Un entraîneur doit-il regarder les journalistes dans les yeux pour être apprécié d'eux ?
Une Balle dans le pied – L'encre qu'a fait couler Marcelo Bielsa a souvent été acide. Entre le corporatisme des entraîneurs et l'aigreur des spécialistes médiatiques, l'Argentin aura tendu un miroir peu flatteur au football français
Le 8 août, quelques minutes après la fin du premier match de son équipe en Ligue 1 2014/15, l'entraîneur de l'OM Marcelo Bielsa a démissionné à la surprise générale, ajoutant un épisode – pas le moins spectaculaire – au feuilleton assez épique de son mandat à Marseille.
On pourrait revenir sur le parcours en France du technicien argentin, depuis le moment où il fut sempiternellement présenté comme "el loco" jusqu'à cet ultime claquement de porte. Refaire le bilan sportif de sa première saison, conclue sur la déception d'une seconde partie manquée, et le portrait de l'homme, qualifié de psychorigide – non sans fondement. Ou encore, tâcher de débrouiller les termes du contentieux final qui l'a opposé à ses dirigeants. Mais ici, on trouvera plus intéressant de revenir sur ce que le passage de Marcelo Bielsa, et l'accueil qu'il a reçu, disent du football français.
L'ÉRE GLACIÈRE
On se souvient que l'an passé, il n'avait pas fallu beaucoup de temps pour que le nouvel entraîneur marseillais essuie des commentaires acerbes de la part de plusieurs de ses confrères en activité ou reclassés comme consultants. Il lui fut notamment reproché de s'être peu préoccupé de connaître et de s'adapter au jeu pratiqué en Ligue 1. Déjà un délit d'étrangeté, mais par la suite, les résultats s'améliorant au point de porter l'OM en tête du classement, Bielsa devint plutôt un sujet de curiosité bienveillante, voire une marotte médiatique avec la glacière dont il se servait comme siège au bord de la pelouse (lire "Mythologie de la glacière").(...)