
Habitus baballe
Pour causer socio, éco, sciences-po, anthropo, histoire-géo, philo, épistémo, Adorno, filporno, Bernard Pardo...
Moravcik dans les prés
20/04/2017 à 21h13
(pour ce qui est du choix de voter ça se discute évidemment, et je ne prétends pas être spécialement capable de justifier mon choix de le faire cette fois-ci)
Giresse au bout de mes rêves
21/04/2017 à 11h29
Bonjour, à votre avis, quel est le fil idoine pour relayer ceci?
Bonjour à toutes et tous,
La revue Géographie et cultures lance un appel à communication pour un numéro spécial consacré au football (coord. Jean-Pierre Augustin et Vincent Gaubert). Les textes (entre 35 000 et 50 000 signes) sont à soumettre à la rédaction de la revue (gc@openedition.org) pour le 1er octobre 2017.
Les informations et consignes aux auteurs sont disponibles en pièce jointe ou à cette adresse : http://calenda.org/402612
Bien cordialement,
Milan de solitude
26/04/2017 à 01h12
Procès de Francis Heaulme, double meurtre de Montigny-lès-Metz
1986, un talus désaffecté de la SNCF, où les enfants du quartier résidentiel ont pris l'habitude de jouer : on vient y chercher Alexandre et Cyril, garçons qui ont lié amitié le jour même, et qui auraient dû rentrer chacun chez ses parents depuis deux heures. On les trouve le crâne fracassé, à quelques pas l'un de l'autre, quatre grosses pierres ensanglantées autour d'eux.
Heaulme entre dans cette affaire dans les années 1990. Les avocats de Patrick Dils, en épluchant les coupures de presse de l'époque de l'enquête, apprennent qu'un marginal du nom de Francis Heaulme a été suspecté, un temps.
Dils, seize ans, présent sur les lieux aux alentours de l'heure supposée du crime, a avoué devant plusieurs auditoires (inspecteurs, juges, psychiatres) puis, pendant sa mise en détention provisoire, s'est rétracté. Mais ses aveux étaient circonstanciés, riches, "incarnés", bien qu'ils ne fussent pas complets et que des détails eussent pu lui être suggérés. Une phrase est restée célèbre : "le bruit que ça fait est le même que quand on écrase un melon". Une autre chose encore plus troublante : après ses aveux, la juge d'instruction lui montre les quatre pierres ensanglantées ramassées près des corps et lui demande à quoi chacune a servi ; il répond que la première a servi pour le premier garçon, la seconde et la troisième pour le second garçon et laisse de côté la dernière ; la juge insiste sur celle-ci ; il répond que celle-ci n'a pas servi. Des expertises montreront que Dils avait tout juste. La dernière a seulement reçu une éclaboussure.
On lui refusera l'excuse de minorité fort illogiquement (il avait seize ans au moment des faits et n'avait rien d'un adulte) et le condamnera à la perpétuité. À cette époque l'appel n'existait pas aux assises. Il n'y a pas grand doute à avoir que sa tête eût été coupée si la loi n'eût pas aboli cette option quelques années plus tôt.
Francis Heaulme est en prison depuis 1992. Procès après procès, il a été condamné pour neuf homicides, dont deux fois à perpétuité avec peine de sûreté maximale. Il tue pour un oui, pour un non. Il a commis son premier forfait quelques semaines après le décès de sa mère.
Il souffre d'un syndrome de Klinefelter (chromosome X supplémentaire, un syndrome que des études associent à de la criminalité) et de troubles psychiques (plus de cent séjours en hôpital psychiatrique), mais est responsable pénalement. Son père, alcoolique, le maltraitait. Il aime beaucoup sa sœur, qui l'a toujours soutenu, malgré tout ; sauf pendant un an qu'elle n'est plus venue le visiter au parloir, trop horrifiée d'avoir appris que son frère avait tué un enfant par quatre-vingts coups de tournevis.
Quelques-uns de ses crimes ont été commis avec un complice de fortune, à chaque fois différent, embrigadé une ou deux heures avant par exemple.
Sa façon d'avouer ses crimes est très particulière. On lui parle d'une affaire et il en évoque une autre, inconnue : il décrit avec précision un crime auquel il dit avoir assisté, et plus tard il avoue qu'il en est en fait l'acteur.
Or, renseignements pris, Heaulme a évoqué, au cours d'une autre affaire, un crime qui ressemble trait pour trait à celui de Montigny-lès-Metz. Il dit que des enfants sur un talus lui ont jeté des cailloux alors qu'il allait à vélo, qu'il est revenu plus tard pour sermonner les enfants mais que des pompiers et des policiers occupaient alors le talus, et qu'il est parti.
L'enquête subséquente détermine qu'il travaillait, à l'époque de ce crime, à quatre cents mètres du talus, que son humeur a noirci le lendemain du crime selon ses collègues, et, on l'apprendra plus tard, que des pêcheurs l'ont pris en stop le soir du crime, couvert de sang. De plus, un des enfants a été retrouvé avec le pantalon à moitié baissé, un signe retrouvé parfois chez les victimes connues du tueur en série. (Les autopsies n'ont pas noté de violences sexuelles.)
Sur la base de cette enquête principalement, les avocats de Dils obtiennent la révision du jugement de leur client, procédure rarissime. Dils a plus de trente ans et il est de nouveau présumé innocent, mais il reste en prison en attente de sa deuxième cour d'assises.
Le procès a lieu. Dils est... condamné. À vingt-cinq ans de prison.
Mais l'appel, depuis peu, est possible pour les crimes. Dils fait appel et... est acquitté. Il sort après quinze ans de prison. Il est définitivement blanchi. La suspicion Heaulme et une démonstration selon laquelle Dils ne pouvait temporellement pas être le meurtrier ont convaincu les jurés.
C'était en 2002. Quinze ans plus tard, Francis Heaulme répond donc de cette accusation de double meurtre.
Heaulme ne l'a jamais avoué, contraire à ses habitudes. Ses avocats plaideront l'acquittement. Aujourd'hui, au premier jour de son procès, il a déclaré qu'il était innocent de ce crime-là. Certains pensent qu'il ne veut pas de nouveau braquer sa sœur. Certains pensent qu'il est vraiment innocent de cette atrocité-là, non pas qu'il en eût été incapable.
Verdict le 18 mai.
Marius T
26/04/2017 à 07h04
J'ai croisé Francis Heaulme, il y a presque trente ans dans le couloir d'une gendarmerie, je ne vous dis pas ce qu'il a pris en garde à vue où le bodin des PTT était remplacé par un manche à balai.( c'est plus long qu'un tonfa)
Gone n Rosette
26/04/2017 à 12h00
Milan de solitude
aujourd'hui à 01h12
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Ca veut dire quoi ce pavé ? Que Dils est ptêt pas complètement innocent ? Qu'il y a pas de fumée sans feu ?
Qu'un mec de 16 ans qui avoue n'importe quoi au bout de 48h de garde à vue mérite pas d'être libre sous prétexte qu'il y a un doute sur sa culpabilité ?
Je pense que de tous les posts que j'ai lu sur les cahiers, et j'y suis depuis 2009, celui-ci est le plus abject.
Je t'aimais pas, mais je savais pas pourquoi.
Maintenant, je le sais.
Raspou
26/04/2017 à 12h10
C'est tendu sur tous les fils, en ce moment.
Milan s'en expliquera tout seul, mais comme élément de contexte il avait plaidé il y a quelque temps pour un fil "faits divers", et expliquait pourquoi ça l'intéressait:
http://www.cahiersdufootball.net/forum_fil.php?id_forum_fil=6&page=454
Je ne pense pas qu'il faille voir dans son message autre chose qu'une relation des faits de cette sordide affaire.
Milan de solitude
26/04/2017 à 12h40
Gone n Rosette
aujourd'hui à 12h00
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Pas du tout. Essaie de conserver un peu de lucidité.
Dils n'a pas eu de chance du tout et était très malléable du haut de ses seize ans.
Ce qui est intéressant, c'est de voir pourquoi il y a eu erreur. On jette la pierre à la police et à la justice, mais à l'époque, à la place des inspecteurs ou du juge d'instruction, qu'aurait-on cru ?
Redalert
26/04/2017 à 13h19
Ça t'arrive de réfléchir avant de poster GnR ?
Pas quand tu veux être étoilé hein...
Moravcik dans les prés
26/04/2017 à 13h28
Oui tout le mécanisme qui a conduit à la condamnation de Dils est glaçant, et mériterait d'être étudié en profondeur.
Il y a sans doute une bonne part liée à la sidération, et aux dégâts que celle-ci peut provoquer sur notre capacité à rester lucide face à l'innommable (bon, on va pas se lancer sur Outreau, mais il y a sans doute des similitudes).
Sinon il est dans quel état Heaulme aujourd'hui ? J'avais cru comprendre que son (lourd) traitement l'avait salement amoché, et qu'il n'était plus tellement 'présent' depuis pas mal de temps. En fonction de ça, pour ce procès, j'imagine que ça pourrait être compliqué de l'atteindre, de réussir à l'entendre s'exprimer.
Redalert
26/04/2017 à 13h32
J'ai lu, qu'à part avoir donné son son et sa date de naissance, il n'a rien dit de tout le procès jusqu'à un long discours du procureur (?) l'accusant des meurtres, ce qui l'a poussé a clamé son innocence.
Gone n Rosette
26/04/2017 à 14h00
Désolé, j'ai lu hors contexte, de travers, à rebrousse poil et en quinconce. Je m'excuse.
C'est cette élection, toute cette pression...