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À la mémoire du Radnicki : la leçon du Partizan (épisode 3)

Dans ce dernier épisode, le Radnicki effleure la consécration en finale de coupe de Yougoslavie en 1957. Menant 3-0 à la mi-temps contre le Partizan, il s’incline dans une fin de match encore non élucidée. Il ne s’en relèvera pas.

Auteur : Predrag Ducic le 30 Jan 2017

 

 

Publié dans Mozzartsport le 1er octobre 2016. Traduction: Guillaume Balout.

 

 

* * *

 

Le plus grand match des Maîtres du Danube est l’un des plus importants et des plus controversés de l’histoire du football yougoslave. En lui se trouve une bonne partie de tout ce que ce club est. Il existe de tel match que… En mai 1957, la finale de la coupe de Yougoslavie oppose le Radnicki au Partizan. Au terme des quarante-cinq premières minutes au stade de l’Armée populaire yougoslave (JNA), le score est de 0-3. À la fin, il sera de 5-3 pour les Noir et Blanc.

 

Partizan: Stojanovic, Belin, Herceg, Kaloperovic, Milorad Milutinovic, Pajevic, Mesaroš, Miloš Milutinovic, Bobek, Zebec.
Radnicki: Vidinic, Cokic, Odanovic, Ljubenovic, Diskic, Ristic, Petakovic, Rade Ognjanovic, Markovic, Prljincevic, Ljuba Ognjanovic.
Buteurs: Valok (47e), Mesaroš (60e), Kaloperovic (65e, sp), Miloš Milutinovic (67e), Zebec (67e) pour le Partizan ; Belin (5e, csc), Petakovic (10e), Prljincevic (24e) pour le Radnicki.

 

Les esprits malveillants parleront d’un mauvais scénario de film de partisans. Mais dans quel film de ce genre un commissaire politique vient-il à bout d’un commandant de troupe? Il serait donc plus fort?

 

 

 

La controverse de Belgrade

Pendant des années, on a parlé et reparlé de cette finale mythique. Dans le livre de Milan Simic, Ainsi était-il, on peut lire: "Ce 26 mai 1957, devant les tribunes bondées du stade de la JNA, le Radnicki prenait l’avantage en première mi-temps en menant 0-3 avec des buts de Belin (contre son camp), Petakovic et Prljincevic. Mais l’ébauche d’une sensation prenait peu à peu la forme d’une issue miraculeuse, suggérant une pression du Radnicki qui a eu peur de gagner contre le favori déclaré ou, comme on le murmurait, qui a eu peur des conséquences d’un triomphe sur un chouchou du sommet de l’État. Quoiqu’il en soit, le trophée que l’on voyait dans les mains des Maîtres est, en fin de compte, resté dans la vitrine du stade de la JNA. Le Partizan, avec toutes ses vedettes, a réussi à parvenir au score final de 5-3 en sa faveur après un final inexplicable."

 

 

Les tenants de la théorie selon laquelle le Radnicki devait perdre cette rencontre alimentent les contes danubiens. D’authentiques contes. Sur la première vedette du Radnicki, Aleksandar Petakovic, élégant buteur qui inscrivit trois buts face à l’Angleterre lors de la victoire épique (5-0) de la Yougoslavie; sur Radivoje Rade Ognjanovic, le buteur de la faculté d’économie – un type de footballeur aujourd’hui disparu – qui, pour le match contre le Paraguay à la Coupe du monde 1958 en Suède, prit la place de Miloš Milutinovic puis de Šeki en quarts de finale contre les Allemands; sur Zoran Prljincevic, milieu et avant-centre aux jambes de verre, grand dribbleur, un attaquant à 900 buts dans sa carrière. 129 seulement en championnat, comme Bobek; puis sur Tika Markovic et Ljuba Ognjanovic, impitoyable duo de buteurs complétant le cinq offensif du Radnicki connu sous le nom de "Croque-mitaine"… Avant le départ pour la Coupe du monde en Suède, les journalistes belgradois, amoureux du jeu des Maîtres, convaincront le sélectionneur Tirnanic de les aligner tous les cinq, comme le Brésil avec Didi, Zagallo, Garrincha, Pelé et Vava. Tirke a toutefois fini par se résoudre à ne prendre que Petakovic et Radivoj Ognjanovic. Était-ce peu avec une telle concurrence?

 

 

Real et Honvéd

Les autres? Blagoje Vidinic, médaillé d’or à Rome en 1960, Milan Ljubenovic et Radmilo Ristic étaient également internationaux. Djura Cokic, honnête défenseur et véritable étendard du club après quatorze saisons sous le maillot rouge et 527 matches officiels, faisait partie de l’équipe nationale B. Mais alors, comment une telle équipe peut-elle dilapider un 3-0 en quarante-cinq minutes? Les joueurs du Partizan, aussi prompts que l’assaillant du docteur Mladen à la bataille de la Kozara [1], répondraient: et Honvéd, alors? Grosics, Rákosi, Lóránt, Zolty, Bozsik, Bányai, Buday, Kocsis, Tichy, Puskás et Czibor. La meilleure équipe d’Europe, terrible machine à expéditions punitives, n’a-t-elle pas mené 2-0 au stade de la JNA? En novembre 1954, sous une pluie torrentielle, en pleine boue… Kocsis 0-1, Mákos 0-2. Retournement de situation! Valok 1-2, Sava Antic, ancien capitaine du BSK et invité des Noir et Blanc pour ce match, 2-2 et à nouveau Marko Valok 3-2. Seulement la deuxième défaite de Honvéd, en match international, dans sa riche histoire!

 

D’accord, Puskás était seulement spectateur et n’est pas entré en jeu. La nuit précédente, il avait probablement "mesuré" de trop près les trottoirs de Belgrade avec Rudinski… Et le Real? Di Stefano, Kopa, Gento… Janvier 1956, revanche du quart de la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions. Comme on dit, il n’y avait bien que la culotte du roi qu’on n’avait pas brûlé par ce froid de canard! Il filait en demi-finale... Les plus anciens se souviennent sûrement des poteaux de Milutinovic et Herceg à 3-0 pour le Partizan. Il a manqué un seul but. Le Real est ensuite devenu champion d’Europe pour la cinquième fois d’affilée et n’a jamais été autant accroché qu’au stade de la JNA. Plus tôt, il y avait bien eu les Viennois – le Rapid, le Wacker, l’Austria, l’Admira; Ocvirk, Hanappi, Probst, les frères Kerner – mais avec des résultats semblables.

 

 

Et les hommes du Partizan, un rien prétentieux, pourraient encore ajouter: et les deux titans Štef et Cik! Le premier, avec tous ses buts, signe avec Bobek… Si, en 1945, il avait quitté Zagreb pour Madrid au lieu de Belgrade, Di Stefano lui aurait fait une révérence lors de sa présentation un an plus tard; et Cik, Cajkovski, celui qui a "installé" le Partizan, qui a appris aux Belgradois comment on jouait un football mature avant de partir et de mériter une statue devant le stade du Bayern. (Nul ne sait pourquoi il ne l’a pas. Quelqu’un devrait le demander au Kaizer Franz tant qu’il est encore vivant…)

 

Tout ceci est aujourd’hui consigné mais… Que pouvait bien éprouver l’amateur de football lambda à cette époque? Alors qu’il n’a pas encore conscience, en vivant une telle finale, qu’elle allait devenir une partie d’anthologie. Alors qu’il ne lui vient pas à l’esprit qu’il y a des doutes sur sa probité. Le football, Dieu merci, est un sport de grands seigneurs! Longtemps après la finale, le pays reste rassemblé autour de transistors. Un nombre bien moindre de supporters fait la fête au stade… Les uns, incrédules, racontent dans le détail ce qu’ils ont entendu, les autres ce qu’ils ont vu. Les souvenirs de "la boîte en plastique" sont plus beaux et plus vivaces. Ils durent plus longtemps. Le pouvoir de l’imagination… Que pouvait donc bien raconter notre amateur de football à ce moment-là? Ceci, peut-être: "Le crépuscule venu, Belgrade rumine en silence. La clameur s’éloigne et les lumières s’éteignent sous l’église de Topcider. C’est un tel désert qui demeure quand une grande rencontre s’achève… Ni la tristesse du vaincu, ni la joie du vainqueur ne peuvent le peupler. Et pourtant… C’est la soirée idéale pour un père qui voudrait raconter à son fils l’histoire d’un match pour qu’il fasse de beaux rêves…" Car ce sont des matches (des histoires) dont les enfants raffolent.

 

 

Entourés de doutes

Mémoires d’Aleksandar Petakovic dans une lettre de Kraljevo: "Les événements du match Partizan-Radnicki sont le sujet de bruits de couloirs sans fin et il nous est difficile de tout expliquer. On racontait comment on avait laissé la victoire au Partizan en deuxième mi-temps. Les gens étaient inspirés par le fait qu’Illés Spitz fut, pendant des années, l’entraîneur du Partizan, pour ne pas dire le bâtisseur de l’équipe contre laquelle nous avons joué en finale. Plus tard, j’ai entendu que Cajkovski, alors déjà grand professionnel à Cologne, était entré dans le vestiaire des Noir et Blanc à la mi-temps pour menacer ouvertement les joueurs et se faire promettre, par Miloš Milutinovic, qu’ils remporteraient la coupe. Quant à nous, il nous est resté, comme consolation, le souvenir que ce Partizan venait de battre le glorieux Real et de balayer l’Étoile rouge, championne en titre, 6-0. J’étais le capitaine de cette équipe du Radnicki mais il m’est vraiment difficile d’expliquer ce qu’il s’est passé au cours de ce match. Mais il restera dans les annales que nous avons tenu tête au favori, au moins une mi-temps, de manière convaincante", a écrit Petakovic à son ami journaliste Milan Simic.

 

Mališa Petrovic, gardien remplaçant lors de cette finale: "Nous étions assis derrière le but où se trouvait toujours, à l’époque, le banc des remplaçants. À 3-0 en notre faveur, nous étions en transe. À la pause, nous avons suivi notre entraîneur Spitz vers les vestiaires mais juste devant notre porte, Krsta Lekovic, dirigeant de notre équipe et officier de police de haut rang, nous a empêchés d’entrer. Jamais une telle chose ne s’était produite jusque-là. Rien ne nous paraissait clair… Nous sommes restés bouche bée lorsqu’en deuxième mi-temps, le Partizan a commencé à marquer des buts à Vidinic comme nous n’en avions pas l’habitude d’en encaisser. Surtout pas cinq buts aussi faciles. Après tant d’années, je ne peux accuser qui que ce soit mais j’ai le droit d’avoir des doutes du fait que le Radnicki, je me souviens bien, devait alors de l’argent au Partizan avec lequel il entretenait de bonnes relations."

 

 

Le chant du cygne

Le chant du cygne du Radnicki n’eut pas lieu à la mi-temps de mai 1957. Pendant encore deux bonnes années, les Belgradois profiteront des prestidigitations footballistiques des Maîtres du Danube. Cette même année a offert une chaude revanche avec le Partizan. Même lieu, douzième journée du nouveau championnat. Décembre et neige. 0-4! Aleksandar Petakovic a fait trembler les filets trois fois, Rade Ognjanovic une. De l’automne 1957 à l’hiver 1959, le Radnicki a affronté l’Étoile rouge (4-1, 4-4), le Dinamo (4-0, 1-0) et le Hajduk (3-1, 1-1). Le Partizan a encore une fois été surpris (1-0). C’était le même Partizan que celui de la finale… Et l’Étoile rouge avec Rajko, Šeki, Bora Kostic; le Hajduk avec Bajda Vukas et Luli Žanetic; le Dinamo avec Horvat, Matuš, Jerkovic, Zambat… Mais à quoi ressemblait ce Radnicki? C’était…

 

La saison qui suit la finale de la coupe, les Maîtres sont en tête à la mi-parcours. À l’arrivée, ils finissent à nouveau troisièmes. Lors de la suivante, ils terminent quatrièmes. Au printemps 1960, ils doivent quasiment lutter pour le maintien. Ils finissent par descendre en 1961 après neuf saisons au sein de l’élite. L’impeccable gardien Vidinic part à l’OFK Belgrade, Prljincevic à l’Étoile rouge, Petakovic chez les Français de Lille. Rade Ognjanovic veut aussi rejoindre les Rouge et Blanc. Le tout-Belgrade colportait alors la rumeur selon laquelle on allait construire l’un des plus grands stades du monde dans un grand fossé à Dedinje [2]. Et le cœur de Rade commençait à palpiter à l’idée de devenir joueur de l’Étoile rouge… On ne lui fera jamais cette proposition. Il dut aller au Partizan après une injonction en haut lieu. Diskic, Ljubenovic et quelques autres décidèrent d’arrêter leur carrière. Et c’est ici que se referme ce conte danubien.

 

Même si sa tradition communiste est plus longue que celle de Livourne, même si, à la différence de l’Étoile rouge et du Partizan, il a été fondé par de vrais prolétaires, il ne s’est pas vu attribuer de décoration militaire. Les insignes ont atterri sur d’autres épaulettes. Le Radnicki a cessé d’être d’important aux yeux du parti. Il est devenu un enfant adoptif. Après la disparition des camarades et vétérans d’avant-guerre, il sera dirigé par des permanents sans envergure du parti. Le club est laissé à la dérive. Puis il est resté, encore une fois, sans stade. Il s’est installé, pour ainsi dire, dans une autre ville et a perdu son identité. Le géant rouge décède à l’automne 1963. Le même jour, au même instant, de l’autre côté de la rivière, naissait le petit prince des divisions inférieures de Belgrade. Aujourd’hui, on le connaît comme le Radnicki Novi Beograd [3].

 

Radnicka je cvrsta ruka snažnija od maca, (Plus puissante que le glaive, ta main ouvrière,)
Radnicka je ljuta vera od svih vera jaca; (La plus ardente des fois, ta foi ouvrière.)
Radnicko je srce smelo kao oganj vrelo, (Flamboyant comme la braise, ton cœur ouvrier,)
Sve što znamo i umemo radnicko je delo; (Œuvre de notre savoir, ton génie ouvrier.)
Radnicki, Radnicki, tako se zovemo! (Radnicki, Radnicki, nous t’invoquons!")


Chanson du jeune Duško Radovic, pour les gamins de la rue Reine-Nathalie et tous ceux qui leur succèderont, lorsqu’il réalisa que le Radnicki avait conquis une partie de son cœur.

 

[1] Partisan glorifié par le régime de Tito, le docteur Mladen Stojanovic est tué par les résistants-collaborateurs royalistes serbes le 2 avril 1942.
[2] Le nouveau stade de l’Étoile rouge de Belgrade est achevé en 1964. Sa jauge initiale de 110.000 spectateurs et son atmosphère bouillante lui valent rapidement le surnom de "Marakana", en référence à la célèbre enceinte de Rio de Janeiro.
[3] Le nouveau Radnicki est installé sur la rive gauche de la Save, dans le quartier de Novi Beograd. En Division 1 yougoslave de 1992 à 1996, le club, en difficulté financière, est relégué administrativement en Division 3 à l’issue d’une saison 2004/05 où il avait retrouvé l’élite serbo-monténégrine. Il évolue toujours au troisième échelon serbe.

 

Réactions

  • McManaman le 31/01/2017 à 16h55
    Punaise, je n'avais pas fini de lire l'épisode 2 (bien plus intéressant que le premier au demeurant) et vous en mettez en ligne un 3ème. Je vais appeler le boulot pour dire que je serai malade demain.

  • Hamlet le 20/02/2017 à 16h59
    Belle histoire, j'ai même appris des trucs, merci les CdF de poster des articles de ce genre, même s'ils sont peu commentés (ou en retard).

  • Milan de solitude le 21/02/2017 à 00h04
    Je me joins à Hamlet pour des remerciements tardifs mais sincères.
    La première partie est un peu dure à suivre, mais cela reflète l'idée qu'on se fait de l'effervescence de Belgrade à la sortie de la première guerre mondiale. Et les naissances sont souvent confuses.
    La troisième partie est ma préférée, souvent les déclins sont émouvants.

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