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Matthias Sindelar (2/4) - Le Mozart du football

L’Austria de Vienne est son club, l’Autriche est son pays: l’émigré tchèque au genou fragile devient le joyau d’une Wunderteam au faîte de son art.

Auteur : Toni Turek le 20 Mai 2011

 

Même si son parcours à l’Austria de Vienne est bon, c’est surtout sous la tenue blanche et noire de l’équipe nationale autrichienne que Sindelar va marquer les esprits. À l’automne 1926, le Viennois d’adoption effectue ses débuts internationaux. Le premier match se joue en septembre, à Prague: contre le voisin tchécoslovaque (2-1), Sindelar ouvre le score après 25 minutes. Lors du deuxième, joué à Vienne en octobre, il inscrit un doublé contre la Suisse (7-1). Au troisième, en novembre, il clôt la marque à 3-1 devant la Suède. Quatre buts en trois matches: des débuts prometteurs pour une histoire commune qui va durer douze ans.


Banni de la sélection

Mais l’histoire en question débute en pointillés. Aux deux matches suivants de mars et avril 1927, contre la Tchécoslovaquie (1-2) et la Hongrie (6-0), Sindelar joue, mais ne marque plus. Ensuite, il ne dispute que deux rencontres sur les treize autres matches officiels de la sélection en 1927-28. Pire, le sélectionneur national Hugo Meisl [1] le sort du groupe en janvier 1929, la faute à une discussion trop enjouée du joueur et de son coéquipier Gschweidl après un 0-5 concédé face à une sélection régionale allemande, sur un sol enneigé qui gênait les trop nombreux dribbles de Sindelar et le jeu en passes courtes des Autrichiens. "Plus jamais Sindelar et Gschweidl ensemble", se fâche Meisl.

sindelar_wunderteam_2.jpg

Le bannissement de Sindelar semble alors définitif. Car l’Autriche de Meisl se porte bien, toujours offensive et conquérante, même en l’absence de l’avant-centre de l’Austria. Ainsi, contre la Hongrie (5-5 à Budapest, 5-1 à Vienne) en 1928 et la Tchécoslovaquie (3-3 à Prague, 2-1 à Vienne) en 1929, Franz Weselik le remplace on ne peut mieux: le champion et meilleur buteur 1929/30 avec le Rapid de Vienne met sept buts à lui seul sur ces quatre matches...
Sindelar n’a pas de regrets à avoir: l’Autriche n’étant pas des équipes parties en Uruguay jouer la première Coupe du monde [2], il ne rate rien. Et les résultats de l’équipe d’Autriche plaident en sa faveur tant ils régressent: en 1930, il faut patienter jusqu’en novembre pour voir la première victoire de l’année (4-1 contre la Suède). Le temps joue pour Sindelar, dont la situation se débloque en mai 1931: excédé par la presse et la pression populaire,



Dans la Wunderteam

Meisl rappelle finalement l’avant-centre viennois aux huit sélections pour un match face à l’Écosse – invaincue face aux équipes nationales du continent. Mais sans les joueurs des clubs de Glasgow, elle fait les frais du réveil autrichien, et devant les 60.000 spectateurs du Hohe Warte, les Écossais sont proprement balayés 0-5. Dans cette équipe d’Autriche, au sein de laquelle les deux ailiers Zischek (à droite) et Vogel (à gauche) marquent leurs premiers buts pour leurs débuts, l’ex-banni Sindelar signe un brillant retour aux côtés de Gschweidl en inscrivant son cinquième but sous le maillot national.

L’équipe autrichienne alignée en 2-3-5
contre l’Ecosse le 16 mai 1931

 

Rudolf Hiden
Roman Schramseis, Josef Blum (cap.)
Georg Braun, Josef Smistik, Karl Gall
Karl Zischek, Friedrich Gschweidl, M. Sindelar, Anton Schall, Adolf Vogl


Le règne autrichien qui vient de débuter va durer deux ans. Une semaine après l’Ecosse, l’Autriche gagne son surnom de Wunderteam [3] en ridiculisant 0-6 une Allemagne alors amatrice qui tombe de très haut à Berlin. Une Allemagne explosée 0-5 lors de la revanche à l’automne 1931, avec un triplé et deux passes décisives de Sindelar, au plaisir des 50.000 fans présents au nouveau Wiener Stadion. Le festival offensif du rouleau compresseur autrichien connaît son paroxysme à Bâle, avec le 8-1 infligé aux Suisses: là, chacun des cinq attaquants trouve le chemin des filets. Sur les six dernières rencontres de 1931, ce sont vingt-huit buts qui sont marqués. Cinq seulement le sont par Sindelar, mais l’avant-centre de l’Austria de Vienne multiplie dribbles magiques et passes décisives, régalant des dizaines de milliers de fans.

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En avril 1932, face à des Magyars qui restaient sur trois succès et autant de nuls contre les Autrichiens, c’est l’apothéose du virtuose et de son groupe, l’avant-centre réalisant le match parfait: les spectateurs viennois voient Sindelar inscrire un triplé lors de la première demi-heure, puis distribuer cinq passes décisives. Score final: 8-2! Quand le "Mozart du football" – son nouveau surnom dans la presse – joue ainsi, il n’y a pas de fausse note.



Après Stamford Bridge, le déclin

La même année, en décembre, cette Autriche au sommet de son art s’en va défier à Londres les inexpugnables Anglais, dans ce qui est le match de la vie des joueurs. Mais le miracle tant espéré n’a pas lieu à Stamford Bridge; dans un match suivi en direct par la radio viennoise, l’Angleterre domine 4-3 une Autriche nerveuse, qui s’est réveillée seulement après un sermon de Meisl à la mi-temps. L’invincibilité autrichienne est terminée; mais l’Autriche est la première équipe du continent à avoir inscrit plus d’un but sur leur terrain aux Anglais, et elle a déployé un jeu qui a ravi fans et observateurs. À leur retour, les joueurs sont acclamés: rarement défaite aura été aussi glorieuse.
Sur la période 1931-1932, l’Autriche est restée invaincue quatorze rencontres d’affilée, ce qui, pour la première – et unique – fois, lui offre un titre: celui de championne d’Europe des Nations [4]. Sur les dix-neuf buts inscrits pendant les huit matches alors pris en compte, quatre l’ont été par Sindelar, deuxième meilleur marqueur de son équipe après Schall.

Les quatorze matches sans défaite de la Wunderteam
en 1931-32, et le rôle de Sindelar

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Hélas, tout a une fin, et la Wunderteam ne fait pas exception. Après le succès de l’Autriche 4-0 à Paris en février 1933, le gardien de but autrichien Rudi Hiden, qui avait déjà failli partir à Arsenal en 1930, est recruté par le RC Paris. Il quitte alors son club du Wiener AC, et à cette occasion met un terme à sa carrière internationale autrichienne [5]. Le défenseur Schramseis fait rapidement de même en rejoignant le FC Rouen. Avec la retraite du capitaine Blum peu avant, la semi-retraite du plus âgé des attaquants Gschweindl, et le fait que Gall soit supplanté par Nausch au milieu gauche, l’équipe de 1931/32 se voit fortement remaniée. Nouvellement promu capitaine, Sindelar répond toujours présent; il demeure fidèle à son coach, dont il reste le meilleur relais sur le terrain. Mais quand, en avril 1933, l’Autriche perd 1-2 contre la Tchécoslovaquie, cette fois c’est définitivement acquis: la page est tournée, la légendaire Wunderteam a vécu.

Matthias Sindelar (1/4) – Le joueur de papier
Matthias Sindelar (2/4) – Le Mozart du football
Matthias Sindelar (3/4) – 1934, l'occasion ratée
Matthias Sindelar (4/4) – De la légende au mythe    

[1] Hugo Meisl n’est pas le premier venu, comme le montre son CV: arbitre international, délégué de la FIFA, sélectionneur national d’Autriche (dès 1913) et secrétaire général de la Fédération autrichienne de foot (à partir de 1926). Il promeut l’instauration du professionnalisme dans le foot – mis en place en 1924 en Autriche. Il est le créateur de la Coupe Mitropa, et participe à la mise en place du Championnat d’Europe des Nations (deux compétitions créées en 1927). Polyglotte, fin stratège, et ami de l’entraîneur anglais Jimmy Hogan qui prône le jeu en passes courtes, Meisl est la personnalité dirigeante incontournable du foot autrichien à cette époque.
[2] La fédération autrichienne trouve le voyage trop cher, et la majorité des clubs viennois n’entendent pas se priver de leurs meilleurs joueurs pros pour un à deux mois, se souvenant trop bien du fiasco sportif de l’Hakoah de Vienne après ses tournées aux Etats-Unis.
[3] Das Wunder: "la merveille" – également "le miracle".
[4] Sont pris en compte à cette époque les résultats des duels opposant les équipes nationales d’Autriche, de Hongrie, d’Italie, de Suisse et de Tchécoslovaquie, le vainqueur étant celui qui cumule le plus de points à l’issue de ses huit matches. Dans ce tournoi aussi appelé Svehla-Cup, d’après le nom de l’ancien premier ministre de Tchécoslovaquie Antonin Švehla, l’Autriche se classe deuxième (derrière l’Italie) sur les périodes 1927-1930 et 1934-1935.
[5] Naturalisé français en 1937, "Rodolphe" Hiden jouera un match en équipe de France en janvier 1940 (3-2 contre le Portugal) avec deux autres Autrichiens naturalisés et évoluant comme lui au Racing Club de Paris: "Henri" Hiltl et "Auguste" Jordan.

Réactions

  • Hydresec le 20/05/2011 à 08h28
    Jouer en 2-3-5... Comme à la récré, quoi. Ça devait être chouette (en tout cas, ça scorait dur, à l'époque).
    Merci et féloches pour cette chronique.

  • Tonton Danijel le 20/05/2011 à 09h20
    Toujours aussi intéressant, Toni, mais il y a un truc bizarre: tu parles de déclin "après Wembley" alors que tu dis dans l'article que le match s'est déroulé à Stamford Bridge...

    Sinon, vivement la suite.

  • Christ en Gourcuff le 20/05/2011 à 09h36
    Toujours aussi bien raconté et interessant! Je me retiens d'aller sur son wikipedia pour voir où tout cela mène, le suspens est haletant!!

    (Sinon on me signale que Pablo C. s'est étouffé avec ses Frosties en voyant le schéma en 2-3-5)

  • Tonton Danijel le 20/05/2011 à 13h52
    Le chapeau du paragraphe a été corrigée, belle réactivité.

  • what_a_metz le 20/05/2011 à 18h28
    Merci beaucoup pour cette série, elle est passionnante !

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