
Aimons la Science
Le meilleur endroit pour discuter informatique, sciences et techniques (sauf celles du ballon).
Dan Lédan
07/02/2020 à 11h51
les rapports préparatoires à la LPPR sont dispos la pour les 3 groupes de travail :
https://tinyurl.com/y3qcz7mt
Redalert
07/02/2020 à 11h52
Ok, merci de confirmer cette impression que ça ne reposait sur pas grand chose.
Tonton Danijel
07/02/2020 à 11h54
Et les critiques des enseignants-chercheurs ici:
https://tinyurl.com/wzfra7y
En clair, la crainte d'un sous-effectif qui ne va pas s'améliorer avec la proposition des CDD de 6 ans (plus de nature à démotiver qu'à encourager des postulants). D'où un temps de travail plus important à consacrer à l'enseignement, alors que ce sont les activités de recherche qui permettent de valoriser sa carrière. Avec des grilles salariales pas toujours motivantes.
Le génie se meurt ? Ah mais l'mage rit
07/02/2020 à 21h54
Malheureusement, je ne suis pas d'accord.
Cette loi s'inscrit dans un ensemble de politique sur plusieurs années, de précarité organisé et de CDIsation des maitres de conférences (enseignant-chercheur pour faire simple).
C'est déjà le cas dans mon université qui cdise dans certains département. La tendance avec la LPPR va être plus globale.
A terme (bien sur plutôt sur le moyen ou long terme), de moins en moins de statutaire, de plus en plus de CDI, et si tout va bien une remise en cause du statut. En tout cas, on peut le craindre.
Presque toute la communauté scientifique est vent debout et pas que pour la facilité de la contractualisation (CNU, évaluation...).
Et encore, je suis pas le plus farouche opposant car il y a deux trois trucs qui pourraient pas mal mais au global, la balance est vraiment négative.
Actuellement, une lettre circule pour une démission en masse des enseignants chercheurs de leur responsabilités. Il y a déjà un paquet de signataires (plusieurs centaines)...
Redalert
12/02/2020 à 12h44
Tribune de démission de ses taches administratives d'un universitaire :
https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/02/pourquoi-je-demissione-universite-nantes.html
Ça fait peur sur les conditions de travail à l'université.
Redalert
12/02/2020 à 21h47
Et donc, les universitaires (nombreux ici il me semble), ça ne vous fait pas réagir un cri du cœur pareil ?
Le génie se meurt ? Ah mais l'mage rit
12/02/2020 à 21h54
On prêche dans le désert depuis trop longtemps.
Le collectif Sauvons la recherche à combien d'années déjà...
Il y en a eu des marches pour alerter, mais rien n'est venu, ou plutôt, la LPPR est arrivée...
Jankulowski Desailly Galasek
13/02/2020 à 10h12
MA VIE EPANOUIE DE CHERCHEUR EN FRANCE
Je lis ici de la part de mes cofilaires chercheurs beaucoup de fatalisme, ce qui représente hélas une partie de vérité sur la situation du vaisseau scientifique français, mais dans lequel je ne me reconnais pas. Plus embêtant, je vois partager des blogs sur des individus en difficulté pour lequel j'éprouve de la sympathie au début mais qu'ils perdent rapidement tant ce qu'ils dépeignent est en partie faux voire pire, malhonnête. Mettons leur mauvaise fois sur le compte de leur aigreur.
Du coup, je tiens à partager ma réalité, beaucoup plus positive. Je suis chercheur statutaire depuis mes 35 ans après un parcours doc puis post doc particulièrement chaotique que je vous raconterais peut-être un jour mais dont je ne regrette pas une minute. Je travaille dans un institut marseillais, un kibboutz placé dans une œuvre d'art, elle-même posée aux marches du parc magnifique national des Calanques. Nous ne sommes pas le meilleur centre de catégorie de France, pas même le meilleur de Marseille, dominé par les instituts d'immunologie ou de cancérologie. Mais nous marchons bien, voire très bien. Certains de mes collègues ont une réputation internationale et surtout, nous ne nous plaignons pas question ressource humaine ou financement.
Pourquoi ? Parce que sous l'impulsion de nos directeurs-trices successifs dont le charisme ferait passer Bernard tapie pour un croque-mort dépressif, nous avons pris le pli du tournant libéral de la science, et ce contre nos convictions majoritairement gauchistes. Entre deux marches pour les délogés des immeubles vétustes, pour le climat, manifs contre la réforme de la retraite, des soumissions pour quelque revue plus ou moins prestigieux, nous, chercheurs de l’institut, passons une quantité de temps importante à chercher des financements. Bien rodés administrativement, entrainés à flairer le fric aussi efficacement qu’un trader de la city, nous soumettons des dossiers aux institutions classiques (fondations, ANR, ERC, etc.), et nous cherchons des moyens alternatifs partout où il nous semble qu’il y a une fenêtre pour nous, et nous envoyons un bon gros dossier bien ficelé. Tout le temps. Certains s’en plaignent, moi j’adore écrire ; cela me permet en plus d’être méga au point au niveau biblio. Et on ne garde pas tout pour nous. Pour bétonner nos dossiers, nous concluons des partenariats avec un très grand nombre d’instituts ou d’entreprise à Marseille, en France, dans le monde. Tout le monde profite de ce dynamisme. Y compris les équipes dans mon institut qui n’ont pas de financements, car il y en a. Bien que pragmatiques, nous sommes des gauchistes ; nous partageons nos fonds ; nous partageons notre matos ; nous partageons nos plates-formes. Nous partageons souvent aussi nos fluides corporels, mais passons.
Et la science dans tout ça ? Elle palpite, la science, chez nous. Elle bouge, elle déborde, elle se régale. Grâce à nos petits jeunes plein d’enthousiasme. Nos nombreux doctorant(e)s bien formés par l’AMU, et nos bien moins nombreux post-doc (merci l’interprétation de la loi Sauvadet par l’INSERM). Cocoonés par l’ambiance familiale de notre kibboutz, leur cohésion renforcée à coup de sessions dégustation de bière, trails dans les sentiers du parc, ou tournoi de sports improbables (pétanque aquatique), souvent très bien formés par nos maîtres de conf’ et professeurs de l’AMU, supervisés par d’excellents mentors (je passe personnellement beaucoup de temps dans l’encadrement), ils travaillent dur et font un superbe boulot. Beaucoup parviennent à publier haut, et à se faire recruter chez nous après un passage à l’étranger. D’autres volent de leurs propres ailes, en Australie, aux Etats-Unis, à Paris, où ils publient désormais seuls dans des journaux moisis comme Celle, Science, Nature. Certains abandonnent la recherche ; ils deviennent rapidement profs, ARC, ou passent dans le privé rapidement. Très peu restent sur le carreau plus de quelques mois.
Tout n’est pas parfait, vous savez, on a notre lot de gros défauts, de petites catastrophes et de drames personnels. Mais le tableau général est là, vous pouvez venir le vérifier par vous-même.
C’est comme ça que je rêverai la Recherche dans toute la France, voire comme cela que je rêverai la France en entière ; dynamique, enthousiaste, adaptable au système, épanouie, qui n’oublie pas ses principes profonds malgré l’ultralibéralisme ambiant, et sait s’aménager du temps pour se faire plaisir.
Chers collègues, je vous souhaite le même mal.
Edji
13/02/2020 à 10h29
Quoi ? Des enseignants-chercheurs pourraient trouver un certain épanouissement dans l'exercice de leurs fonctions ?
Ils sont probablement malades sans le savoir, il faut d'urgence les soigner.
Dédie mon Stück
13/02/2020 à 12h41
Jankulowski Desailly Galasek
aujourd'hui à 10h12
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Je suis très content pour toi et ton Institut, sans sarcasme aucun. Tu donnes aussi de très bonnes illustrations des compétences que cette manière de fonctionner promeut, et elles sont précieuses tant pour le monde de la recherche en général que pour les individus qui les acquièrent. Savoir communiquer pour convaincre et pas uniquement pour rapporter, par exemple, c'est un manque il me semble chez beaucoup de scientifiques qui fait du mal à leur discipline.
Mais le bât blesse là où ça devrait être évident : vous vous en sortez bien parce que vous avez appris à exceller dans la recherche de fonds. Si tout le monde était aussi bon que vous dans l'exercice... et bien vous décrocheriez beaucoup moins de financement et de partenariats, tout simplement. C'est un mode de fonctionnement qui permet à des structures comme celle que tu décris d'émerger, un point positif qui se paie néanmoins ailleurs, évidemment.
Alors savoir vendre son savoir et ses compétences c'est important, mais est-ce que ça doit être le critère premier pour déterminer qui s'épanouit et qui flétrit dans la recherche scientifique ? Je grossis le trait, je sais bien que la réalité n'est pas celle-ci, mais les efforts de réforme vont bien dans ce sens là depuis des années.
Tonton Danijel
13/02/2020 à 13h55
Et puis surtout, si j'ai bien, JDG est chercheur, pas enseignant-chercheur.
Quand il faut assumer 128 heures de cours (ou 192 heures de TD - les temps de correction et de préparation n'étant, comme de partout, pas inclus dans le décompte) par an, cela fait beaucoup moins de temps à consacrer à la recherche et au montage de dossier.