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Exode, vraiment ?

Le marronnier repousse tous les étés mais en cette intersaison, le couplet rituel sur l’appauvrissement de la L1 et la fuite de ses talents a pris des allures de tsunami. Et l’argumentation reste faible, simpliste et incomplète.

Auteur : Thibault Lécuyer le 7 Août 2007

 

exode_1.jpg

Les articles étaient probablement déjà écrits, et il ne restait plus qu’à attendre l’officialisation des départs d’Abidal et Malouda pour lancer les rotatives. Comme un seul homme, la presse sportive s’est émue d’un nouveau pillage subi par le championnat, à coups de dossiers et d’éditos larmoyants sur la soi-disant faiblesse intrinsèque des moyens de la L1 face à ses concurrents européens. Le 13 juillet, France Football consacrait deux double pages à la "saignée", et cinq jours plus tard, L'Équipe reprenait le flambeau à coup d’affirmations péremptoires comme "Les arrivées annoncées ne compenseront certainement pas cette fuite des talents.", le tout soutenu par moult infographies censées prouver l’affaissement de la compétition. Aujourd'hui en France et tout ce que le web compte de sites plus ou moins en rapport avec le foot se sont également fendus d’un papier alarmiste sur "l’exode".

Le raisonnement, lui, est toujours le même: c’est la faute des salaires, trop élevés, de la fiscalité, pas harmonisée, des droits télés, pas assez importants. Mais à force de vouloir évaluer la qualité d’un championnat et de politiques sportives en poussant des boules sur un boulier, on finit par raconter n’importe quoi.


Recensements contradictoires

Il s’agit d’abord de se pencher sur la réalité de cette fuite, sur le long terme. France Football et L'Équipe se sont chacun fendus de leur recensement, pour des résultats le plus souvent contradictoires avec les thèses avancées dans l’article. L’hebdo du mardi s’est chargé de consigner la liste des départs et arrivées des internationaux français en L1 depuis 1998. Et si la balance de cette intersaison est pour l’instant déficitaire – arrivée définitive de Cissé contre départs d’Abidal, Malouda, Ribéry, Mavuba et Faubert (on note au passage la définition toute relative d’un "international") – on constate que les deux saisons précédentes furent vierges de tout départ à opposer au retour de Dhorasoo depuis Milan. Quant à l’été 2003 il vit le transfert de Bréchet à Milan compensé par les retours de Christanval et Marlet. La théorie de la fuite des talents en prend un coup…

Du côté de L'Équipe, ce sont les "joueurs majeurs" qui sont comptabilisés. Pour des résultats pas plus convaincants. L’été 2006 vit d’un côté Micoud, Cissé, Elmander ou Koller transiter vers la France en croisant Diarra, Gourcuff, Frei et Vieri sur leur route. Pas mieux en 2005: Ribéry, Dhorasoo, Aruna, Tiago, Fred, Carew et Rozenhal arrivaient quand Essien, Saviola, Nonda, Tainio et J. Rodriguez partaient.

En réalité, il n’y a eu qu’un seul véritable exode, en 2004, qui fut la conjonction de facteurs particuliers: la fin d’une génération dorée à Auxerre, le parcours extraordinaire de Monaco en C1, une lubie abramovitchienne et des ratés au PSG. Cette année vit en effet sortir de nos frontières une somme de talent ahurissante: Boumsong, Mexes, Cissé, Kapo, Giuly, Morientes, Prso, Drogba, Heinze, Sorin et Edmilson. Impressionnant, mais toujours pas lié à une supposée infériorité financière de la L1 dans son ensemble par rapport à ses homologues européens.


Et les conséquences sportives?

exode_2.jpgAu lieu de se lamenter à coup d’argumentaires démagogiques ou risibles (la palme se disputant entre France Football, qui a osé: "Même un champion du monde comme [Laurent Blanc] n’a pu convaincre Mavuba ou Faubert de rester", et L'Équipe qui, pour donner l’impression que les départs de "joueurs majeurs" sont plus nombreux que les arrivées, comptabilise le transfert de Bakayoko à Osasuna dans sa liste) il serait peut-être plus intéressant de se poser la question de l’effet de ces transferts sur le terrain, plutôt que d’aligner des noms sur des graphiques.

Quelles sont les équipes qui ont régressé ces deux dernières années? Monaco, Lille, Paris, et dans une moindre mesure Bordeaux, voire Lens. Les trois premiers cas, dont la chute fut la plus spectaculaire, concernent étrangement des équipes qui ne furent pas pillées pendant la période concernée. Monaco a terminé troisième l’année suivant les départs de Giuly, Prso et Morientes, et n’a chuté qu’a partir de la saison suivante, alors même que le club princier se faisait remarquer dans la colonne "arrivées", avec les recrutements de Koller, Cufré (de l’AS Roma), Kapo, Saviola, Vieri ou Chevanton. Si le salut passe par une baisse de la fiscalité, avouons qu’il est dommage que Monaco fasse tout pour prouver le contraire. Lille, de son côté, a réussi l’exploit de conserver Makoun, Keita et Bodmer, sans enrayer pour autant une chute spectaculaire, et Paris fait partie des équipes qui attirent plus de soi-disant "stars" de l’étranger qu’elles n’en perdent.

À l’inverse, parmi les équipes dont le jeu a le plus progressé lors de ces deux dernières années, on trouve Rennes, dépouillé de Frei, Gourcuff et Källström; Marseille, totalement absent de la colonne "arrivées de stars étrangères" depuis Mido; Toulouse; et Lyon, dont on ne cesse de prédire l’inéluctable régression à chacun des départs d’un de ses joueurs pour l’étranger, mais qui continue à jouer de mieux en mieux au football – tant que les joueurs ne se mettent pas sur la gueule dans le vestiaire.


Auto-apitoiement fiscal

Il ne s’agit pas de faire preuve de candeur, d’évacuer la question des salaires ou de considérer que la richesse de la Premier League n’a aucun effet sur le marché des transferts, mais plutôt de contester des constats souvent erronés, ainsi que des conclusions qui font la part belle à un auto-apitoiement fiscal à la mode. Car mettre les départs des joueurs pour l’étranger sur le dos des impôts, c’est oublier une multitude de facteurs tout aussi déterminants.

Difficile de reprocher à la L1 de ne pas retenir des joueurs qui reçoivent des offres de clubs mythiques. La Juve, le Bayern, ou Manchester, c’est une histoire du foot que les clubs français mettront des années à écrire, et ça n’a rien à voir avec l’argent. Il y a quelque chose de risible à s'émouvoir que Faubert n’aille "que" vers West Ham, ou que Kaboul quitte Auxerre "seulement" pour Tottenham. West Ham a deux coupes d’Europe dans l’armoire à trophées, et Tottenham, c’est huit Cups, trois League Cups, et trois coupes d’Europe – soit un meilleur palmarès que le meilleur des clubs français, sans parler du public, qui doit valoir celui de Marseille si on le fusionne avec celui de Saint-Étienne et de Lens. Tous les joueurs partis en Angleterre, sans exception, ont d’ailleurs évoqué l’ambiance des stades et le respect des supporters comme étant un élément déterminant de leur décision de traverser la Manche.

Pourtant, la presse s’émeut, comme une fiancée éconduite, et enchaîne les jérémiades en annonçant une baisse de niveau sans précédent, fait le lien avec les échecs français en coupe d’Europe, sans en chercher ailleurs les raisons (lire Peut-on gagner la coupe d’Europe en pleurnichant? et "La France gagnera-t-elle un jour la C3?", Cdf #29). Baisse de niveau? Y a-t-il vraiment de quoi se lamenter du départ de joueurs comme Mavuba à Villareal quand on constate que, des milieux de ce calibre, la L1 en produit à la pelle, et que pour un Mavuba qui s’en va, il y a chaque année un Toulalan, un Alou Diarra, un Cana, un Clément, un Keita, un Benoît Cheyrou ou un Kovacevic qui apparaît (et parfois, certes, un Edouard Cissé)? C’est l’écueil principal des argumentations développées: elles n’évaluent la qualité de la population de la L1 qu’à l’aune de son solde migratoire, sans prendre la peine de mentionner son exceptionnel taux de natalité.

Cependant, toutes concluent – plus ou moins vigoureusement – par l’importance de la formation, comme l’une des manières de résister au phénomène. Mais visiblement, ça n’est venu à personne que la formation française, si souvent louée, reposait entre autres sur les charges payées par les clubs…

Réactions

  • Gentil Ghana le 08/08/2007 à 11h46
    @ Si le Vin Vil Tord:
    "Alors que le Real qui gagnait des C1 dans les années 60 en gagne toujours aujourd'hui. Le Real n'a pas cessé d'être sous les feux des projecteurs. Reims, SaintE si."
    ----------------
    Enfin, le Real bénéficie d'appuis extra-sportifs qu'on trouverait scandaleux si on était en France (vitrine du franquisme, puis cadeaux royaux inouïs: comment réagirait-on en Angleterre si la Reine décidait d'effacer purement et simplement la dette d'Arsenal?). Franchement, le Real est un très mauvais exemple car s'il y avait une DNCG avec du pouvoir en Espagne, il végéterait en 14e division...

  • Tricky le 08/08/2007 à 11h59
    Ardechois
    mardi 7 août 2007 - 19h07
    Jamais vous répondez ? Vous cherchez la mouise et quand on vous répond y a plus personne, c'est dingue ça.
    ----------
    Desole, les reactions aux articles tendent a echapper a ma vigilance.

    Donc :

    1. Sur le public : je n'en sais rien. Je ne sais meme pas ce qui definit un meilleur public. Mais les affirmations qui deviennent de la self-fulfilling prophecy ('Marseille a le meilleur public du monde', 'Lens, le meilleur public de France', 'Le public de Tottenham vaut largement celui de Marseille, Saint Etienne, Saint Just Saint Rambert et Guingamp reunis' ) me laissent toujours sceptiques.

    2. Je suis effectivement un peu agace par l'incredulite qui entourent un depart a West Ham, club regulier de Premier League et qui visiblement a l'air d'essayer de construire quelque chose.

    3. Je suis -mais ca, depuis des annees- toujours legerement surpris par la distorsion entre la place qu'un certain nombre d'amoureux de l'OM croient que devrait occuper leur club au pantheon du football et la realite.

  • Björn Björk le 08/08/2007 à 12h07
    Le meilleur public du monde marseillais, c'est bien celui-qui siffle ses joueurs quand il y a 0-0 à la mi-temps ? ;-))

    Je crois que dans l'appellation "meilleur public" souvent donnée aux tribunes anglaises, il y a le fait qu'ils respectent souvent leurs adversaires, ne les chambrant qu'en chantant, soutiennent leur club dans les moments difficiles, et savent apprécier un nul obtenu dans la douleur.

  • loustic is back le 08/08/2007 à 12h57
    Il me semble que pour le meilleur public de France, la ligue a objectivement élu celui de l'ASSE l'année dernière.
    Après, pour le déclin du championnat et le fait que les club français aillent moins loin qu'avant en LDC, il y a une explication aussi qui n'est jamais considérée. Avant la réforme de la LDC, il n'y avait qu'un Italien, un espagnol, un allemand et un anglais (sauf quand l'OM la jouait, histoire que ce soit plus facile mais, c'est juste un détail).
    Maintenant, pour ces pays, il y a 3 à 4 clubs. Avant il fallait un exploit pour éliminer l'un d'eux et se retrouver en 1/4 et demi avec un tirage au sort "clément".
    Maintenant, c'est un de chaque qu'il faut rencontrer voir 2 espagnol pour passer les 1/4. Or si on considère que la L1 est le 4eme championnat, une élimination de nos meilleurs représentants quand il reste 8 qualifiés ne traduit pas une régression du championnat par rapport à avant mais plus un maintient au même niveau.

  • Hetfielder le 08/08/2007 à 13h18
    Tout à fait, Björn.
    Et d'ailleurs, tout est lié: le fait de pleurnicher sur le "niveau" de son championnat, siffler son équipe et hurler "machin, démission" à la moindre frappe non cadrée, c'est un comportement global, très frenchy, finalement.

    Chez nous, je constate que tout le monde fantasme sur des matches à 5-4 (et à 250 €) entre Arsenal et Chelsea, mais les abonnés de Highbury ont bien dû quand même s'envoyer des centaines de 1-0 (penalty de Henry). Et pourtant ils en redemandent, ils AIMENT leur club et leur Premier League.
    Je trouve que la L1 n'est pas moins aimable. Elle a les pieds sur terre, elle est souvent moins fantasque que les voisines, mais elle n'est pas entretenue par un mac' ukrainien, ni par un médecin italien.

    Alors, bien sûr, l'éxode des joueurs. Aujourd'hui: "La L1 est naze, franchement, les stars qu'on a c'est Bodmer, Gouffran et Lloris?", et dans 2 ans: "La L1 est naze, en Angleterre, ils ont de grands joueurs! Bodmer, Gouffran, Lloris,..." CQFD.

  • richard le 08/08/2007 à 13h59
    Gentil Ghana> Pour les liens entre le régime franquiste et le club, on en avait parlé y'a pas longtemps sur le fil "Histoire", "Santiago Bernabeu" ou "Liga", je sais plus. Même si Bernabeu était du côté des militaires pendant la guerre civile et qu'il avait certaines accointances avec le régime, y'a pas mal d'anecdotes et de faits qui montrent que le Real n'était pas "le club du régime"et que Bernabeu n'était pas dans les cercles proches de Franco.

    Vitrine du franquisme parce que le régime a voulu s'approprier les résultats du club, à la rigueur. Mais le Real ne doit rien aux franquistes et les liens entre le club et le régime ne sont pas aussi évidents que ce qu'en pense la plupart des gens.

  • Bourrinos le 08/08/2007 à 17h05
    Je tente une remarque à cet article et les réactions qui en suivent:

    Déjà, d'une facon générale, je crois que cette année plus que les dernières, "l'exode" des joueurs francais est mise valeur car non pas 1, ni 2, mais 3 joueurs titulaires de l'équipe de France finaliste de la coupe du Monde sur 4 (Coupet/Landreau étant le dernier) s'en vont en même temps. Cela fait beaucoup sachant que depuis 1998, l'equipe type jouait en quasi totalité à l'étranger. Mais les situations ne sont pas les mêmes selon les joueurs, on peut distinguer:

    - Finalement, Abidal et Malouda étaient Lyonnais depuis 3 ou 4 ans, champion de France même en étant pas au top de leur forme, et ont recu des offres de deux des meilleurs clubs européens en terme de joueurs et de jeu...Ca fait quand même pas mal de conjonctures "défavorables" pour les conserver. N'ayant nulle part ou aller en France pour se trouver mieux qu'a Lyon, sur les critères sportifs et financiers, ben ils vont à l'étranger... Le supporter de l'OL que je suis est forcement décu, mais il se réjouit d'avoir l'occasion de voir les montées de Belhadj et les dribbles de Ben Arfa

    - Ribery, déjà, avait montré dès sa premiere année à Marseille, ou même celle à Metz, qu'il n'était pas un casanier du football...Il ne faut pas feindre de s'étonner de son départ non plus...

    -Faubert ou Mavuba sont encore des cas encore différents. Très sincérement, à part quelques Bordelais, Faubert n'a pas laissé une grande trace au football Francais, joueur offensif d'une equipe n'offensant que le beau jeu...Je ne vois pas de clubs francais l'acheter, et encore moins de "grands" clubs l'enroler. Alors il faut trouver un equivalent à Bordeaux à l'étranger en terme de challenge...West Ham ou Villareal (West Ham a fait une saison médicore, mais possédait un beau potentiel)... Par contre, l'argument du "palmares" est un peu ridicule, soyons serieux...
    Franchement, si les trois premiers nommés ne partaient pas, tout le monde se foutrait de voir Faubert s'en aller...


  • Gentil Ghana le 08/08/2007 à 17h23

    Björn Björk
    mercredi 8 août 2007 - 12h07
    Le meilleur public du monde marseillais, c'est bien celui-qui siffle ses joueurs quand il y a 0-0 à la mi-temps ? ;-))

    Je crois que dans l'appellation "meilleur public" souvent donnée aux tribunes anglaises, il y a le fait qu'ils respectent souvent leurs adversaires, ne les chambrant qu'en chantant, soutiennent leur club dans les moments difficiles, et savent apprécier un nul obtenu dans la douleur.
    -----------------
    Je te trouve bien sévère avec le public marséyé BB!

    Evidemment le jour où l'OM s'arrachera pour décrocher un match nul contre une équipe plus forte, que tout le stade les ovationnera, mais le problème c'est que l'OM est meilleure équipe du monde, et ce, depuis une bonne vingtaine d'années, donc tout match nul à domicile est un scandale...

  • Di Meco le 08/08/2007 à 19h36
    Loustic is Back
    Avant la réforme de la LDC, il n'y avait qu'un Italien, un espagnol, un allemand et un anglais...

    Ta blague commençait bien, mais j'ai pas compris la chute.

  • funkoverload le 08/08/2007 à 22h40
    Eh bourrinos, Alou Diarra c'est du miel des Vosges ?
    La finale il l'a jouée un peu plus longtemps que Landreau ce me semble.
    Evidemment, vous l'avez pas beaucoup vu à Lyon. Mais vous aviez un grand coach à la place, il est vrai...

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