L’arbitrage vidéo, un si logique désastre
Une Balle dans le pied – Plutôt que de nous demander "À quel football va conduire l'arbitrage vidéo?", demandons-nous "Quel football a conduit à l'arbitrage vidéo?" On comprend, alors, pourquoi cette évolution était fatale.
Il est étrange que l'autorisation d'une phase d'expérimentation de "l'arbitrage vidéo" par l'International Board de la FIFA, qui marque en réalité le coup d'envoi d'un processus qu'il sera à peu près impossible d'enrayer, ait si peu fait l'événement.
Une raison pour laquelle les "pro-vidéo", très majoritaires, n'ont pas bruyamment célébré une telle victoire, après avoir si longtemps et si rageusement combattu pour l'obtenir, tient peut-être à la surprise d'obtenir un changement auquel ils ne croyaient pas vraiment. Au point qu'ils se rendraient compte, en même temps, qu'ils n'ont qu'une très vague idée de la façon de la mettre en œuvre, voire qu'ils appréhendent confusément la confrontation avec la réalité. C'est en fini de la pensée magique qui faisait de l'arbitrage vidéo une panacée injustement refusée : la voici à l'épreuve des faits. Mais ce n'est qu'une hypothèse. Ils sont plus probablement si convaincus des bienfaits de la méthode qu'ils attendent sereinement l'avènement ce qui était devenu une fatalité.
Il faut trois secondes d'indignation pour, à la vue du ralenti d'une erreur d'arbitrage flagrante devenir un fervent partisan de l'arbitrage vidéo. Il faut au moins quinze minutes pour seulement dresser la liste des graves problèmes qu'il pose. Il n'y a jamais eu de débat sur l'arbitrage vidéo : il a été tranché avant même qu'il ne commence ou que quiconque ait pensé sérieusement à l'intérêt de l'organiser. Les trois secondes d'indignation ont été servies des milliers de fois, les quinze minutes de réflexion n'ont jamais été accordées. Les argumentations critiques ont été systématiquement ignorées ou marginalisées, la solution a été présentée à la fois comme une évidence, une nécessité et une urgence indiscutables. (…)