Fiche technique : les Pays-Bas
La révolution orange n'a encore jamais eu lieu dans le football... Faut-il espérer que le grand soir soit fixé au 9 juillet 2006?
le 24 Juin 2006
Comme à chaque phase finale internationale depuis maintenant trois bonnes décennies, les Hollandais sont là exclusivement pour entretenir leur statut d’équipe culte dont le football offensif et échevelé enchante le bon peuple avant de se briser sur quelque sinistre défense renforcée. A force, ils se sont habitués à la lose magnifique et se contenteront sans doute volontiers d’effectuer un énième tour d’honneur sous les acclamations de la planète puis de rentrer chez eux la tête aussi haute que leur pays est bas, pour s’inscrire dans la légende des belles équipes orange injustement vaincues en Coupe du monde, aux côtés de celles de 1974, 1978, 1990, 1994 ou 1998… Il faudra bien ça pour que le lourdaud Ruuud prenne place dans la conscience collective aux côtés de Cruyff, coach Van Basten et Bergkamp.
Le point fort
Avec Robben, Van Nistelrooy et Van Persie, les Hollandais vont obtenir plein de penalties.
Le point faible
Les Hollandais n’ont jamais été foutus de tirer correctement un penalty.

Le rôle des Pays-Bas
La couleur de leur maillot permet traditionnellement aux commentateurs de s’en donner à cœur joie dans les manchettes des journaux autour du mot « orange »: « Oranges mécaniques », « Oranges pressés », « Les Pays-Bas passent à l’orange », etc. Seuls les Cahiers du foot oseront « Orange, ô désespoir » et « Orange over ».
Comment reconnaître un joueur hollandais ?
Les Hollandais se divisent en deux catégories : les Goudas, longilignes et blêmes, et les Edams, petits et rougeauds. Les uns comme les autres fondent rapidement au soleil.
Quel Hollandais faut-il surveiller ?
Mark Van Bommel. Son visage étrange et effrayant, sorti tout droit d’un cauchemar de Bosch ou de Bruegel, atteste qu’il s’agit-là d’une créature moyenâgeuse venue du fond des temps pour semer la désolation sur Terre. A chaque partie, le monstre multiplie agressions sordides, scélératesses vicelardes, croche-pieds perfides et autres doigts dans le cul. Un vent nauséabond venu des Enfers souffle sur le Mondial: il a pour nom Van Bommel (« Bête de l’Apocalypse » en araméen).
Le scénario idéal
Après une balade narquoise dans le prétendu groupe de la mort, les Hollandais surclassent le Portugal en huitièmes, toujours le sourire aux lèvres et en envoyant des milliers de baisers à leurs fans transis d’amour. En quarts de finale, ils livrent une partie ébouriffante face à l’Angleterre, inscrivant un but d’anthologie après une séquence de 47 passes consécutives, avant d’encaisser deux buts de raccroc dans les deux dernières minutes pendant que les joueurs orange participent à la Ola qui traverse le stade. Ils quittent la compétition au grand regret de tous les supporters. Le soir-même, dans un studio de télévision, Van Basten humilie Klinsmann au tennis-ballon.
Le scénario catastrophe
Qualifiés en huitièmes au goal-average (toutes les équipes du groupe de la mort terminant avec le même nombre de points), les Hollandais soutiennent le siège d’un Portugal séduisant mais malchanceux et marquent en contre. Qualification aux tirs aux buts contre l’Angleterre à l’issue d’un morne 0-0, puis victoire en demies face à la France grâce à l’expulsion de trois joueurs lyonnais coupables d’avoir lynché Van Bommel et, enfin, nouvelle victoire aux tirs au but contre le Brésil en finale. Les Hollandais sont champions du monde en jouant mal. Le monde entier est traumatisé. Le football connaît un sérieux déclin planétaire, et le patinage de vitesse prend rapidement sa place de sport mondial numéro un.