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Dis papa, c'est quoi le Racing ?

D'hier à aujourd'hui, d'un Parc des Princes à l'autre pour finir à Colombes : c'est le Racing Club de Paris (ou de France) expliqué à mon fils...
Auteur : Francis Grille le 22 Dec 2004

 

En voyant mon neveu prononcer les quelques mots magiques d’un bambin, ceux qui attendrissent même le plus insensible d’entre nous, lorsque le gamin arrive enfin à articuler votre prénom ou à dire "pourquoi", j’ai eu la faiblesse de me projeter. Moi aussi, ça m’attend. Et avec ce mot magique, les questions fatidiques. J’ai déjà réfléchi aux terribles "Dis Papa, pourquoi Maman elle est pas là ?", à "Dis Papa, comment on fait les bébés ?", mais j’ai eu un frisson d’horreur en imaginant le vice à l’état pur, sous la forme d’un "Dis Papa, c’est quoi le Racing?" En fait, je me suis senti complètement désarmé face au regard insistant du bout de chou qui ne vous lâchera pas sans avoir une réponse convaincante. J’ai déjà pensé à répondre un laconique "Tu comprendras quand tu seras grand" ou le toujours aussi consternant "C’est des histoires de grandes personnes". J’en ai été tellement peu convaincu que j’ai pensé à ce moment fatidique où je serai confronté aux yeux embués du gamin au bord des larmes parce qu’on lui a rappelé sa condition d’être incomplet. J’ai aussi pensé à vous, pères, oncles, futurs pères, et même à ceux qui espèrent briller en société en racontant leurs souvenirs du Racing en finale de Coupe de France contre Sannois-Saint-Gratien au Stade de France en 1957. Voici un petit voyage dans le présent souvent morne d’un club au passé pourtant prestigieux. Une querelle d’appellations d’origine incontrôlée Fondé en 1882, le Racing Club de France (RCF) est une association, à l’instar de votre club de pétanque village ou de l’association des riverains de la rue Salneuve. Sauf que le RCF, c’est "la passion depuis 1882" et ça, évidemment, ça impressionne rapidement le chaland qui s’aventure imprudemment sur un site où il croyait trouver la nouvelle boucherie chevaline de la rue d’à-côté, qui curieusement s’appelle aussi "Racing". Donc, le RCF est une association, qui cumule les titres dans une vingtaine de disciplines sportives (on pense facilement au football ou au rugby, mais on pense moins à l’escrime, à la natation, à l’athlétisme ou au ski, et oui, on aime tous les sports au Racing), un palmarès omnisports parmi les plus complets (93 médailles olympiques, 53 titres de champion du monde, pour faire court) que le "PSG de Charles Biétry" n’atteindra pas de sitôt. Pour ce qui est du ballon rond (les passionnés de pentathlon moderne me pardonneront de traiter avec légèreté leur discipline de prédilection), le Racing Club de France, c’est avant tout ce fameux maillot à rayures horizontales bicolores, bleu ciel et blanc, qui a, paraît-il, inspiré d’autres clubs comme le Sporting Club du Portugal. C’est aussi quelques titres, le dernier, une Coupe de France, remontant quand même à 1949. En fait, c’est en 1932, deux ans après sa première finale de Coupe de France (perdue après prolongation contre Sète, 1-3) qu’apparaît le Racing Club de Paris, club professionnel qui reprendra la section football du RCF, du moins pour celle qui tient le haut de l’affiche pendant trois décennies, s’adjugeant le titre de Champion de France en 1936 et cinq Coupes de France (1936, 1939, 1940, 1945 et 1949), échouant plusieurs fois de peu à la conquête d’autres championnats dans les années 50 et 60 (quatre podiums entre 1959 et 1962). Si 1936 conjuguait les victoires du Racing et du Front Populaire, c’est en 1962, lorsque l’élection du président de la République devint l’enjeu du scrutin universel, que le Racing commença à décliner pour longtemps. Pendant vingt ans, le Racing connaîtra des descentes (les années 70 virent le Racing faire le yoyo entre la D3 et la DH, pendant qu’émergeait le Paris Saint-Germain), l’abandon de l’ancien Parc des Princes et du professionnalisme, ce dernier avatar survenant un an après une improbable fusion avec le CS Sedan… La première époque du Racing Club de Paris prend fin en 1967, laissant le seul Racing Club de France, qui avait conservé la section amateur du football, représenter seul le club. En 1982 arrive un homme déjà puissant, patron d’une célèbre entreprise d’armement, qui reprendra le Paris FC. Cet homme est Jean-Luc Lagardère, l’entreprise, Matra. Après avoir fait naître malgré lui le Paris Saint-Germain FC, le Paris FC verra une autre de ses côtes devenir club, le Racing Paris 1, affilié au RCF. Le RP1 joue les premiers rôles en D2, sans pour autant monter. Comme je vous sens légèrement perdus, je récapitule : jusqu’en 1932 n’existe que le RCF, de 1932 à 1967, il cohabite avec les pros du RCP, puis un nouveau "RCP" est fondé en 1982 sur les cendres fertiles du Paris FC. L'aventure de la D1 1983 marque un tournant, le RP1 devient le RCP "deuxième époque", fusionnant (et absorbant) le RCF football. Il remonte en D1, après un barrage contre Saint-Étienne, autre prestigieux bateau ivre du ballon rond hexagonal. Revenant au Parc des Princes, le RCP veut jouer "mieux que le maintien" et en sera pour ses frais, terminant bon dernier. En D2 alors que le rival en rouge et bleu est sacré champion pour la première fois depuis cinquante ans pour un club parisien, le RCP remonte. Blessé dans son orgueil, Lagardère construit une équipe de stars, avec Francescoli, Littbarski, mais surtout en faisant signer le capitaine champion de France, Luis Fernandez. Les supporters du virage Boulogne doivent l’avoir oublié… C’est surtout l’année suivante que le RCP, devenu Matra Racing de Paris, fera des miracles, évoluant en haut de tableau toute l’année, et échouant de très peu à sa première qualification européenne (le Racing avait été seulement invité lors d’une des premières éditions de la Coupe de l’UEFA). Un grand club est-il en train de naître à Paris ? Oui et non, puisque le Racing ne soutient plus la comparaison avec le PSG que lors de derbies toujours accrochés. 1988-89 se conclut dans l’anonymat (parmi les titulaires, Francescoli, Casoni, Silooy, Ginola ou Guérin) et l’inquiétude puisque Matra se désengage du club, tant et si bien que la saison suivante condamne le Racing à la descente, d’un degré puis de deux, le président Piette affirmant ne pas pouvoir boucler le budget nécessaire à la D2. Mais 1989-90 était une année de paradoxes : dans la semaine suivant le bouclier de Brennus remporté par les rugbymen du Racing, emmenés par Franck Mesnel, les "manchots", déjà relégués, renversent le grand OM à Marseille en demi-finale de Coupe, s’imposant 2-3 alors qu’ils étaient menés 2-1 à quelques minutes du terme de la rencontre (et après avoir sorti Bordeaux, vice-champion, en quart de finale). Mais Montpellier, avec Paille, Cantona ou Blanc, battra les Parisiens en finale, 1-2 après prolongation. C’est contre un club héraultais que le Racing avait joué (et perdu) sa première finale, c’est contre un club héraultais qu’il joue sa dernière finale. Quinze ans d’agitation dans les coulisses d’un club amateur Depuis, que devient le Racing? Une première saison de D3 sous le nom de RP1, toujours professionnel, puis une seconde, après l’entrée en force du riche département des Hauts-de-Seine, sous le nom de Racing 92, font perdre au club le statut professionnel. Il ne le retrouvera jamais, passant des saisons aux troisième et quatrième niveaux nationaux, alternant joies et déceptions avec une régularité que ne renierait pas l’actuel porte-drapeau du football parisien… Entre-temps, le RCF retire son soutien financier au club, pressenti un temps pour être le résident du Stade de France. L’Icare Red Star est presque mort de cette ambition… Entre 1998 et 2000, les deux clubs joueront chacun un match de prestige (et télévisé) dans la trop rapidement qualifiée de "légendaire" enceinte de Saint-Denis : contre Monaco, en Coupe de France pour les Racingmen (défaite 0-1) et contre Saint-Étienne pour les petits hommes verts, en championnat (défaite 1-2). Aucun n’en est devenu résident, le Red Star écume les vertes prairies de banlieue en division d’honneur, le Racing évolue cette saison en National. Après quelques turpitudes budgétaires, le désormais Racing Club de France 92 se voit refuser la montée en National à l’été 2003. Qu’à cela ne tienne, l’année suivant est la bonne et malgré d’incessantes rumeurs de faillite, le club joue en National. Et plutôt bien. Avec une nouvelle équipe dirigeante (aux commandes du club depuis le début du mois), le club espère dans un premier temps retrouver un minimum de sérénité et d’ambition. Le Racing, vu de Colombes Le club, qui ne compte plus d’ancienne gloire du championnat (Antoine Kombouaré ou Daniel Dutuel ont usé leurs derniers crampons sur la pelouse du Stade Yves-du-Manoir), s’appuie sur des jeunes, issus pour la plupart des clubs avoisinants. Le fameux "vivier francilien"… Ce samedi 18 décembre, alors que le Magazine Ciel et Blanc, écrit par un des groupes de fidèles, annonce un ciel dégagé en "souhaitant la bienvenue aux dirigeants, joueurs et supporters bayonnais", le stade Yves-du-Manoir — défiguré depuis vingt ans et la démolition des virages et d’une tribune latérale (consécutive aux terribles incidents du Heysel) — accueille un public clairsemé, composé de fidèles dont l’enfance fut bercée par les Racing-Arsenal des années 50, et de riverains. Deux cents spectateurs venus voir le Racing affronter Bayonne pour une affiche qui sent bon l’Ovalie; ils étaient trente mille au Parc des Princes lorsque le même Aviron était venu défier le Paris-SG. Un vieil habitué confie "Ça fait quarante ans qu’on attend de redevenir un club prestigieux, on peut bien en attendre encore quarante" (en entendant cela, je m’imaginais à son âge dire à un passant du Camp des Loges venu voir un PSG-Vesoul de troisième division que ça fait quarante ans qu’on attend un grand PSG, un frisson dans le dos). Vu sous cet angle, on peut se dire que pouvoir assister à un match de football à l’abri d’une pluie incessante et pour seulement quatre euros est presque un luxe. Côté tribunes, les ciel et blanc de Bayonne font autant de bruit que leurs homologues du Racing, dans une ambiance bon enfant. Côté pelouse, le Racing, diminué et malheureux (deux tirs sur les montants, un jeu presque aussi plaisant que celui de pas mal d’équipes de la supposée élite) doit s’incliner contre les Basques (1-3)… Pas de panneaux publicitaires, pas de sponsor sur le maillot du Racing, on en vient à se prendre d’affection pour le club local, même quand la défense centrale commet des bourdes qu’on retrouve sur les terrains du Bois de Vincennes le dimanche matin… À la pause, la lecture du double feuillet précité s’accompagne de celle de L’Echo des Racing Tigers, publié par l’autre groupe de supporters du club, et d’une barquette de frites à la buvette où se bouscule presque une dizaine de spectateurs. Mené, parfois bousculé, le Racing n’est pas sifflé pour autant (bon esprit, disait-on), même en rentrant tête basse dans les vestiaires. Septième à la mi-saison, après un parcours de champion à l’extérieur, de reléguable à domicile le Racing peut encore rêver d’une montée, même si des équipes comme Valenciennes, Valence, Sète ou Nîmes lui semblent supérieures… Alors, peut-être, la prophétie de notre vieux fidèle se réalisera: "Bientôt, on rejouera le derby contre le PSG, au Stade de France et devant quatre-vingt mille spectateurs cette fois."

Réactions

  • plumitif le 22/12/2004 à 11h07
    Eh bé, ça vaut le coup de se lever le cul pour faire un article...

  • idfoot le 22/12/2004 à 11h23
    malheureusement pour l'habitué, sa prophétie ne se réalisera jamais car il y a une clause SDF qui dit que tant qu'il n'y a pas de club résident au SDF, le consortium est dédommagé de tant de millions d'€ par an. Bizarrement, tous les clubs ayant fait acte de candidature ont subis une ou plusieurs relégations dans les 2 années 1998 1999 (red star, racing, stdenis st-leu, PFC, aubervilliers, noisy).

  • fr@n le 22/12/2004 à 11h56
    remarques en vrac:

    1) j'aime bien l'article et j'aime bien l'histoire torturée des clubs parisiens,

    2) le paris FC est une structure financière crée en 1969 (je crois) sur le model des socios espagnols pour permettre à Paris de retrouver un club ambitieux. Une fois constitué (à la suite d'une longue émission de radio sur RTL qui s'est tenue au mythique troquet "Les trois obus") cette structure a fusionné avec le stade sangermanois pour devenir le PSG permière version. Un an et demi plus tard le club se scindait de nouveaux en deux suite à des divergences entre dirigeants (la plus connue étant la volonté des tenant du club 100% parisiens de retirer le nom de saint germain de l'appellation du club). Le Paris FC se retrouve alors sous son nom d'origine an D1 avec la section pro tandis que la section amateur garde le nom de PSG et repart au camp des loges. Les deux clubs se croiseront dans l'ascenseur en 1973!

    3) Le racing ne jouera suremant jamais au SDF (ou alors en coupe). Un projet de restructuration du stade incluant un centre commercial et une enceinte moderne de 20.000 places vient d'être retenu par les collectivités locales. Pour l'instant les dates de mise en chantier ne sont pas connues.

  • fr@n le 22/12/2004 à 11h57
    juste un ajout au 3). Le projet est lié aux JO de Paris (pour les sceptiques)

  • seb18 le 22/12/2004 à 12h32
    moi je sens un regain d'intérêt pour le Racing Paris ainsi que pour le SSG (sannois saint gratien). Est ce du aux problèmes récurrents du soit disant club phare de la région parisienne ??? Peut être !!!

  • Blonde Platini le 22/12/2004 à 13h00
    " Pour l'instant les dates de mise en chantier ne sont pas connues."

    et toi, ça te fait pas peur ?
    Déjà que quand elles sont connues, c'est compliqué de savoir quand les travaux auront lieu, et quand ils se finiront...

    Je n'ai eu l'occasion d'aller à Colombe que deux fois dans ma vie mais il me semble que c'est pas super accessible en transport en commun.
    Je sais que c'est dur de faire plus accessible que le Parc, Charlety ou SDF, mais est ce que ça a un sens de construire un stade de 20k dans ces conditions ?

  • fr@n le 22/12/2004 à 13h26
    Le stade de colombes est desservi par le RER et bientôt par la future ligne de tram (actuellement en construction). Finalement il est mieux desservi que le stade de créteil par exemple. Quand à sa construction c'est sur que elle dépend des JO... mais une fois ceux-ci obtenus on peut faire confiance aux collectivités pour booster le projet (même illégalement comme ce fut le cas pour le SDF)

    En ce qui concerne le regain d'intérêt pour les clubs franciliens je ne suis pas d'accord. Chiffres à l'appuis il n'y a jamais eu aussi peu de monde dans les stades pour suivre un autre club de la région que le PSG. Si on regarde bien même le grand Racing n'a pas autant dominé l'ile de france.




  • plumitif le 22/12/2004 à 14h54
    "Si on regarde bien même le grand Racing n'a pas autant dominé l'ile de france"

    C'est qu'à l'époque, il y avait concurrence avec de 1940 à 1963, quatre clubs (Racing, Stade Français, Red Star, CA Paris) dont régulièrement trois en D1 de 1940 à 1945, plus rarement ensuite (jusqu'en 1963).
    Les années Racing se sont arrêtées en 1964 avec la descente en D2 (la même année que Reims). Le public du Racing était très exigeant, il voulait des résultats et de la qualité de jeu et ne venait pas lorsque les deux n'étaient pas réunis.
    Le meilleur résumé du Racing, ce sont ses 118 buts inscrits en 1959/60 (dont 67 à l'extérieur) avec seulement une place de troisième.
    Les années 60, c'est le souvenir du vieux Parc où il y avait un match de D1 toutes les semaines, Reims qui venait y jouer ses matches de Coupe des Champions, le Tournoi de Paris avec Santos et un formidable Anderlecht (en 1964 ou 65), les arrivées du Tour de France et des Boucles de la Seine.
    Je crois me souvenir qu'on pouvait avoir un match de D1 avec un match d'une équipe de D2 en lever de rideau (CA Paris ou Stade Français). Je me demande même s'il n'y avait pas la même après midi un match de D1 et l'arrivée des Boucles de la Seine. Le foot, c'était le dimanche après midi avec aussi des lever de rideau avec des équipes de jeunes.
    C'était avant Matra et Canal Plus et c'était bien.

  • fr@n le 22/12/2004 à 16h04
    cadeau bonux: les affluences comparées des clubs franciliens de D1 et D2 depuis la guerre

    http://62.210.160.29/ImgAlbums4/Images2/41004/ lien

  • idfoot le 22/12/2004 à 16h23
    cher fr@n, ayant un site sur le football francilien, je suis très interessé par toutes ces statistiques. J'aimerai bien le détail si c'est possible. Bien sur si il s'agit d'un travil personnel que vous désirez garder je comprendrais. Mais si vous etes enclin à le faire partager je suis partant.

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