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Godard in the sky with diamonds

Le football a son Jean-Luc Godard: il s'appelle Fred Godard, et filme plutôt comme Claude Lelouch. Voyage psychédélique avec le réalisateur culte de France Télévisions. Avertissement: les illustrations de cet article peuvent heurter la rétine et le bon sens).

Auteur : Jérôme Latta le 6 Nov 2007

 

 

Les réalisateurs de télévision ayant renoncé à toute réelle innovation dans la mise en scène des matches de football, tous tricotent leurs petites manies. Ceux de Canal+, versent dans la surenchère technologique et le décorticage des décisions arbitrales. Chez France Télévisions règne un autre esprit: celui de Fred Godard, réalisateur des affiches de Coupe de la Ligue qui s'est bâti une notoriété à coups d'audaces déjà entrées dans la mémoire collective. Tout le monde ou presque connaît sa "spéciale": lors d'un temps mort, des gros plans sur les visages des joueurs, avec des couleurs saturées et une bande-son de battements de cœur.


Tout le monde ne parvient pas à apprécier ce talent si particulier et nous avons ainsi pu lire ceci sur le forum de France 3: "Tu es réalisateur de match de foot, pas réalisateur d'un film de Steven Seagal (...) Et c'est quoi cet effet pourri où le caméraman filme a travers un gobelet en plastique?" Toujours, les vrais artistes ont été incompris.


Un courageux défi au bon goût

Formé à l'école des retransmissions de Roland-Garros façon eighties, Godard maîtrise l'art des incrustations d'images, des plans irrésistiblement pittoresques, des fondus enchaînés élevés au rang d'alpha et d'omega de la mise en scène et des symboles poids lourd. Comme si Chénez était passé à la réalisation, après avoir pris du LSD.
Mais Fred Godard est un artiste de proximité. C'est vous ou moi, quand nous penchons l'appareil photo pour faire artistique. C'est le petit frère auquel on confie le caméscope et qui zoome comme un forcené durant des plans-séquences de trente-quatre minutes. C'est encore notre cousin qui prend 250 photos de la lune pour profiter de son téléobjectif acheté à prix d'or.


Il y a de tout ceux-là dans Fred Godard, et un peu du facteur Cheval aussi. Un facteur Cheval ou un enfant qu'on aurait mis aux commandes d'une régie complète avec douze caméras et tout le personnel pour faire tourner ce gigantesque train électrique.

Saisissant l'occasion d'un OM-Metz remarquable de médiocrité footballistique durant le temps réglementaire, nous avons compilé et classé les principales figures de style de sa grammaire audiovisuelle.


L'école de l'art

Sa marotte actuelle, c'est le split screen relancé par la série 24 Heures, mais dans un halo blanc, comme pour nous signifier que sur le service public, on se sent parfois cotonneux. Quant aux plans à vocation esthétisante, il y en a tellement qu'ils finissent par agir comme des tableaux de Warhol ou de Viallat: répétant toujours le même motif. Et Godard ne lésine pas sur la quantité.





OM-Metz n'a pas failli à la tradition, avec un lot de cadrages osés, de gros plans inédits, de contre-plongées inopinées, de zooms brutaux et de travellings déconventionnés.


 




Des coups de projecteur

Comme irrésistiblement attiré par la lumière, tel Icare, Fred Godard donne vraisemblablement à ses caméramen des primes au nombre de projecteurs filmés. D'autres astres passent aussi à la casserole: la lune et, occasionnellement, la balle en plein vol. Cela occasionne des travellings complètement irrationnels, comme lorsque la caméra suit le ballon sur un dégagement du gardien pour filer prendre un projecteur qui passait par là. Pendant ce temps, que le ballon se débrouille pour vivre sa vie.







Un festival de piquets

Nettement plus original (et fascinant pour les spécialistes des névroses) fut l'incroyable défilé de piquets auquel donna lieu cette rencontre, comme s'il s'agissait d'un hommage aux défenseurs marseillais. Là encore, seul un système de prime explique que toute une équipe de techniciens très spécialisés se met à suivre aveuglément les directives du commandant de bord – fût-il devenu fou.

Note : les images montrées ici correspondent toutes à des plans différents, insérés tout au long du match.




Bonus : l'alter-piquet


 


Petit flirt avec les filets

D'autres approches furent effectuées, Godard ayant le génie – comme Rohmer – de frôler l'obscénité comme on frôle une érection. Le spectateur crut donc s'emmêler dans les filets à plusieurs reprises, sans dommages.





Jeu-test : zone mixte

Si tu connais bien Fred Godard ou si tu as bien suivi ce qui précède, tu dois être capable de reconnaître les deux figures de style que le maestro a réussi à placer simultanément dans chaque image.

Réactions

  • axgtd le 06/11/2007 à 09h26
    Cette fois, c'est sûr, la télé a tué le cinéma.

  • Hyoga le 06/11/2007 à 09h37
    Le gant sur la caméra, c'était effectivement Caen-Lyon. Sinon, les gros plans sur la tronche des entraineurs en transparence pendant que l'image principale suit une action sur le terrain, c'était une exclusivité pour Caen-Lyon aussi (j'ai pas vu le match qui a servi de matériel pour l'article)?

  • funkoverload le 06/11/2007 à 10h12
    Oui, cet article était indispensable. Face au monument (pour reprendre une expression déjà mise en avant ici) de médiocrité, d' autosatisfaction, de nullité crasse qu'est Fred Godard, il fallait faire quelque chose.
    Suffira-ce ? Ou alors faut-il attendre un messie qui tel monsieur Fernand avec un marin ayant eu la vilaine manie de faire des phrases lui enverra un bon bourrepif calmant définitivement ses enflures indécentes ?

  • Papin Jour Pape toujours le 06/11/2007 à 10h53
    Le passage sur les fondus enchainés, manque un peu pour rendre parfaitement hommage à l'artiste.

    Nous avions si souvent rendu, à notre modeste niveau, hommage à l'homme Godart sur le forum, qu'un article comme celui n'est finalement que justice.

    Bravo !

  • Bamogo Cadiz le 06/11/2007 à 10h56
    Hyoga
    mardi 6 novembre 2007 - 09h37
    j'ai pas vu le match qui a servi de matériel pour l'article
    -------------------

    Rhoooo l'autre, le match, tout de suite les grands mots.




    Sinon, merci de ce bien bel article sur notre réalisateur préféré, qui fait de la France la risée de l'Europe lors de Rolland Garros (franchement les fondus public/soleil/terre rouge/face des joueurs en train de manger une banane sont à vomir).

    Juste un bémol : le split screen, je suis le seul à l'apprécier ? Par exemple, celui de gauche dans l'article est pas mal pour le coup d'envoi... après c'est un calvaire en direct, effectivement.

  • Papin Jour Pape toujours le 06/11/2007 à 11h04
    +1 Bamogo sur le split du coup d'envoi. Ca rend pas mal. Sur des plans statiques uniquement (sinon blurp) et pas pendant le match avec les tronches des coachs.


  • Shura le 06/11/2007 à 12h45
    Papin Jour Pape toujours
    mardi 6 novembre 2007 - 10h53
    Le passage sur les fondus enchainés, manque un peu pour rendre parfaitement hommage à l'artiste.

    ----------

    Tout à fait d'accord. J'attendais fébrilement le paragraphe sur les fameux fondus enchainés. Tant pis. Merci quand même pour cet article !

  • osvaldopiazzolla le 06/11/2007 à 18h14
    Wah ! ça donne envie de se qualifier pour la coupe de la ligue !

  • KL le 08/11/2007 à 02h25
    C'est certainement du au fait que ce réalisateur s'ennuie ferme pendant la coupe bidule (qui peut pretendre le contraire?) il est un peu comme ce gamin qui s'ennuie avec son jouet tout pourri ou le plus amusant n'est non pas de jouer avec, mais de le retourner dans tous les sens histoire de découvrir s'il y'a pas un nouveau truc qu'il peut faire.

    Mettez Fred Godart a un Brésil-Argentine ou un Manchester-Werder Breme plutot que la coupe machin, je suis pret a parier qu'il a pas le temps pour toutes ces conneries.

    Cela étant, en disant ca, je me souviens du France-Danemark a l'Euro 2000 qui passait déja sur la téloche publique ou, pendant une interview en direct de Boghossian (qui n'avait pas pu faire l'Euro a cause d'une blessure me semble-t-il), le réalisateur avait eu la bonne idee de nous mettre un gros plan de Bogho en plein cours d'une action dangereuse, pendant genre, 30-40 secondes. D'habitude on "revient au direct" et on rezappe sur l'action tout ca, mais la, que dalle, il se passait certainement plein de trucs mais a l'ecran on avait toujours ce sympathique Boghossian a l'écran dans sa cabine du mec interviewé.

    Est-ce que Fred Godard sévissait déja a l'époque?

  • but de ouf le 10/11/2007 à 18h24
    j'adore l'alter-piquet et le petit jeu final.

La revue des Cahiers du football