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Le Club Europe à l'assaut de la Ligue et des droits de diffusion

Jean-Michel Aulas ne sera pas candidat à la présidence de la Ligue en face de Noël Le Graët, mais il fera bien campagne contre lui. A la tête du "Club Europe" —notre G14 national— il entend bien imposer les intérêts d'une certaine élite, qui prendrait volontiers deux fois du gâteau des droits télé et veut distribuer ses cookies elle-même sur le web.
Auteur : Julie Grémillon le 7 Mars 2000

 

Noël Le Graët avait obtenu en septembre dernier un vote à l'unanimité des présidents de clubs professionnels sur la répartition des droits de retransmission du championnat (la "manne" de 8,1 milliards de francs sur trois ans). Cette victoire politique apparente n'avait réussi qu'à masquer temporairement de profondes divergences entre les défenseurs du principe de solidarité d'un côté et les tenants d'une distribution "élitiste" de l'autre, ces derniers choisissant d'attendre le moment d'une "crise". Lors des joutes de septembre au C.A. de la Ligue, Jean-Michel Aulas était resté étonnement discret, tandis Pierre Blayau montait en première ligne, prenant quelques risques (dont celui d'être ridicule, voir CdF3). Aujourd'hui un front apparemment uni monte en première ligne.

Le Club Europe existe-t-il?
La réapparition chronique d'une sorte lobby hexagonal calqué sur le G14 européen confirme l'émergence d'un pouvoir économique qui veut coordonner son action "politique" au sein d'une structure informelle. Le Club Europe regroupait à l'origine, à l'initiative de la société de Jean-Claude Darmon, 6 clubs (OM, Monaco, PSG, Bordeaux, Lyon, Lens), rejoints officiellement par Saint-Etienne, Nantes, Bastia, Strasbourg et Auxerre. Son président Jean-Michel Aulas revendique 12 membres, mais le 12ème n'est étrangement pas identifié. Remarquons simplement l'absence étonnante de Rennes dans cette liste de prétendants à la gloire européenne…
Sans entrer dans le secret des réunions de ce club des gros, on peut s'interroger sur l'unité effective de cette association, en notant d'abord que les cinq places qualificatives pour les compétitions européennes ne suffiront pas à satisfaire tout ce monde. Et il est difficile de croire que ces formations ont vraiment toutes les mêmes intérêts. Ensuite, comment peuvent-elles se désigner comme l'élite nationale et se réserver par anticipation le marché continental? On apprécierait assez de voir Sedan obtenir son ticket pour l'Europe au nez et à la barbe de quelques uns de ces postulants, invités à tenter leur chance la saison suivante et à réviser un peu leur sens des hiérarchies sportives.
Par ailleurs, si Aulas a clairement pris la tête du mouvement et l'assume en son nom, les autres clubs montrent de grandes réticences à exposer clairement leur participation, à laquelle il font le moins de publicité possible. Les pressions s'exercent et les accords sont scellés dans l'intimité des bureaux et des couloirs, il serait beaucoup plus embarrassant d'assumer publiquement des positions qui risqueraient de devenir impopulaires.

Un principe d'inégalité
Pour Aulas et ses homologues un peu planqués derrière lui, les accords signés doivent être rapidement remis en cause. Dans un premier temps, il s'agirait en substance de réformer le système de répartition en indexant les rétributions sur l'audience de chaque club. L'actuel dispositif attribue 73% des sommes solidairement (la même part pour chaque club de sa division) et 27% au "mérite", selon le classement de fin d'année. Cette partie du programme du Club Europe semble négociable auprès de la Ligue, qui pourrait céder sur ce point afin de préserver les autres. Mais on peut craindre le pire, dès lors que la mesure de l'"audience" des clubs est un exercice aléatoire qui va imposer des critères très subjectifs, comme il en a déjà été question ("notoriété", budget, palmarès, âge du capitaine etc). Le système de répartition abandonnerait non seulement le principe de solidarité mais aussi la logique sportive, celle du classement, au profit d'arrangements qui renforceront les inégalités, assureront à ceux qui sont déjà dans le haut de panier les meilleures chances d'y rester.
Plusieurs questions ne sont pas posées dans ce débat fictif: le niveau d'un football national dépend-il seulement des clubs huppés? Ont-ils la capacité de faire émerger de nouveaux joueurs, ou bien seulement celle d'en acheter de confirmés? Leurs effectifs ménagent-ils des places pour les jeunes issus de leurs propres centres de formation? L'exemple anglais, à Chelsea et ailleurs, est assez parlant: à la perte d'identité s'ajoute une régression des joueurs locaux. L'arrivée massive des joueurs et des techniciens étrangers a sauvé les clubs anglais, elle a peut-être aussi condamné les joueurs britanniques et la sélection nationale. Dans leur course au profit à court terme, les dirigeants mettent totalement de côté les raisons multiples de la "richesse" et de la pérennité d'un championnat, qui tiennent aussi à la diversité des clubs engagés et des régions, au cycle des promotions et des relégations, aux centres de formation des "petits" clubs, au niveau de la D2…

OPA sur les droits
Ces revendications des clubs, dont la portée est déjà considérable, masquent un projet plus global: comme ailleurs en Europe, ils veulent à terme disposer de "leurs" droits de retransmission en toute indépendance. Dans un premier temps, il s'agit de récupérer l'usage de ces droits pour Internet et pour les chaînes locales, avant d'ouvrir plus largement la fenêtre pour négocier avec n'importe qui (de nombreux industriels de la télévision n'attendent que cela). Le vocable de "chaînes locales" incite irrésistiblement à faire le rapprochement avec les chaînes que les clubs développent (OM et OL) ou projettent, et dont les contenus et le potentiel seront cruellement limités par l'impossibilité d'accéder aux images des rencontres. Ainsi, OMTV s'est dernièrement fait rappeler à l'ordre après avoir programmé Marseille-Gueugnon. Dans le même ordre d'idée, le flou relatif qui entoure les droits de diffusion sur Internet ouvre des champs supplémentaires de revendication pour les clubs, qui y voient de belles opportunités de reconquérir une partie des droits les concernant. Aujourd'hui, la Ligue et Canal+ (dont le site a déjà expérimenté la diffusion de matches) assurent l'indivisibilité des droits télé et Internet, mais ce monopole va être clairement attaqué.
L'hypothèse a été avancée d'un compromis assurant la "copropriété" des droits entre les Ligues et les clubs, avec obligation de négocier et conclure les accords conjointement, la Ligue étant "mandatée" pour mener les discussions. Mais celle-ci, soutenue par le ministère, n'est pas prête à abandonner ses prérogatives: "Le système de gestion centralisée des droits ne sera pas remis en cause. Les images du championnat appartiennent à la Ligue, pas aux clubs (…) Le Club Europe ne peut pas vendre des produits qui ne lui appartiennent pas", a signifié un Le Graët (L'Equipe, 01/03/00) qui va retrouver dans l'adversité le goût du combat, mais qui finira certainement par employer son sens du compromis.

On le voit, la lutte engagée va être rude, on l'espère aussi transparente que possible, et surtout on attend les arbitrages politiques, nationaux mais surtout européens, qui seront décisifs. Plusieurs ministères des Etats membres ont entamé des démarches visant à encadrer l'emprise des investisseurs et à rétablir l'autorité des fédérations, et la Commission semble entendre favorablement les arguments en faveur d'une "exception sportive" européenne. Le sport européen va connaître à Bruxelles et dans les capitales des moments décisifs pour son avenir, nous aurons l'occasion d'y revenir bientôt.

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