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Buffon en trois dates

Gianluigi Buffon pèse désormais plus de mille matches en professionnel. Retour sur trois dates marquantes de sa carrière qui l’ont fait devenir joueur, homme et légende.

Auteur : Christophe Zemmour le 4 Avr 2017

 

 

Le 24 mars 2017 face à l’Albanie, Gianluigi Buffon a disputé son millième match en professionnel, battant dans le même temps le record de sélections pour un joueur européen que détenait son homologue et rival respecté Iker Casillas. Depuis ses débuts en 1995, le gardien mythique est tour à tour devenu un footballeur professionnel, un homme et enfin, une légende. Trois matches, trois étapes.

 

 

Devenir un pro

Il n’a alors que dix-sept ans quand il défie l'AC Milan, finaliste de la précédente édition de la Ligue des champions. Cette dixième journée est un duel au sommet entre les deux co-leaders de la Serie A. En ce 19 novembre 1995, Gianluigi Buffon dispute son premier match en pro. En face, il a de sérieux clients: George Weah, Marco Simone, Stefano Eranio et Roberto Baggio. Tous sont tenus en échec par les exploits de l’adolescent, très fort sur sa ligne et sans peur dans ses sorties. La prestation du jeune gardien est impressionnante, pleine d’énergie et permet à Parme de préserver le 0-0. Probablement l’un des meilleurs débuts en Serie A pour un joueur en général, et pour un gardien de but en particulier.

 

 

Le numéro un, Luca Bucci, étant blessé, le coach Nevio Scala avait donc fait appel à Buffon, plutôt qu'au remplaçant habituel, Alessandro Nista, qui avait pourtant joué la rencontre précédente. Deux explications à cela. Tout d’abord, le coach confie: "Il a commencé l'entraînement avec nous le mardi. Il a fait des choses incroyables et personne n'a pu marquer contre lui. Avec mon entraîneur des gardiens, nous étions bouche bée.” Même Nista reconnaît les qualités de son jeune rival, malgré la difficulté à encaisser la décision de son entraîneur. Puis surtout, quand ce dernier entre dans la chambre de Buffon la veille du match et lui demande: “Et si tu jouais demain?”, Gianluigi lui répond: “Sans problème, coach. Sinon, qu’est-ce que je fais ici?

 

Le garçon est bourré d’assurance, de sérénité et de confiance, et le démontre sur le terrain par une présence autoritaire, des cris de rage et des arrêts réflexes qui feront sa marque de fabrique. Ses coéquipiers, qui avaient perçu son potentiel et sa “grande personnalité”, avaient pourtant essayé de le mettre à l’aise. Mais comme le souligne Alessandro Melli, “il n’en avait pas besoin, il se comportait comme s’il était déjà l’un d’entre nous”. Les joueurs de Parme avaient fait le même constat que leurs coaches: "C'était très dur de marquer contre lui à l'entraînement. Il pouvait lire nos frappes. Il savait tout avant que l'on tire." Buffon tient une place sécurisante dans les cages parmesanes jusqu’au retour de Bucci. Dès la saison suivante, au bout de huit journées, le nouvel entraîneur, un certain Carlo Ancelotti, le désigne numéro un. Une place qu’il ne quittera plus jusqu’à son transfert à la Juventus Turin à l’été 2001, qui fera de lui le gardien le plus cher de l’histoire, encore aujourd’hui.

 

 

 

 

Devenir un homme

Il avait déjà remporté la Coupe de l’UEFA en 1999 avec Parme, face à l’Olympique de Marseille (3-0). Mais là, il s’agit de la grande coupe d’Europe, de la C1. Le 28 mai 2003, à Old Trafford, la Juventus Turin défie en finale de la Ligue des champions le… Milan de Carlo Ancelotti. Les deux équipes ne sont pas parvenues à se départager, ni à marquer. Le quatrième tireur rossonero s’apprête à s’élancer. Il s’appelle Alessandro Nesta. Il n’y a alors que 1-1 dans cette série de tirs au but. La faute à trois arrêts de Dida d’un côté, et à deux parades de Buffon de l’autre. Sur la frappe croisée de Clarence Seedorf, le portier de la Juve s’est bien couché et a repoussé sur le côté. Et sur la tentative presque plein axe de Kakha Kaladze, son pied droit permet à son équipe d’égaliser.

 

Buffon est certain de stopper le tir de Nesta. D’ailleurs, il prend la bonne décision en se couchant sur sa gauche, au ras du sol. Mais la frappe du défenseur milanais passe juste au-dessus de sa main droite et finit dans le petit filet. Gigi est désemparé et se prend la tête à deux mains. Mentalement, il a déjà perdu alors qu’il a pourtant encore l’opportunité de préserver les chances de la Juve sur le dernier tir au but d’Andriy Shevchenko. L’intensité et l’excitation de la rencontre sont déjà retombées, l’échec consommé du côté de Buffon. Désemparé et inconsolable dans les vestiaires, la cigarette qu’il fume après le match est alors bien amère. Gianluigi pense qu’il vient de laisser passer la chance de sa carrière.

 

 

Cet échec l’affecte profondément. Son arrêt réflexe extraordinaire sur la tête de Pippo Inzaghi et sa prestation plus qu’honorable lors de la séance de tirs au but n’y font rien. Pas plus que la psychothérapie qu’il suit à partir de décembre 2003. Parce que le constat est là: Buffon est tombé en dépression. Une période faite de doutes profonds, de larmes, d’apathie personnelle, de manque d’énergie. Le joueur Buffon a besoin de renaître, ou plus exactement, l’homme Gianluigi a besoin de naître. Le bout du tunnel arrive en juin 2004, quand il vient au terme de ce “passage à l’âge adulte”. Le déclic était venu d’une ouverture culturelle initiée par une galerie du peintre Chagall à Turin. Buffon éveille alors son esprit et commence “à lire, à visiter, à [s’]intéresser à l’actualité”. De longs mois difficiles mais nécessaires, qui l’ont fait devenir un homme. L’étape obligatoire avant de s’inscrire comme une légende de son sport.

 

 

Devenir une légende

Il est assurément le meilleur gardien du tournoi. Il n’a encaissé qu’un seul but, contre les États-Unis (1-1), un csc de Cristian Zaccardo qui plus est. Décisif à de nombreuses reprises, notamment en demi-finale face au pays hôte, l’Allemagne, Buffon est l’un des grands artisans de la qualification de l’Italie pour la finale de la Coupe du monde 2006. En face, il y a la France et Zinédine Zidane, qui joue l’ultime match de sa carrière. À la 7e minute, les deux monstres sont opposés après que les Bleus eurent obtenu un penalty. Zidane a l’habitude de croiser ses frappes dans cet exercice. Buffon le sait et plonge sur sa droite.

 

Comme il le déclarera – plutôt étrangement quand on connaît la réussite du Madrilène sur penalty – dans le documentaire Rendez-vous le 9 juillet: “C’est vrai que je l’ai souvent vu rater quand il tirait à gauche.” Surtout, il pense que “ce n’était pas possible qu’en finale d’une Coupe du monde, il puisse changer sa façon de tirer”. Mais le numéro 10 français, qui a peur de rater en croisant sa frappe et veut aussi “marquer le coup, que cela reste”, tente une panenka. La balle tape la transversale avant de rebondir derrière la ligne de but. Un moment de football exceptionnel qui en précède un autre, qui tournera cette fois en faveur du portier italien.

 

Déjà vigilant sur une frappe de Thierry Henry, soulagé de voir le tir de Franck Ribéry s’éloigner de son poteau gauche, Buffon accomplit à la 103e minute “le miracle de Gigi”. C’est ainsi que Fabio Cannavaro, alors aux premières loges pour entendre le bruit que le ballon fait au contact de la tête de Zidane, nomme le plus célèbre arrêt de la carrière de Buffon. Celui qui le hisse définitivement au rang de légende. “J’ai bien fait de rester sur mes appuis et de ne pas bouger jusqu’à la frappe.” Probablement un peu de chance aussi que le capitaine français la reprenne “aussi bien” plutôt que de chercher à la décroiser. La tentative se dirige sous la barre et par une claquette réflexe extraordinaire, presque inhumaine de rapidité, Buffon la détourne en corner. Comme à son habitude, il explose de rage ensuite et son adversaire vient lui taper dans la main pour le féliciter de son geste prodigieux.

 

 

Décidément un peu contradictoire ou amnésique au sujet de ce match, voire encore modeste, Buffon avouera quelques années plus tard, au micro de Canal+, ne plus vraiment se souvenir de cette parade, trop pris alors par l’intensité et la concentration du match. La suite appartient à l’histoire: le coup de boule de Zidane, le tir au but raté de David Trezeguet et l’Italie qui décroche son quatrième titre mondial. Buffon est alors au panthéon. Sa carrière est à son firmament, même si elle va continuer encore plus de dix ans. Non sans devenir entre-temps un seigneur parce qu’il participe à la remontée de la Juventus Turin en Serie A.

 

Et non sans revoir Berlin en 2015, pour une finale de C1 qui aurait pu accomplir définitivement son palmarès et ainsi boucler la boucle. Mais malgré une parade hallucinante face à Dani Alves en première période, quasiment au même endroit que la tête de Zidane, il s’incline contre le Barça de la MSN (1-3). Un club blaugrana et une triplette dévastatrice dont il va bientôt recroiser la route, en quart de finale de la Ligue des champions. Encore une étape nécessaire avant de devenir un peu plus un mythe indestructible, et dépasser ainsi au palmarès un certain Dino Zoff.

 

Réactions

  • Seven Giggs of Rhye le 04/04/2017 à 09h49
    C'est beau. Merci pour cet article, qui a réussi à me faire éprouver de la joie parce que j'adore ce joueur, et de la tristesse parce que 11 ans après, c'est toujours dur de le voir sortir cette superbe tête.

  • Tonton Danijel le 04/04/2017 à 10h41
    J'espère que Buffon pourra boucler la boucle en Russie, même si c'est loin d'être fait pour la Squaddra (deuxième de sa poule derrière l'Espagne après le nul concédé à la maison, cela sent des barrages aléatoires...).

  • Ba Zenga le 04/04/2017 à 10h49
    Merci Seven. Dur de voir cet arrêt, mais aussi admiratif, parce que c'est ce qui le fait devenir mythique. Joli sentiment ambivalent de déception et de respect.

  • Sens de la dérision le 04/04/2017 à 12h26
    Très bel article. Et j'aime bien la vidéo post-finale avec Thuram qui se dit que c'est sa faute, qu'il n'aurait pas dû mettre Pat' au marquage de Materazzi, de Zidane qui sait qu'il a fait une connerie mais l'assume, des autres qui pointent clairement Zizou du doigt sans non plus l'accabler.

  • et alors le 04/04/2017 à 15h35
    Bof, c'est juste une endive juventine. Et devenir un gardien imbattable avec des Cannavaro, Thuram et Chiellini devant lui, Gregorini aurait pu en faire autant. Ivan Pelizzoli c'était quand même autre chose.

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