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Faut-il voter Platini ?

Vendredi, l'Europe jouera son destin footballistique en même temps que Michel Platini son destin politique... Mais y a-t-il un vrai programme derrière l'icône?
Auteur : Jérôme Latta le 24 Jan 2007

 

En imaginant que l'UEFA soit une institution tellement démocratique qu'elle instaure le suffrage universel et permette à n'importe quel fan de foot de voter pour désigner son président, devrions-nous voter Platini? À voir son opposant (dans ce scrutin, on passe directement au second tour), la question pourrait ne pas se poser. Lennart Johansson – vieux cacique de 77 ans qui symbolise la confiscation du pouvoir au profit d'une gérontocratie aussi opaque que vermoulue, dont le mandat de seize années peut se résumer à une lente capitulation des instances sportives devant les lobbies financiers et qui est revenu sur sa décision de prendre sa retraite juste pour empêcher son concurrent de l'emporter (1) –, réunit en effet bien peu d'arguments en sa faveur. Pour autant, en dépit de l'unanimisme qu'il suscite (ou plutôt, en raison de cette absence de toute critique), autorisons-nous à poser la question: Michel Platini est-il ce candidat idéal auquel nous pourrions confier, les yeux fermés, les destinées du football européen?


"Rendre le football aux footballeurs"

Il est vrai que tout plaide en sa faveur. Il est d'abord le premier ancien joueur à briguer un tel poste. Et quel joueur! Cela ne représente en rien en viatique pour l'exercice du pouvoir, mais l'idée qu'un des plus grands footballeurs de l'histoire veuille exercer des responsabilités a quelque chose de rassurant, d'autant que le mot d'ordre du candidat est justement de "rendre le football aux footballeurs". Avoir à la tête de la confédération européenne une personne disposant d'une connaissance intime de ce qui fait le jeu est, en définitive, un atout à considérer.
Platini bénéficie à plein de cette légitimité en France, où tous les médias spécialisés ont quasiment fait campagne à ses côtés, de même que les instances nationales, Ligue et Fédération en tête. Cette dernière a d'ailleurs fait de l'inauguration de son nouveau siège, dans le quinzième arrondissement de Paris, une jolie opération de communication à destination des nombreux invités étrangers.

Au-delà de ces purs éléments d'image, l'ancien capitaine des Bleus incarne aussi, depuis le début de son "entrée en politique" (2), la défense des valeurs du football face à l'emprise croissante des déterminismes économiques. Son discours est assez invariable sur le sujet, comme en atteste l'interview réalisée pour les Cahiers il y a trois ans, qui reste d'actualité. Depuis qu'on lui prête l'intention de présider l'UEFA, Platini a manifesté avec constance son opposition au G14, son regret de voir disparaître l'esprit des coupes d'Europe, son désir de voir naître une charte du football européen qui permettrait de défendre la spécificité sportive européenne, ses inquiétudes à l'égard de la formation, etc. Il plaide toujours en faveur de son maître mot: la "régulation", qu'il s'agit de réintroduire urgemment. On ne saurait être trop d'accord.


Flou artistique

On voit toutefois les limites d'un discours facile à caricaturer: ce bon Michel est contre la guerre et la faim dans le monde. Son "programme", qui se limite à des pétitions de principe et à des positions de pure forme, semble aussi mince que la profession de foi d'une postulante au titre de Miss France. Le seul point précis est justement celui sur lequel il a battu en retraite: la suppression de l'actuelle Ligue des champions au profit d'un tournoi à élimination directe, distribuant 256 clubs avec un système de têtes de série (lire "Platini réinvente la Coupe d'Europe"). Désormais, il préconise simplement la limitation à trois participants par pays, ce qui libérerait des places pour de nouvelles nations.

Pour le reste, le candidat est évasif, comme en témoigne son interview dans L'Équipe du 22 janvier. La Coupe de l'UEFA? "Beaucoup de clubs en sont satisfaits. Si on trouve mieux, on fera" L'Euro à 24 équipes? "Ça dépend du système de qualification". Le 6+5 (qui obligerait les équipes à aligner au moins 6 joueurs sélectionnables dans le pays en question)? "Je ne me bats pas pour cette idée, mais je la supporte". Sa première mesure? "Changer les statuts pour créer les outils permettant de faire évoluer les choses".
Sur la question du dopage, le Lorrain renoue avec sa légèreté habituelle: "Les choses sont très bien faites à l'UEFA", élude-t-il... Il noie pareillement le poisson pour ce qui est de désigner ceux avec lesquels il travaillerait en cas d'élection: "Avec les gens qui m'entoureront, le comité exécutif et ceux qui seront élus". Quant à sa charte, elle reste à écrire...


Bulletins secrets

On remarque toutefois que son adversaire n'a pas plus de programme que lui, sauf à considérer que la conservation du pouvoir est un objectif en soi. Il est vrai que son bilan parle pour lui: avec la vitrine d'une Ligue des champions extraordinairement lucrative, la confédération européenne n'a jamais été aussi prospère. Elle peut même se prévaloir, aujourd'hui, d'abriter l'élite mondiale du football au sein de son Eldorado. La "ligne" politique de Platini entend opposer des modes de rééquilibrage à cette croissance, et un tel discours – mélange de pragmatisme et d'idéalisme – peut ne pas séduire des présidents de fédération qui ont vu l'argent affluer dans leurs caisses.
D'autre part, l'élection est surtout affaire de politique interne, et donc de lobbying au sein de l'UEFA elle-même, rien de décisif ne se jouant devant les médias et l'opinion publique. Les tournées de Platini n'ont ainsi pas servi à exposer ou développer ses projets, mais à faire du relationnel. Le scrutin s'effectue à bulletins secrets, ce qui autorise les grands électeurs (présidents de fédération) à tous les arrangements avec leur conscience... et ne les oblige pas du tout à voter de la façon que la majorité de leurs administrés, au sein de leurs propres organisations, pourrait le souhaiter. Les soutiens récents de Sepp Blatter et de la FIFPro (le syndicat international des joueurs), ainsi que les faveurs présumées des petites fédérations, suffiront-ils à faire pencher la balance?

Ce contexte explique très certainement l'extrême prudence de Platini, qui évoque la nécessité simultanée d'une "continuité" et d'une "redistribution des cartes". Mais la posture dilettante, assez habituelle chez l'homme – qui semble toujours nier par avance l'importance d'un éventuel échec (3) – laisse craindre qu'une fois en place, il exerce le pouvoir à la manière de son mentor Sepp Blatter: avec de grandes phrases et de grands sentiments, mais très peu d'action. Le tout au service d'une conception autocratique et opaque de la gouvernance.
On espère quand même que vendredi, Michel Platini héritera de l'occasion de prouver tout le contraire!


(1) Johansson a longtemps encouragé la candidature de Franz Beckenbauer, avant que ce denier ne comprenne qu'il devrait, pour cela, renoncer à ses contrats publicitaires.
(2) Après la réussite de la Coupe du monde en France, dont il co-présidait le comité d'organisation, il devient conseiller spécial de Sepp Blatter en 1998, puis vice-président de la Fédération française en 2001. Il est élu au Comité exécutif de l'UEFA l'année suivante, ainsi qu'à celui de la FIFA. Lire aussi "Comme un gros poisson dans l'eau".
(3) "Ce n'est pas une nécessité pour moi d'être élu. J'ai plus à perdre qu'à gagner en devenant président de l'UEFA pour ma vie personnelle, qui est très agréable".

Réactions

  • OLpeth le 26/01/2007 à 14h01
    C'est au pied du mur (de coup-franc) qu'on voit le maçon : laissons à Platoche le temps de s'approprier les instances Uefiennes. Qui sait s'il ne va pas maintenant conduire une politique audacieuse ? Maintenant qu'il est élu il pourra faire à peu près ce qu'il veut.

    En tout cas il est clair que ça ne peut être que mieux que la cacochyme Johansson, qui se serait très probablement contenté de maintenir le statu quo pendant encore 4 ans.

  • Vikash Thoracique le 26/01/2007 à 14h42
    Résultat assez étonnant quand même quand on voit le conservatisme de ce type d'instances!
    Et je me réjouis de voir un club de moins pour les gros pays en CL, en attendant mieux... Dans ce type de campagne il vaut mieux avancer masqué et dévoiler ses idées ensuite, j'espère qu'il le fera.
    Au passage, ça vient d'où "cacochyme"?

  • l'homme de la pampa le 26/01/2007 à 16h12
    Platini élu, le jour où le prix de l'action OL est déterminé, et cette réaction de JMA à l'élection de MP : «Je souhaite qu'il puisse réussir dans son entreprise tout en étant convaincu qu'il devra aussi faire en sorte de travailler en parfaite collaboration avec les clubs comme les nôtres pour privilégier, au niveau de l'Uefa, le développement d'une image et des ressources». (AFP)
    Bref, je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'on va se marrer les prochains mois avec une guerre UEFA-G14 avec comme principaux artilleurs deux français.

  • theviking le 26/01/2007 à 17h07
    cacochyme: du grec kakokhumos "qui produit (ou a ) un mauvais suc " (khumos=suc), d'où en médecine, qui a de mauvaises humeurs. Emploi resté avec vieillard (ou synonyme) cacochyme. (dixit robert)

  • Vikash Thoracique le 26/01/2007 à 17h59
    Merci, et vive les cdf où les hellénistes sont aux aguets.
    Hasta Siempre Platini!

  • totoman33 le 26/01/2007 à 23h04
    OLpeth - vendredi 26 janvier 2007 - 14h01
    C'est au pied du mur (de coup-franc) qu'on voit le maçon : laissons à Platoche le temps de s'approprier les instances Uefiennes. Qui sait s'il ne va pas maintenant conduire une politique audacieuse ? Maintenant qu'il est élu il pourra faire à peu près ce qu'il veut.

    > Je n'en suis pas si sûr... D'après le 0.85€ du jour (ici, vos houhoutages) le président de l'UEFA est plutôt un pontife d'honneur, sans réel pouvoir. Platini veut changer cela (i.e. modifier les statuts de cette association) ; y arrivera-t'il ? Dans le cas contraire, son élection ne servira peut-être pas à grand-chose...

La revue des Cahiers du football