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Gerland, l'opéra de Garnier

Poursuivons l’hommage au stade lyonnais avec cette nouvelle (et remarquable) contribution issue du forum.

Auteur : asunada le 31 Jan 2013

 

 

[Texte initialement posté sur le fil “Gerland à la détente”]
 

Ces derniers jours, il a été question sur ce fil de notre rapport à notre bon vieux stade de Gerland (lire aussi "Gerland, de père en fils"). Pour bien prendre la mesure de ce que représente ce stade, pour nous, dignes héritiers de la grandeur, du snobisme et de la mollesse lyonnaise, il convient de faire un peu d'histoire et de revenir à sa création.
 

Le stade municipal de Gerland est l'oeuvre de Tony Garnier. Si ce nom vous en touche une sans faire bouger l'autre, vous êtes ignares. Ou Stéphanois. Bref, je n'aimerais pas être vous. Tony Garnier, donc, a marqué de son empreinte la première moitié du XXe siècle et nous avons eu de la chance car c'est essentiellement à Lyon qu'opéra Garnier.

 


Photo via http://olmuseum.forumpro.fr


Tony power

Je voudrais attirer votre attention sur le mérite de cet architecte et urbaniste. M. Garnier s'appelle en effet Tony. Pas Antoine, pas Antonio, Tony. Antoine Garnier, ça fait sérieux. Antonio Garnier, ça fait multiculturel et ouverture d'esprit. Mais Tony, soyons sérieux, c'est ni fait ni à faire. À se demander si sa naissance était désirée, un prénom de prolo pareil. De fait, repassons les autres Tony qui ont marqué l'histoire du sport à Lyon:
 

• Tony la mascotte. Has been au bout de deux ans d'existence, ridicule depuis toujours, il a fait sourire les moins de dix ans de ma génération et détourner le regard gêné des Lyonnais dotés d'un tant soit peu de dignité. Comble de la loose, il est remplacé au XXIe siècle par Lyou, une mascotte animalière de très mauvais goût qui réussit l'exploit d'être encore plus pitoyable que lui.
• Tony Chapron. Arbitre dont les orientations sexuelles ont été maintes fois dénoncées par 99,9% des fins limiers du Virage Nord. Le 0,1% se nomme balashov*, qui est un Ultra Gentil.
• Tony Vairelles. Coupe de mulet, cerveau de bourriquet et blouson sans manche en cuir de vache véritable. Sa qualité première a toujours été le débordement, qu'il soit capillaire, jusque dans les panneaux publicitaires ou à la sortie de boîtes de nuit.
 

Ceci dit, rien d'étonnant à ce que tous les Tony ayant succédé au sieur Garnier aient été de si piètres personnages. A-t-on vu d'autres Fleury, Sonny ou Sidney faire quelque chose de valable de leur vie depuis Di Nallo, Anderson ou Govou? Pour des prénoms aussi improbables, un fuoriclasse, c'est déjà beaucoup. Forcément, les suivants sont là pour niveler. Autre exemple: à Lyon, on a aussi eu Lloris. Le seul autre Hugo que je connaisse, c'est zenon zadkine*. Niveau talent, on n'a pas vu grand écart plus impressionnant depuis Nadia Comaneci à Montréal.
 


Le long chantier

Mais revenons à notre architecte. Tel Marco Grassi tout seul aux six-mètres, il faudra six tentatives à Garnier pour obtenir le Premier Grand Prix de Rome en 1899, ce qui fera dire à ses contemporains qu'il est lent, Tony. Lent peut-être, visionnaire sûrement. En témoigne le quartier des Etats-Unis à Lyon. Ce quartier, dont l'érection a débuté à la fin de la première guerre mondiale, est totalement novateur, dans le sens où c'est un des premiers projets urbanistiques de grande échelle, avec une volonté d'apporter à la classe ouvrière à la fois un confort nouveau (toilettes à tous les étages notamment) et une certaine qualité de vie sociale, les nombreux petits ensembles d'immeubles étant maillés autour d'espaces de vie publics, dans la lignée des cités jardins qui fleurissent dans l'Europe de l'époque.
 

Au moment de concevoir le stade Gerland, plusieurs questions se posent. Le stade doit être une arène pluridisciplinaire, un lieu de vie sociale, plus qu'un simple stade. Il doit être le bijou de l'exposition universelle de 1914. Exprimant ses nombreux doutes à Edouard Herriot, autour de cochonnaille et de verres de blanc, à six heures du matin, aux Halles, Tony Garnier indique qu'il ne voit pas comment inclure les agrès de gymnastique dans son œuvre. Ce à quoi son complice et maire de Lyon répond: "Te fais pas de bile, boquet. La gym, c'est un hobby, pas un sport."
 

Comprenant qu'il n'y avait rien à faire pour la gym, Tony, que pourtant rien n'effrayait, retravailla ses planches, hélas sans succès. Malgré l'absence du divertissement préféré, à égalité avec le commérage, des pisseuses d'hier et aujourd'hui, son projet aboutit et commença à sortir de terre en 1913. Les hommes ayant eu manifestement mieux à faire que de construire des stades pendant ce temps, les travaux cessèrent pendant quatre longues années, avant de reprendre en 1919 pour aboutir finalement à une inauguration en 1920.

 

L'enceinte dispose alors d'une piste d'athlétisme et d'un vélodrome, mais pas de toit sur ses tribunes. Le stade est très ouvert, très large. Son inspiration est clairement le stade antique avec cette grande galerie circulaire posée sur un talus végétal (voir des photos ici). On peut circuler tout le tour du stade par les coursives qui aboutissent aux quatre angles sur les quatre portes immenses, portes qui ont été classées monuments historiques en 1967.
 


Majestueux virages

La suite est plus banale. Tandis que les popularités du vélo et de l'athlé s'érodent, le football prend son essor, et l'OL, dès sa création en 1950, devient le club résident de Gerland. L'antre devient alors progressivement un vrai stade de foot, avec les suppressions successives du vélodrome et de la piste d'athlétisme. Les tribunes seront alors rapprochées du terrain, puis plus tard des loges construites en latérales. Les majestueux virages actuels datent des travaux pour la Coupe du monde 98 et dotent enfin la working class lyonnaise d'un toit.
 

À son débit, on reconnaîtra à Gerland une acoustique très mauvaise, aux antipodes du Parc des Princes par exemple. La présence des fosses le long des latérales, à la position des anciennes pistes d'athlé, défie également toute logique, tandis que le pied des virages est relativement loin des buts. Je dis relativement car quiconque a connu les virages du temps de la grande horloge (voir ici ou ) se souvient à quel point les rangées du haut étaient éloignées du terrain.
 

Mais ce stade se reconnaîtrait entre mille. Son histoire, ses arches et les talus végétalisés associés aux virages modernes très réussis de 1998 en font une enceinte assez pittoresque. Un stade bien situé et bien desservi, d'une taille raisonnable, où l'on voit correctement partout, élégant sans être tape à l'oeil, un stade lyonnais. LE stade lyonnais.
 

Le tout-football, le tarif prohibitif des places et la consécration des CSP++ consommateurs en loge doivent bien piquer ce qui reste du fondement de l'ami Tony, architecte socialiste, à l'époque où le socialisme avait un sens autrement plus noble que maintenant. Tout comme un stade perdu à Décines, loin de la métropole, avec la rocade et un centre commercial comme unique horizon, doit lui sembler bien saugrenu, là où il est.
 

* Forumistes des CdF s’illustrant annuellement lors de la Ligue des Cahiers.
 

Réactions

  • luckyluke le 31/01/2013 à 14h40
    Les fosses, c'était pour supprimer les grillages!

  • José-Mickaël le 31/01/2013 à 14h50
    Le stade de Gerland évoque pour moi le plus beau match de foot que j'aie jamais vu. Eh oui, c'est à Gerland que l'extraordinaire Dynamo Kiev de Belanov, Zavarov, Blokhine et compagnie avait produit son récital historique. Un honneur pour la ville de Lyon.

    D'ailleurs je propose qu'on crée un jumelage entre Lyon et Kiev.

    (Je viens de regarder sur Wikipédia, il n'y en a pas avec l'Ukraine. Tiens, Lyon est jumelé avec Saint-Louis, la ville qui a accueilli la plus belle équipe de foot US de tous les temps, décidemment...)


  • balashov22 le 31/01/2013 à 14h55
    Excellente lecture que j'avais déjà pu apprécier sur le fil idoine. J'ai eu un peu peur en voyant un astérisque après mon pseudo, mais le coup de l'incitation à l'inscription à la communauté pour promouvoir la participation à la Ligue des Cahiers, c'est finement trouvé.

  • Monsieur Jo le 05/02/2013 à 15h54
    Le bassiste/contrebassiste de Bob Dylan s'appelle Tony Garnier et je me suis longtemps demandé si la Halle du même nom lui était dédiée.
    Comme je suis trop paresseux pour chercher, je n'apprends le fin mot de l'histoire que maintenant.

La revue des Cahiers du football