Dans les cartons : Nice & Ben Arfa, Naples et pressing trap
Le couple que forment Nice et Ben Arfa, les pièges mis en place par Hoffenheim dans son pressing: il n'y en a pas que pour les mastodontes cette semaine. Bon, Pep Guardiola est quand même là à travers ses mots, et Naples à travers son jeu.
Changements de dispositifs ou de joueurs, batailles philosophiques et stratégiques, échecs et réussites… Chaque semaine, les quatre Dé-Managers proposent leurs billets d’humeur.
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Hatem en rouge et noir
Raphaël Cosmidis – “Où en serait Nice sans Ben Arfa ?”. Plus les Aiglons gagnent, plus la question est posée, rabâchée, retweetée. Le Gym ne serait qu’une équipe de Ligue 1 banale, semblable aux autres, et heureuse d’être tombée sur un talent comme celui de l’international français (absent de la dernière liste de Didier Deschamps). Et ce n’est pas le mois que les Niçois ont passé sans Ben Arfa qui va pousser les sceptiques à changer d’avis. Oui, Nice marche mieux avec Ben Arfa, bien mieux. Mais là est le tour de force de Claude Puel: faire en sorte que “HBA” rende une équipe vraiment meilleure. Jusqu’ici, ça n’était pas si souvent arrivé.
Recruté en janvier 2015, Ben Arfa a attendu six mois avant de pouvoir jouer avec son nouveau club, règlement oblige. Six mois qui ont peut-être donné à Claude Puel le temps de penser à ce que deviendrait son équipe une fois Ben Arfa en action, de la préparer. Dès le début de la saison, le projet niçois était clair: être capable de contre-attaquer, certes, mais d’abord, vouloir le ballon et jouer dans le camp adverse. Les premiers matches furent satisfaisants dans les intentions, moins dans les résultats. Puis la machine a démarré, écrasant quelques adversaires au passage.
Derrière les principes de jeu édictés par Claude Puel (mis en place depuis quelques années, dixit l’intéressé), il y a des mécanismes et des schémas répétés qui ne trompent pas. Le technicien tarnais sait très bien ce qu’il veut faire de Ben Arfa, et comment exploiter ses atouts. La mission: le mettre toujours face au jeu, dans une situation où il peut percuter, que ce soit sur une aile ou dans l’axe. HBA est sans doute le meilleur joueur de 1 contre 1 en Ligue 1, et peut-être un des meilleurs en Europe cette saison. Seul Ousmane Dembélé réussit plus de dribbles par match en France (4,4 contre 4 pour son aîné).
De la victoire sur le Gazélec dimanche (3-0), on retiendra le parfum barcelonais du jeu niçois en phase offensive. La comparaison ne concerne pas le niveau des deux équipes mais leur façon de fonctionner dans certaines zones, dont l’axe aux abords de la surface, une aire très dense où le Gym parvient pourtant à créer des supériorités, en imitant les Catalans: beaucoup d’appuis-remise répétés pour offrir du temps et un panorama à Ben Arfa. Sa qualité de passe et son don du dribble se révèlent assassins si proche du but et face à des adversaires si resserrés. Dos au but, Germain ou Pléa redonneront généralement le ballon à leur meneur de jeu, qui devra ensuite trouver des partenaires lancés et libres: soit des milieux se projetant (Seri, souvent), soit les latéraux Jérémy Pied et Ricardo.
L’évidence reste indéniable: Hatem Ben Arfa transforme Nice, et sans lui, le jeu, même chatoyant (notamment quand Bodmer redevient numéro 10), en patît dans les trente derniers mètres. Mais pour que Ben Arfa transforme Nice, il a d’abord fallu que Nice se transforme. Parce que la relation entre les deux n’est pas à sens unique, il convient de se poser une autre question: “Où en serait Ben Arfa sans Nice?”. Probablement pas à douze buts et quatre passes décisives en vingt-sept matches.
En vrac
Mauvais week-end pour les défenseurs français de Liga puisque Aymeric Laporte, Jérémy Mathieu et Adil Rami sont (plus ou moins) impliqués sur un, deux et trois buts encaissés par leur équipe. Le cas du deuxième est de loin le plus étrange du lot puisqu’il a été rappelé en équipe de France alors que ses prestations avec Barcelone oscillent entre le passable et le désastreux.
Très amusant de constater que l’égalisation de la Roma face à l’Inter (1-1) fait suite à une frappe complètement foirée d’Edin Dzeko, reprise victorieusement par Radja Nainggolan. Le même Dzeko qui, quelques secondes après, sera sur la trajectoire d’un tir de Mohamed Salah qui semblait aller vers la lucarne. Avec sept buts en vingt-cinq matches et des ratés incroyables semaine après semaine, le Bosnien passe à côté de sa saison. Pourtant, comme le montre Gonzalo Higuain, avoir un grand buteur peut suffire à transformer un outsider en prétendant sérieux au titre.
Si quelqu’un vous dit qu’on s’ennuie dans le football, envoyez-le vers le match Villarreal-Barcelone (2-2) et notamment les vingt premières minutes de la seconde période. Du rythme, des occasions, un nouveau but de Cédric Bakambu, une overdose de technique dans les deux camps et un plaidoyer de Denis Suarez pour que le Barça fasse valoir sa clause de rachat.
Vous vous souvenez d’Alexandre Pato? Encore plus vite oublié que Falcao, il était sur le banc ce week-end face à West Ham. Mais on se demande bien pourquoi le club anglais l’a pris au mercato. Même si on a quelques pistes...
Dans la défaite de l’Atlético contre Gijon (2-1), on retiendra deux choses: la blessure de José Gimenez, qui laisse Diego Simeone complètement démuni en défense centrale (on imagine le jeune français Lucas Hernandez être associé à un joueur d’un autre poste, le milieu Saul Niguez par exemple, sauf si Stefan Savic revient vite), mais aussi la nouvelle belle prestation d’Antonio Sanabria – un but, un poteau, une passe décisive annulée par un raté de Carlos Castro à cinq mètres du but à quelques minutes d’écart –, à qui on ne veut pas porter la poisse mais qui a tout pour aller très haut. L’attaquant de vingt ans, prêté par la Roma et formé au Barça, allie d’excellentes statistiques de conversion et des qualités de déplacement et de participation au jeu. On en reparlera.
Focus : FK Rostov
Entraîneur : Kurban Berdyev.
Système préférentiel : 4-2-3-1.
Classement : 2e de Premier League russe.
Possession de balle : 47,8% (10e).
Passes réussies : 73,5% (10e).
Tirs par match : 11,1 (14e).
Tirs concédés par match : 12,5 (10e).
Duels aériens gagnés par match : 18,3 (2e).
Interceptions par match : 17,9 (14e).
Dribbles par match : 3,7 (16e).
Passes longues par match : 77 (4e).
Joueur clé : César Navas (défenseur central) : 36 ans, 1,97 m, 7,2 dégagements par match (2e du championnat), 3,6 interceptions (14e), 1,4 tacle, 3,5 duels aériens gagnés (6e), 1,1 faute.
(Statistiques WhoScored).
L'instantané tactique de la semaine
C. K. – Il n’y a pas toujours besoin de se compliquer la tâche pour marquer. Un petit jeu à trois, s’il est bien effectué, peut suffire. Démonstration ce week-end lors de la rencontre entre le Napoli et le Genoa, où les favoris, longtemps malmenés, ont réussi à prendre l’avantage en fin de rencontre grâce à Gonzalo Higuain, buteur sans avoir besoin de l’aide de personne. Et c’est dans les arrêts de jeu, alors que les Génois poussaient pour revenir, que son remplaçant a plié l’affaire (3-1).
L’action part d’une remontée de balle du très bon Jorginho. Le milieu de terrain italien voit l’appel en profondeur de Manolo Gabbiadini, qu’il réussit à servir entre deux adversaires: Armando Izzo, qui reste face à lui et empêche logiquement sa progression, mais surtout le Français Sebastian De Maio, souligné, un peu trop court pour intercepter, lui qui est le seul à ne pas être au marquage de quelqu’un. La supériorité numérique ainsi inutile, Gabbiadini peut récupérer la balle et servir dans son dos Omar El Kaddouri. Le Marocain déjà en avance sur son défenseur sur l’image, se retrouve au point de penalty après une course croisée et gagne son face à face.
Les déclas
“À la 60-65e minute à Turin, je ne pensais pas du tout que la Juventus pourrait marquer deux fois. Elle n’avait même pas passé le milieu de terrain. On en a parlé dans le vestiaire. Après le but du 1-2 au retour, que peut-on dire? Que la Juve a mal défendu? Non. C’est juste une question émotionnelle, comme ça l’était à Turin. Dans ces matches, la question psychologique et émotionnelle est cruciale. Après le but du 1-2, on a très bien géré le match, on a attaqué en restant patient, sans laisser la moindre contre-attaque. Et, ensuite, on a eu la chance d’avoir des joueurs très fort en un contre un qui ont fait la différence.”
Pep Guardiola, dans une discussion avec Arrigo Sacchi après le match de Ligue des champions.
“Nous sommes forts mais les autres le sont aussi. Quand vous jouez contre Pogba, contre Morata qui prend l’espace comme aucun autre! Quand vous affrontez des joueurs aussi forts physiquement… Je les ai vus avant qu’ils entrent sur le terrain: ils sont robustes, ils sont très bons et ils font deux têtes de plus que nous… Ce sont des grands champions: Bonucci, Barzagli, Buffon, Hernanes et tous les autres.”
Pep Guardiola, quelques instants plus tard.
"[Pep] m’aide tactiquement. Au début, il m’a dit: ‘Je ne vais pas t’apprendre à dribbler, ça, tu sais le faire.’ Donc, on travaille tactiquement. Nous, les ailiers, on doit écarter au maximum. On sait que rentrer dans l’axe, c’est plus difficile. Le coach fait en sorte de nous mettre dans les meilleures conditions pour le un contre un. L’idée, c’est qu’à la récupération, on nous trouve rapidement afin de favoriser les un contre un et d’éviter les situations de un contre trois ou un contre deux. Le coach, c’est quelqu’un qui, si tu perds la balle après un un contre un, ne va pas t’en vouloir. Il va toujours t’encourager à continuer en te disant: ‘Si tu ne passes pas une fois, deux fois, trois fois, tu passeras la suivante…"
Kingsley Coman, dans L’Equipe.
La vidéo de la semaine
C'est quoi, une "pressing trap"? Et bien c'est ça. Regardez comme les joueurs de Hoffenheim se positionnent et orientent leur corps pour amener les défenseurs du Werder Brême à "jouer faux", comme le dit Suaudeau, à relancer vers un joueur qui sera facilement mis en difficulté. Au final, un but créé presque plus sans le ballon qu'avec.
Pressing trap of Julian Nagelsmann's @achtzehn99 v @werderbremen. Generates 1-0 lead. Used in later games, too. pic.twitter.com/PiC35KWg3a
— RM (@ReneMaric) 21 mars 2016
La revue de presse (presque) anglophone
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