Football : création d'un secrétariat d'État à l'équipe de France
Agence Transe Presse – Création d'un secrétariat d'État à l'équipe de France, rétablissement d'un comité de sélection, imposition de critères de moralité… Le gouvernement place les Bleus sous son autorité.
Paris, 21 mars 2016 (ATP) – Après avoir souvent constaté, au cours des dernières années, que l'équipe de France de football était devenue une affaire d'État, le gouvernement a décidé de franchir le pas en plaçant la sélection nationale sous l'autorité directe de l'exécutif avec la création d'un secrétariat d'État qui lui sera entièrement dévolu.
L'annonce, inattendue, a été faite par Manuel Valls lors d'une conférence de presse que l'on a initialement crue consacrée au débat sur la loi travail. "On ne peut plus se permettre un autre Knysna, une autre affaire Benzema", a notamment déclaré le premier ministre, qui a aussi évoqué une nécessaire "moralisation de la vie footballistique". Les déclarations récentes de M. Valls, estimant que les conditions d'une sélection de Karim Benzema n'étaient "pas réunies", se comprennent mieux à la lumière de cette annonce.
Le nouveau secrétariat d'État sera placé sous l'égide, non pas du ministère des Sports, mais de ceux de l'Intérieur et de la Défense nationale. "L'équipe de France, ce n'est pas que du sport, commente-t-on dans l'entourage du premier ministre. Il y va de l'identité nationale et de l'image de notre pays à l'étranger." Compte tenu des "enjeux", "On ne peut pas laisser le football aux footballeurs", estime-t-on encore.
Se défendant de prendre une mesure à portée essentiellement symbolique ou politique, Matignon a aussi présenté un ensemble de réformes de la gestion de l'équipe de France. Comme au début du siècle, ainsi que durant les années 50 et 60, un comité de sélection sera chargé de composer les listes d'internationaux. Sollicité, Guy Roux devrait donner son accord cette semaine pour en prendre la tête.
Les sages du comité devront choisir les joueurs en regard de critères sportifs aussi objectifs que possible, mais aussi s'assurer qu'ils se conforment à "un haut standard de moralité". Seront scrutés leurs déclarations, notamment sur les réseaux sociaux, leurs antécédents judiciaires, leurs implications dans d'éventuelles polémiques, leurs comportements avec les médias et les supporters.
Leurs choix vestimentaires et capillaires seront eux-mêmes soumis à une charte drastique, ainsi que les célébrations de but, tandis que les manières de se saluer entre joueurs (les "checks", gestes codifiés que pratiquent souvent les jeunes) et les selfies seront précisément réglementés. Enfin, une laïcité stricte sera exigée lors des rassemblements : il n'y aura pas de menu de substitution à la cantine, aucune prière ni geste rituel ne pourra être effectuée dans l'enceinte des stades, et les membres de la famille des joueurs ne pourront pas porter de signe religieux ostentatoire lors des sorties communes.
Manuel Valls a également annoncé que tous les internationaux appelés au cours des cinq dernières saisons (y compris dans les sélections de jeunes) seront considérés comme réservistes et intégrés à une unité militaire spéciale. Ils devront y effectuer des périodes de service et d'entraînement (maniement des armes, exercices de survie en milieu hostile, apprentissage de la Marseillaise, etc.). Une résurrection inattendue du fameux bataillon de Joinville, créé en 1852 et dissous en 2002. Selon certaines sources, Raphaël Varane serait élevé au grade de capitaine : il a en effet les faveurs du président de la République lui-même, qui a confié en privé qu'il admirait son charisme.
Les rumeurs vont déjà bon train quant au nom du futur secrétaire d'État. Ceux d'Éric Zemmour et Alain Finkielkraut ont été évoqués, par sarcasme, sur les réseaux sociaux, mais ce serait le journaliste Daniel Riolo qui tiendrait la corde : le premier ministre apprécie les chroniques et la droiture morale de l'auteur de Racaille Football Club.
Interrogé sur d'éventuel quotas de joueurs selon l'origine ethnique (comme la Fédération française de football l'avait envisagé au cours d'une réunion enregistrée en 2012), Manuel Valls a déclaré que ce n'était pas d'actualité. En revanche, on prête au gouvernement le projet d'une procédure de déchéance de nationalité footballistique : elle s'appliquerait aux joueurs binationaux qui se seraient montrés indignes de la sélection. "Manuel ne veut rien laisser à la droite", a glissé un proche conseiller, qui s'est aussi félicité de la perspective d'obtenir des places pour l'Euro 2016.