, point qui me paraît au contraire tout à fait pertinent.

  • magnus le 04/12/2008 à 16h43
    Globalement je rejoins le_footix sur ses interventions. De mon point de vue personnel, j'ai nettement moins envie d'aller au Vélodrome depuis quelques années, pour de multiples raisons. La raison principale tient à ce que, contrairement à il y a pas mal d'années où j'étais étudiant dans une filière qui était loin d'accaparer mon temps disponible, maintenant que je bosse les raisons suivantes sont devenues plus décisives que lorsque j'avais le temps de faire un apéro de 3h juste avant d'aller tranquillement au stade à une allure de sénateur et à moitié frit.

    -l'accès au stade: en fait, c'est pas vraiment pour y rentrer, mais pour en sortir! des grillages à n'en plus finir qui peuvent s'ouvrir complètement mais qui pour une raison saugrenue restent fermés aux trois-quarts, provocant un engorgement à la fin du match dont il faut plusieurs minutes pour s'extirper. Pour rentrer avant le match, pas vraiment de souci sauf lorsqu'un crétin décide de qualifier le match "à haut risque" (genre contre le PSG), obligeant les CRS à filtrer l'accès au stade déja pas idéal. Il y a quelques années ça avait failli vraiment mal finir lors d'un OM-PSG lambda, une bousculade avec de nombreux évanouissements, un dispositif lamentable entièrement imputable aux forces d l'ordre, mais aussi à l'enceinte du stade.
    -le confort du stade: on peut clairement mieux faire, entre la visibilité et l'éloignement par rapport à la pelouse, et le confort proprement dit. Ne peut être amélioré que dans un nouveau stade.
    -les "à-côtés": les buvettes sont une escroquerie, tout y est absolument dégueulasse et hors de prix, et comme elles sont minuscules c'est la cohue à chaque mi-temps avec l'assurance de perdre un bon bout de match. Les toilettes sont dignes de celles de Trainspotting, mais bon, dur d'habituer les gens à rester propre et respecter les lieux si dès le départ ça ressemble à des chiottes de station-service de bas étage.
    -tarifs des places: en virage c'est pas cher, mais il faut être abonné sinon hors de question de trouver une place à l'unité lors des "gros" matchs. Les autres tribunes c'est trop cher pour moi, et là on en revient au cœur du problème soulevé par cette étude à la noix: en l'état actuel des choses, les places hors-virage son beaucoup trop chères au Vélodrome pour ce que c'est.
    -l'après-match: au coup de sifflet final, tout le monde n'a qu'une seule envie c'est de se barrer vite fait. Sinon on peu traîner à la boutique pour rechercher un exemplaire collector du DVD "Ribéry-Oruma: les maîtres du jeu".
    -ratio télé-stade: eh oui, si l'important est de voir un match dans des conditions optimales, il faut parler de ça. Plus les années passent, moins j'ai envie de gesticuler en virage. Si on ne veut pas faire de tifo pendant 90 minutes non-stop, en virage il faut aller sur le côté ou en haut où on voit moins bien, sinon va en tribune, footix! sinon vu que les prix baissent, regarde le match sur un écran 100 cm full HD vu que là les prix sont sûrs de baisser. Et ainsi tu éviteras de t'enrhumer comme une fois sur 2 quand tu vas au stade qui est ouvert à toutes les intempéries. Je caricature un peu. Mais si on regarde chez nos voisins, par exemple en Italie une des raisons de la baisse de fréquentation des stades est que l'on peut s'abonner pour voir tous les matchs de l'équipe de son choix à la télé. En France j'ai l'impression qu'on est pas si loin que ça de cette situation.

    Bon, ce n'est pas à Marseille que l'on risque de voir la fréquentation baisser, entre la population de la ville et la popularité du club en dehors de ses murs (big respect aux passionnés qui viennent de loin pour supporter le club à chaque match à domicile), mais je pense que mon expérience n'est pas un cas isolé.

  • bigidi le 05/12/2008 à 18h38
    article tres interessant, et que n'est pas tombé dans ce piege tellement enorme d'une critique (trop) facile, de ce rapport, qui n'est qu'un simple copier/coller des theories economiques orthodoxe ( comprendre les liberaux, neo-classiques.) apliqué au domaine du football, et ici de ces infrastructures. Il aurait été interessant de connaitre l'avis d'economiste etc provenant d'une autre ecole de pensée. Par ailleurs, meme si le sujet ici est clairement les sous pour les club, pour proposer l'augmentation des places, il aurait fallu accompagner le rapport d'une enquete sur les consequences sociologique, d'une augmentation. En effet, si ce ne sont pas les millions de licenciés qui fourniront l'argent pour nos clubs francais, ce sont eux qui constituent la base structurelle, a travers la fédé ( bien qu'hermetique ), du football en france, et non la valeur de l'action OL . Et a force de priver les gens de stade, ou des images du championnat le dimanche matin etc etc, ne risque t on pas un effondrement de cette passion collective ? Alors bien sur; moi le premier j'aimerai voir mon club lutter en coupe d'europe etc etc , mais a quel prix ? J'espere ne etre tomber dans un populisme de base ( utiliser les sentiments de compassion envers les pauvres qui ne peuvent se payer des places et de canal), mais je ne comprends pas que l'on transforme systematiquement toute question economique, en suppot economiciste.
    ps: sur le modele du yields management, il faut des conditions particulieres a sa mise en place ( SNCF en situation de monopole, les low cost ne tirent que 5% de leur benefice du prix des tickets, le reste des subventions des collectivité cf monde diplo novembre)

  • Le_footix le 06/12/2008 à 00h04
    bigidi >
    C'est intéressant, mais là, tu n'opposes pas une école de pensée à une autre école de pensée, mais seulement la théorie en général, à toute l'horreur de la gestion pragmatique. Celle qui impose l'affreuse réalité: la France n'est pas un pays de football. Ce qui réduit beaucoup les marges de manoeuvre, comme tu le soulignes.

    Et je pense qu'aucune politique tarifaire ne rendra jamais l'ensemble du peuple français aussi dingue des clubs de foot que le sont les Anglais.

    Déjà que les victoires de 84, 93 et 1998 (plus les Champs-Elysées 76) ont eu grand mal à faire un petit peu évoluer les choses...


    Allez voir les commentaires des articles de journaux en ligne parlant de la condamnation de Santos. C'est édifiant. Un bon tiers des lecteurs ne connaissent visiblement strictement rien au football et se félicitent de voir "la police enfin ferme face à tous ces hooligans".

La revue des Cahiers du football