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Grève : les joueurs plantent le piquet

Qui a dit que le foot français manquait d'action? La grève des footballeurs pourrait rendre mémorable la 10e journée de L1 et faire échouer le putsch des clubs sur la Ligue...

Auteur : Jamel Attal le 6 Oct 2008

 

 

La menace plane depuis plusieurs semaines, mais soit on ne l'a pas jugée crédible, soit on l'a soigneusement mise sur le côté en attendant qu'elle se confirme. La 10e journée de Ligue 1 (incluant OM-PSG) et la 12e de Ligue 2, le week-end du 25 octobre, pourraient être annulées en raison d'une grève des joueurs, la première depuis 1972.


Raid sur la Ligue

La réaction spontanée de bien des Français sera une indignation contre ces nantis qui trouvent le moyen de se plaindre de leur sort. En communicant invétéré (plutôt que subtil), Bernard Caïazzo, président de l'AS Saint-Étienne, n'a d'ailleurs pas manqué de se gausser des joueurs et de leur discours "trotskiste-léniniste" (sic), tâchant de leur faire honte devant le peuple: "Je n'imagine pas une seule seconde une grève des joueurs, on va faire rire ou pleurer toute la France au moment où les gens sont touchés dans leur pouvoir d'achat" (L'Équipe).


Ce qu'omet sciemment de dire le co-président vert, c'est que les revendications des joueurs ne tiennent pas à des questions de salaire, mais à la gouvernance de la Ligue, qui risque d'être placée sous la tutelle exclusive des clubs au détriment des autres acteurs du football.

À l'origine du conflit, il y a en effet la volonté des clubs professionnels de s'attribuer deux sièges de plus au conseil d'administration de la Ligue et d'obtenir ainsi, avec quatorze sièges sur vingt-cinq, la majorité des voix (1). Une façon de ne plus s'embarrasser de l'avis des gêneurs (joueurs, entraîneurs, arbitres, médecins, administratifs), inconscients des intérêts des actionnaires. "L'économie doit être aux mains des présidents", déclare Jean-Pierre Louvel – président du HAC et de l'UCPF, le syndicat des clubs – pour justifier cette mainmise (Le Républicain lorrain).

greve_kastendeuch.jpgIl se trouve ainsi que, pour une fois, les joueurs défendent une cause qui n'est pas seulement la leur, mais celle des autres "familles" du secteur professionnel, et même celle du football en général. Car les autres corporations sont solidaires, et pareillement inquiètes de ce que Sylvain Kastendeuch, président de l'UNFP, le syndicat des joueurs, a qualifié d'OPA sur le football français. "Nous, nous voulons seulement garder un contre-pouvoir par rapport à des présidents actionnaires qui sont souvent là seulement de passage" (Le Figaro).


Des patrons sur mesure

Pas toujours compétents, mais toujours distrayants, nos présidents de clubs débitent jusqu'à la caricature le traditionnel discours de dissuasion patronale à l'encontre d'un mouvement social. Jean-Pierre Louvel étale avec un aplomb considérable une amusante conception de la négociation. "Ça manque totalement de démocratie! D'habitude on discute et après, si on n'est pas d'accord, on prend position". Rappelons que la réforme est une décision unilatérale des dirigeants, qui n'a fait l'objet d'aucune concertation et qu'ils comptaient imposer sans faire de vagues.

 

Pas étonnant, dès lors, que Louvel trouve le mouvement "surdimensionné": il se désole en réalité de la publicité qui lui est faite et qu'il dénonce comme de la "désinformation". Au point que son homologue du Mans, Henri Lagarda, a cru bon de refuser l'accès des locaux du club à l'envoyé de l'UNFP, contraint de s'adresser aux joueurs sur le parking.

Répondant à la crainte que les joueurs soient exclus des décisions, Louvel proteste: "Il est absolument hors de question qu'ils n'aient plus leur mot à dire", ce qui est tout de même généreux de sa part. La conclusion, paternaliste, s'adresse à ces grands enfants que sont les footballeurs professionnels: "Il faut qu'ils sachent qu'on fait ça aussi pour eux, pour qu'ils soient plus compétitifs sur le plan européen". Jean-Michel Aulas, lui, ne comprend pas "leur intérêt dans cette affaire" puisqu'ils vont subir "10 à 15% de pertes de revenus" – trahissant là une conception fort étroite de l'intérêt de ses salariés (2).



« Ils pourront même louer le Zénith »

Les représentants des joueurs, eux, affichent leur détermination et leur confiance dans l'adhésion de leurs ouailles, qui se seraient montrées particulièrement réceptives, y compris dans les clubs les plus médiatiques. L'occasion est belle, pour les footballeurs, de présenter un autre visage qu'à l'ordinaire. Grégory Cerdan (Le Mans) expose assez clairement les risques: "Il suffit qu'un président manipulateur, comme on en a connus dans certains grands clubs, arrive à nouveau et dise aux petits clubs 'Fermez-la, vous existez grâce à nous'. Et là, on est morts. Ce sera tout pour le business et plus question de parler des acquis sociaux des joueurs". Steve Savidan renchérit: "Si les président veulent créer leur propre spectacle, qu'ils ne se gênent pas si les joueurs et les entraîneurs les embarrassent à ce point. (...) Il y aura une deuxième ligue qui s'appellera ligue professionnelle de spectacle. Et ils pourront même louer le Zénith s'ils le veulent" (L'Équipe)

Le rapport de forces est pourtant de rigueur, puisque les dirigeants persistent dans leur vision de la concertation: "Nous sommes prêts à discuter. Mais, c'est clair, nous ne reculerons pas" (Louvel). Nos patrons s'en remettent à un avis de Bernard Laporte qu'ils pensent leur être favorable. La Fédération, qui apporterait ainsi une nouvelle preuve de son inféodation à la Ligue, soutiendrait elle aussi la réforme (3). L'UNFP a aussi reproché à Frédéric Thiriez de ne pas exercer "son rôle d'arbitre et de sage au sein du Conseil d'administration". Le président de la LFP, fraîchement réélu, ne l'a jamais exercé: il est là pour faire vitrine, émettre des communiqués et ficeler les appels d'offres, pas pour faire prendre position. Comme le dit Jean-Michel Aulas: "Frédéric Thiriez a été élu sur un programme, il va s'y tenir".

Le secrétaire d'État aux Sports doit rendre un arbitrage en ce début de semaine. Il avait déjà dans les mains un choix crucial pour l'avenir du football français, qu'il espérait certainement délivrer dans la discrétion. L'impact de la menace de grève pourrait l'infléchir. Le football hexagonal exhibe déjà ses divisions, sa crise sportive, ses campagnes anti-arbitrales, sa sélection minée de toutes parts et ses choix douteux de diffuseurs... Peut-il vraiment s'offrir une grève retentissante, qui présente le risque s'exposer crûment les intentions de ceux qui s'estiment propriétaires de droit des clubs et de tout ce qu'ils représentent? D'autant qu'en temps de crise, le pays a besoin de ses usines à rêve.



(1) Actuellement, les présidents occupent 12 sièges. Le CA accueille des représentants des joueurs (2), des entraîneurs (2), des arbitres (1), des administratifs (1), des médecins (1) et de la Fédération (1). S'y ajoutent 5 sièges pour les "indépendants": les clubs voudraient en récupérer 2.
(2) On peut toutefois souligner qu'à terme, les dirigeants pourraient imposer des mesures de limitation des salaires, à la manière du salary cap des sports américains. Jean-Michel Aulas a aussi cet avis déroutant quand il regrette la prise de position des arbitres: "Ils ont une mission de service public. Comment peuvent-ils donc faire grève?" Citations: L'Équipe.
(3) La FFF n'a pas fini de payer le soutien économique de la LFP au moment où les comptes fédéraux étaient en déroute, en l'échange d'un soutien politique à la "révolution libérale" de l'UCPF et de son noyau dur.

Réactions

  • Le_footix le 06/10/2008 à 09h40
    La chronique bolchevique des Cahiers va se régaler ces jours-ci !...

    Par contre, c'est un fait, les clubs, depuis le coup de gueule de Kopa en 63, n'ont jamais cessé de perdre de leur pouvoir face aux joueurs, qui ne sont pas tout à fait des salariés comme les autres.

    En fait, ce n'est qu'un énième épisode de ce rapport de forces masqué permanent entre dirigeants et joueurs.

    L'important à la limite, ce n'est pas qu'existe un rapport de forces; ce serait plutôt que ce rapport de forces intègre mieux d'autres composantes, comme les entraîneurs et les sélections nationales.

  • rom's le 06/10/2008 à 09h51
    Merci pour cet article, qui même si il n'explique pas en détail les enjeux de ces luttes de pouvoirs, est une bonne porte d'entrée pour tous ceux qui voudront explorer un peu plus le sujet.

    -----

    liquido
    lundi 6 octobre 2008 - 09h14

    Maintenant, si, comme contre-pouvoir, il est on ne peut plus légitime que les joueurs aient leur part des votes, j'ignore toujours de quelle alternative sur le fond l'UNFP est porteuse.

    => Je ne pense pas que l'UNFP soit là pour porter une quelconque alternative à la politique globale de la Ligue. Son rôle est de s'assurer que les droits des joueurs tels qu'ils sont définis aujourd'hui sont bien respectés, et si elle tire maintenant la sonnette d'alarme, c'est parce qu'elle craint une remise en cause de certains droits existants.

    -----

    Qui me crame ce troll?
    lundi 6 octobre 2008 - 09h25

    Par contre, que Kastendeuch (Sylvain je t'aime, toi t'es un joueur avec la classe) dise "Nous, nous voulons seulement garder un contre-pouvoir par rapport à des présidents actionnaires qui sont souvent là seulement de passage" quand on connaît la reconnaissance des joueurs à leur maillot et à leur club, c'est assez drôle. N'est pas Kastendeuch qui veut.

    => Je ne vois pas bien le rapport. Que les joueurs changent de club ou pas, ils sont footballeurs professionnels, ils signent des contrats voir des pré-contrats très jeunes, ils exercent ce métier entre dix et vingt ans, et pour beaucoup poursuivent dans le monde du foot professionnel en intégrant des staffs techniques après leurs carrières de joueurs. La plupart des présidents, au-delà du fait qu'ils ont des carrières moins longues dans ce milieu, ont une autre activité professionnelle, les revenus et les protections sociales qui vont avec.

  • On meinau score le 06/10/2008 à 10h00
    Pour ce qui est de l'avis de Laporte, vu qu'il s'est fendu, pendant Stade 2, d'un (en substance) "Ca marche très bien pour le rugeby, je vois pas pourquoi on le ferait pas pour le footeball", on peut déja anticiper un peu sa réponse.
    Je suis pas sûr de saisir tous les enjeux de cette affaire mais il parait assez évident qu'une assemblé "représentative" de ce type où un seul des participants tiendrait la majorité ne fait pas beaucoup sens.

  • rom's le 06/10/2008 à 10h03
    Le_footix
    lundi 6 octobre 2008 - 09h40

    Par contre, c'est un fait, les clubs, depuis le coup de gueule de Kopa en 63, n'ont jamais cessé de perdre de leur pouvoir face aux joueurs, qui ne sont pas tout à fait des salariés comme les autres.

    => Hum, au contraire, je pense que ces dernières années, les clubs ont repris du poil de la bête. Il y a dix ans, aucun joueur ne se voyait contester le droit de rejoindre sa sélection nationale. Quand on voit les sanctions envers Rafinha à Schalke pour sa participation aux JO, ou le nombre de blessures qui affectent les joueurs juste avant les trêves internationales, et qui sont guéries au moment de reprendre les compétitions domestiques, il y a de quoi se poser des questions.

  • Eugène Sacomoino le 06/10/2008 à 10h27
    Bonjour,

    J'entend parler de cette grève depuis longtemps, des raisons des uns et des autres et je n'ai pas d'avis. Pourquoi ?

    Ben, les présidents veulent des représentants en plus dans un "conseil". Il sert à quoi ce "conseil" ? Quels sont ses pouvoirs ? Quels sont les projets des présidents de club s'ils obtiennent la majorité des voix ?

    Merci d'éclairer ma lanterne !

  • gironflon le 06/10/2008 à 10h31
    On meinau score
    lundi 6 octobre 2008 - 10h00
    Pour ce qui est de l'avis de Laporte, vu qu'il s'est fendu, pendant Stade 2, d'un (en substance) "Ca marche très bien pour le rugeby, je vois pas pourquoi on le ferait pas pour le footeball", on peut déja anticiper un peu sa réponse.

    --------

    J'ai du mal à comprendre ce que veut dire Laporte. En fait, je crois savoir que PROVALE (et Serge Simon) a un pouvoir assez important (cela a d'ailleurs été souligné par Chamoulaud). Par exemple, un joueur ne peut pas jouer 7 matchs d'affilée et le syndicat siège au CA de la fédé de Rugby.

    Donc soit Laporte voulait seulement dire: " je comprends les présidents mais ils ont tort", soit je suis bête...

  • suppdebastille le 06/10/2008 à 10h42
    Autre question, actuellement les présidents ont 12 voix soit la majorité absolue - 1 voix, arrive t'il que leurs propositions soient rejetées par les 13 autres voix?

    Par exemple, enchainer les matches entre le jeudi et le samedi pour certaines équipes la saison dernière est passé comme une lettre à la poste.

    En tout cas Repellini représentant de l'Unecatef (syndicat qui n'a jamais brillé pour son progressisme) a bien mal plaidé sa cause hier soir dans 100% Foot.

  • ManU T'aiDe le 06/10/2008 à 11h44
    "suppdebastille
    lundi 6 octobre 2008 - 10h42
    Autre question, actuellement les présidents ont 12 voix soit la majorité absolue - 1 voix, arrive t'il que leurs propositions soient rejetées par les 13 autres voix?"

    Je me suis fait exactement la même réflexion. Parce qu'à 12 sur 25, c'est déjà difficile de parler de contre-pouvoir, quand il faut que les 13 autres (dont les fameux 5 "indépendants") soient tous d'accord pour contrer ces chers présidents de club.

  • arnaldo01 le 06/10/2008 à 11h47
    J'ai quand meme du mal à envisager la greve. Et si il y a vraiment une greve, elle ne sera jamais suivi à 100% et donc il y a des equipes qui vont se deplacer et ca va etre un gros merdier !
    Et sinon, qu'en pensent les coachs ?

  • parisansgain le 06/10/2008 à 12h37
    les pourfendeurs des grands capitalistes s'en donnent à coeur joie mais très franchement si on regarde les faits je ne vois pas très bien pourquoi tout ce tapage... Les joueurs disposent aujourd'hui de 2 sièges qu'ils conserveraient après réforme. Donc aucune perte de pouvoir pour eux... De plus à priori les clubs avec leurs 12 sièges actuels sont déjà ultra majoritaires, donc le passage à 14 ne change strictement rien, au contraire il va permettre à deux clubs non représentés donc à priori des "petits" d'être intégré au comité...

    De fait je trouve la réaction de laporte juste même s'il se contente de botter en touche. Effectivement ce n'est pas de son ressort mais de celui de la FFF et effectivement les joeurs qui font grève alors qu'ils ne perdent absolument rien dans l'histoire, çà fait vraiment pauvres riches un peu mous du cerveau qui se sont fait manipuler... Risible

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