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Cartier libre

Le désormais ex-entraîneur du FC Metz, s'il était l'un des moins médiatiques parmi ses confrères de Ligue 1, n'en est pour autant pas le moins intéressant. Penchons-nous sur la personnalité qu’il a laissée entrevoir sur le banc lorrain.

Auteur : Paul Paquebot le 18 Juin 2015

 

 

[Texte d’inscription soumis par Paul Paquebot]

 

* * *

 

Cette fois, le divorce est peut-être définitif. Limogé cette semaine, comme en 2002, Albert Cartier, l'ancien défenseur lorrain (quatre-cent-quarante-quatre matches avec Nancy puis Metz pour quinze saisons dans l'élite), après quelques années passées à entraîner en Belgique entrecoupées d'un court passage en Grèce, était revenu en 2012 pour prendre les commandes de l'équipe mosellane. À son arrivée, son retour plus précisément, il ne savait pas encore s'il allait entraîner en Ligue 2 ou en National (le repêchage du FC Metz, qui aurait pu advenir à la fin de la saison 2011-2012 suite aux déboires financiers du Mans, n'aura finalement pas lieu). Le problème a été vite résolu avec une remontée dans l'antichambre de la première division suivie par un retour au plus haut niveau une année plus tard.

 

La saison 2013-2014 du FC Metz sera d'ailleurs auréolée, pour Albert Cartier, d'un titre de meilleur entraîneur de Ligue 2 aux trophées UNFP. Il se montrera, au cours de la cérémonie de remise du prix, plein d'humilité, reconnaissant sans mal qu'un titre individuel dans un sport collectif "[le] met un peu mal à l'aise" et n'oubliant pas de remercier l'ensemble des personnes ayant contribué à l'attribution de cette récompense, soulignant également l'apport des joueurs partis en cours de saison.

 

 

 

« Garder secret ses qualités et parler de ses faiblesses » La personnalité du coach lorrain se dessine au fur et à mesure de ses interviews: il est un homme de tradition et de principes. Ses quinze années d'expérience en auront fait un entraîneur pragmatique, ne cédant ni à l'euphorie en cas de succès, ni au défaitisme en cas d'échec. Ses réponses contiennent souvent des éléments autres que purement sportifs et peuvent évoquer la célèbre locution d'un autre Albert C., inspirateur reconnu du natif de Vesoul: "Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois."

 

Ses raisonnements autour du ballon rond sont volontiers imagés voire proverbiaux, il n'hésite pas à relier le football à des perspectives plus larges, comme lorsqu'il établit un lien entre la récupération du ballon et le passé des Mosellans ("De tout temps, on a gratté le sol, c’est inculqué dans nos gènes; quand je demande à mes joueurs d’aller gratter le ballon, ce ne sont pas des paroles en l’air, ça fait aussi partie de l’histoire de la Moselle") ou qu'il explique sa propre discrétion médiatique et celle de son club par la personnalité des habitants de sa région d'accueil: "Je dis qu’il faut toujours garder secret ses qualités et plutôt parler de ses faiblesses. Je parle toujours un peu plus de nos défauts. Les Lorrains sont des gens qui ne cherchent pas la lumière, la publicité, on préfère éclairer que briller."

 

Albert Cartier ne cache pas son intérêt pour d'autres terrains que ceux où évoluent vingt-deux acteurs. Il a ainsi fait une apparition dans un long métrage sorti en 2013 (Le monde nous appartient, de Stephan Streker) pour lequel il incarne un rôle proche de celui qu'il tient dans la vie. Une prestation saluée de manière élogieuse par ses partenaires de tournage, parmi lesquels Olivier Gourmet.

 

Rien d'étonnant quand on connaît le rapport qu'il entretient avec le football, voyant sa profession de défenseur central ou d'entraîneur comme un jeu dans lequel la pression tient un rôle à part entière. "J’ai joué pour subir la pression, déclare-t-il à Vosges Matin à l'occasion de sa prise de fonction en 2012. Je me suis entraîné pour ça. J’avais la pression de ne pas manquer une passe. J’avais la pression pour montrer au coach que j’étais le meilleur à mon poste. La pression, je vis avec depuis mes débuts [...] Je préfère vivre un an comme un lion plutôt que cent ans comme un mouton."

 

 

« Tu joues avec la carrière du mec à côté de toi » La saison 2014-2015 des Grenats s'annonçait compliquée pour le coach messin, après une remontée inattendue et spectaculaire (accession à la Ligue 1 seulement un an après avoir quitté le championnat National, avec onze points d'avance sur le deuxième au soir de la 38e journée de Ligue 2), avec un groupe mal préparé à ce qui l'attendait et la perte de son meilleur élément, parti pour West Ham (le Sénégalais Diafra Sakho, classé en mars quatrième meilleur transfert de la saison de Premier League par le Daily Mail, derrière les stars Alexis Sanchez, Cesc Fabregas et Diego Costa).

 

À la veille du début de saison, Albert Cartier soulignait déjà les difficultés qui guettaient le club, ainsi que les directions vers lesquelles il faudrait se diriger pour les surmonter, avec son habituel esprit positif et une forte conviction en ses idées. Questionné sur les inévitables manques auxquels les joueurs devraient faire face, le coach restait optimiste: "Je leur dis: 'faites des erreurs', raconte-t-il, à 20 Minutes. Ça ne me dérange pas. De toute façon, ils vont en faire. Et ce sera à moi de les corriger. C’est à partir de ces erreurs qu’ils pourront bâtir quelque chose et se donner des objectifs de travail, une ligne de conduite. Ce n’est pas un problème s’ils se trompent. La seule chose qui peut m’en poser un, c’est s’ils ne font rien. Ce serait la pire des choses." Des principes qui dépassent là encore le cadre du sport.

 

Au cours de la saison, une série de dix-huit matches sans victoire et une logique position de relégable pour son équipe n'auront altéré ni sa volonté, ni la vision qu'il a de son sport, lui pour qui le foot n'est qu'une représentation à échelle réduite de l'humanité, dans ses vertus comme dans ses travers. Ce recul sur son milieu lui permet de tirer le meilleur de ses joueurs, qu'il éduque au moins autant qu'il entraîne.

 

Au sortir de cette spirale négative, au mois d'avril 2015, Albert Cartier expliquait plus en détail la façon dont il considère son sport, dans une interview à SoFoot qui résumait le symbolisme qu'ont pour lui les matches de foot: "Quand vous avez compris qu'il y a un lien qui unit tous les êtres humains entre eux, pas seulement une équipe, tous les humains... Quand tu as compris cela, tu sais que vouloir faire du mal à autrui, cela revient à se faire du mal à soi. Parfois, on dit que faire une passe, c'est un cadeau. [...] Soyons collectifs, continuons de l'être, ne tombez pas dans l'individualisme comme la société nous y encourage. Je dis toujours aux joueurs ‘Tu joues avec la carrière du mec à côté de toi’, si tu comprends ça et le fait que le mec à côté joue avec la tienne, vous pourrez faire de grandes choses ensemble."

 

Bien sûr, ses traits d'esprit lui auront fait subir des articles un brin moqueurs dans les médias et auront agacé certains supporters s'attachant plus aux résultats bruts. Au soir d'une 37e journée qui aura vu les espoirs de maintien du FC Metz définitivement douchés, il restait malgré tout positif, fidèle à ses valeurs dans un après-match où il revenait sur la saison écoulée: "On a beaucoup plus appris cette année que lors des deux saisons précédentes où on était monté." Prouvant sans doute par là la viabilité de sa vision du football, celle qui permet de toujours retirer quelque chose de favorable d'une expérience a priori déplaisante, afin de repartir de plus belle. C’est sûrement ce qui lui permettra de rebondir après son départ du club grenat.

 

Réactions

  • André Pierre Ci-Gît Gnac le 18/06/2015 à 00h54
    Superbe article sur un entraîneur qui m'était jusqu'ici assez méconnu. En espérant qu'il retrouve vite un banc s'il le souhaite.

  • José-Mickaël le 18/06/2015 à 07h02
    Ah oui, super article ! Ça donne envie de s'intéresser à cet entraîneur dont on ne parlait pas beaucoup, en effet.

  • Isaias le 18/06/2015 à 08h53
    Joli texte, effectivement. Merci et bienvenue Paul !

  • et alors le 18/06/2015 à 10h24
    Ce qui est intéressant, c'est qu'on sent qu'il tient à cette identité de club dont parlait Eric Carrière (cf. l'article de Sofoot cité hier).

    Bienvenue!

  • Sens de la dérision le 18/06/2015 à 11h44
    J'ai toujours du mal avec les gens qui sent "Les xxx sont comme ci ou comme ça" mais l'article est sympa dans l'ensemble.

  • Paul Paquebot le 18/06/2015 à 16h29
    Merci à tous !

    Sens de la dérision : je suis d'accord avec toi, mais j'ai préféré voir ça de manière positive pour ce portrait. Dans d'autres circonstances ça pourrait effectivement être plus mal interprété.

  • sansai le 21/06/2015 à 17h54
    On m'avait demandé sur le fil messin ce que je trouvais d'intéressant dans le discours de Cartier (puisque je l'avais trouvé intéressant). Ben voilà, c'est mieux dit ici que je ne saurais le faire.
    C'est sans doutes pas le meilleur technicien de L1, mais c'est sans doutes quelqu'un qui mérite qu'on lui laisse du temps pour travailler.

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